Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs …

Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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lundi 25 mars 2013

HORACE DIAZ ET ANDRE HARDY ....

Deux nouvelles qui m'attristent en ce mois de mars 2013, le décès d'HORACE DIAZ  survenu le 12 mars à
Lodève à l'âge de 85 ans  ....













(Photos d'Apolline Lepetit)




... Et celui  d'ANDRE HARDY que vient de m'annoncer Marc Henri Barrabé ...






(Photos Archives André Escard)










(Photos Marc Henri Barrabé )



HORACE DIAZ ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

ANDRE HARDY ET LES GRIGRIS DE SOPHIE


jeudi 31 mai 2012

MES LIEUX D'ART BRUT ET JACQUES LACARRIERE



A Sauveterre-de-Guyenne cet été,  alors que je visitais LE JARDIN GUITTET la bibliothécaire  m'a donné l'adresse de Monsieur Jean-Claude Tillier, président des Amis de la Bastide .
Celui-ci a eu la gentillesse de m'envoyer des photos du jardin au temps de sa splendeur  mais aussi la photocopie de l'introduction du livre " Les inspirés des bords des routes"de Jacques Verroust
paru en 1978 au Seuil . 




 .

Voici aujourd'hui quelques lignes de ce   texte écrit par  Jacques Lacarrière pour accompagner  des photos prises au fil de mes périples  d'Art Brut ...



(Monsieur Clément )

" A mon sens, tout art est ificiel ou, si l'on veut artificiel . Hors le grand avantage de l'autre- l'art non ificiel que ces photos proposent - c'est qu'il envoie paître une fois pour toutes aux prairies du néant toutes ces notions de naïveté , de natur-alité, de brut-alité (pour l'art dit "brut" cher à Jean Dubuffet ) et de nous mettre une fois pour toutes en face de l'évidence :
 il n'est d'art que fait de doigts, de mains , de muscles, de neurones et de cerveaux d'hommes. Il n'est d'art que de ruse, de parades, de supputations et de précautions contre les pièges du vide et de l'ennui, les sables mouvants du néant, l'insoutenable bleu du ciel , la blancheur suspecte de la toile, bref il n'est d'art que d'apposition en mettant quelque chose là où rien n'existait .


                                          
(Prosper Gilis)



Mais oublions cela et tournons-nous vers l’essentiel : lions, guépards, crocodiles, tous fauves de ciment, boîtes aux lettres historiées devenues des maisons ou des hôtel à mots, avion girouettes décollant immobiles pour le grand raid Rosebud-Atlantide, sirènes en parpaing , chevaliers de briques et de broc, palais de coquillages et châteaux de graviers, nains de Blanche Neige , géants de Noir Granit, qui tous habitent l’orée d’un monde qu’on ne visite que rarement.


             (Le Jardin de La Luna Rossa)



Ce qui frappe d’emblée c’est la rusticité et la modicité des matériaux utilisés, rebut de l’art ificiel : ciment, briques, cailloux, coquilles, fils de fer, bois blanc, émaux brisés, assiettes émiettées, toute la poussière d’un monde utilitaire, réutilisée pour devenir les constituants du Nouveau Monde.

J’aime cette désinvolture et cette indifférence aux matériaux traditionnels de l’art. Si la plupart de ces objets n’étaient dehors à subir les intempéries (c'est-à-dire l’intempérance du temps qui fait périr les choses), ils pourraient être faits de matériaux plus humbles encore : papier, brindilles, mie de pain, écorces ou allumettes. Ils n’ont nul besoin de pérennité puisqu’ils ne veulent défier que l’éphémère. Ils sont là pour dire simplement : nous sommes. Ni op ni pop, ni impre- ni expre –ssionnistes, ni figue ni raisin.

Ce que de tels objets supposent autour d’eux, ce ne sont pas les murs blancs des musées ni l’uniforme d’un gardien mais le pavillon de banlieue, la façade en meulière, la véranda à géranium, la salopette du retraité, la truelle et l’auge à ciment. Leur recette est fort simple bien que rarement utilisée : des rebuts + une brouette + un certain regard. Bref ils sont irrémédiablement l’off de tout art officiel.



       (André Gourlet)



Si l’on excepte le palais du facteur Cheval , les rochers sculptés de Rothéneuf, les constructions en mosaïque de Raymond Isidore à Chartres, toutes ces œuvres, des boîtes aux lettres aux fauves et des sirènes aux châteaux forts, brillent en général par leur manque d’imagination . Leurs constituants sont des objets d’usage courant, rendus simplement insolites par la nature hétéroclites des matériaux : avions, voitures, phares, moulins, tours Eiffel, ponts suspendus, châteaux de cartes postales ou animaux d’imageries. Le style de ces derniers fait irrésistiblement penser aux peintres des ménageries foraines ou aux vignettes du catalogue de la Manufacture d’armes et cycles de Saint-Etienne illustrant l’usage des fusils pour la chasse aux grands fauves.


                                                      (Joseph Donadello)


C’est un monde exotique, mais d’un exotisme désuet et stéréotypé. Leur réalisme n’est qu’apparent bien que ces animaux aient une taille proche de leur taille réelle, à l’inverse des monuments qui sont tous miniaturisées. Pauvreté d’imagination qui engendre inévitablement des images conventionnelles. Arbres, chaumières et champignons ont l’allure d’un décor d’opéra pour enfants, d’une forêt de papier peint avec son chêne creux, ses hiboux et ses lapins espiègles. Le but est apparemment est moins d’inventer que de dépayser : sirènes, girafes, lions, nains et champignons introduisent dans l’ennui stéréotypé des jardins de banlieue les habitants d’un rêve tout aussi stéréotypé.



                                                           (Bernard Roux)

Tout comme les matériaux qu’ils utilisent sont le rebut des matières nobles des peintres et sculpteurs ificiels, les rêves employés sont un peu le rebut de l’onirisme des instruits. Ces derniers ont toujours des fantasmes savants, empruntés à l’Egypte, à l’Apocalypse ou à Freud. Aux « autres », à ceux d’ici, il reste les symboles éventés, les rêves d’occasion, les imageries d’opérette ou de films. S’il fallait leur trouver des collègues, à tous ces bricoleurs de rêves bricolés, ce serait les peintres anonymes des papiers peints, les dessinateurs inconnus des marques de camembert et les décorateurs des baraques foraines.


                            (Le Petit Paris)



 (Robert Vasseur)


Car ce qui frappe aussi, en ces inspirés bricoleurs, c’est qu’ils vivent tous aux franges, dans la banlieue du monde riche et installé. Non comme des marginaux, des insoumis ou réfractaires (ce qu’ils ne sont jamais), mais plutôt comme des membres à part entière des Petites et Moyennes Entreprises de Rêves. C’est le monde des anonymes, des oubliés et des laissés pour compte (on aurait presque envie d’écrire : laissés pour conte).


                                           (Arthur Vannabelle)

Ce sont presque toujours des retraités, anciens ouvriers, artisans, commerçants, plus rarement petits fonctionnaires. Le milieu même où, selon les critères du milieu ificiel, on ne s’attend jamais à trouver des « artistes ». Ils viennent des tristes terres de l’ennui, des conventions et des routines ; du pays des vérandas grises, des ampoules de 25 watts, des chiens méchants gardant Mon rêve ou Sam suffit, des margelles de faux puits faites de pneus colorés, des animaux en corne sur les buffets cirés, des poissons rouges flottant dans les mers en plastique. Presque tous vivent dans des pavillons au point qu’on pourrait presque, à leur propos, parler d’un art pavillonnaire. Voilà le monde terne et sans folie où brusquement surgit un dinosaure au milieu d’un parterre, un lion parmi les graviers roses, une sirène sur une pelouse amidonnée. Voici le monde où l’on bricole des continents perdu, où pantouflard rime avec art, où l’on rafistole des rêves à coups de babioles et de colles. Je ne joue pas avec les mots, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Car ce qui marque aussi le plus nettement ce monde aux franges du vulgaire et de la féerie, du mauvais goût et de l’invention pure, c’est une sorte d’ironie sous-jacente, de jeu rabelaisien avec les formes qui font fi justement des conventions et des censures, et laissent s’épanouir le rêve toujours gardé d’un monde autre . C’est au fond le monde des libres songeurs, comme on parle des libres penseurs.


                                                    (André Hardy)

C’est là, en cette orée de l’œuvre où l’homme ne fait qu’aider, souligner ce que la nature a offert ou tracé, en ce seuil où l’on passe du brut à l’ouvragé comme de l’ombre à la lumière, c’est là qu’habitent et demeurent à plein temps de rêve et de fiction les inspirés du bord des routes . J’aime qu’ils vivent ainsi en un monde qui est lui-même entre deux mondes, entre l’art et le bricolage, entre les villes et la nature, entre le jeu et la passion. J’aime ce que jamais on ne définira deux fois. J’aime ce qui échappe (sans jamais être échappatoire) aux catégories ificielles des hétéro didactes des dogmes et de l’art, j’aime que ces inspirés, ces sédentaires de l’ailleurs, ces retraités de l’insolite, ces fonctionnaires en goguette de la Caisse des dépôts et consignation des Fantasmes soient pour nous inclassables, des aberrants de l’art et, qui sait, des prophètes des plus beaux rebuts.


                                             (La maison Picassiette)


                                               ( André Pailloux)

                               (Robert Vasseur)


                                                      (Jean Billon)

                                                (André Morvan)


Cet article est parfois condescendant, pédant peut être dans les termes utilisés mais juste aussi, sincère dans son amour de " ces inspirés des bords des routes" et c'est pour cette raison que j'ai eu envie de le mettre en ligne aujourd'hui  .

ET VOILA LE MOIS A VENIR, MOIS DE MON ANNIVERSAIRE, SERA BRUT OU NE SERA PAS !

Vous découvrirez de nouvelles photos sur les sites de FERNAND CHATELAIN, LOUIS AME, JEAN LINARD, MORALES,  ALEXIS LE BRETON, sur LES ROCHERS DE ROTHENEUF et bien d'autres encore !


*** L'ART BRUT ET LES LIEUX INSOLITES DES GRIGRIS DE SOPHIE
                (cliquer sur le lien)


vendredi 30 mars 2012

LE MONDE DISPARU D'ANDRE HARDY

Merci à Marc Henri Barrabé pour ces photos-trésors d'un monde à jamais disparu ...

















Pour accompagner ces photos un texte de Jean-Pierre Faurie sur
« Le jardin extraordinaire » d’André Hardy

On ne peut qu'être triste en lisant ce texte qui évoque le devenir d'un site aujourd'hui éparpillé ....

" Installés depuis 50 ans à Saint-Quentin-les Chardonnets, André Hardy né à Ménilciboult il y a 85 ans, jardinier sculpteur de bord de route et sa femme Thérèse sont souriants et accueillants.

Situé dans un virage en bordure de l’ancienne N 924, à l’entrée du village au lieu dit La forge « Le jardin extraordinaire » dévoile au passant, à l’automobiliste, sa baleine bleue et plus de 200 sculptures en ciment armé polychrome de tailles diverses. L’aventure du Jardin a commencé en 1971. Avant André Hardy avaient pratiqué la peinture à l’huile et la gouache pour réaliser des tableaux naïf et figuratifs. A 18 ans en 1944 engagé pour trois ans dans l’armée il est allé en Allemagne avec la 1ère armée de De Lattre et ensuite passé 14 mois en Indochine à Hanoï où il a attrapé le pallu et la dysenterie. En 1946 après son retour, il se marie en 1947 avec Thérèse .

Sa première sculpture sera un cerf de 500 kg et ensuite parmi tant d’autres « La chinoise avec le parasol ». Olivier Thiébaut (bonjour aux promeneurs ! sur les chemins de l’art brut. Éditions Alternatives) exposera cette dernière à Caen au jardin de la Luna Rosa. « Nathalie Vallin de FR3 Caen est venue filmer mon travail. Le cerf a tout mis en route. Je me suis dit, il faut que je fasse un musée, un petit. J’ai abandonné la peinture pour ne faire que des sculptures»
L’ancien agriculteur, ouvrier dans une usine de ferronnerie d’Art commence son œuvre. « Au début j’y ai travaillé le soir le samedi et le dimanche , dés que j’avais un moment. Les voisins aimaient bien mon travail et ils m’ont encouragé et comme mon nom est Hardy qui n’a pas peur j’ai continué. Depuis 5, 6 ans je ne fais plus de grandes sculptures. J’ai assez de travail pour m’occuper de celles qui existent. Maintenant je prends ma rente » . Dans le temps, il y a encore une dizaine d’années, il récupérait avec son charriot à la déchetterie. « Les gens venaient aussi se débarrasser chez nous, mais je triais, je choisissais. Sur les colliers de chevaux j’enlevais tout ce qui pouvait pourrir et je refaisais tout en ciment pour que ça dure »

Son jardin est peuplé d’ oiseaux, de reptiles, animaux sauvages et domestiques, de monuments : église, sept moulins, Tour Eiffel et de personnages qui font hommage aux voisins qui passent et rendent service. La cabane du chien, les nichoirs à oiseaux, la boîte aux lettres et les façades sont décorées avec entre autre de nombreux coquillages « ça réveille les murs » Il y a aussi des bâteaux, l’hélicoptère et l’avion. « J’ai enlevé les hélices car c’est plus d’époque. J’ai fait des réacteurs avec des presses purée »

Toutes les grandes sculptures sont creuses. « Je fabriquais une armature avec de la ferraille et du grillage très fin pour que le ciment ne passe pas .Je le mettais avec attention en couches successives. Pour alléger et économiser, dans certaines parties comme le cou, j’ai placé des bidons de plastiques comme ceux de soupline. Je ne travaillais jamais au soleil et je n’ai jamais mis de faïence parce que ça craque ». André Hardy est trés respectueux de la ressemblance. Ayant visité le jardin humoristique de Fernand Châtelain à Fyè il ne s’est pas senti concerné par ce travail car « les animaux n’étaient pas à la proportion, mais c’était impressionnant quand est arrivé sur place »

Les animaux qu’il a créés ont été inspirés par des émissions de télévision, des visites dans les zoos ou en observant les animaux en peluche du « Village enchanté » « Maintenant j’ai les animaux et leur dessin dans la tête. A l’école j’aimais bien le dessin. La Patronne (Thérèse) ne comprend pas que j’ai eu autant de patience pour faire ce que j’ai fait alors que je suis nerveux. Quand je travaillais je n’aimais pas que l’on m’observe. Quand le nationale passait devant chez nous, beaucoup de monde s’arrêtait pour me regarder. Alors je mettais deux piquets et une toile noire pour me protéger »
Toutes les œuvres sont solidement arrimées au sol par des fondations bétonnées de 50 cm. Thérèse lui a lancé « Si j’avais l’argent que t’a dépensé dans le ciment on pourrait en faire des promenades »

L’avenir et le devenir de cet ensemble le préoccupe. « Notre fille ne viendra jamais habiter ici. Le maire nous a dit qu’il rachèterait la maison et que le jardin serait entretenu ! » Ce serait une bonne chose que de lui éviter de de se dégrader comme celui de Fernand Châtelain, aujourd’hui enfin en restauration."



* ANDRE HARDY ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

                          ( cliquer sur le lien)


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