Frédérique Longrée : entre mysticisme et matérialité
Jean-Paul Gavard-PerretParfaite irrégulière de l’art Frédérique Longrée sait que, depuis Hamlet, tous les fossoyeurs se prennent pour des philosophes. Par précaution elle sort l’art des cimetières même si son imagerie côtoie la camarde. Née libre mais ayant subi des douleurs intimes elle ne prétend pas résoudre les problèmes du temps. Elle fait mieux en découvrant ce qui est soustrait à notre vue par ses montages. Sans prendre rendez-vous avec l’Absolu, l’impertinente propose une vision métaphorique du réel plutôt que le bâtit d’une civilisation.
Frédérique Longrée rappelle toutefois que la vie n'est pas qu'un leurre et la mort un Shakespeare. Surréaliste (belge) à sa manière elle se méfie des complices et des cannibales de la « vérité ». Elle rappelle au passage qu’il ne faut pas compter sur les peintres de l’indicible pour révéler l’insondable.
L’éloge de sa liberté passe néanmoins par des visions complexes et habitées, dans l’alliance du sérieux, de l’intime, de la distance critique et de l’imaginaire. Surgissent des rituels d’écarts. Ils rendent le néant plus proche et plus lointain à la fois. Car voici le paradoxe : le visible se dissout dans les apparences que l’artiste dilue. La douleur reste présente mais l’artiste l’évoque en filigrane. Elle en est plus incandescence. Manière tout autant d’éviter que le coït redevienne chaos et qu’une fusion mystique lui serve d’alibi. L’œuvre renvoie à l’humour noir, à l’amour, au silence. La créatrice n’a de cesse d’ailleurs de les faire se télescoper en se contentant d’en caresser leurs dissonances.
FREDERIQUE LONGREE ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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