"A Béceleuf, petite commune des Deux-Sèvres se trouve ce magnifique pigeonnier qui appartenait autrefois à la maison seigneuriale de Pouzay citée depuis le XVème siècle.
Du domaine il ne reste plus que la terrasse, quelques éléments du château, les communs et notre pigeonnier à la toiture végétale.
Extérieurement, la vision est surprenante, à l'intérieur elle est encore plus saisissante ! "
"Depuis bien longtemps, l'édifice construit par l'homme a été délaissé , abandonné et a perdu l'élément indispensable à sa survie : son toit. A ciel ouvert, laissant passer l'eau et la lumière,le miracle de la vie s'est produit en faisant germer et croître un gland venu de nulle part. Protégé par ce cylindre de pierre monumental, le petit chêne se devait de grandir vite pour dépasser son protecteur d'antan et devenir à son tour son bienfaiteur . Avec force et vigueur le chêne a dépassé l'édifice, étendant son houppier à tout azimut ... Les deux monuments issus l'un du minéral, l'autre du végétal se sont associés pour résister à la destruction , l'autre à l'abattage. Devenus indissociables ils sont devenus une curiosité du bocage Gâtinais ; classé arbre remarquable en 2007 par l'association A.R.B.R.E.S, il est avec le chêne de Bégard lié étroitement avec un colombier.
Privilège seigneurial, le droit de fuie ou colombier a été aboli dans la nuit du 4 août 1789 et c'est donc avant la révolution que se situe l'âge d'or de l'élevage du pigeon, la France comptant 42 000 pigeonniers à la fin du XVII ème siècle. Apanage des seigneurs et des communautés religieuses, l'élevage des pigeons était d'un bon rapport, outre sa chair comme complément en viande fraîche, l'exploitation de sa fiente appelée colombine constituait une source de revenus non négligeable puisque cet engrais naturel était le plus puissant connu jusqu'au XIX ème siècle.
Avec 2700 niches ou boulins alignés du rez-de-chaussée à la charpente, le pigeonnier de Pouzay pouvait contenir 5000 pigeons. A l'extérieur un bandeau de pierre est placé pour empêcher les prédateurs d'accéder aux ouvertures réservées aux pigeons et des trous et plages d'envol sont aménagés côté opposé aux vents et d'un diamètre adapté pour stopper l'intrusion d'oiseaux nuisibles plus imposants. A l’intérieur, une échelle verticale suspendue à des potences permettait à celle-ci de tourner, permettant d'accéder aux nids. Au fil du temps l'échelle et le toit ont disparu, remplacé par ce magnifique chêne...
Les pigeonniers et colombiers qui peuplent notre vieille France constituent une partie de notre patrimoine qu'il faut préserver au même titre que nos châteaux, églises et autres. Leurs architectures, leurs compositions et leurs matériaux reflètent des traditions et des régions aux identités différentes. 5 pigeonniers figuraient à Béceleuf, 4 se dressent toujours dans le bocage et seul celui de Pouzay est accessible, donc à voir... "
LES FEUILLES DE PIERRE CUNY
UNE PETITE VIDÉO
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Pour Hélène
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