Merci à IZABELLA ORTIZ pour son regard ...
Et pour les Grigris aujourd'hui ce texte d'IZABELLA ORTIZ sur cet artiste bruxellois au " travail d'une beauté si atypique et... incontournable " qu'elle aime totalement
(Artiste-plasticienne)
ET LE PAPIER S'EST FAIT OR...
À
coups de scalpel, l’art de Stroff, déchire les yeux.
Son
travail m’a fait l’effet d’un électrochoc.
Son
œuvre (sculptures, dessins, peintures), dépourvue d’artifices de séduction, est
d’une Beauté crue.
Dans
son atelier, mué en chirurgien-sorcier, Stroff
« opère » son alchimie… celle qui donne naissance à ses
êtres-sculptures.
Pour
enfanter, pourvu de ses gants en latex (lorsqu’il manie la colle), il jongle
avec ses matériaux et ses outils (papiers journaux, chalumeau, enduits, acétate
polyvinyle, ficelles, cordes, acryliques, draps, vernis, métal, bois, tulle,
patines…).
Artiste
autodidacte, tel un artisan scrupuleux, il confectionne tout par lui-même.
Pygmalion
engendre sa comédie humaine de sculptures-créatures : il colle, enrubanne,
recolle, enrubanne à nouveau... Travail, minutieusement, rigoureusement fait
mais qu’avec le temps, il détruira éventuellement, selon son humeur et selon ses envies. Ses
sculptures-créatures, subissent, démembrements ou/et désassemblages.
Ces
transformations partielles ou totales à partir de la sculpture
initiale offrent une nouvelle vie à cette dernière et cette nouvelle
œuvre, subira elle-même, peut-être, le même sort et ainsi de suite.
Faire,
défaire, refaire, défaire à nouveau … comme autant de naissances, de morts et
de re-naissances. Prestidigitateur tout-puissant, Stroff façonne ses êtres, les
sort du chaos, les fait naître, les rend aux ténèbres, les ressort à la
lumière…
La
concrétisation de ce langage universel de morts symboliques pour mieux renaître
transparaît chez ses momies miniatures. Constituées d’une multitude de
bandelettes pour certaines, elles semblent vivre une gestation au cœur de leur
cocon tandis que d’autres semblent au contraire compressées au point d’étouffer
au sein de leur linceul.
Certains
lambeaux de matière s’échappent telles de fines mèches de cheveux rebelles :
mariage subtil de délicatesse et d’inquiétante
étrangeté, ces sortes de peaux flottantes, sensuelles, sortes d’oripeaux ou
de mues, nous renvoient à notre vulnérabilité à fleur de peau…
Au
sein de son œuvre fourmillent corps mutilés, atrophiés, supports expulsant leurs têtes, attributs
divers (casque à cornes, objets énigmatiques…), têtes enrubannées, bouches
béantes ou bâillonnées, yeux fermés, yeux ouverts de facture hyper réaliste,
orbites vides. Tels des visions sous acide surgissent des corps
d’hommes-nouveaux-nés emmaillotés, aux sexes nus tronqués. Émouvants,
oppressants, terrifiants, ces êtres-sculptures se font l’écho de nos propres
états d’âme.
Certaines
expressions de visages nous dévoilent leur touchante douceur et même lorsque
les paupières sont fermées, nous devinons la sérénité de leur vie intérieure.
Leur ton de bistre et d’ivoire incarne la candeur, la pureté.
D’autres
visages, en revanche, arborent des expressions qui nous glacent. Regards
hagards aux yeux vitreux ou orbites vides où s’est nichée la terreur. La
couleur de bistre et d’ivoire ici, change de ton et incarne le vertige de l’angoisse. Certaines bouches
béantes semblent cracher, en vain, leurs cris muets ; le Tourment les a
aspirés.
Crachin
de phrases, de mots, acides, tendres, absurdes qui collent parfois parfaitement à ce qu’ils nomment, à ce que
nous voyons mais parfois, au contraire, nous rendent encore plus énigmatique ce
que nous cherchons à y comprendre : Le
Grimpeur (ascension du Christ), L’insoutenable
légèreté de notre pain quotidien, Petit
suspendu couronné, One Day You
Will Be a Bird, Quand les étoiles ne parlent plus, Out of Fish-Head’s Ass,
Impossible envol, Getting Out the Pitt, Perspective du tableau noir, To Be
Knight on Wheels, Morning Peeling, De l’eau salée à l’eau douce, I Only See
Diamonds…
Lors
de la fabrication, le chirurgien-sorcier Stroff
incorpore (in-corps-pore) à la fois des bouts de papier contenant des textes,
des phrases, des symboles, des initiales, des signes cabalistiques, des
hiéroglyphes et parfois même ses propres rognures d’ongles, ses propres
cheveux, etc., étoffant ainsi
ses personnages.
Déversement
de signifiants matériels, de traces, d’empreintes, de témoignages, de
souffrances et de blessures personnelles libérant leur géniteur ;
objets-sculptures transitionnels ou étuis de l’âme, ces sculptures-écrins
chuchotent leurs secrets à ceux qui veulent bien les entendre…
L’œuvre
de Stroff n’a pas d’« ancêtres » : ses êtres-sculptures sont
uniques. Puissance et raffinement s’accouplent sans cesse et nous en oublions
que la matière première n’est que papier mâché, matériau pauvre par excellence
mais qui acquiert, transformé et transcendé par l’artiste, une beauté
faustienne qui nous rappelle que l’alchimiste qu’il est, a réussi : le
papier s’est fait or…
Izabella
Ortiz
(cliquer)
STROFF EST A LYON A LA GALERIE DU CŒUR AU VENTRE avec de nombreux artistes chers à mon coeur
"Sur la réserve..."
Venez découvrir les trésors de la réserve de la galerie du 1er au 10 décembre de 14H30 à 19H du mardi au samedi
P.Amourette, K.Beaudelaire, R.Bessey, M. Birobent, O.Blot, R. Bonnet, D M.Chanut, N. Cluzel, S.Corentin, C.Dahyot, H.Duprillot, L.Gillet, C.Goux, I.Habasescu, Jakline, H.Lagnieu, F.Marshall, Moss, Chong-Ran Park, E.Postic, P.Shwanse, Raak, M.Vigneaux, J.Zanon...
(photos Izabella Ortiz et Facebook)
STROFF EST A LYON A LA GALERIE DU CŒUR AU VENTRE avec de nombreux artistes chers à mon coeur
"Sur la réserve..."
Venez découvrir les trésors de la réserve de la galerie du 1er au 10 décembre de 14H30 à 19H du mardi au samedi
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(photos Izabella Ortiz et Facebook)
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