C'est Aurélien Demaison qui, la première fois, m'a parlé de ce lieu atypique ..
Je n'avais pu me rendre au vernissage il y a tout juste un an en mai 2016 .
En septembre Apolline et moi avons terminé notre périple d'Art Brut par ce lieu étonnant.
Nous avons passé quelques heures passionnantes avec un homme passionné dans un lieu plein de charme et de trésors au bord de la Seine ...
C'est à 2h45 de Paris et c'est une indispensable visite à envisager pour un week end.
Fabien Ansault, artiste plasticien et designer
graphique s'est installé en Bourgogne au cœur du pays Châtillonais, il y a une quinzaine d’années.
Il a transformé son lieu d’habitation pour
s’adonner à sa passion pour les cabinets de curiosités. Diplômé des Arts
Décoratifs, il crée des objets de toute sorte: totems, objets bizarres et fabuleux, peintures, Vanités. Il y a ses œuvres, celles de ses amis ....
Le salon regorge de livres, de créations dans les vitrines...
Il y a fort à voir car il y a aussi l'atelier, " La Boucherie Humaine"... et un café associatif où il fait bon se restaurer ...
BREF QUE DES BELLES ET BONNES RAISONS D'Y ALLER !
Et pour accompagner mes photos un très beau texte d'Ysa Gudule sur ce bien singulier créateur et sur cet endroit surprenant :
" Comme un funambule sur le fil des ombres, Fabien Ansault prend les
gestes du shaman pour redonner vie à la mort, la dérobant à l’oubli. À
partir des dépouilles de la nature qu’il assemble ou peint, il crée le
reliquaire d’un monde disparu pour appeler des monstres magnifiques. Et
si on faisait sourire la mort ?
C’est dans sa Champagne « pouilleuse » natale que Fabien Ansault
commence à accumuler une collection de crânes et autres vestiges du «
vivant ». Cette manie, cette passion fera la matière première de son
œuvre. Mais au départ, suivant les traces de ses deux parents et d’un
oncle, c’est à l’Ecole des arts appliqués Duperré à Paris qu’il fait ses
études. « J’y croise un professeur et peintre, Gérald Garand, qui me
transmet l’envie de création et un regard curieux. »
UN PEU D’ART BRUT AU DÉTOUR DE L’ARCHITECTURE
Il
prend une grande claque artistique en découvrant l’exposition Tinguely à
Beaubourg en 1988-89. Il aime alors se replonger dans l’univers du
plasticien à l’ombre de la sculpture monumentale du Cyclop (ou Le
Monstre ou La Tête), au pied de laquelle il fait des pique-niques – «
et oui, c’était possible à l’époque ! » - dans le bois des Pauvres à
Milly-la-Forêt (Essonne). Ces sculptures fabriquées à partir d’objets de
récupération, sciemment imparfaites, s’opposent au culte de l’objet
neuf et pratique le recyclage déjà utilisé par l’art brut. Ce rejet
académique inspire beaucoup le jeune futur architecte qu’est Fabien. «
C’est ma première rencontre avec cet art singulier qu’est l’art brut. »
Mais, une fois son diplôme en poche, « le boulot me rattrape pendant
quinze ans durant lesquels j’exécute des architectures éphémères : des
stands pour des expositions ou des musées. La vie parisienne « speed »
ne me laisse pas le temps de peindre, hormis quelques toiles au moment
de la naissance de ma fille Héloïse. » Sa vie alterne entre le travail
et les week-ends dans sa Champagne d’origine.
En 2002, Fabien largue les amarres et part avec sa famille en Bourgogne.
Il y installe son atelier, et reprend la peinture. Ses travaux
débouchent sur une première exposition en 2003 : « Une série de
peintures en perspective, des intérieurs d’églises de Bourgogne et de
Champagne, baptisée Architectures de lumière. » Cette exposition fait
son chemin, accueillie principalement dans des églises, et ses toiles
suscitent un bon retour du public. « Mais il me reste encore à trouver
le lien entre la création et ma passion pour une nature morte à faire
revivre », le thème qui soutiendra toute son œuvre.
DES HASARDS ET DES OS
En
effet, la magnifique forêt qui l’entoure le renvoie à ses premières
amours : il continue d’accumuler des ossements polis par la terre, des
objets vieillis par le temps, des cailloux sculptés par le hasard, des
bois caressés par la Seine… « L’envie de donner une seconde vie à ces
objets me fait assembler mes premiers totems, dressés comme des
reliquaires. » Les premiers rivalisent pour atteindre le ciel, puis la
taille se réduit « par souci d’accessibilité ». Son thème de
prédilection s’impose alors : une autre forme de ciel, « une histoire de
vie avant et après la mort ».
Il entame parallèlement une série de « natures mortes, très mortes, des
toiles en hommage aux animaux tués dans leur milieu naturel, pour le
plaisir de l’homme. Une représentation des animaux victimes de la chasse
ou de la pêche… ». Un plaisir que Fabien est loin de partager : «
Arghhh ! » L’artiste reste sur le fil de la seconde vie, « la peinture
immortalise ces animaux… dans leur mort ». Et c’est au milieu de ce
travail de funambule qu’une rencontre primordiale va définitivement
orienter son parcours.
UNE FAMILLE D’ARTISTES SINGULIERS
Le
déclic s’opère grâce à Andrée et Jean Moiziard, eux-mêmes résidents en
Bourgogne, qui lui ouvrent les portes de leur univers esthétique et « me
donnent ma deuxième grande claque artistique : ils me font découvrir le
musée d’art brut de La Fabuloserie. » Ce musée privé, ouvert au public
depuis 1983, situé à Dicy dans l’Yonne, est un espace aménagé par Alain
Bourbonais pour accueillir sa collection personnelle d’art «
hors-les-normes » : plus de mille créations réalisées par des artistes
autodidactes apparentés à l’art brut. Dubuffet qualifiera cette «
maison-musée » d’« Anti-Beaubourg décentralisé ». Le lieu est conçu
comme un véritable cabinet de curiosités, autour duquel s’étend un parc
de sculptures d’habitants paysagistes, le « jardin habité » où tourne le
fabuleux Manège de Petit Pierre.
Autant les œuvres de La Fabuloserie bouleversent Fabien Ansault, autant
cette découverte le décourage profondément. Dans ce lieu, il constate la
richesse des concepts déjà visités par tous ces créateurs. Dans la plus
grande simplicité de leur condition, où ils ne se posaient même pas
comme artistes, où l’instinct, le désir et le rêve l’emportent sur
l’idée, il lui semble pourtant que « tout a déjà été fait ! Là, c’est la
déprime ! ». Cependant, le couple des Moiziard le rassure, lui
certifiant avoir « trouvé une grande famille » où il trouve sa place, «
celle des artistes singuliers où tout est à refaire et à réinventer. »
DES CABINETS CURIEUX
Le
jeune peintre découvre aussi Auberive en Haute Marne, abbaye
cistercienne dont les murs ont entendu tour à tour les prières des
moines, le vacarme d’une usine et les plaintes de femmes purgeant leur
peine carcérale. C’est aujourd’hui le chant des couleurs qui donne son
souffle à ce lieu, réhabilité en centre d’art contemporain où les
artistes singuliers trouvent largement leur place. Fabien Ansault « y
rencontre une foison d’artistes incroyables dont certains deviendront
des amis. » Et il ne sait pas encore que bientôt, c’est lui-même qui en
invitera certains, avec leurs créations, pour s’exposer à ses côtés dans
les murs de son propre cabinet de curiosités.
Pour l’heure, ce sont ses totems qui sont invités « à sortir au grand
jour, grâce à un conservateur des plus originaux, François Nedellec, du
musée Buffon à Montbard », en Côte-d’Or. Situé dans les anciennes
écuries du château de Montbard, ce musée retrace l’évolution de la
science à la période charnière des Lumières. On y trouve, entre autres,
un cabinet de curiosités, structure muséale qui, décidément, interpelle
Fabien. A Montbard, le musée scientifique s’ouvre à l’art, tout comme à
La Fabuloserie, l’art s’exposait comme un cabinet curieux.
TOUT EST VANITÉ
«
Dans une suite très logique du continuum de mon travail, après les
totems et les natures mortes, j’entame alors une grande série de Vanités
», cette peinture très appréciée du XVIIe siècle, qui montrait combien
la vie était courte et peu importante à l’échelle du monde, la mort
mettant systématiquement en balance toute œuvre humaine jusqu’aux plus
beaux plaisirs de l’existence. Ces peintures comportaient
obligatoirement une tête de mort.
Fabien prépare donc des « installations » composées de multiples
éléments, au milieu desquels surgit, logiquement, cette tête de mort. Il
photographie alors ces compositions, modifiant les angles, les points
de vue, s’aidant pour cela de miroirs déformants. Puis il vieillit,
repeint, patine, gratte les clichés obtenus. « Ce ne sont pas des
photos, mais ce ne sont pas des peintures non plus. »
FAUT QU’ÇA SAIGNE !
L’exposition
au musée Buffon aura donné l’impulsion à une itinérance entre des
expositions en solo ou en collectif, entre musées, galeries et
festivals. « Les sculptures totémiques vont jusqu’à investir des lieux
abandonnés, parfois en pleine forêt. » Où la vie et la mort s’appellent,
se répondent et résonnent en nous. « De plus en plus souvent, les
Vanités viennent compléter les natures mortes, très mortes, et les
totems. L’ensemble cohabite parfaitement. Ces assemblages donnent lieu à
des installations qui mettent en scène leur cohérence. »
Mais la ville de Montbard n’a pas encore donné son dernier mot à
l’artiste. L’année 2009 donne lieu à « une belle rencontre avec
Christelle Silvestre, la maire de cette ville, qui donne carte blanche »
à Fabien pour aller s’exprimer loin des sentiers battus à l’occasion «
d’un événement marquant : l’inauguration d’un festival de curiosités »,
une manifestation où l’étrange, le mystérieux et le bizarre se donnent
rendez-vous. Dans cette histoire de la vie avant ou après la mort,
l’artiste ouvre une boucherie humaine, en plein centre-ville de Montbard
: « Une installation, parfois (souvent) trop prise au premier degré,
qui dénonce les atrocités de la guerre. » Mais l’artiste précise que la
boucherie humaine avait déjà existé avant. En effet, « dans ma jeunesse
champenoise, cette boucherie était sortie des mains d’un autre artiste
singulier, Lucifugus Merkel qui fabriquait des pièges à humain. » Ce
travail résonne toujours dans la mémoire de Fabien lors de ses créations
et installations.
LES Z’UNS POSSIBLES
«
Entre la maison, l’atelier et les expositions, les œuvres s’accumulent
et constituent naturellement, dans leur ensemble, une sorte de cabinet
de curiosités. Une scénographie est déjà présente, née de cet assemblage
», une scénographie imprévue qu’il reste à formaliser. A côté de son
atelier, Fabien décide donc de créer une salle d’exposition dans sa
vieille grange, et, avec elle, est fondée l’association Les Z’uns
possibles. Le musée des Z’uns possibles, ce cabinet de curiosités qui
collait à la peau de l’artiste, naît officiellement en 2015, rassemblant
les œuvres de Fabien et celles de ses amis qu’il invite pour partager,
entre étagères et vitrines, deux ou trois idées curieuses, un bout de
conversation insolite ou quelques questions singulières. Son ouverture
au public est prévue en mai 2016… Pour aller se rincer les yeux, mais
aussi échanger autour d’un verre puisque « le café des Z’uns possibles
est né dans la foulée ! Ce café associatif permettra de financer les
travaux du musée, la bibliothèque ... au bord de la Seine » au 2 impasse
Rive de Seine, à Chamesson en Côte-d’Or.
L’œuvre de Fabien Ansault se présente à nous comme un parcours
initiatique et spirituel, mais son propos ne manque pas, non plus, de
nous réjouir, dans des contours plus drôles ou plus cocasses. Quand le
regard de l’esprit emprunte les chemins de traverse, on aperçoit au
milieu des crânes et des ossements, le mystérieux sourire de la vie. De
la part d’ombre de la mort, ancrée au plus profond de nos chairs, surgit
toujours, à l’improviste, une lumière surprenante …. À nous couper le
souffle !"
LES PHOTOS ET LE TEXTE DE YSA GUDULE
LE SITE DE FABIEN ANSAULT
UN ARTICLE POUR TOUT SAVOIR SUR FABIEN ANSAULT
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ET UNE NOUVELLE EXPOSITION !
Vernissage de l'exposition: "ARCHITECTURES DE LUMIÈRES 2"
peintures le SAMEDI 27 MAI 2017 à partir de 18h30.
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