«Toutes les rues qu’Ernest Pignon-Ernest a investies en France et à travers le monde le mènent cet été à Landerneau. Il nous invite à marcher dans ses pas et entrer dans son œuvre, à la rencontre de ses lieux, de ses personnages, face à l’Histoire, aux histoires humaines.»
Michel-Édouard Leclerc
Ce vernissage je l'attendais avec une grande impatience et une vraie curiosité. Comment rendre muséales les installations d'Ernest Pignon-Ernest ? Comment générer une émotion aussi puissante que celle ressentie dans les rues de Rome, de Naples ou sur le port de Brest ? On a tous vu Rimbaud, on a tous vu Pasolini mais cette rétrospective donne à voir beaucoup plus.
Il y avait un monde vertigineux lors du vernissage de ce 11 juin 2022 et la surprise était au rendez-vous.
La scénographie nous livre des photos prises par l'artiste ("ses installations sont ici montrées dans le contexte des lieux et du sens essentiel qui s'en dégage restituant l'effet physique et psychique que ses collages suscitent"), de vrais collages, des textes assez courts mais suffisants, un éclairage parfait, un mur proposant les 150 pages d'un carnet de croquis, un autre mur nous plongeant dans son atelier, des vitrines, des dessins préparatoires, toute une fresque sur Victor Segalen spécialement réalisée pour cette exposition et nourrie d'un long travail de recherche et de lectures.
Dix univers sont proposés : Ecce homo, le poète fait son pays, soulèvements, droit au coeur ..., des thèmes sociétaux (l'avortement, les immigrés), des artistes (Rimbaud, Pasolini, Genet, Artaud, Neruda, Desnos). Des villes et des pays ( Haïti, Naples, Nice, Calais, Grenoble).
Coup de cœur pour la pièce des Mystiques (Travail mené des années durant avec la danseuse Bernice Coppieters) Voilà ce qu'en dit l'artiste : " Par le dessin j'ai tenté d'exprimer ce qui est de la sensualité et du corps et par le travail du support son refus. J'ai œuvré à ce que le papier s'impose comme un matériau plastique essentiel à l'égal du dessin, et, le contredisant, le distordant."
Le poète parle du monde et Ernest Pignon-Ernest plus que quiconque parle du monde, il dit mieux que personne ce qu'est l'humanité du monde.
MERCI Ernest Pignon-Ernest pour tout cela : " L'amnésie est un signe de barbarie et c'est bien contre l'oubli que vos images agissent. Elles transcendent l'espace public en un lieu de
partage, de mémoire et de révélation".
Et ce texte de Fred Tanneau pour France 24 pour accompagner mes photos :
"Considéré comme l'un des précurseurs de l'art urbain, Ernest Pignon-Ernest présente, à compter de dimanche 12 juin à Landerneau (Finistère), plus de 300 de ses collages, dessins et photographies donnant à voir toute l'originalité de son parcours créatif.
Ernest Pignon-Ernest est un artiste populaire, beaucoup de personnes connaissent ses images, son Rimbaud est partout et puis beaucoup de livres ont utilisé ses images pour incarner Pasolini ou d'autres", souligne Jean de Loisy, commissaire de l'exposition, qui se tient au Fonds Hélène et Édouard Leclerc.
Celui dont la célébrité a décollé en 1979 grâce à une exposition au Musée d'art moderne de Paris est identifié mondialement par son portrait du "jeune homme qui marche", Arthur Rimbaud.
Mais ce n'est pas seulement quelqu'un qui fait des dessins dans des livres ou des revues, c'est quelqu'un qui fait des dessins pour des lieux et dans des circonstances particulières", poursuit Jean de Loisy en marge d'une présentation à la presse de l'exposition, qui laisse découvrir la façon dont "un artiste réconcilie la pensée d'une figure et le lieu d'une mémoire".
Ses images visent en effet à saisir l'histoire et la mémoire enfouie d'un lieu. Et quoi de mieux qu'un poète pour saisir la réalité d'un lieu dans toute son ampleur. "Souvent, les poètes, par leur œuvre et leur destin, incarnent leur pays", souligne Ernest Pignon-Ernest. "Que saurait-on du Chili sans Pablo Neruda ?" interroge-t-il.
Inspiré notamment par les Italiens Pasolini et Caravage, l'artiste a été très marqué par Naples, sa "ville d'adoption". Entre 1988 et 1995, il y a collé 300 sérigraphies et dessins originaux, dont il ne reste plus rien aujourd'hui.
"Le caractère éphémère de mon travail fait partie de ma proposition et le fait que mes œuvres disparaissent compte autant que ce que je figure dans mes dessins", explique l'artiste dont les dessins sont souvent réalisés sur des chutes de rotatives.
Son travail autour "des violences qu'on inflige aux hommes" est présenté à Landerneau autour de thèmes : la mort, les prisons, l'avortement clandestin, l'apartheid, les expulsions... "Je crois que le rôle de l'art, c'est d'interroger ce que subissent les hommes et les femmes", explique l'artiste."
ERNEST PIGNON-ERNEST ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
LE SITE DE L'ARTISTE
ERNEST PIGNON-ERNEST SUR WIKIPEDIA
(cliquer)
FHEL
POUR LA CULTURE
AUX CAPUCINS
29800 LANDERNEAU (FRANCE)
02 29 62 47 78
L'exposition se prolongera jusqu'au 15 janvier 2023 au centre d'art contemporain créé en 2011 dans l'ancien couvent qui a abrité les premiers entrepôts des magasins Leclerc dans les années 1960. Des artistes tels que Picasso, Chagall, Giacometti ou Dubuffet y ont déjà été exposés.
D'autres photos à venir sur les Grigris !
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