Pour Noël Antoine m'a offert le catalogue de l'exposition "VÉHICULES" de la Collection de l'Art Brut de Lausanne .
Je ne pensais pas alors avoir la chance de pouvoir y aller ...
Il y a dans ce Musée des merveilles, tout les amateurs d'Art Brut le savent (les autres aussi !) .
L'exposition ""VEHICULES" inaugure le nouvel événement de la Collection de l'Art Brut, la biennale : elle fera désormais honneur aux oeuvres provenant exclusivement du fonds du musée, regroupées par thématique ou par technique .
Elle vient à la suite d'un constat fait par Michel Thévoz : " la fréquence et la variété des véhicules dans l'Art Brut et leur aspect de jouets plutôt que d'engins réels", "cette première biennale invite à suivre les chemins de traverse".
" Bateaux de carton, fusées de récupération, avions de boîtes de conserve ou simple vélo sur papier : les moyens de transport sont vraiment peu communs dans l'Art Brut " !
Cette nouvelle exposition est passionnante, avec plus de 200 œuvres présentées de 42 artistes différents elle mérite vraiment le voyage !
"La Collection de l’Art Brut, dont la valeur historique est unique, compte aujourd’hui plus de 60'000 peintures, dessins, sculptures, œuvres textiles et écrits. Afin de mettre en valeur cette richesse, la nouvelle directrice Sarah Lombardi propose une série d’expositions réunissant exclusivement des œuvres appartenant à l’institution lausannoise. Intitulées « Les Biennales de l’Art Brut », celles-ci se tiendront tous les deux ans et permettront de sélectionner, à travers une thématique commune, aussi bien des travaux n’ayant encore jamais été présentés, que d’autres déjà exposés, mais abordés dans une perspective particulière.
Cette première édition est consacrée au thème des moyens de transport. Elle regroupe plus de 200 œuvres réalisées par quarante-deux auteurs et révèle à la fois les singularités de leur production respective et la diversité des techniques, des matériaux, des dimensions ou des langages formels employés. La manifestation est accompagnée d’une publication en deux langues (français/anglais), qui lance une nouvelle série intitulée Art Brut, la collection, co-éditée en collaboration avec 5 Continents Editions (Milan). Cet ouvrage majeur, diffusé au niveau international, permettra une visite virtuelle des collections.
Qu’ils soient conçus pour se déplacer dans les airs, sur terre ou sur l’eau, les véhicules, des plus rudimentaires aux plus techniques, ont toujours fasciné l’homme. Rattachés au monde de l’enfance avec lequel les auteurs d’Art Brut gardent un lien privilégié, ils incarnent aussi une idée de puissance, à la fois physique ou sexuelle, qui prolonge les aptitudes humaines.
Certains créateurs d’Art Brut ont fait du véhicule leur unique sujet ; toute leur production apparaît alors comme la déclinaison d’un seul et même motif. Ils établissent ainsi des listes, des séries ou des répertoires où chaque spécimen d’avion, de voiture ou de train est disposé avec ordre et précision, à l’image des dessins de Motooka Hidenori, David Braillon ou Gregory Blackstock. La classification presque maniaque et la rigueur leur semblent nécessaires, révélant leur besoin d’organisation, voire d’appropriation du monde.
D’autres portent un intérêt à l’univers élargi des moyens de transport. Ce thème indissociable de la notion de déplacement et de voyage peut être synonyme de découverte et d’expérience, comme chez Willem Van Genk, mais également de danger. L’aspect menaçant des véhicules, le chaos inquiétant généré par la multitude d’engins en mouvement est illustré dans l’exposition par Lorna Hylton ou Shi Yi Feng.
André Robillard et Erich Zablatnik, eux, imaginent des constructions futuristes, des machines volantes, des engins à hélice ou à moteur. Portés par leurs rêves, ces utopistes se muent en mécaniciens avant-gardistes. Parfois, ils font preuve d’une curiosité aiguë pour la mécanique, d’un réel engouement pour le mouvement et les systèmes de roulement, à l’instar de Fausto Badari, Serge Delaunay ou Emile Ratier.
Par le biais de la création, nombre d’auteurs d’Art Brut – surtout ceux qui sont immobilisés de force – peuvent s’évader et fuir leur propre condition, recouvrant ainsi une certaine maîtrise de leur existence, souvent difficile. Pour Clément Fraisse, Auguste Forestier ou Sylvain Lecocq, le sujet des véhicules symbolise alors particulièrement ce besoin de liberté."
( Fausto Badari, sans titre, 2011 Photo : Caroline Smyrliadis)
Johann Hauser (1926-1996): sans titre, entre 1958 et 1978
Motooka Hidenori -Trains- 1995
" La classification presque maniaque et la rigueur semblent nécessaires à ces auteurs et révèlent leur besoin d'organisation voire d'appropriation du monde : une manière pour eux de le conquérir " .
" La notion de liberté est très importante . Le véhicule est une manière de fuir leur condition, de s'échapper du point de vue symbolique"
Sarah Lombardi
Willem Van Genk - sans titre -1988 -2005
Giovanni Abrignani - Giro d'Italia del- 1975
Giovanni Abrignani -sans titre -1967 -1975
François Burland - Croix du Sud- 1995
" Si la représentation des véhicules en tout genre permet aux artistes d'exprimer leurs peurs, leur révolte ou leur rêves d'évasion, ils ne sont néanmoins pas dupes des limites de leur art .
François Burland auteur de maquettes fantastiques, l'exprime très justement : " la mort se moque de mon acharnement à fabriquer des avions, des fusées ou des voitures, car elle sait que je ne pourrai m'enfuir à leur bord."
Carlo - sans titre -1965
Auguste Forestier - sans titre -1935-1949
Jean Tourlonias -Spéciale Michel Thévozsuper autobil suisse - 1994
Pépé Vignes -sans titre - 1975 1985
... "Les transports peuvent aussi être amoureux . Aloïse Corbaz, rare femme de l'exposition, place ses amants imaginaires dans des gondoles et s'évade en rêve avec eux ..."
J'ai eu beaucoup d'émotion en découvrant les deux trolleys réalisés par MARTIAL déjà évoqué sur les Grigris ...
Beaucoup d'émotion aussi en lisant l'histoire de Clément Fraisse auteur de ce vaste panneau de bois ...
Clément Fraisse -sans titre entre 1930 et 1931 - bois - 170 X383 cm
"Clément Fraisse est né dans un village de Lozère, en France. Il est issu d’une famille de cultivateurs de quatorze enfants. Le garçon reçoit une instruction rudimentaire et travaille dans l’exploitation familiale avant de devenir berger. A l’âge de vingt-quatre ans, il tente d’incendier la ferme de ses parents à l’aide d’un paquet de billets de banque enflammés qui constitue les économies de la famille. Suite à cet incident, le jeune homme est interné à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban, dans le sud de la France.
Son attitude protestataire et violente, ainsi que ses tentatives d’évasion entraînent sa réclusion, de 1930 à 1931, dans une étroite cellule dont les murs sont lambrissés de bois brut. Dès lors, et durant deux ans, Clément Fraisse entreprend de les sculpter à l’aide d’un manche de cuiller brisé ou des fers de sabot qu’il aiguise sur de la pierre. Quand ses outils de fortune lui sont confisqués, il utilise l’anse de son pot de chambre en faïence, qu’il affûte de la même manière. Les motifs se développent suivant les diverses parties du lambris. Chacun des vingt panneaux de la rangée supérieure représente un personnage dont les dents, les doigts et les orteils sont tracés de manière schématique.
Après cette période de claustration, Clément Fraisse est employé à divers travaux au sein de l’institution. Le lambris sculpté sera sauvegardé par deux médecins de l’institution, dont Roger Gentis, directeur de l’établissement, qui en assureront un certain temps la conservation, avant que l’œuvre soit remise en 1963 à Jean Dubuffet pour ses collections."
Non seulement cette exposition est passionnante mais elle propose de très nombreux films tous plus
émouvants les uns que les autres ...
J'ai adoré celui sur Widener , le film de Philippe Lespinasse sur Paul Amar ....
Michel Thévoz et Anic Zanzi, préface de Sarah Lombardi, Véhicules, Lausanne/Milan, Collection de l’Art Brut/5 Continents Editions, 2013, « Art Brut, la collection »
sous la direction de Sarah Lombardi, 20,5 x 25,5 cm, 168 pages, 130 illustrations couleur.
Jusqu'au 27 avril 2014
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h
LE SITE DU MUSÉE
Collection de l'Art brut
11, av. des Bergières
1004 Lausanne
Tel : +41 21 315 25 70
Je ne pensais pas alors avoir la chance de pouvoir y aller ...
Il y a dans ce Musée des merveilles, tout les amateurs d'Art Brut le savent (les autres aussi !) .
L'exposition ""VEHICULES" inaugure le nouvel événement de la Collection de l'Art Brut, la biennale : elle fera désormais honneur aux oeuvres provenant exclusivement du fonds du musée, regroupées par thématique ou par technique .
Elle vient à la suite d'un constat fait par Michel Thévoz : " la fréquence et la variété des véhicules dans l'Art Brut et leur aspect de jouets plutôt que d'engins réels", "cette première biennale invite à suivre les chemins de traverse".
" Bateaux de carton, fusées de récupération, avions de boîtes de conserve ou simple vélo sur papier : les moyens de transport sont vraiment peu communs dans l'Art Brut " !
Cette nouvelle exposition est passionnante, avec plus de 200 œuvres présentées de 42 artistes différents elle mérite vraiment le voyage !
"La Collection de l’Art Brut, dont la valeur historique est unique, compte aujourd’hui plus de 60'000 peintures, dessins, sculptures, œuvres textiles et écrits. Afin de mettre en valeur cette richesse, la nouvelle directrice Sarah Lombardi propose une série d’expositions réunissant exclusivement des œuvres appartenant à l’institution lausannoise. Intitulées « Les Biennales de l’Art Brut », celles-ci se tiendront tous les deux ans et permettront de sélectionner, à travers une thématique commune, aussi bien des travaux n’ayant encore jamais été présentés, que d’autres déjà exposés, mais abordés dans une perspective particulière.
Cette première édition est consacrée au thème des moyens de transport. Elle regroupe plus de 200 œuvres réalisées par quarante-deux auteurs et révèle à la fois les singularités de leur production respective et la diversité des techniques, des matériaux, des dimensions ou des langages formels employés. La manifestation est accompagnée d’une publication en deux langues (français/anglais), qui lance une nouvelle série intitulée Art Brut, la collection, co-éditée en collaboration avec 5 Continents Editions (Milan). Cet ouvrage majeur, diffusé au niveau international, permettra une visite virtuelle des collections.
Qu’ils soient conçus pour se déplacer dans les airs, sur terre ou sur l’eau, les véhicules, des plus rudimentaires aux plus techniques, ont toujours fasciné l’homme. Rattachés au monde de l’enfance avec lequel les auteurs d’Art Brut gardent un lien privilégié, ils incarnent aussi une idée de puissance, à la fois physique ou sexuelle, qui prolonge les aptitudes humaines.
Certains créateurs d’Art Brut ont fait du véhicule leur unique sujet ; toute leur production apparaît alors comme la déclinaison d’un seul et même motif. Ils établissent ainsi des listes, des séries ou des répertoires où chaque spécimen d’avion, de voiture ou de train est disposé avec ordre et précision, à l’image des dessins de Motooka Hidenori, David Braillon ou Gregory Blackstock. La classification presque maniaque et la rigueur leur semblent nécessaires, révélant leur besoin d’organisation, voire d’appropriation du monde.
D’autres portent un intérêt à l’univers élargi des moyens de transport. Ce thème indissociable de la notion de déplacement et de voyage peut être synonyme de découverte et d’expérience, comme chez Willem Van Genk, mais également de danger. L’aspect menaçant des véhicules, le chaos inquiétant généré par la multitude d’engins en mouvement est illustré dans l’exposition par Lorna Hylton ou Shi Yi Feng.
André Robillard et Erich Zablatnik, eux, imaginent des constructions futuristes, des machines volantes, des engins à hélice ou à moteur. Portés par leurs rêves, ces utopistes se muent en mécaniciens avant-gardistes. Parfois, ils font preuve d’une curiosité aiguë pour la mécanique, d’un réel engouement pour le mouvement et les systèmes de roulement, à l’instar de Fausto Badari, Serge Delaunay ou Emile Ratier.
Par le biais de la création, nombre d’auteurs d’Art Brut – surtout ceux qui sont immobilisés de force – peuvent s’évader et fuir leur propre condition, recouvrant ainsi une certaine maîtrise de leur existence, souvent difficile. Pour Clément Fraisse, Auguste Forestier ou Sylvain Lecocq, le sujet des véhicules symbolise alors particulièrement ce besoin de liberté."
( Fausto Badari, sans titre, 2011 Photo : Caroline Smyrliadis)
Johann Hauser (1926-1996): sans titre, entre 1958 et 1978
Motooka Hidenori -Trains- 1995
" La classification presque maniaque et la rigueur semblent nécessaires à ces auteurs et révèlent leur besoin d'organisation voire d'appropriation du monde : une manière pour eux de le conquérir " .
" La notion de liberté est très importante . Le véhicule est une manière de fuir leur condition, de s'échapper du point de vue symbolique"
Sarah Lombardi
Willem Van Genk - sans titre -1988 -2005
Giovanni Abrignani - Giro d'Italia del- 1975
Giovanni Abrignani -sans titre -1967 -1975
François Burland - Croix du Sud- 1995
" Si la représentation des véhicules en tout genre permet aux artistes d'exprimer leurs peurs, leur révolte ou leur rêves d'évasion, ils ne sont néanmoins pas dupes des limites de leur art .
François Burland auteur de maquettes fantastiques, l'exprime très justement : " la mort se moque de mon acharnement à fabriquer des avions, des fusées ou des voitures, car elle sait que je ne pourrai m'enfuir à leur bord."
Carlo - sans titre -1965
Auguste Forestier - sans titre -1935-1949
Jean Tourlonias -Spéciale Michel Thévozsuper autobil suisse - 1994
Pépé Vignes -sans titre - 1975 1985
... "Les transports peuvent aussi être amoureux . Aloïse Corbaz, rare femme de l'exposition, place ses amants imaginaires dans des gondoles et s'évade en rêve avec eux ..."
J'ai eu beaucoup d'émotion en découvrant les deux trolleys réalisés par MARTIAL déjà évoqué sur les Grigris ...
Beaucoup d'émotion aussi en lisant l'histoire de Clément Fraisse auteur de ce vaste panneau de bois ...
Clément Fraisse -sans titre entre 1930 et 1931 - bois - 170 X383 cm
"Clément Fraisse est né dans un village de Lozère, en France. Il est issu d’une famille de cultivateurs de quatorze enfants. Le garçon reçoit une instruction rudimentaire et travaille dans l’exploitation familiale avant de devenir berger. A l’âge de vingt-quatre ans, il tente d’incendier la ferme de ses parents à l’aide d’un paquet de billets de banque enflammés qui constitue les économies de la famille. Suite à cet incident, le jeune homme est interné à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban, dans le sud de la France.
Son attitude protestataire et violente, ainsi que ses tentatives d’évasion entraînent sa réclusion, de 1930 à 1931, dans une étroite cellule dont les murs sont lambrissés de bois brut. Dès lors, et durant deux ans, Clément Fraisse entreprend de les sculpter à l’aide d’un manche de cuiller brisé ou des fers de sabot qu’il aiguise sur de la pierre. Quand ses outils de fortune lui sont confisqués, il utilise l’anse de son pot de chambre en faïence, qu’il affûte de la même manière. Les motifs se développent suivant les diverses parties du lambris. Chacun des vingt panneaux de la rangée supérieure représente un personnage dont les dents, les doigts et les orteils sont tracés de manière schématique.
Après cette période de claustration, Clément Fraisse est employé à divers travaux au sein de l’institution. Le lambris sculpté sera sauvegardé par deux médecins de l’institution, dont Roger Gentis, directeur de l’établissement, qui en assureront un certain temps la conservation, avant que l’œuvre soit remise en 1963 à Jean Dubuffet pour ses collections."
Non seulement cette exposition est passionnante mais elle propose de très nombreux films tous plus
émouvants les uns que les autres ...
J'ai adoré celui sur Widener , le film de Philippe Lespinasse sur Paul Amar ....
Jusqu'au 27 avril 2014
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h
LE SITE DU MUSÉE
Collection de l'Art brut
11, av. des Bergières
1004 Lausanne
Tel : +41 21 315 25 70
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