ADITI LAGO a accepté de répondre à mes questions et c'est à ARMANDE PIGNAT que je dois aujourd'hui cette belle traduction :
D'où te vient ce
désir de peindre?
Mon désir de peindre est
survenu dès ma petite enfance. A 5 ans, mes parents m'ont acheté
mes premiers pinceaux, un chevalet et des toiles. Et donc je peins
depuis que je suis toute petite.
As-tu une formation
artistique?
A
dix huit ans, et à la fin du lycée, mes parents voulaient que je
fasse des études, et ils insistaient pour que j'aille au moins à la
Faculté des Beaux-arts. Avant de décider quoique ce soit, j'ai
souhaité suivre des cours d'art dans une école très avant-gardiste
à ce moment là, à Barcelone. Les cours consistaient en ateliers de
dessin, de volume, de couleur et d'histoire de l'art. Tous les
professeurs étaient des artistes et l'une d'entre eux, critique
d'art. Moi, j'étais la plus jeune de toute l'école, et pour moi, ça
a été une merveilleuse expérience. C'est la que j'ai eu l'occasion
de me révéler ma passion. Les travaux que l'on y faisait
m'enthousiasmaient, c'était des exercices sur la couleur, dessin
d'après nature, travaux sur le volume, j'ai découvert
l'Expressionnisme Allemand, le Dadaïsme, le Fauvisme, etc. Les
professeurs me reconnaissaient une certaine facilité innée pour la
couleur et le dessin. Il n’y a jamais eu d’examen ni de notes. A
la fin de ce cours, j’ai gardé contact avec deux des professeurs
de l’école et j’ai fréquenté pendant un an leurs ateliers pour
discuter avec eux et voir comment ils travaillaient. Ce que j’ai le
plus appris dans cette expérience c’est la discipline qu’ils
avaient, je ne l’ai jamais oublié. Ce sont ces mêmes professeurs
qui m’ont convaincue de ne pas aller à la Faculté des Beaux-arts,
où eux-mêmes donnaient des cours. Ils me disaient que je perdrais
la fraîcheur et la spontanéité de mon travail. Pour moi, il était
clair que je ne voulais pas faire une carrière dans les Beaux-arts,
alors j’ai poursuivi mon chemin en dehors des écoles. J’ai
entamé une période où je me suis beaucoup consacrée à travailler
et peindre, je partageais un atelier avec d’autres artistes et
j’allais tous les jours dessiner d’après modèle vivant, je
faisais des expositions et j’alternais avec des petits boulots
occasionnels. Lorsque ma fille est née, j’ai du me consacrer à
elle à plein temps et gagner de l’argent, je me suis séparée de
mon compagnon lorsque ma fille avait un an. J’ai continué à
peindre pendant toutes ces années, mais beaucoup moins, et au cours
de cette période je n’ai jamais eu l’intention de proposer mon
travail à des Galeries d’Art.
Où est comment
travailles-tu ? As-tu un atelier ? Quels matériaux
utilises-tu ?
Je travaille chez moi,
j’ai eu des ateliers mais je me sens mieux en travaillant à la
maison. Je n’ai pas trop de grands formats, alors je peux aménager
un ou deux espaces de la maison en atelier. Pendant de nombreuses
années, j’ai travaillé à l’huile, et depuis deux ou trois ans
je travaille avec des encres, des crayons, des feutres et de
l’acrylique, sur papier et bois. Je regrette la peinture à l’huile
et j’ai envie d’y revenir . Cette année et une partie de
l’année passée, je me suis consacrée à plein temps à la
peinture. Je travaille tous les jours.
Quelle est ta vie,
en dehors de la peinture ?
J’ai donné des cours
de Yoga pendant 15 ans et d’autres thérapies, ces dernières
années j’ai travaillé à la Poste, et actuellement, je ne
travaille pas car j’ai un problème à la colonne vertébrale qui
m’empêche d’assumer concrètement ce travail.
Y a-t-il des
personnes qui ont marqué ta vie d’artiste ? les membres de ta
famille, tes amis, tes professeurs ?
J’ai eu une
merveilleuse relation avec mon grand père. C’était un
intellectuel et un amoureux de l’art. Chez lui, il y avait une
bibliothèque pleine de livres d’art, d’histoire, de romans etc.…
Les murs de sa maison étaient couverts de tableaux dont certains
signés de grands artistes. C’était un petit collectionneur. Il
m’a transmis l’amour de la lecture et de l’Art. J’ai appris
de lui que pour atteindre ton but, tu dois beaucoup travailler et tu
dois avoir certaines qualités innées à développer. Mon grand père
avait beaucoup d’amis artistes, musiciens, peintres, architectes,
que je rencontrais souvent. Un samedi par mois, nous allions voir des
expositions avec certains de ses amis et, vu que j’étais alors
très jeune, cela a sûrement eu une influence pour tout ce qui était
en gestation en moi. Je m’imprégnais de tout ce que je voyais,
c’est comme si j’avais été dans une grande marmite où
bouillonnaient toutes mes inquiétudes, la sensibilité, les idées
et les projets.
Quels sont tes
projets ? Qu’est-ce qui te fait avancer ?
Un jour de soleil en
hiver me rend heureuse, me promener dans la montagne en silence,
j’aime cuisiner et partager un bon repas avec les personnes que
j’aime, être avec des amis, me promener avec ma fille, ça me rend
heureuse, j’aime être à la mer, m’occuper de mes plantes, être
auprès de mes animaux, conduire sur de longs trajets, lire, voyager,
partager, danser, tout ce que je reçois et donne me rend heureuse ,
dans un équilibre harmonieux entre mon être et le monde. Je suis
pleinement heureuse quand je peins.
Qu’est-ce qui te
rend malheureuse ?
Ce qui m’attriste,
c’est l’injustice, les guerres, la faim, les politiques et la
politique, l’excès de consommation, ce genre de société
capitaliste qui dicte continuellement des normes et ne favorise pas
d’autres modes de vie m’attristent. En général, tout ce qui
m’indigne me rend malheureuse.
Quels sont tes
rêves ?
Depuis toute petite, mon
rêve a toujours été de peindre, et de gagner ma vie grâce à mon
travail. A présent, je me consacre à la peinture à temps complet
même si je ne vis pas encore de mon travail.
Comment commences-tu
une toile ?
Je ne travaille pas à
partir d’un processus analytique ou mental, ma création ne part
d’aucun principe d’analyse d’aucune sorte. Je suppose que
beaucoup de choses m’inspirent, mais ce sont toujours des
expériences vécues que je ne saurais définir. La surface blanche
m’inspire ainsi que le médium que j’utilise. Au moment où le
pinceau commence à glisser sur l’espace blanc, cela m’inquiète
et me fascine en même temps, et une énergie surgit, entre le
mouvement de la main et une certaine conscience qui me fait décider
de ce que j’exprime. C’est un processus proche de la magie, plein
de mystère, un espace que je préserve et garde comme un secret.
Ma façon de travailler
est intuitive et part de l’improvisation, mon esprit entre dans le
silence, comme lorsque l’on entre dans un temple, où que l’on se
trouve devant quelque chose qui nous émeut, les sens s’éveillent.
Beaucoup de choses
m’inspirent mais ce sont toujours des expériences vécues que j’ai
du mal à définir. Au fur et à mesure que j’avance dans l’œuvre,
je résous les détails par la réflexion, mais le moment initial de
l’œuvre est totalement intuitif et semblable à la méditation. Je
ne me mets pas à analyser, je maintiens ce mystère qui en est un
aussi pour moi. Oui, il y a bien des émotions et des souvenirs, des
sentiments qui s’expriment et se traduisent de façon consciente
dans l’œuvre, et avec lesquels je travaille pour m’exprimer.
Toutes les images, les
êtres qui apparaissent dans mes œuvres, sont une partie de moi-même
en quelque sorte. Il m’est difficile de les analyser.
J’aime les plantes et
j’adore les animaux, et je les intègre souvent dans mes œuvres.
C’est une question de goût, je décide d’intégrer des formes
qui me plaisent et avec lesquelles j’ai un lien. J’aime avoir
plusieurs œuvres commencées, ce qui arrive parfois c’est qu’il
y a des travaux inachevés dans un tiroir, et j’aime reprendre ces
œuvres et les terminer. J’y trouve souvent des choses
intéressantes dont je ne me souvenais pas. Je prends du plaisir
avec ce genre d’exercice où je reprends un travail oublié qui
m’inspire. C’est une autre manière de travailler. Une forme
m’amène à une autre forme. Je tire parti des tâches qui
apparaissent accidentellement ou une ligne maladroitement surgie,
c’est comme un code qui me guide et qui me donne le schéma de
l’œuvre.
Mes œuvres sont
quelquefois prémonitoires, elles devancent les évènements de ma
vie, elles racontent de petites histoires qui finissent par
m’arriver. Je ne donne pas de titre à mes œuvres, je dois faire
un effort quand on me réclame un titre. Je travaille en général
sans idée préconçue, je n’ai pas besoin d’étiqueter mon œuvre
avec des mots, vu que je ne pars pas d’une idée pour travailler,
normalement. Lorsqu’il n’y a pas de titre, les Galeries d’art
mettent : « sans titre ». Alors on dirait que c’est
incomplet, j’ai l’impression qu’il manque quelque chose, qu’il
me reste quelque chose à faire. Lorsque le titre ne vient pas
naturellement, comme étant une partie de l’œuvre, cela n’a pas
de sens que je m’efforce d’en chercher un.
Si vous êtes intéressé par l'étonnant travail d'ADITI LAGO vous pouvez la contacter : aditi-sunny@hotmail.com
LE SITE DE L'ARTISTE
GALERIA FUCARES
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Et une nouvelle série ....
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