"Face aux poupées inquiétantes et étranges de Michel Nedjar, Jean Dubuffet, figure de proue de l’art brut, parlait dès le début des années 1980 d’un “art très effrayant, affreusement tragique“. Si l’objet-poupée possède quasi intrinsèquement une dimension mélancolique, voire macabre, dans sa façon de réduire l’humanité à une minuscule et ambivalente chose, ce qu’en fait Michel Nedjar depuis plus de quarante ans procède d’une obsession visant à résister à la conscience d’une humanité perdue à elle-même. Comme si l’artiste cherchait dans la fabrication de ses poupées chiffonnées, décharnées, lacérées, ficelées et ligotées, tels des petits monstres à la fois momifiés et mignons, une réponse hypothétique et poétique à l’énigme de notre condition.
Du chaos, l’artiste enregistre ainsi les traces, moins pour nous alerter que pour se sauver lui-même. Jusqu’à aujourd’hui, c’est la conjuration de la peur qui se joue dans son œuvre, en particulier dans ses reliques accumulées, comme cette poupée tissée avec des restes de tissus retrouvés après l’attentat du Bataclan. La mort rôde partout dans cette introspective, mais plutôt que de la cacher, Michel Nedjar se protège de sa menace brutale et de ses souvenirs bruts en l’enchâssant à son imaginaire inquiet : comme des enfants jouent à la poupée en y projetant inconsciemment leurs fantasmes, il triture ses poupées pour continuer à croire en l’humanité jusque dans les traits de sa perdition."
Jean-Marie Durand
LE LAM
DANS LES INROCKS
DANS LA VOIX DU NORD
DANS L'EXPONAUTE
DANS CONNAISSANCE DES ARTS
MICHEL NEDJAR ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer)
JUSQU'AU 4 JUIN 2017
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h
au LaM, 1, allée du Musée à Villeneuve-d’Ascq.
Entrée : 10/7 € ; gratuit le premier dimanche du mois.
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