On a eu la grande belle chance cet été de visiter LE PARADIS DE LÉOPOLD TRUC.
C'est Alain Kieffer qui, le premier, m'a parlé du Paradis.
Après des années de tentatives auprès de Jacky et de Gérard Truc, rendez vous est pris avec Gérard, son petit-fils, concepteur de Jardin en Lubéron, qui non seulement nous consacrera du temps mais nous offrira le bel ouvrage réalisé sur LÉOPOLD par Catherine Gardone et François Dominique ...
Il s'agit d'un jardin et d'une maison un peu à l'écart du monde.
Les murs des bâtiments sont entièrement recouverts de coquillages, de cailloux et de petits morceaux de tuiles, à la manière d'une mosaïque aux tons rougeâtres.
Le tout au milieu d'une végétation du sud de la France et du bruit des cigales.
Monsieur Truc a pensé à tout et au beau milieu de son jardin d'Eden, dans cet endroit où il a investi tant de temps et d'énergie, il a même pris le temps de fabriquer sa propre tombe, en accord avec le reste de ses constructions, une tombe qu'il a ornée d'une croix et de l'inscription " in memoriam "mais où finalement il n'a pas été enterré.
Léopold Truc (1912-19991) était agriculteur à Cabrières.
Il avait des aptitudes pour les arts et jouait du banjo, du violon et aussi du saxophone.
Il a commencé sa vaste entreprise dés 1955, il a tout d'abord restauré sa borie puis très vite il se mit à peupler son terrain de colonnettes, de dallages, d'escaliers, de murets, de fresques ...
Il commença par un puits et alla jusqu'à une tour de guet qui, aujourd'hui encore, a fière allure.
"L'ensemble forme cet étrange décor mosaïqué où domine l'ocre orangé, couleur complémentaire du vert, comme dans les carrières de Rustrel et de Roussillon" écrit François Dominique dans l'introduction de l'ouvrage consacré au créateur.
Dans ce lieu privilégiè Léopold recevait ses amis.
"Le champ, c'était sa vie. Et quand il n'était pas aux vignes, il était au Paradis. Il ne jouait pas aux cartes et n'allait jamais au bistrot. Ce qu'il aimait, c'était être entouré de ses amis, dans son pays à lui, le Paradis" a dit un de ses amis Emile Armand.
" Le restaurant des Cèdres tenu par son fils René puis sa petite-fille Christiane gardait les assiettes cassées, les coquilles Saint-Jacques, les escargots, pour Léopold. Ils avaient aussi conçu un petit train de voiturettes, tiré par un tracteur, pour emmener avec bonheur leurs nombreux clients "au Paradis"."
" Je savais pas ce que je voulais faire au fond. Je voyais pas la fin. Une chose amenait l'autre".
" J'ai creusé un puits et construit la tour au dessus. J'avais pas l'outillage , je l'ai fait de dedans sans échafaudage avec juste le fil à plomb. Je regrette d ne pas avoir fait un étage de plus, on aurait pu voir Cabrières."
SUR LE BLOG DE LA TISSEUSE PAR CHEMINS
D'AUTRES PHOTOS
(cliquer)
Léopold Truc
Mon Paradis
Chemin des Frileuses
84220 Cabrières d'Avignon
Le livre de Catherine Gardone
"Dans les années 1990 elle découvre le "Paradis" de Léopold Truc, jardin extraordinaire à Cabrières d'Avignon. Elle ressent un sentiment d'évasion, de grande poésie, également celui aussi d'un "exotisme proche". Elle ne cesse d'y retourner pour tenter d'en exprimer toute la poésie.
Le livre "Le Paradis de Léopold Truc" imprimé en autoédition tente d'immortaliser ce Paradis, l'œuvre de L. Truc qui n'est plus."
Juillet 2017
(photo Google)
C'est Alain Kieffer qui, le premier, m'a parlé du Paradis.
Après des années de tentatives auprès de Jacky et de Gérard Truc, rendez vous est pris avec Gérard, son petit-fils, concepteur de Jardin en Lubéron, qui non seulement nous consacrera du temps mais nous offrira le bel ouvrage réalisé sur LÉOPOLD par Catherine Gardone et François Dominique ...
Il s'agit d'un jardin et d'une maison un peu à l'écart du monde.
Les murs des bâtiments sont entièrement recouverts de coquillages, de cailloux et de petits morceaux de tuiles, à la manière d'une mosaïque aux tons rougeâtres.
Le tout au milieu d'une végétation du sud de la France et du bruit des cigales.
Monsieur Truc a pensé à tout et au beau milieu de son jardin d'Eden, dans cet endroit où il a investi tant de temps et d'énergie, il a même pris le temps de fabriquer sa propre tombe, en accord avec le reste de ses constructions, une tombe qu'il a ornée d'une croix et de l'inscription " in memoriam "mais où finalement il n'a pas été enterré.
Léopold Truc (1912-19991) était agriculteur à Cabrières.
Il avait des aptitudes pour les arts et jouait du banjo, du violon et aussi du saxophone.
Il a commencé sa vaste entreprise dés 1955, il a tout d'abord restauré sa borie puis très vite il se mit à peupler son terrain de colonnettes, de dallages, d'escaliers, de murets, de fresques ...
Il commença par un puits et alla jusqu'à une tour de guet qui, aujourd'hui encore, a fière allure.
"L'ensemble forme cet étrange décor mosaïqué où domine l'ocre orangé, couleur complémentaire du vert, comme dans les carrières de Rustrel et de Roussillon" écrit François Dominique dans l'introduction de l'ouvrage consacré au créateur.
Dans ce lieu privilégiè Léopold recevait ses amis.
"Le champ, c'était sa vie. Et quand il n'était pas aux vignes, il était au Paradis. Il ne jouait pas aux cartes et n'allait jamais au bistrot. Ce qu'il aimait, c'était être entouré de ses amis, dans son pays à lui, le Paradis" a dit un de ses amis Emile Armand.
" Le restaurant des Cèdres tenu par son fils René puis sa petite-fille Christiane gardait les assiettes cassées, les coquilles Saint-Jacques, les escargots, pour Léopold. Ils avaient aussi conçu un petit train de voiturettes, tiré par un tracteur, pour emmener avec bonheur leurs nombreux clients "au Paradis"."
" Je savais pas ce que je voulais faire au fond. Je voyais pas la fin. Une chose amenait l'autre".
" J'ai creusé un puits et construit la tour au dessus. J'avais pas l'outillage , je l'ai fait de dedans sans échafaudage avec juste le fil à plomb. Je regrette d ne pas avoir fait un étage de plus, on aurait pu voir Cabrières."
Et voilà le long texte que Guénola Moreau a écrit sur cette "rencontre" sur son blog "LA TISSEUSE PAR CHEMINS" :
"J´arpente des lieux, des maisons et des jardins, des écluses et des bords de route, des potagers où poussent des végétaux de pierre et je parcoure des routes et encore des routes en quête de ce que construisent véritablement les « bâtisseurs de l´imaginaire » : leur rêve.
"J´arpente des lieux, des maisons et des jardins, des écluses et des bords de route, des potagers où poussent des végétaux de pierre et je parcoure des routes et encore des routes en quête de ce que construisent véritablement les « bâtisseurs de l´imaginaire » : leur rêve.
Mais peut-on pénétrer le rêve des autres quand bien même les nôtres nous échappent ?
Ce matin-là je quitte Avignon assez tôt
pour me dévier plus à l´est de la Provence, direction Cavaillon. J´y
suis presque poussée par le mistral et la conduite nerveuse des gens du
coin. C´est un matin frais et ensoleillé, encourageant. Pourtant, je me
sens envahie par un certain vague à l´âme que je ne m´explique pas. Ce
vent fouetté de courants d´air peut-être ? ou, plus probablement, le
manque de café… Car, avouons-le : deux à trois tasses de ce breuvage
constituent un minimum pour me rendre fréquentable, fusse à moi-même.
D´humeur encore brumeuse, ce n´est cependant pas à cette heure matinale
que je compte réfléchir à l´équation nécessaire entre la présence de la
caféine dans mes veines et ma présence au monde, à la réalité. Je
navigue encore dans l´atmosphère ouaté du rêve, même s´il s´agit d´un
rêve déjà ridé par les frontières de l´éveil.
Je règle mon GPS sur la destination à atteindre aujourd’hui : « le paradis de Monsieur Truc ».
« Aucun résultat trouvé ». Je souris.
Évidemment…plus prosaïque donc, je tape « Cabrières d´Avignon ». Ok.
Comment préciser « quartier de La plantade », indice que m´a livré sans
le savoir un artiste belge parlant du site de Monsieur Truc sur son
blog ? J´essaie : « Aucun résultat ». Soit. Le paradis ne peut pas être
localisé si facilement, même avec un semblant d´adresse. Mais, revenant
sur ses réticences, ma boussole moderne identifie le lieu comme nom de
rue. Je démarre et me laisse guider par la voix mécanique sans
m´inquiéter du temps record que l´appareil me fixe pour atteindre la
bourgade provençale. 45 kilomètres en à peine 17 minutes ? Je ne suis
décidément pas réveillée et réagis comme un automate : tournez à gauche –
je tourne à gauche, prenez la première sortie à droite – je prends la
sortie, continuez 500 mètres – je continue, faites demi-tour – je fais
demi…tour ? Soit. Je pense aux Avignonnais qui se rendent à leur
travail, j´ai envie de baisser la vitre et de leur faire un signe, un
doigt sous le menton « moi je vais au paradis, tralalalalère ! » mais
non. Mon esprit, même au ralenti, reste d´humeur moqueuse mais je ne
vais pas jusqu´à exécuter ses farces. À la énième indication « Restez
sur votre gauche », je sursaute soudain ; ce même « esprit », bien
qu´englué dans les affres décaféinées, a fini par traduire : « Restez
sur vos gardes », « votre GPS vous mène en bateau »… Je relève la tête
et observe le quartier sans charme autour de moi : petits HLM proprets,
courtes avenues bordées de marronniers et ponctuées de ronds-points
annoncés par de multiples dos d´âne. Cela ne ressemble en rien à une
sortie de ville pour s´engager sur la fameuse N7 introuvable. « Arrivée à
destination à droite » : quoi ? Je ne suis pas du tout au paradis là…Je
soupire et râle, puis je comprends : Avignon a lui aussi son quartier
ou sa rue de la Plantade. Rien de pire qu´une machine qui essaie
d´interpréter vos intentions…Rien de pire qu´un réveil sans café. Alors,
j´en cherche un du regard, de café : en vain. Les quartiers
résidentiels en France ont oublié de planter ces lieux de convivialité.
Il y a des fleurs placées au millimètre près, des pelouses tondues, des
poubelles pour les crottes des chiens, tout pour simuler l´harmonie. On
pense aux chiens mais pas aux hommes : il n´y a pas un seul café.
D´ailleurs à bien y regarder il n´y a pas âme qui vive. Je m´empresse
d´embrayer pour quitter au plus vite ce cul-de-sac. Je programme cette
fois avec un peu plus d´attention mon guide fantaisiste en ne lui
donnant pas de détail, juste le nom de Cabrières et une route qui y
arrive.
Sur la route, j´écoute la radio dans
l´espoir que cela me réveille et dissipe cette sorte de nébuleuse dans
laquelle j´évolue mais rien n´y fait. Une chanteuse française à la mode y
débite des chansons au goût de miel, le fiel de ses paroles, l´égo
médiatique à bloc et moi, entre les tôles bousculées par des sursauts
de rafales, je pense à mes morts au paradis, menant une sorte de
dialogue interne se superposant aux mots creux de la vedette :
« Monsieur Truc. TRUC, oui vous avez bien entendu. Non, je ne plaisante
pas, il s´appelle Truc je vous assure, Léopold Truc. Arrête de parler
Machine. Tous les spots sont sur toi alors que y´a des trucs plus
importants qu´on laisse de côté, des Mr Truc qu´on ignore. Et ce Léopold
Truc n´est pas n´importe qui : le paradis, c´est lui. » En boucle, un
refrain cette fois, de la voix maniérée de Machine-la-chanteuse, « le
plus beau bébé, la plus belle maman », et voilà il ne manquait plus que
le faire-part public de naissance de l´enfant sorti de la cuisse de
Jupiterine et ses considérations sur la création, artistique ou
maternelle. Cette fois je change d´ondes. Je me concentre sur la
création du jardin d´Adam et Eve selon Léopold Truc, j´ai hâte
d´arriver, de sortir de mon habitacle, de la soupape de mauvaise humeur
qui me rend infréquentable.
Le panneau « Cabrières d´Avignon » enfin.
Je tourne un peu, me retrouve régulièrement auprès du petit cimetière
(le paradis pourrait fort bien être à côté mais je ne vois rien) et
tente au passage de repérer un café. « Aucun résultat ». C´est
désespérant. Un souvenir en éclair vient à ma rescousse : une photo sur
le blog de l’artiste belge, « rue des fileuses ». Je file. Ma boussole
accepte de m´y mener. Ma voiture grimpe sur un chemin caillouteux bordé
de petits murs en pierre sèche, d´oliviers, de pins, de vent. Ambiance
provençale qui rappelle à la fois Pagnol et des faits divers sordides,
de bourgeoises cruciverbistes qui se font assassiner par leur jardinier.
Non loin d´ici le mur de la peste trace une frontière à l´orée du
village rappelant des faits d´histoire absurdes : le mur ne protégea pas
de la maladie, enrayée avant la fin de la construction de ce drôle de
rempart. Je gare finalement mon véhicule et emprunte la rue – ou plutôt
le chemin – des fileuses que je viens de repérer et qui est
perpendiculaire à la voie dans laquelle je m´étais engagée. Mes cheveux
s´éparpillent au rythme du vent, m´aveuglent par moments. Je comprends
que le vent peut rendre fou. J´observe les maisons et m´invente des
histoires sur leur habitants. Une balançoire : une paire d´enfants en
bas âge, des parents bobo qui font les vide-greniers le dimanche. Un
haut mur austère encerclant une demeure cachée aux regards, des talus
taillés de façon maniaque : richesse éclatante, un billard dans le
salon, une piscine remplie d´eau à chaque saison même si on s´y baigne
rarement. Une voiture criarde devant une maison aux rideaux coquets :
une femme adultère blonde platine se vernissant les ongles rouge carmin
(pieds et mains), prenant rendez-vous pour sa séance d´UV. Sur ma
droite, soudain, un terrain ouvert et une petite chaîne dissuadant
mollement de passer. Un panneau pourtant : « propriéte privée, défense
d´entrer ». Je lève la tête et souris : « ARADI ». Je jette un œil
derrière moi vers la maison des nouveaux riches dissimulée derrière ses
remparts. Sa caméra de surveillance ne s´occupe certainement pas du
paradis d´en face. J´ignore donc le panneau et entre très naturellement
dans ce lieu qui s´offre à moi comme un péché inéluctable. Mon humeur
sombre commence à se dissiper même si je sais que j´entre dans le jardin
d´Eden d´un défunt. Une brouette abandonnée là pourrait laisser penser
que les travaux vont reprendre d´un moment à l´autre. Mais plus loin, un
van n´ayant pas roulé depuis des lustres arrête le temps de l´éternité à
l´âge de la rouille. C´est un jardin de pierres et de coquillages dans
les tons ocre, pourpre, anthracite, brun, brique que son auteur a signé
sur un pan de mur : « Truc 1955 ». Ailleurs une fleur aux pétales
ouverts, des chiffres mystérieux et de petits visages à l´air tribal. Il
y a nombre de pots de fleurs recouverts de galets et de pierres,
certains empilés de façon inversée pour former des colonnes qui
s´alignent comme autant de stèles rieuses et fantaisistes. Un anneau au
cercle aussi parfait que la roue sans fin chez les Bouddhistes offre une
perspective nouvelle au jardin qui plante çà et là divers éléments qui
se dressent vers le ciel. Une tour à la rambarde molletonnée de mousse
rappelle ces tourelles médiévales qui renfermaient de belles princesses
condamnées. On les imagine se pencher à la fenêtre la nuit venue, offrir
leurs figures d´opale à la lune et dérouler leurs longues chevelures
interminables pour que leurs prétendants grimpent les délivrer. Des
escaliers, des abris, un banc, une table, des éléments dispersés
témoignent d´une vie passée dont on essaie de reconstruire la forme
comme un puzzle. Il nous manque plusieurs pièces et l´auteur se
dissimule partout sous ces vestiges qui posent une énigme. Le vent
brasse l´absence et tout semble dédier à un temps perdu : l´élément le
plus explicite est un mémorial sur lequel on peut se recueillir à la
mémoire de Léopold Truc et de tous ces artistes qui ont façonné leur
paradis terrestre en rêvant d´éternité. Mais tous les palais
n´atteignent pas l´idéal du facteur de Hauterives et ce morceau de
paradis est en train de périmer, dans l´indifférence des chercheurs d´or
brut, dans le mépris des spéculateurs de paradis. Dans quelques années
peut-être, à la récolte des olives qui entourent le site ou lors d´une
promenade chahuteuse, des enfants passeront devant ces ruines
mystérieuses et souffleront, curieux, « C´est quoi ce truc ? ». Puis ils
passeront leur chemin, poussés par le vent et leur maître qui leur dira
« Venez voir là-bas le mur de la peste, vestige inutile mais qu´il faut
connaître, ça fait partie de l´Histoire et on lui consacre trois lignes
dans ce guide touristique…». Les totems de pierre de Truc, eux, se
seront peut-être envolés vers leur maître, paradis perdu."
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Léopold Truc
Mon Paradis
Chemin des Frileuses
84220 Cabrières d'Avignon
Le livre de Catherine Gardone
"Dans les années 1990 elle découvre le "Paradis" de Léopold Truc, jardin extraordinaire à Cabrières d'Avignon. Elle ressent un sentiment d'évasion, de grande poésie, également celui aussi d'un "exotisme proche". Elle ne cesse d'y retourner pour tenter d'en exprimer toute la poésie.
Le livre "Le Paradis de Léopold Truc" imprimé en autoédition tente d'immortaliser ce Paradis, l'œuvre de L. Truc qui n'est plus."
Juillet 2017
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