"Avec Sophie, j’ai tout reçu, et tout perdu. Je me suis cru invincible.
Je nous ai crus invincibles. Jamais je n’ai été aussi désarmé
qu’aujourd’hui, ni plus serein peut-être."
François Vallier, jeune
pianiste célèbre, découvre un jour que Sophie, qu’il a aimée
passionnément puis abandonnée dans des circonstances dramatiques, est
internée depuis plusieurs années. Il quitte tout pour la retrouver.
Confronté
à un univers inconnu, il va devoir se dépouiller de son personnage, se
regarder en face. Dans ce temps suspendu, il va revivre jusqu’au
basculement son histoire avec Sophie, artiste fragile et imprévisible.
La musique de nos vies parfois nous échappe. Comment la retrouver ?
QUELQUES EXTRAITS ....
Je ne m'ennuyais pas, l'ennui réside dans une absence d'attente, de tension, de désir. C'était loin d'être mon cas. Je vivais dans la seule impatience d'un lendemain supportable.
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Qu'as-tu fait de ton talent ? J'ai joué, Seigneur, j'ai joué. Je voudrais aussi pouvoir répondre que j'ai aimé, et au-delà de moi-même, lorsque la question me sera posée, le jour de la pesée des âmes.
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Tosca, c'est aussi la tristesse, en russe. Un des rares mots que je connaisse dans cette langue que je me suis promis d'apprendre un jour. On retient parfois des choses étranges.
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Aujourd’hui encore, je réalise combien ces terres ingrates me sont
pénibles à traverser. Ce sont des terres où pendant des siècles les
hommes se sont pendus de désespoir dans des granges sombres comme des
ventres, et où les femmes, vaincues par l’épuisement, les grossesses sans
fin et l’absence d’amour, ont un jour préféré le creux d’un puits ou
d’un étang.
Du jour où j’ai pu vivre ailleurs, j’ai choisi des lieux où la vie ne
s’arrête jamais, rassuré par la disponibilité, l’abondance des êtres et
des choses, par l’illusion des innombrables possibles à portée de main,
et par l’irremplaçable liberté de l’anonymat.
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"La musique était essentielle à Sophie, d'une façon charnelle, intuitive, sensible..."
Elle avait des rejets, des emballements, des colères, des
émerveillements, capable de chercher pendant des heures, parmi les
multiples interprétations d'une même pièce, celle qui répondrait enfin à
sa perception intérieure."
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Aimer comme on écrit une icône. On l’écrit avec du temps, du temps infini, avec des couleurs comme du rouge, de l’orange, du brun, avec des traces d’or et infiniment d’amour.
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Dire que la vie avec Sophie fut facile ce serait excessif. Elle fut parfois d'une simplicité déroutante. Un cristal aveuglant . Nous étions accordés au quart ou au huitième de ton, peut-être même aux ultrasons comme les dauphins. Elle ressemblait à un voyage , ou plus précisément à ce moment du voyage où, encore loin de la destination envisagée, tous les repères familiers et les habitudes sont effacés, dilués à un tel point que l'on doute de leur existence. C'est un temps de flottement, d'incertitude mais aussi de ravissement, de curiosité et de totale disponibilité. Nous habitions une poignée de mots. Nos océans.
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Partout où cela était possible, j’ai joué. J’ai cru apporter la beauté, l’émotion, la joie, la paix. J’ai cru être un passeur, sincère et désarmé, et offrir tout l’amour dont j’étais capable. Enchanteur et démiurge, servant et officiant. Illusion !
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Avec Sophie, j'ai tout reçu, et tout perdu. Je me suis cru invincible. Je nous ai crus invincibles. Jamais je n'ai été aussi désarmé qu'aujourd'hui, ni plus serein peut-être. Je veux jouer pour la guérir. Pour inverser le cours du torrent.
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J'ai joué pour être aimé. J'ai joué pour être écouté, regardé. J'ai joué pour exister. J'ai joué pour que ma mère me remarque, qu'elle m'aime un peu.
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Ensemble ils apprennent qu'il y a des larmes sans partage possible, et que rien n'est juste.
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