Coup de coeur de ce mois de décembre 2016 que je dois à Françoise Monnin via Facebook ...
Michel Roty : À quoi tient la vie ?
Par Frédéric Charles Baitinger
"« L'art est le seul domaine où la toute puissance des idées s'est
maintenue jusqu'à nos jours. Dans l'art seulement il arrive encore qu'un
homme, tourmenté par ses désirs, fasse quelque chose qui ressemble à
une satisfaction. »
Sigmund Freud
Sigmund Freud
Michel Roty, artiste inclassable, tour à
tour matiériste, fabuliste, humoriste et archéologue d’une mémoire au
travail, nous propose une œuvre d’une richesse immense. Plongeant ses
spectateurs dans un univers peuplé de souvenirs et de symboles, de
réminiscences et de figures, ce qui se donne ici à voir comme narration
ne relève pas seulement d'une visée consciente, mais bien aussi d'un
désir d'introspection. Oscillant sans cesse sur cette ligne fragile où
le passé rencontre son avenir, cette oeuvre « talisman» – ce « cristal
de temps » comme aurait pu le dire Walter Benjamin – nous interroge sur
les structures de notre psyché – et, plus profondément, sur la manière
dont elles peuvent être mise en scène.
Tantôt légères et poétiques, tantôt plus sombres et angoissées, les
œuvres de cet artiste demandent, pour qui a le désir sincère de les «
comprendre », d'être regardées longuement. Riches et complexes dans
leurs structures signifiantes, subtiles et efficaces plastiquement d'un
point de vue strictement visuel, elles réunissent, en un tout cohérent,
plusieurs strates de sens et, par conséquent aussi, plusieurs niveaux de
lectures. Telles des concrétions de calcaire enfermant dans leur
matière les traces d'un temps enfoui – d'un temps fossile – elles en
proposent comme une lecture archéologique, comme une exploration en
anamnèse.
Dévoilant des points critiques par endroit, puis recouvrant ailleurs
des événements devenus quasi fantomatiques, ce n'est qu'à les
contempler d'une manière systémique que leur désordre sacré acquiert son
véritable sens. En effet, quelque soit le ton, l'ambiance, le sujet ou
le thème qu'elles évoquent, c'est toujours à l'aide de matériaux
recyclés (de veilles photographies, de pages de cahiers d'écoliers, de
radiographies, de fils de fer, de gazes, de dents …), disposés en
rhizomes, qu'elles en reconstituent la trame, qu'elles en évoquent le
souvenir, qu'elles en coordonnent les fragments. Voilà, sans doute, la raison pour laquelle Michel Roty ne souhaite pas donner de titre à ses oeuvres. Préférant laisser à son spectateur le soin de nommer lui-même ce qu'il perçoit (ou plutôt, ce que son oeil aura su reconstituer de l'histoire « en miroir » qui lui fait face), il propose un travail qui repose sur cette capacité qu'a le regard de convertir l'espace figuratif en une succession d'évènements. Partant des couches les plus superficielles (des formes les plus apparentes) pour s'avancer, progressivement, vers les couches plus profondes, le parcours qu'accomplit alors le regard ressemble à celui qu'accomplit la conscience quand elle se retourne sur elle-même et se laisse aller à dire tout ce qu'un souvenir ou une émotion lui évoque.
Peintre romancier, archéologue de l'âme, les thèmes qu'aborde Michel Roty dans ses créations plastiques ne sont jamais très éloignés de ce que nous serions tenté d'appeler : des enchevêtrements de temps. Dans ses toiles qui évoquent l'amour (le couple, le mariage, la séparation, la famille), l’imaginaire ou plus largement, peut-être, les souvenirs d'enfance, ce qui caractérise en propre son style, ce qui donne à son propos sa force et sa profondeur, n'est autre que cet étrange mouvement – ce déplacement des signes – dans lequel se perd le mystère de leur agencement. Cet artiste se lance rarement dans la réalisation d'une toile sans avoir au préalable une idée, et ce n’est que dans sa matérialisation que s'accomplit, le travail de rapprochements sans lequel ses oeuvres perdraient une partie de leur puissance – pour ne pas dire, de leur mana."
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RETROUVEZ MICHEL ROTY dans Artension n°141, à paraitre dans quelques jours !!!
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