J'ai retrouvé mon chiffonnier flamboyant, celui qui a vécu dix vies en une, celui dont l’œuvre me fascine bien sûr mais qui, à chaque fois que je l'écoute m'émerveille par sa sincérité et que je pourrais écouter des heures et des heures, le samedi 13 mai au LaM.
Ce jour là, Michel Nedjar proposait "sa visite guidée " et ses coups de cœur (Darger, Van Geek, Robillard, Virgili et d'autres encore).
Il y eut ensuite une conférence-rencontre et la présence chaleureuse de quatre de ses amis : Françoise Monnin, Sarah Lombardi, Gustavo Giacosa et Céline Masson et enfin la performance de Gustavo Giacosa " Terra Levis".
Celui que Céline Masson nomme " inconscient à ciel ouvert" s'est livré avec la même franchise désarmante et rare qu'à Nantes en 2013 (ICI ), "tu es sans filtre" dit de lui Gustavo, " tu es un passeur d'âmes"renchérit Céline Masson . Et Patrick Lepetit d'ajouter, que si un seul mot devait qualifier Nedjar ce serait l'empathie.
Qu'il évoque l'art ("l'art me fait vivre"), Teo ("A la mort de Teo j'ai voulu crier avec mes poupées"), les donations ou les achats faits pour le LaM avec Marcus Eager (" Ça fait du bien de faire des dons. Il y a quelque chose qui libère... Ça sauve mon âme"), Aloïse ("J'ai reçu la rose-lotus en pleine gueule"), la création ("cette création elle demande qu'on se foute à poil"et il parle plus " d'exhumation " que de création). Une chose est sûre :"Une vraie vitalité sauve ses pièces du néant, comme si, même au fond de la tristesse un appel vers la vie se faisait entendre" et cette vitalité on la sent dans chaque parole de Michel...
Il faut lire le livre de Françoise Monnin " Le chantier des consolations" : "grâce à Françoise, dit Nedjar, j'ai retrouvé des choses de l'enfance, j'attendais quelqu'un qui serait à l'écoute car les secrets peuvent être dits à un ami", cet échange est un complément indispensable pour en savoir toujours plus sur l'ogre magnifique qu'est Michel Nedjar.
Plusieurs fois ce jour là Michel Nedjar a remercié les deux commissaires de l'exposition : Corinne Barbant et Jean-Michel Bouhours.
Je crois qu'avec " INTROSPECTIVE" on touche à la perfection !
S’il n'avait fallu choisir qu’un musée pour organiser une grande rétrospective des œuvres de Michel Nedjar, il est évident que c'est au LaM que cela devait se jouer (Michel Nedjar est l’un des membres fondateurs de l’association L’Aracine qui donna sa collection au LaM en 1999 et il a fait don d'une partie de ses créations au Musée ).
Cette exposition, très complète, intense et intime, est ABSOLUMENT INCROYABLE .
Elle suit un parcours à la fois chronologique et thématique de 1960 à 2016 et met en lumière tous les aspects de son travail.
Il y a plus de 350 œuvres : on découvre les œuvres de jeunesse de Michel Nedjar, réalisées entre 1960 et 1977. Il y a aussi la rencontre avec Teo Hernandez qui joue un rôle clé dans sa vie et dans son art et les premiers films de cinéma expérimental, des poupées, des bas-reliefs de tissus colorés et des dessins inspirés du folklore mexicain.
Puis vient le choc absolu des Chairdâmes, des poupées très sombres façonnées à partir de vieux tissus plongés dans des bains de boue ou de teintures. Dans le troisième espace j'ai aimé la série des icônes
d'inspirations variées (byzantines et africaines à la fois) très colorées.
Viennent ensuite les "Présences" réalisées entre 1992 et 1998 et liées à la mort de Teo ...
Coup de coeur évident pour les poupées de voyage (j'ai cherché celle de l'île de Pâques !) et les poupées Pourim (des poupées confectionnées avec chiffons, cartons, ficelles et boutons et qui évoquent l'histoire de cette fête juive ainsi que les propres souvenirs du créateur ).
Bref il y a fort à voir et deux semaines seulement pour profiter de cette somptueuse introspective à l'image de l'homme, de celui que son ami Emile Brami appelle "ein Mensch ".
"L’œuvre de Michel Nedjar (né en 1947), artiste à la croisée de l’art brut et de l’art contemporain, membre fondateur de L’Aracine, invite à un parcours introspectif à travers les thèmes de l’enfance et du primitivisme, de la vie et de la mort, de la magie et du voyage.
L’exposition que le LaM présente propose de découvrir toutes les facettes de son œuvre : poupées, sculptures, peintures, dessins et cinéma expérimental, de 1960 à 2016.
En choisissant de déplacer sémantiquement la “rétrospective“ vers une “introspective“, l’artiste signifie bien que toute son œuvre, depuis les années 1960, procède de son existence même."
"Ses poupées de chiffon et de boue sont à ce jour ses œuvres les plus identifiées par le public, alors même que son importante production artistique est loin de s’y limiter. L’exposition "Michel Nedjar, introspective" propose donc d’explorer toutes les facettes de l’œuvre de l’artiste : poupées bien sûr, mais aussi sculptures, dessins, peintures et films expérimentaux, de 1960 à 2016, ainsi que les thèmes qui sous-tendent l’ensemble de son travail : l’enfance et le primitivisme, la vie et la mort, la magie et le voyage."
"L’exposition est logiquement chronologique autant qu’elle est thématique : la vie de l’artiste indissociable des rencontres de l’homme, de ses voyages, de ses expériences parfois transcendantes et de sa renommée. Sa rencontre avec le cinéaste mexicain Teo Hernandez, ses expérimentations cinématographiques, ses dessins à travers les époques, ses pérégrinations, tout s’entrevoit avec sincérité dans une exposition sensible et intelligente qui accompagne sereinement le connaisseur et le visiteur novice au cœur de ce que l’art de Nedjar a de plus beau. L’homme apparaît derrière l’artiste, la sensibilité (ou les démons) derrière les œuvres. Tout au long de sa vie, Michel Nedjar a travaillé la matière au point qu’elle devient, exposée en rétrospective, le témoin matériel de sa curiosité; partout il y a matière à récupération, matière à création, partout il y a un support potentiel, potentiellement oeuvre d’art. Peu importe la place de la maîtrise technique, peu importe celle du hasard, nous avons là affaire à de la sincérité pure, celle qui est au cœur de la naissance même de l’art brut. Et elle est belle cette sincérité-là."
Jeremy Billault
LE LAM
DANS LES INROCKS
DANS LA VOIX DU NORD
DANS L'EXPONAUTE
DANS CONNAISSANCE DES ARTS
MICHEL NEDJAR ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer)
JUSQU'AU 4 JUIN 2017
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, au LaM, 1, allée du Musée à Villeneuve-d’Ascq.
Entrée : 10/7 € ; gratuit le premier dimanche du mois.
Michel Nedjar dans son atelier à Paris, 2008. (© Clovis Prévost, Etrépagny 27, 2017
Pour prolonger l'exposition le catalogue est au prix de 30 euros
Merci Bakou et Marie
Ce jour là, Michel Nedjar proposait "sa visite guidée " et ses coups de cœur (Darger, Van Geek, Robillard, Virgili et d'autres encore).
Il y eut ensuite une conférence-rencontre et la présence chaleureuse de quatre de ses amis : Françoise Monnin, Sarah Lombardi, Gustavo Giacosa et Céline Masson et enfin la performance de Gustavo Giacosa " Terra Levis".
Celui que Céline Masson nomme " inconscient à ciel ouvert" s'est livré avec la même franchise désarmante et rare qu'à Nantes en 2013 (ICI ), "tu es sans filtre" dit de lui Gustavo, " tu es un passeur d'âmes"renchérit Céline Masson . Et Patrick Lepetit d'ajouter, que si un seul mot devait qualifier Nedjar ce serait l'empathie.
Qu'il évoque l'art ("l'art me fait vivre"), Teo ("A la mort de Teo j'ai voulu crier avec mes poupées"), les donations ou les achats faits pour le LaM avec Marcus Eager (" Ça fait du bien de faire des dons. Il y a quelque chose qui libère... Ça sauve mon âme"), Aloïse ("J'ai reçu la rose-lotus en pleine gueule"), la création ("cette création elle demande qu'on se foute à poil"et il parle plus " d'exhumation " que de création). Une chose est sûre :"Une vraie vitalité sauve ses pièces du néant, comme si, même au fond de la tristesse un appel vers la vie se faisait entendre" et cette vitalité on la sent dans chaque parole de Michel...
Il faut lire le livre de Françoise Monnin " Le chantier des consolations" : "grâce à Françoise, dit Nedjar, j'ai retrouvé des choses de l'enfance, j'attendais quelqu'un qui serait à l'écoute car les secrets peuvent être dits à un ami", cet échange est un complément indispensable pour en savoir toujours plus sur l'ogre magnifique qu'est Michel Nedjar.
Plusieurs fois ce jour là Michel Nedjar a remercié les deux commissaires de l'exposition : Corinne Barbant et Jean-Michel Bouhours.
Je crois qu'avec " INTROSPECTIVE" on touche à la perfection !
S’il n'avait fallu choisir qu’un musée pour organiser une grande rétrospective des œuvres de Michel Nedjar, il est évident que c'est au LaM que cela devait se jouer (Michel Nedjar est l’un des membres fondateurs de l’association L’Aracine qui donna sa collection au LaM en 1999 et il a fait don d'une partie de ses créations au Musée ).
Cette exposition, très complète, intense et intime, est ABSOLUMENT INCROYABLE .
Elle suit un parcours à la fois chronologique et thématique de 1960 à 2016 et met en lumière tous les aspects de son travail.
Il y a plus de 350 œuvres : on découvre les œuvres de jeunesse de Michel Nedjar, réalisées entre 1960 et 1977. Il y a aussi la rencontre avec Teo Hernandez qui joue un rôle clé dans sa vie et dans son art et les premiers films de cinéma expérimental, des poupées, des bas-reliefs de tissus colorés et des dessins inspirés du folklore mexicain.
Puis vient le choc absolu des Chairdâmes, des poupées très sombres façonnées à partir de vieux tissus plongés dans des bains de boue ou de teintures. Dans le troisième espace j'ai aimé la série des icônes
d'inspirations variées (byzantines et africaines à la fois) très colorées.
Viennent ensuite les "Présences" réalisées entre 1992 et 1998 et liées à la mort de Teo ...
Coup de coeur évident pour les poupées de voyage (j'ai cherché celle de l'île de Pâques !) et les poupées Pourim (des poupées confectionnées avec chiffons, cartons, ficelles et boutons et qui évoquent l'histoire de cette fête juive ainsi que les propres souvenirs du créateur ).
Bref il y a fort à voir et deux semaines seulement pour profiter de cette somptueuse introspective à l'image de l'homme, de celui que son ami Emile Brami appelle "ein Mensch ".
"L’œuvre de Michel Nedjar (né en 1947), artiste à la croisée de l’art brut et de l’art contemporain, membre fondateur de L’Aracine, invite à un parcours introspectif à travers les thèmes de l’enfance et du primitivisme, de la vie et de la mort, de la magie et du voyage.
L’exposition que le LaM présente propose de découvrir toutes les facettes de son œuvre : poupées, sculptures, peintures, dessins et cinéma expérimental, de 1960 à 2016.
En choisissant de déplacer sémantiquement la “rétrospective“ vers une “introspective“, l’artiste signifie bien que toute son œuvre, depuis les années 1960, procède de son existence même."
"Ses poupées de chiffon et de boue sont à ce jour ses œuvres les plus identifiées par le public, alors même que son importante production artistique est loin de s’y limiter. L’exposition "Michel Nedjar, introspective" propose donc d’explorer toutes les facettes de l’œuvre de l’artiste : poupées bien sûr, mais aussi sculptures, dessins, peintures et films expérimentaux, de 1960 à 2016, ainsi que les thèmes qui sous-tendent l’ensemble de son travail : l’enfance et le primitivisme, la vie et la mort, la magie et le voyage."
"L’exposition est logiquement chronologique autant qu’elle est thématique : la vie de l’artiste indissociable des rencontres de l’homme, de ses voyages, de ses expériences parfois transcendantes et de sa renommée. Sa rencontre avec le cinéaste mexicain Teo Hernandez, ses expérimentations cinématographiques, ses dessins à travers les époques, ses pérégrinations, tout s’entrevoit avec sincérité dans une exposition sensible et intelligente qui accompagne sereinement le connaisseur et le visiteur novice au cœur de ce que l’art de Nedjar a de plus beau. L’homme apparaît derrière l’artiste, la sensibilité (ou les démons) derrière les œuvres. Tout au long de sa vie, Michel Nedjar a travaillé la matière au point qu’elle devient, exposée en rétrospective, le témoin matériel de sa curiosité; partout il y a matière à récupération, matière à création, partout il y a un support potentiel, potentiellement oeuvre d’art. Peu importe la place de la maîtrise technique, peu importe celle du hasard, nous avons là affaire à de la sincérité pure, celle qui est au cœur de la naissance même de l’art brut. Et elle est belle cette sincérité-là."
Jeremy Billault
LE LAM
DANS LES INROCKS
DANS LA VOIX DU NORD
DANS L'EXPONAUTE
DANS CONNAISSANCE DES ARTS
MICHEL NEDJAR ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer)
JUSQU'AU 4 JUIN 2017
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, au LaM, 1, allée du Musée à Villeneuve-d’Ascq.
Entrée : 10/7 € ; gratuit le premier dimanche du mois.
Michel Nedjar dans son atelier à Paris, 2008. (© Clovis Prévost, Etrépagny 27, 2017
Pour prolonger l'exposition le catalogue est au prix de 30 euros
Merci Bakou et Marie
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