Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
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Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
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jeudi 9 avril 2020

LES DESSINS DE PATBA58 VUS PAR ANOUK RUGUEU


C'est Anouk Rugueu qui m'a fait découvrir les sculptures de PATBA58 (ICI) puis ses incroyables dessins. Elle a accepté de présenter cet artiste cher à son coeur en écrivant spécialement un texte pour les Grigris.


PATBA58 : éloge de la transgression


J’ai découvert Patba58 il y a quelques années sur eBay. Il y présentait une série de dessins où des personnages roses entourés d’animaux et plongés dans des décors criards se torturaient avec à la fois beaucoup d’énergie et beaucoup d’imagination. C’était insolite, un peu atroce et drôle en même temps. Le dessin était maitrisé, mais un peu « jeté », hâtif, bien loin en fait de ce que ce même artiste nous propose aujourd’hui.




Depuis, l’imaginaire est resté le même mais les couleurs ont changé et l’application, je dirais même l’implication, ont énormément progressé.
Dans les dessins de Patba58, on se torture avec exubérance, on s'éventre avec gourmandise, on se découpe avec un sourire en coin, dans l'opulence des chairs et des corps. On se bondit dessus, on se transperce, on se pourfend, au sein d'un univers envoûtant truffé de symboles occultes. Il s’agit le plus souvent de duos : deux êtres humains, créatures hybrides ou animaux, s’affrontent passionnément. Les regards sont écarquillés, semblant nous signifier que nous sommes ici dans une sorte de transe faussement macabre, en réalité jouissive, où l’on se livre à des luttes, on se dévore, on se pourfend avec des poignards ou des dagues splendides, ornementées ;où des yeux partout nous regardent, où l’on s'aime et s'embrasse tout en s’harponnant de hameçons, se perçant de clous, de lames, de sexes aussi, toujours avec exaltation. Ces créatures sont occupées à une célébration, celle de la transgression. Souvent elles se tournent légèrement vers nous, les spectateurs, nous prenant à témoin, de leurs grands yeux fixes, brillants et hypnotiques, des sévices inavouables (mais exaltants et débridés) auxquels elles s’adonnent devant nous. 


Les personnages, nus, ont des allures qui évoquent des tribus d’Afrique ou d’Amazonie. Souvent ornés de coiffes rituelles, ces êtres sont musclés, sensuels, dotés de grosses bouches rouges et de muscles turgescents. Ils sont androgynes d’allure et parfois hybrides, partiellement poissons, chiens, oiseaux insectes, escargots…




Les animaux sont omniprésents, qu’ils rampent, volent, nagent ou soient dotés de quatre pattes. Comme les humains, ils sont hypersexués, piquants, griffus, dentus et affamés.
Ici Éros et Thanatos sont à la noce ! Les pénis,gainés de fourreaux, se dressent comme des armes, les seins ont des tétons qui pointent comme des clous, les corps sont hameçonnés les uns aux autres. Ici on saigne et on s’aime, on s’aimgne.Les épées s’introduisent dans des plaies béantes et ourlées comme des vulves. On s’auto mutile aussi, on se poignarde, on se transperce de part en part. 





Ici, il est beaucoup question de punition ritualisée, que l’on s’inflige à soi-même ou aux autres de façon très spectaculaire, tel un sado-masochisme transposé dans un univers immémorial qui obéit à des codes connus seulement de l’auteur.
L’auteur dessine et sculpte à profusion (des milliers de dessins, des carnets, des centaines de sculptures). Il ne vend pas ses dessins, inutile donc de lui en faire la demande. Son objectif n’est absolument pas commercial, même si, peut-être, le fait d’être vu lui importe dans une certaine mesure puisqu’il répertorie tous ses dessins, soigneusement photographiés et numérotés, dans des galeries photos sur le site de Flickr. Ses dessins font montre d’une virtuosité technique qui se peaufine à mesure que s’accumule le travail accompli. L'artiste certes s'amuse, mais il sait dessiner, il peut mettre en scène avec dextérité des cavaliers chevauchant des montures bien montées ! Et quelles montures :les chevaux sont des sangliers auxquels des cavaliers improbables s’agrippent et se collent.
Il y aurait tant à dire et à noter de ces univers foisonnants d’où la matière jaillit aussi de l’inconscient de l’artiste, que notre analyse passe forcément à côté de beaucoup de choses que vous trouverez par vous-mêmes en vous laissant emporter par ce travail, dont chaque dessin désormais est une œuvre complexe ayant nécessité des heures de travail.
Un mot sur les symboles qui sont très importants : symboles de tortures moyenâgeuses (massues cloutées, clous de la passion, chaines, boulets), symboles de douleur et de violence (dents, gourdins, poignards, épées), symboles occultes (dents, armes, triangles dotés d’un œil), symboles chrétiens, (couronnes, chapelets, vases, croix)… Parmi tous, le symbole qui revient le plus souvent est la dent, qui représente pour l’auteur la souffrance.
 L’auteur nous livre quelques clés de son travail dans une série de dessins commentée : 





On comprend que loin d’être seulement une distraction, ces dessins sont pour Patba58 une forme de thérapie, ils colmatent des brèches sans doute, exorcisent des angoisses probablement.
D’une certaine façon, ce travail quotidien (l’artiste dessine à certaines heures régulièrement tous les jours) est lui-même une créature vivante : il est en constante évolution, depuis le stade initial d’où il a jailli (les premiers dessins répertoriés et montrés sont datés de janvier 2018), jusqu’à sa production actuelle qui nous présente un univers plus apaisé, mythologique, où la sensualité prend le pas nettement sur la cruauté. Un univers techniquement de plus en plus complexe, dans lequel des éléments de paysages ont aussi fait leur apparition.




On pense à un papillon sorti de sa chrysalide et qui étend au soleil ses ailes colorées. En seulement deux ans, les dessins de Patba58 sont passés de pochades de défoulement à de magnifiques illustrations, évoquant une sorte de chanson de Geste intime et personnelle (La geste, du latin gesta, est une « action d'éclat accomplie » de caractère guerrier ou fantastique) qui inspire le respect, et à mon sens d’une ampleur certaine.
Nous comprenons alors que nous sommes face à une œuvre qui se nourrit d’elle-même et n’a pas fini de nous surprendre et de nous envoûter. 




 


L’intégralité de l’œuvre dessiné de Patba58 est accessible sur le site Flickr, en créant un compte. 


Quelques oeuvres glanées sur Flickr ...














SUR ART MAJEUR

LE SITE DE PATBA

LA COLLECTION DE JEAN-LUC ADDE

SCULPTURES VISIBLES DANS UNE VIDÉO

LE JARDIN DE PATBA 58

1000 DESSINS DE PATBA SUR FLICKR

(cliquer)

Ma sirène ....



 
La participation de PATBA58 au grand partage de l'Amabié....
 






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