" A Pierremont, les repas constituaient à la fois la principale occupation et le principal sujet de conversation: ce qu'on avait mangé la veille, ce qu'on allait manger le lendemain, ce qu'on mangerait une autre fois et selon quelle recette. D'ailleurs, on passait la journée dans la cuisine à prévoir, préparer, débarrasser, remplir et vider le lave-vaisselle , confectionner des gâteaux, des tartes, des sauces, des crèmes, des entremets, on s'extasiait sur les treize ou quinze parfums de glaces maison fabriquées par Liane, on s'arrêtait pour boire un thé , un café, un apéritif, une petite tisane, on pétrissait, touillait, on laissait mijoter à feu doux, on évoquait les uns et les autres, les études , les maladies, les mariages, les naissances, les divorces, les pertes d'emploi, on énonçait des vérités sur un ton péremptoire,on rectifiait, on se contredisait, on se poussait du coude, on s'insurgeait contre le mode opératoire retenu pour la fabrication des feuilletés aux fruits de mer .
A Pierremont, les voix finissaient toujours par monter dans les aigus, les portes claquaient, et au moment où l'on en venait presque aux mains, le minuteur en forme de pomme sonnait pour nous rappeler qu'il était grand temps de sortir le gratin du four. "
Pour Hélène....
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