Son travail est absolument exceptionnel. Je l'ai croisé dans bien des expositions au fil des années. Dominique Polad-Hardouin parlait d'elle avec passion. Voici aujourd'hui sur les Grigris CHRISTINE SEFOLOSHA...
Christine a évoqué un projet pour cet automne et vous pouvez être sûr que j'en reparlerai ici !
Christine Sefolosha naît, en Suisse, près de Montreux, au bord du lac Léman. Enfant unique, elle grandit auprès d’une mère protectrice et aimante, qui a toujours veillé à la stimuler et à laisser libre cours à son imagination.
Passionnée d’équitation, la jeune fille se raconte des histoires et se crée un univers peuplé de chevaux et d’animaux. A l’âge de 20 ans, alors que son chemin semblait tout tracé vers une école d’art, les circonstances de la vie la conduisent en Afrique du Sud. Six premières années, passées dans un univers protégé de la communauté blanche. Pause familiale. Mais toujours le dessin. Assidument. Des animaux, principalement. Jusqu’au jour où elle prend conscience de la réalité de l’apartheid. Ses escapades dans les townships la confrontent à une culture bâillonnée par le système. Musique, théâtre, danse, arts visuels: la richesse de la vie artistique sud-africaine la bouleverse. Cette expérience va changer à jamais Christine Sefolosha.
A partir de là, l’artiste réalise qu’elle ne peut plus se contenter de reproduire la réalité environnante, mais qu’elle doit impérativement explorer au plus profond de son ressenti. Trouver sa place dans le monde, autrement dit se réaliser en tant qu’artiste. Retour en Suisse, au début des années 80, désormais Christine Sefolosha mettra tout en oeuvre pour y parvenir. Première exposition à Vevey, en 1988. C’est le début d’un chemin qui l’amènera à exposer à travers le monde.
Marlène Métrailler
La série « Vaisseaux fantômes » est un moment singulier dans le travail de Christine Sefolosha, et elle s’inscrit au cœur de son œuvre comme une île au milieu de l’océan de son art. Car ce qu’on y découvre ne semble que la face visible d’un continent plus vaste et encore immergé qui nous apparaitra bientôt comme la terre promise de toutes ses recherches et de toutes ses expériences. Aussi, dans cette suite, de monotypes, tout n’est que va-et-vient entre des niveaux multiples qui ne cessent de s’entrecroiser et de se renvoyer les uns les autres.
Il est ainsi question de départ, de larguer les amarres, de quitter la Terre pour les confins. Mais aussi de tout emporter avec soi, à l’instar de Noé et de son arche : le monde et la ville, les êtres et les choses, les formes et les figures ; Babel flottante que n’aurait pas renié le Fellini de « E la nave va ». Et les personnages qui les hantent, aussi spectraux que les vaisseaux y sont fantomatiques, ne cessent que d’y jeter des filets ou d’y monter des échafaudages pour prendre prise ou faire prise. On est ainsi tout à la fois ailleurs et ici, en route vers l’au-delà et plongé au plus profond du réel et du temps.
Mais ce qui caractérise avant tout cette série nouvelle, c’est cette même énergie, ce même élan qui s’engagent dans l’œuvre et par l’œuvre. Car, à bien regarder, la fluidité et la transparence de l’eau n’y sont rien d’autre que cette fluidité et cette transparence toute en nuances de l’encre que déverse Sefolosha à l’aube de chaque dessin. Et la puissance et la force des flots, cette puissance et cette force avec laquelle elle conduit allègrement son trait, et par laquelle elle fait émerger formes et figures d’une vague de couleur, et qui en gardent parfois de délicates écumes frangées. Un expressionnisme fougueux et emporté qu’elle dirige comme le capitane son bateau, afin de mieux emmener son travail vers ce point d’aboutissement, ce point d’équilibre où tout motif ou tout sujet devient souverain, plein, limpide, résolvant d’un seul coup le mystère des apparences et la vérité des situations, condensant en un point unique l’intensité de la vie et un fragment du temps.
Charles-Arthur Boyer
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