" Les capucines ont fait, chez nous, des débuts assez remarquables. Naines, rampantes ou grimpantes, elles pavoisaient le jardin. Leurs fruits étaient innombrables.
Nous en mettions à confire une partie, dans le vinaigre, et nous gardions le surplus, prudemment, comme semence.
Et nous pensions que la vie était ordonnée de la sorte pour jusqu'à la fin des temps.
Plusieurs années de suite, les capucines ont comblé notre espérance. Puis elles ont semblé saisies d'un découragement funeste.
Elles ont pourtant le nécessaire: une terre saine, un peu d'eau, parfois même, quand il en reste, un léger festin de fumier. Elles ne sont pas trop à plaindre. Alors pourquoi cette langueur, cette floraison chétive, cette paresse mélancolique? Voilà ce que je leur demande en voguant le long des plates-bandes.
Des touffes jaunissantes, une lamentation s'élève: " c'est vrai! Nous avons à manger, à boire et tout ce qu'il nous faut. Mais quoi! on s'ennuie, on s'ennuie."
C'est bon. J'ai compris. J'enverrai mes capucines en balade, sur le plateau, dans le domaine d'un vieil ami. Dans deux ans, elles reviendront; on m'en donnera la graine. Elles auront vu du pays, elles auront fait des mariages, et peut-être avoueront-elles, en retrouvant leur ancienne place, qu'on n'est pas trop mal chez moi."
lu et aimé dans Fables de mon jardin de Georges Duhamel
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