Le livre présenté par Jérôme Garcin
Le livre s’ouvre par la nuit de sa "révélation". C’était dans le chalet familial du Vercors, il avait 10 ans, et il a transformé les rêves qu’il venait de faire en récits, qu’il racontait ensuite à son copain Louis.
Il était déjà écrivain. Entre le réel et le fabulé, Pennac salue le maître des rêves, Fellini, dont il dit : « cet homme m’a été plus précieux qu’une famille », visite un village englouti sous un lac et se souvient, jeune prof, avoir demandé à ses élèves de tenir des "carnets de rêves". Il revit sa vie. Mais elle ne se déroule pas exactement comme il l’a vécue...
« L’ampoule du projecteur a explosé en plein Fellini. Minne et moi regardions Amarcord du fond de notre lit.
— Ah ! Non ! Merde !
J’ai
flanqué une chaise sur une table et je suis monté à l’assaut pour
changer l’ampoule carbonisée. Explosion sourde, la maison s’est éteinte,
je me suis cassé la figure avec mon échafaudage et ne me suis pas
relevé.
Ma femme m’a vu mort au pied du lit conjugal.
De mon côté je revivais ma vie. Il paraît que c’est fréquent. Mais elle ne se déroulait pas exactement comme je l’avais vécue. »
Quelques extraits .....
Plus tard, en notant mes rêves (…), j'ai observé que raconter un rêve c'est l'imaginer autant que s'en souvenir. C'est transformer la sensation en récit. Au strict sens de l'expression, c'est faire des histoires.
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- Qu’est-ce que vous ressentez, vous autres, les vieux ?
Depuis qu’il sait parler, Lulle mène sur la vie des investigations d’une
tranquille ténacité. J’aime beaucoup sa persévérance exploratoire.
Je lui ai demandé :
- Ce qu’on ressent à quel point de vue ?
- Celui du vieillissement.
Vieillir ? Ce que vieillir veut dire...
Louis a répondu le premier :
- C’est sentir les années passer comme des semaines, quand les semaines sont pour toi des années.
Et moi j’ai répondu :
- C’est éprouver le poids du ciel.
- Une réponse d’hyperactif contre une réponse de contemplatif, a commenté Alice.
- Ou une intuition de matheux contre une proposition de physicien, a
suggéré Christofo : d’un côté le passage du temps perçu comme
progression logarithmique, de l’autre l’usure physique vécue comme un
accroissement de la pesanteur.
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Lorsque j'avais six ou sept ans j'étais convaincu qu'il existait deux vies, l'une où l'on vivait les yeux ouverts et l'autre les yeux fermés.
FREDERICO FELLINI
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Fellini était un homme peuplé.
La plupart de ses personnages l'habitaient avant qu'il ne tourne ses
films. […] Trois coups de crayons et voilà quelqu'un. Ce quelqu'un,
cette figure de sa tête, il le cherchait ensuite dans la vraie vie pour
en faire un personnage.
Du coup, avant chaque tournage, il passait une annonce dans les
journaux : "Federico Fellini est prêt à recevoir tous ceux qui veulent
le voir."
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