C'est à mon amie Françoise Bayard que je dois cette découverte. Par chance la Médiathèque de Plouhinec possédait les différents ouvrages. Moi qui aime les parcours atypiques j'ai adoré l'incroyable traversée de Guirec et je me suis régalée avec ce « carnet de bord rafraîchissant, où souffle l'esprit de la liberté » (GEO AVENTURE dixit). Alors c'était en 2013 mais mieux vaut tard que jamais !
"Parcourir les mers du monde avec une poule rousse comme membre d'équipage, voici la fabuleuse histoire de Guirec !
En 2013, à seulement 21 ans à bord d'un petit voilier en acier acheté
avec ses économies durement gagnées en Australie, ce Breton entame la
traversée de l'Atlantique. Première étape d'une épopée très médiatisée
qui ne cesse de faire le buzz sur les réseaux sociaux. Après un
hivernage de cent trente jours dans les glaces du Groenland, il devient à
24 ans le plus jeune navigateur à franchir le passage du Nord-Ouest
dans l'océan Arctique. Guirec qui a arrêté l'école avant le bac est
désormais un marin chevronné qui a traversé le Pacifique du nord au sud,
affronté les soixantièmes stridents du mythique cap Horn et frôlé la
mort face aux icebergs d'Antarctique !
De galère en victoire, cet aventurier ne se départit jamais de sa bonne
humeur et retranscrit dans ce journal de bord tous ses souvenirs, ses
joies et ses doutes. Avec sa soif d'aventure inépuisable et assez
d'énergie pour déplacer les océans, Guirec et Monique - qui est loin
d'être une poule mouillée - forment un duo détonant et attachant."
L 'heure est venue de reprendre la mer. J'ai le cœur lourd. J'aurais pu
rester ici encore des mois, mais la route est encore longue. Raino me
donne des confitures ainsi que des conserves maison. Je salive d'avance
de pouvoir goûter à ce saumon fumé qu'il fait mijoter pendant huit
heures avec des épices avant de le conserver dans l'huile d'olive. Mais
je lui ai promis de ne rien ouvrir avant d'être au beau milieu du
Pacifique... Cette promesse sera difficile à respecter !
Mon ami m'offre aussi une pagaie en bois. Les peintures qui l'ornent
symbolisent l'histoire de ses ancêtres. Elle est censée me protéger, me
ramener chez moi sain et sauf, je l'accroche au-dessus de mon lit. Ce
présent scelle définitivement notre amitié.
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Le cauchemar recommence. Nous sommes à nouveau échoués contre la côte,
poussés, compressés, secoués par des tonnes de glace. Yvinec, couché par
35 nœuds de vent, tape douloureusement contre le fond. J’ai préparé
toutes mes affaires pour survivre à l’extérieur dans l’éventualité où
nous devrions quitter le bateau. Vêtements chauds, nourriture, réchaud,
tente, torche, couteau… sont répartis dans des sacs étanches pour éviter
qu’ils ne prennent l’eau ! J’ai préparé ma combinaison étanche pour
l’enfiler rapidement si besoin. Grâce à elle, l’eau ne peut s’infiltrer
dans mes vêtements. Elle s’enfile tout habillé. Il y a du caoutchouc au
niveau des mains et du cou et des chaussons au niveau des pieds.
Dehors il fait -30°C et avec ce vent, la température ressentie est de
-60°C. Mais paniquer ne servirait à rien, hormis empirer les choses…
Tout ira bien. Pour le moment et tant qu’un geyser d’eau glacée
n’implose pas, je reste à bord.
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La vie est trop courte pour les regrets. Tout anticiper ne sert à rien, sauf à t'empêcher d'avancer. Autant attendre que les ennuis soient là pour les affronter.
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Si j’ai choisi de me couper du monde, c’est en pleine conscience des dangers. Je veux ne compter que sur moi-même. Aujourd’hui, au premier souci, on appelle à l’aide de son portable, on cherche la solution sur Internet. Privé de ces facilités, tu réapprends à réfléchir, à redevenir inventif.
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Ce matin, je suis réveillé par un feu d'artifice de couleurs inondant l'intérieur du bateau. Du rose, du violet, de l'orange. Quand je passe la tête par le hublot, j'ai l'impression d'entrer à l'intérieur d'un tableau géant. Le ciel tout entier se reflète sur un miroir de glace scintillante. Je voudrais immortaliser la scène de mon bateau dans un tel décor. Je sens que c'est le moment de faire mes premiers pas sur la banquise ! C'est trop tentant.
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Le lendemain matin, il y a de la glace partout. Ciel et mer se confondent dans un dégradé de gris. Il n'y a pas un bruit, seules ma respiration et les gouttes d'eau qui tombent des icebergs.
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À la tombée du jour, il n'y a rien, ni présence humaine, ni végétation, hormis un ciel de feu laissant apparaître en ombres chinoises des petites têtes de phoques, le geyser d'une baleine et les silhouettes d'icebergs sculpturalement dessinées sur la ligne d'horizon. La nuit, le sillage d'Yvinec s'habille de reflets vert émeraude, le plancton répond aurores boréales, le temps s'arrête.
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À trois jours du Groenland, apparaissent dans le ciel des espèces de voiles verts, jaunes, roses qui dansent au-dessus de nos têtes, comme si des extraterrestres diffusaient des hologrammes. Elles sont là ! Mes premières aurores boréales, encore plus belles que je ne les imaginais, nous restons ébahis la tête en l’air, le mât d’Yvinec semble diriger l’orchestre de lumières.
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