" Un univers en noir et blanc, sur les murs et dans les vitrines de la salle Brûlart, à l'Ancien Collège des Jésuites.
Maud Gironnay et Clotilde se répondent et s'opposent, entre gravures et fusains, petits et grands formats, entre ombre et lumière.
Elles racontent toutes deux des histoires, mêlant techniques conventionnelles et création contemporaine : Maud est graveur, Clotilde plasticienne."
Du poème en prose à la poétique de l’image…
Gaspard de la nuit, une œuvre engagée par Maud Gironnay il y a sept ans, alors qu’elle était encore étudiante à l’école Estienne. C’est dire que pour l’artiste la gravure est un art majeur et plus encore une sensibilité, une intuition visuelle, une grâce poétique … et qui plonge ses racines dans la prosodie douce et âpre du poème.
L’auteur Aloysius Bertrand, poète au destin tragique, image parfaite du romantisme est aussi un rebelle et Gaspard, le diable un avatar de lui-même. Il évoque dans ses diableries un Moyen-âge complice de la tyrannie du sort. Chaque poème est un petit tableau à la manière des peintres flamands, mais l’écriture libère la touche comme un présage du style impressionniste à venir. Au fil des mots et des invocations narratives, le poète dialogue avec lui-même, et ce lui-même est un autre – ou le diable qu’il voue aux enfers.
Autodérision et distanciation, à la lueur incisive des mots se double une ironie sournoise.
Gaspard de la nuit… "Fantaisies à la manière de Rembrandt et Callot" Titre et sous-titre pour nous introduire directement dans l’univers de la gravure entre gobbi et clair-obscur.
Le jeu de la lumière, l’éloge de l’ombre et les nains drolatiques, une synthèse élaborée et maîtrisée par Maud – graveur – dans son approche intime de la poésie où se joue le sortilège de l’écriture.
Il faut ausculter chaque gravure à la loupe, fouiller chaque détail et rechercher dans la texture du trait de l’eau-forte, la légèreté morose et incisive de Gaspard. Le trait à lui seul est une écriture, à la surface de la plaque et creusé par l’acide. Tel un laboureur des temps anciens, Maud Gironnay creuse ses sillons avec le recueillement obstiné d’une âme résolue et la manière noire envoûte le tout d’un noir profond et dense.
De la discontinuité narrative à la page imprimée
L’époque romantique introduit la vignette en contrepoint du texte.
Dans le travail de Maud, chaque petite gravure est un élément du tout de la page imprimée. Ici la version figurée s’émancipe de sa version textuelle, mais la valeur poétique reste intacte, c’est un chant à deux voix ou bien encore un champ à deux voies…
(Merci à Françoise Lapeyre pour ses photos données et son article !)
Et Clotilde ...
" En jouant sur les subtilités de son fusain, un médium particulier, noir, terne, mat, l'artiste transpose ses propres angoisses. Elle n'aime pas commenter ses réalisations : « Je préfère que chaque visiteur se fasse son histoire. Ce que je veux, c'est sortir les gens de leur automatisme, leur insuffler un peu d'humanité"
Pour en savoir plus consultez le dossier de presse et lisez l'article de l'Union du 09/02/12
Jusqu'au 11 mars à l'Ancien Collège des Jésuites.
1, place Museux à Reims .
Du mardi au dimanche de 14 à 18 heures. Entrée libre.
Visites guidées les samedis 18 février et 3 mars à 14 h 30.
Visite en présence des artistes le dimanche 19 février à 14 h 30.
1 commentaire:
Les toiles de Clotilde de Potron sont d'une grandeur qui fait que l'on plonge dedans sans pouvoir en ressortir indemne. Une vision du monde et de la société qui force à regarder ce qui nous entoure avec un nouveau regard. De la part de Christine Brégeon
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