Il ne reste hélas que très peu de jours pour profiter des œuvres de JULIETTE VIVIER ET LLUIS PERICO .
Précipitez vous à la Réserve !
Pour accompagner mes photos aujourd'hui le texte de présentation du catalogue écrit à 4 mains par Eglantine Dargent-Guy et François Kenesi
Et dans l'atelier d'Églantine.... un bel accrochage à " touche-touche"
La Réserve
mer/jeu/ven: 12h - 19h
samedi: 10h - 19h
sur rdv: 0624734739
20, rue du Barbâtre 51100 Reims
LA RÉSERVE ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
Précipitez vous à la Réserve !
Pour accompagner mes photos aujourd'hui le texte de présentation du catalogue écrit à 4 mains par Eglantine Dargent-Guy et François Kenesi
" Au centre
de la question du paysage, son observateur. Il le perçoit en même temps qu’il
le
façonne
par sa présence. Le paysage nous catapulte en avant, nous regardeurs,
vers un
ailleurs
de notre géographie de l’instant.
Les pays,
les terres, les lieux ici exposés n’existent pas. Le travail de Lluís Pericó et
celui de
Juliette
Vivier ont en commun de ne représenter aucune réalité. Ce sont des oeuvres
autant
par leurs
sujets que par leurs traitements, deux manières distinctes et en apparence
tranchées,
qui
viennent encadrer ce classique de l’histoire de l’art. L’une en gravure,
l’autre en peinture,
interrogent
sur la pertinence et le sens du paysage dans le panorama de l’art plastique
contemporain.
Dans les
tableaux de Lluís Pericó, l’observateur est placé au sein de ce qui est
représenté. Ses
peintures
fixent un ensemble et proposent au regard une construction qui se tient et se
suffit.
Aucune
matière au ciel, au sol, de part et d’autre ne manque. Il s’agit d’un monde
intégral.
Un
sentiment d’homéostasie, d’équilibre domine l’ensemble de ses compositions. Les
estampes
de Juliette Vivier présentent un fragment, présage d’une trame à l’infini,
comme
une
métonymie. L’un représente le Tout, l’autre la partie qui figure le Tout.
Avec sa
grande maîtrise des techniques de gravure, Juliette Vivier travaille sur le
chaos,
le
tohu-bohu, un état des choses en amont de toute création. Or dessiner
l’aléatoire est
impossible
à tout être ayant vécu. L’inconscient, les souvenirs, les goûts, l’histoire, la
culture,
l’apprentissage,
les états d’âme influent sur la main du dessinateur. Juliette Vivier choisit de
faire
appel à l’informatique, capable de donner forme à un hasard exempt de toute
influence
humaine. Cette délégation de conception à un tiers numérique est un gage de
pureté
stochastique qui renvoie d’emblée au chaos, un avant-paysage. S’agit-il
d’un tas de
poussière
ou d’un Everest tout neuf non encore émoussé ? L’absence d’échelle participe de
ce
vertige. Ici, l’être n’existe pas, ou pas encore. L’observateur est positionné
en altitude, à
l’extérieur
de tout cela. S’il est invité à y entrer, en tant que découvreur d’un nouveau
monde,
il se doit
alors d’être conscient de son action, de son impact. Du fait de sa présence,
une fois
dedans, il
s’agira enfin d’un paysage.
Maintenant
positionné dans ce paysage, Lluís Pericó propose de s’y frayer un chemin,
un passage
vers cet endroit ouvert au ciel où l’on aime s’isoler pour mieux s’échapper.
Contemplation,
son intime panoramique. Tout extérieur qu’il soit, le paysage devient un
élément de
notre intériorité, contenu dans notre champ visuel. Avant d’y pénétrer, il
était
matière
initiale. Ce premier franchissement, Pierre Teilhard de Chardin le nomme « le pas
de
la vie ».
Une fois à l’intérieur, il est matière pensée. Empreint de musique, de
littérature et de
romantisme,
Lluís Pericó peint ce transit vers la conscience, c’est « le pas de la
réflexion ».
Un pas
vers l’après-paysage.
Il
n’existe pas sans nous, pourtant dès que nous y sommes il n’est plus lui-même.
Le paysage
est un
besoin, une nécessité impérieuse. Le sujet de Claude Monet à Étretat n’est pas
la
silhouette
de l’aiguille creuse ou un rapport de météo marine. Peut-être est-il question
de ce
fragile
interstice entre l’avant et le post paysage, un point éternel maintenu en
suspension.
Juliette
Vivier et Lluís Pericó apportent des éléments de modernité et de réflexion qui
manifestent
bien que ce thème, pourtant ultra classique et a priori convenu, a toute sa
place
dans un
art contemporain nourri de concept et de poésie.
« J’ai
tant rêvé de toi que tu perds ta réalité »
Robert
Desnos"
Lluís Pericó
« Je ne peins pas l’être. Je
peins le passage… »
Michel de Montaigne
" Né à Barcelone en 1958, Lluís Pericó
est Catalan et ça s’entend ! Ses premiers pas dans la
peinture ont lieu très tôt, pendant son enfance. Il étudie les
Beaux-arts à la prestigieuse EINA.
Lluís Pericó vit et travaille en
région parisienne. Il est venu vivre en France en 2009, par amour.
Au Japon, on ne déclare pas « je t’aime », mais « il
y a de l’amour ». C’est l’expression d’un climat, une
atmosphère, un sentiment qui flotte, invite et enveloppe. Dans la
vie et l’œuvre de Lluís Pericó, il y a de l’amour.
Entrer dans son atelier c’est
pénétrer un univers sensoriel puissant. Le cortège d’effluves de
térébenthine, vernis, cire et résine copal qui accompagne la
peinture à l’huile ne laisse aucune place au doute. Derrière le
chaleureux accueil, une musique tout aussi chaude et profonde. Le
décor est planté. Entre des murs tapissés d’images, de
citations, de souvenirs et de livres, dans une lumière du nord,
trônent pinceaux, tubes de couleurs, palettes et pots. Ça déborde
et pourtant, il n’y a rien de trop. Tout est à sa place, simple et
juste.
Le bois est prégnant, dans les poutres
qui structurent le lieu, ainsi que dans ses œuvres. Pour préparer
ses supports, tel un ébéniste, Lluís Pericó a mis au point une
méthode qui lui est propre. Avec rigueur il sélectionne le bois sur
lequel il va peindre et le colle sur un châssis. La texture voulue
par de multiples couches et ponçages parachève la finition d’une
base qui participe pleinement au résultat final.
Comme un jazzman imbibé de ses
classiques lors d’une improvisation, il s’élance, étale puis
essuie, à grosses brosses, change de gamme avec un pinceau fin puis
revient au gros calibre. Sans que l’on puisse imaginer où il nous
emmène, les nuances et subtilités apparaissent au détour
d’imprévus. Lluis Perico peint par soustraction, il ajoute et
enlève la peinture, laisse sécher, reprend…
L’artiste excelle dans des jeux de
clartés et gammes d’ombres ciselées par des transparences, glacis
et ‘sfumato’ qui charrient avec eux tout le mystère transmis des
anciens. Tonalités brunes et terreuses, matières minces et lisses,
contours flous, brumes atemporelles, lumières évanescentes, il
élabore des paysages suggérés, insaisissables, travaillés et
retravaillés.
Rembrandt, Vinci ou encore Corot ne
sont jamais loin. L’alchimie européenne a élaboré là une pépite
avec une bonne dose de méditerranée, et de romantisme, exaltant le
mystère, nous offrant l’évasion par ses œuvres atmosphériques.
Dès
25 ans, son travail est reconnu par le gouvernement autonome de la
Catalogne qui gratifie la promesse de ce jeune artiste plasticien.
Lluís Pericó a participé à de nombreuses expositions personnelles
et collectives et a été primé à divers concours de peinture et
dessin, notamment le Prix International de Dessin Joan Miró. Ses
œuvres se trouvent dans de nombreuses collections publiques et
particulières."
Juliette Vivier
« C’est
qu’il faut un chaos à qui veut faire un monde »
Victor Hugo
Odes et Ballades
(1826)
"Née en 1979 à
Abidjan, Juliette Vivier passe son enfance en Afrique de l’Ouest.
De retour en France, après un cursus littéraire, elle intègre
l’école des Arts Décoratifs de Paris où elle se spécialise en
gravure. De ses études de lettres, elle garde une acuité prononcée
pour les œuvres de l’esprit comme lectrice, mais aussi dans
l’édification de ses projets.
Avec une grande
dextérité, elle emploie les nombreuses manières de l’estampe en
taille douce, eaux-fortes, manière noire, ... Elle limite souvent le
nombre de tirages à des séries courtes dans lesquelles chaque
épreuve sera le fruit unique d’une excellence technique et des
hasards propres à la méthode elle-même.
À la part
ancestrale, traditionnelle de la gravure, Juliette Vivier apporte des
outils, des procédés et des gestes contemporains. Pour certaines de
ses séries, elle met au point un jeu de découpe avant de recomposer
un assemblage aussi imprévu que structuré. D’autres travaux l’ont
amenée à faire appel à la modélisation 3D par ordinateur. À
l’occasion d’un autre projet, avec un brin d’espièglerie, elle
a conçu un ensemble de sérigraphies utilisant une base noire et des
encres bigarrées telles que le doré, des dégradés aux couleurs
vives ou une encre phosphorescente !
La puissance de son
travail réside pour partie dans son expertise et les liens
inattendus qu’elle tisse entre les médiums. Juliette Vivier nous
confronte à un exercice d’équilibre entre une forme de tradition
et un affranchissement total des conventions par l’emploi de la
technologie d’aujourd’hui.
Mais surtout, elle
nous emporte par son objet, la raison d’être même de son œuvre,
son sens. Dans les pièces présentées ici, notre attention est
mobilisée autour d’atmosphères minérales, cailloux, roches, et
montagnes. Dans ces ensembles de paysages, tout ou partie des volumes
ont été générés avec des outils informatiques sur une base
mathématique de construction fractale. La vision entièrement issue
d’algorithmes ou composite qu’ils nous offrent est au-delà de
toute référence connue.
Intensité des
noirs, nuances des gris, blancs immaculés, exigence de la précision
renforcent la présence de ses paysages : « Ses
compositions puissantes, fortes bâtissent un univers plastique très
personnel qui s’inspire de la réalité pour mieux s’en
affranchir », écrit Caroline Canault.
Lauréate de
plusieurs bourses et résidences telles que la Fondation Pilar i Joan
Miró à Majorque, les Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes
et la Cité Internationale des Arts, Juliette Vivier a séjourné
plusieurs fois en Espagne, en particulier pensionnaire de l’Académie
de France à Madrid (Casa de Velázquez), mais aussi au Danemark et
au Groënland.
Juliette Vivier a
été sélectionnée pour plusieurs prix de dessin et gravure en
France et en Espagne, elle collabore par ailleurs à des revues
littéraires et artistiques.
Exposées en France,
en Espagne et en Angleterre, ses œuvres se retrouvent dans des
collections privées et publiques Centre d’Art la Rectoria,
Fondation Fuendetodos Goya, Fondation Pilar i Joan Miró a Mallorca,
Casa de Velázquez."
La Réserve
mer/jeu/ven: 12h - 19h
samedi: 10h - 19h
sur rdv: 0624734739
20, rue du Barbâtre 51100 Reims
LA RÉSERVE ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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