C'est à Michel Leroux que je dois l'annonce de cette magnifique exposition d'artistes que j'aime tout particulièrement et dont il a souvent été question sur les Grigris...
L’exposition Création populaire en Mayenne se tiendra
du 13 juillet au 26 août, à La Bergerie du château de Sainte-Suzanne (53).
Exposition ouverte tous les jours, de 10h00 à 19h00. Entrée libre.
Vous y découvrirez les travaux de quatre magiciens :
- Gustave CAHOREAU
- Patrick CHAPELIÊRE
- Céneré HUBERT
- Raymond LEMÉE
CRÉATION
POPULAIRE
La
face cachée de l’art contemporain
Au début des années 80
apparaît la notion d’art contemporain. Celle-ci regroupe de
nombreux courants artistiques tel que le minimalisme et l’art
conceptuel. Plus tard se déploieront les installations et l’art
vidéo. Ces productions se sont progressivement imposées comme art
officiel, soutenues par les institutions muséales, les galeries, les
écoles d’art. Parallèlement, hors des sentiers balisés par le
commerce et la spéculation, une autre forme d’art, toute aussi
contemporaine, continue de s’exprimer. Il s’agit de l’ART
POPULAIRE. Un art produit par « L’homme
du commun à l’ouvrage »
(1) qui fut superbement
placé sous les feux des projecteurs lors de l’historique
exposition « Les
magiciens de la terre » (Paris,
1989). L’exposition CRÉATION
POPULAIRE EN MAYENNE propose
d’explorer un autre territoire de l’art actuel, avec les
ouvrages de quatre Magiciens
en terre
mayennaise.
Gustave CAHOREAU
Ouvrier agricole, dans les
années 60 il commence à glaner des racines et autres bois morts aux
formes évocatrices. Puis il se lance dans une imposante production
de sculptures sur bois de récupération : personnages, animaux,
totems, etc. Plus tard sortiront de son imagination des milliers de
dessins. En 1986, son travail est repéré par Madeleine Lommel et
Michel Nedjar, fondateurs de la collection de l’Art Brut. Celle-ci,
incluant des œuvres de Cahoreau, est présentée au Musée du LaM
(Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut,
Villeneuve d’Ascq).
Patrick CHAPELIÈRE
Après avoir exercé le métier
de pâtissier puis de cuisinier, il doit faire face à des problèmes
de santé et d’emploi. « A
la cinquantaine, je
me suis retrouvé au chômage. Puis un beau jour je me suis dit :
Quoi faire de mes dix doigts ? Je me suis mis à peindre et à
dessiner, juste pour ne pas rester à rien faire ». Ses
peintures et ses dessins reflètent sa grande sensibilité à la
nature et aux animaux qui peuplent son environnement quotidien. Ses
récents dessins au stylo Bic témoignent d’une créativité très
personnelle.
Céneré HUBERT
Exerçant le métier de
forgeron, c’est à la retraite qu’il forgera ses rêves sous la
forme de portails richement ouvragés, de moulins à vent, etc. Se
proclamant « l’Ami
des Bêtes »,
il se mit à les peindre sur des tôles d’appareils ménagers, ou
bien sur des fonds de cageots. « Je
n’ai jamais appris à peindre, j’ai toujours été bon. À
l’école, je faisais les dessins des autres et, en échange, ils me
donnaient leurs images. Pas besoin d’apprendre. Faut avoir le coup
d’œil ! »
L’autre, le gauche, il l’avait perdu dans la cour de récréation…
Raymond LEMÉE
Tuyauteur soudeur sur
d’importants chantiers (centrale nucléaire), il prend sa retraite
en 1981. Dans le même temps survient le décès de sa femme. Il se
lance alors dans une production de sculptures : assemblages
d’anciens outils agricoles qu’il récupère dans les granges et
dans les décharges. Il les soude et les recouvre avec des peintures
automobiles en bombes. Ses thèmes privilégiés sont les animaux et
des sujets liés à l’actualité tels que l’écologie ou les
travers de notre société de consommation.
Ces quatre créateurs ont en
commun d’être des autodidactes. Un jour, un événement est venu
bouleverser leur vie quotidienne. Alors, ils se sont mis à
l’ouvrage. Sur l’autre rive de l’art savant, nous voilà face à
des créations sauvages, telles des fleurs qui poussent sur le bord
des fossés. Ne sont-elles pas les plus belles ? « Le
vrai art est toujours là où on ne l’attend pas »
(Jean Dubuffet). Cet été, il est à La Bergerie de Sainte-Suzanne
(Mayenne).
Michel Leroux
Avril 2018
(1)
Titre du livre de Jean Dubuffet, Folio essais Gallimard 1973.
L'exposition est organisée par l'association CNS53 (Création Naïve et Singulière), avec l'aide précieuse du CIAP de la Mayenne (Centre d'Interprètation de l'Architecture et du Patrimoine)
(cliquer)
Un catalogue accompagne cette exposition. Il sera
disponible (offert par le CIAP) à la librairie du château (face au lieu
d’exposition).
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