Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs …

Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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Affichage des articles dont le libellé est Laurent Danchin. Afficher tous les articles
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mercredi 10 janvier 2018

L'HOMMAGE D'ODY SABAN A LAURENT DANCHIN




 Voici le texte bouleversant posté sur Facebook par ODY SABAN en novembre 2017 :

C'est l' Arche de LAURENT, Laurent Danchin !
Dedans il y a Laurent et dans sa main une lettre où c'est écrit et qui commence " Laurent Danchin", juste avant quelques heures de son décès, chez moi, entrain de penser, sentir, lui, peindre! Toute la nuit je l'ai senti. J'ai tu jusque aujourd’hui, car c'était une épreuve d'entendre après q heures qu'il venait de décéder, une épreuve de vivre cette nuit jusqu'au matin entrain de peindre le personnage et la lettre dans l’œuvre! De loin, je l'ai suivi comme, j'ai suivi son souffle, comme si je l'accompagnait à son voyage éternel, dans la voie lactée, où il s’apprêtait de rejoindre ses biens aimés d'ailleurs, dans l'autre monde! Et ça me fait pleurer, cette œuvre, cette œuvre est une trace pour moi très forte de cette nuit et j'ai arrêtée l’œuvre cette nuit au petit matin, je ne pouvais plus continuer!
 Ce sont des femmes qui l'accompagnent notre chère Laurent! Ses deux femmes; Francine Danchin et .... qui l'ont aimé, ses filles Clara Danchin, Amélie Danchin, toutes ses amies...Toute cette oeuvre est faite dans l'inconscient et depuis je n'ai pas pu faire une grande aquarelle! Mon inconscient me fait peur depuis! Maintenant 1 an s' est passé! Le deuil de notre ami Laurent Danchin se termine, une année s'est passé et j'espère que je vais retrouver mon courage pour recommencer une nouvelle aquarelle, neuf d'esprit, avec une nouvelle peau. Il le faut! ET, en effet, il faudra photographier de près la main du personnage qui est allongé avec sa lettre où c'est écrit Laurent Danchin.

 LAURENT DANCHIN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE 


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vendredi 10 novembre 2017

LAURENT DANCHIN VU PAR JEAN TOURLONIAS


LA BIENNALE HORS NORME DE LYON ET PLUS EXACTEMENT LA FABULOSERIE RENDAIT UN HOMMAGE COLORE A LAURENT DANCHIN AVEC CE TABLEAU DE JEAN TOURLONIAS ...





JEAN TOURLONIAS 


LAURENT DANCHIN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE 


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lundi 10 juillet 2017

MON HOMMAGE A LAURENT DANCHIN





La mort de Laurent est inconcevable. Cela va être dur de vivre sans lui, de vivre sans son enthousiasme, sa générosité, sa disponibilité. Je l’appelais « Mon Maître d’Art Brut » cet homme qui pensait  plus vite que son ombre et que je ne peux imaginer que debout, volubile et débordant de projets.
« Quelle empreinte auras-tu laissé sur la terre pour que ton Dieu soit content ? » demandait son très cher Chomo. Les Dieux de l’Art Brut  doivent sauter dans tous les sens,  de joie, de contentement et d’admiration face à un homme qui a su vivre dix vies en une!
Laurent a su tisser des liens et ces liens sont indéfectibles. Que ce soit à Carquefou, à Paris, à Saint- Malo ou ailleurs nous nous retrouverons Michel, Aurélien, Joëlle, Gilbert, Chantal, Bernard, Jean-Luc, Jean-Pierre, Ghyslaine, Sylvain, Catherine, Jean-Michel, Jean-Paul, sœurs et frères d’Art Brut.
Égoïstement ce qui va me manquer le plus ce sont mes appels à Laurent au retour de mes périples. J’avais tellement de bonheur  à l’informer, tellement de fierté à raconter les artistes qu’il connaissait, les lieux qu’il avait visités et à lui faire part de mes découvertes,  à faire cet état des lieux qui le passionnait lui aussi.
Il s’agit maintenant de continuer sans lui … Pour moi ce sera la mise en ligne de mes visites sur mon blog bien sûr, l’aide apportée à Cécile et Alexis,  tout nouvellement tombés dans la marmite de l’Art Brut et qui fourmillent d’idées. Ils n’ont pas connu Laurent, rêvaient de le faire, et se sentent « orphelins dans l’œuf »  mais il est évident que celui-ci  aurait aimé leur enthousiasme ! Je serais heureuse aussi de proposer des rencontres afin de raconter mes périples, de montrer toutes les photographies prises au fil des années par Apolline et par moi. Laurent a écrit dans un des livres de la collection de l’Art Brut de Lausanne (« Architectures ») : «  Le meilleur site de terrain français est celui de Sophie Lepetit » et j’ai pour ce magnifique compliment une immense reconnaissance  et une totale gratitude. 


 






samedi 10 juin 2017

LAURENT DANCHIN VU PAR JEAN-PIERRE FAURIE

En ce 10 JUIN 2017
Nouvel hommage à Laurent Danchin avec un texte de Jean-Pierre Faurie, son ami ...




"Grâce à la connivence que j’ai eue avec Laurent des milliers d’enseignants ont pu découvrir les arts dits singuliers et par contre coup des milliers d’élèves les ont découverts aussi.
1989 une révolution pour moi. En stage pour conseillers pédagogiques Arts Plastiques à Amiens un intervenant vient nous parler des arts singuliers, c’est Laurent Danchin, je ne le connais pas et c’est un coup de foudre pour cet homme passionné, pédagogue et à l’écoute. Nous faisons connaissance et je lui fais part de mon envie de le voir venir intervenir dans les stages que nous organisons au Centre d’art Plastiques Nord 92 ( Ecole Galliéni) que nous avons lancé avec Patrick Favreau avec le soutien de la ville de Gennevilliers.
De 1999 à 2003 Laurent est venu chaque fois que nous l’avons sollicité pour faire partager son savoir et son enthousiasme. Au minimum, 1000 professeurs des écoles l’ont rencontré écouté lors de nos stages à Gennevilliers . A la Halle Saint Pierre, en accord avec Martine Lusardy et son équipe, autant ont été reçus et ont bénéficié de ses conférences et de ses visites commentées lors des expositions présentées. Suite à ces actions les enseignants sont venus régulièrement à la Halle Saint Pierre avec leur classe.
Il nous fait a découvrir la fondation Dubuffet et la Closerie Falbala à Périgny sur Yerres, la Fabuloserie et la merveilleuse Caroline Bourbonnais, rencontrer CHOMO, mais aussi Jano Pesset, Francis Marshall, Marie Rose Lortet , Gilbert Peyre et Mister I venu animer un atelier au Centre de Gennevilliers.
Durant toutes ces années la rencontre avec Laurent nous a motivés pour monter des stages imprégnés d’art singulier (et autres) avec de visites et des périples qui nous ont conduit à Chartres à la Maison Picassiette, Au jardin de la Luna Rosa à Caen , chez Fernand Chatelain à Fyé, à Dives Sur Mer pour voir la Maison Bleue du maçon Da Costa, à le rencontre de Florence Marie à la Forge à Honfleur, aller voir Alain Lacoste à Athéé, au Musée Robert Tatin à Cossé le Vivien. Le point d’orgue a été une semaine passée avec des stagiaires à Lausanne pour visiter le Musée d’art brut et retrouver beaucoup d’artistes dont Laurent nous avait parlé.
Après juin 2003 j’ai continué à rencontrer Laurent pour différents projets et expositions. Durant sa maladie nous avons beaucoup conversé téléphoniquement. Je lui faisais part de mes doutes sur toutes cette pléthore d’expositions, salons, estampillés art singulier, marginal…… et envahies par des marchands du temple et des gens qui dés qu’ils font un dessin maladroit se déclarent artistes art brut. Il me disait « Tu as raison, mets tout cela sur papier, je t’aiderai à mettre tout cela en forme. Mais avant tout soigne toi bien »
A bientôt Lolo on a du boulot !"






LE LIEN VERS MYCELIUM

LAURENT DANCHIN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

 LE SITE DE JEAN-PIERRE FAURIE

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mercredi 10 mai 2017

LAURENT DANCHIN VU PAR FRANCOISE MONNIN

Voici aujourd'hui sur les Grigris différents textes de Françoise Monnin, hommages à Laurent Danchin, publiés dans Artension ....


( Françoise et Laurent à Montpellier en 2016)


La fabrique de l’Histoire de l’art
Hommage à Laurent Danchin

La mort prématurée de l’écrivain Laurent Danchin, en janvier dernier, nous fait un mal fou. Ils sont si rares, les visionnaires généreux. Comment nous passer de lui ?
Directeurs de musée et libraires de centre d’art, spécialistes et étudiants, écrivains et critiques, collectionneurs singuliers et artistes originaux, amis fidèles et anciens élèves éperdument reconnaissants : des mois durant, jusqu’au dernier jour, dans la chambre que ne pouvait plus quitter notre homme, les échanges ont flamboyé. Il avait tant à transmettre, ce chercheur ultra-cultivé, féru de grec et de latin entre autres mais qui toute sa vie eut pour guides ses intuitions et ses émotions. Repérer, regarder, écouter, ressentir, tel fut ce qui lui permit de ne pas se contenter des lieux communs ni des diktats médiatisés, et de toujours préférer les énigmes aux évidences.
Si l’histoire de l’art inédite à laquelle Laurent Danchin s’était attelé durant les années 1970 demeure confidentielle – celle des naïfs, des bruts, des singuliers, des fantastiques, de tous les créateurs puissants mais discrets - elle finira nécessairement par s’imposer. Pour en être certain, il suffit de lire les pages qui suivent. Nous y décrivons les creusets traditionnels de l’histoire de l’art, afin d’en souligner les limites. Et nous vous y invitons à graver hardiment, en mémoire de Laurent Danchin, de profonds sillons de traverse. 

(Laurent et Danielle Jacqui)

Viva Arte Viva !
 
« Dans un monde plein de conflits et de secousses où l'humanisme est gravement compromis, l'art est la partie la plus précieuse de l'être humain. C'est l'endroit idéal pour la réflexion, l'expression individuelle, la liberté et les questions fondamentales. C'est un “oui” à la vie, bien que parfois un “mais” se cache derrière. Plus que jamais, le rôle, la voix et la responsabilité de l'artiste sont cruciaux » : ainsi parle Christine Macel, commissaire de la mythique Biennale de Venise, 57e du genre, qui sera inaugurée le 13 mai prochain. Cette jeune conservatrice en chef du Musée national d’art moderne/Centre Pompidou présentera, en Italie, une exposition intitulée Viva Arte Viva. Y figureront des œuvres de Judith Scott (1943–2005) et de Dan Miller (né en 1961), deux pensionnaires du Creative Growth Center d’Oakland, en Californie : un lieu destiné à favoriser l’expression de personnes « perturbées psychologiquement, neurologiquement ou mentalement ».
Lors de cette même biennale, deux autres commissaires avaient ouvert le bal de l’Art brut : Jean Clair, présentant Aloïse Corbaz dès 1995, et Massimiliano Gioni, faisant la part belle aux spirites Augustin Lesage et Guo Fengyi en 2013. Il aura toutefois fallu attendre un siècle quasiment, pour que les institutions comprennent combien les peintres et les écrivains avaient perçu, bien avant elles, que les mains des innocents sont pleines. À ce propos, il est urgent de lire ou de relire les textes de Laurent Danchin, restés trop confidentiels jusqu’à sa mort, en janvier dernier.
Ainsi va la fabrique de l’histoire de l’art, à laquelle nous consacrons ce nouveau numéro d’Artension. Puisse-t-il contribuer à nettoyer les mirettes de nos dirigeants politiques : il est urgent, plus que jamais, qu’ils confient les manettes culturelles de la France à des créateurs généreux. Comme l’était Laurent Danchin.




(Laurent et Mario Chichorro)




(Laurent et Louis Chabaud)



 ( Laurent et Chomo)

  

UNE VIE, UNE VISION 

 La disparition de cet écrivain, en janvier dernier, creuse un abysse au cœur de l’histoire de l’art fondamentale. Défricheur de territoires mal définis, indéfinis et infinis, sa manière d’enquêter puis de raconter a constitué, quarante années durant, un contre-pouvoir essentiel.

« Il est urgent d'échapper aux impasses de la contre-culture institutionnelle et d'ouvrir à la création une voie post-contemporaine » expliquait L. Danchin en 2008. « À l'ère de l'image de synthèse, il faut au monde une culture nouvelle. Le cycle des déconstructions s'achève : voici enfin venu le temps des fondations. » Témoin d’une histoire autre que celle que contiennent les manuels officiels, celle que brouillent certains intérêts capitalistes, L. Danchin a analysé et célébré les pratiques populaires liées aux notions de « naïf », « brut », « singulier » ou « fantastique », en les distinguant de ce qu’il nommait « l’art savant ». Ce faisant, il nous a conviés à mieux discerner l’essence de l’humanité.
Auteur d’articles essentiels publiés dans des magazines outsiders, commissaire d’expositions époustouflantes présentées dans des lieux alternatifs, celui qui jusqu’à l’âge de la retraite enseigna les lettres en banlieue parisienne nous lègue des livres précieux, des documentaires enthousiasmants et des disciples inconsolables. Artistes, historiens, collectionneurs et amateurs, critiques ou commissaires : les danchinophiles sont désormais légion, et n’en finissent pas de se reproduire. Tous, convaincus que l’Art, sa liberté et son partage, constituent la part splendide de l’existence. 
Livres essentiels
• Chomo par Roger Chomeaux (entretiens avec L. Danchin) Jean-Claude Simoën éditions 1978
• Artaud et l'asile : le cabinet du docteur Ferdière Séguier 1996
 • L'Art contemporain, et après... Phénix 1999
Jean Dubuffet Terrail 2001
Jean Dubuffet : Peintre Philosophe La Manufacture 1988
(rééd. L’Amateur 2001)
Art brut : L’instinct créateur Gallimard 2006
La Fin de l’apartheid ? Pour un art post-contemporain Lelivredart 2008 • Médiums et virtuoses : Le dessin à l’ère des nouveaux médias Lelivredart 2009
Aux frontières de l'art brut Lelivredart 2014
Catalogues d'exposition importants
- Halle Saint Pierre à Paris : 
Art brut et compagnie. La face cachée de l'art contemporain 1995 ; 
Art Outsider et Folk Art des Collections de Chicago 1999 ; Art spirite, médiumnique, visionnaire. Messages d'outre-monde 1999 ; Aux frontières de l'art brut 1 & 2 1998 et 2001 ; Chomo : Le débarquement spirituel 2009
Pavillon Carré de Baudoin à Paris : Marcel Storr, bâtisseur visionnaire 2011
Abbaye d’Auberive (52) : Mycélium : Génie savant - Génie brut 2014 
Château de Tours (37) : Faites un rêve avec Chomo 2016
Articles précieux
- Dans Artension depuis 1982 : « Il manque toujours une définition formelle de l’Art brut » hors-série n°4, « Art naïf, Art singulier, Art brut : même combat ? » hors-série n°9, « Les primitifs modernes » hors-série n°17, etc.
- Dans 
Raw Vision depuis 1989 : « Autour de l'Art brut » n°1, « Chomo » n°2, « Marcel Storr » n°36, « Anselme Boix-Vives » n°42 ; « Dubuffet et Bourbonnais : de l'Art brut à l'Art singulier » n°50, etc





(Laurent et Raymond Reynaud)


(Laurent à Auberives entouré de ses amis artistes )

 LE LIEN VERS MYCELIUM

LAURENT DANCHIN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

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Merci Françoise pour ces photos ...


lundi 10 avril 2017

LAURENT DANCHIN VU PAR NICOLAS DANCHIN

 Voici le texte que prononça le frère de Laurent, lors de ses obsèques, le mardi 17 janvier ...

 
 par Jean-Luc Giraud

"C'est évidemment difficile, pour moi, de parler de mon grand-frère dans ces circonstances.
Laurent avait 7 ans de plus que moi. Une grande différence quand on est petit. Une différence énorme, quand on a régné pendant 7 ans comme petit dernier, chouchou de sa maman, et qu'on se voit tout d'un coup détrôné. Petit, je n'en avais absolument pas conscience, mais Laurent me l'a dit lui-même : il avait été très jaloux de moi au départ. Les deux souvenirs que j'ai de mauvais coups de sa part, sont bien dérisoires … mais je m'en souviens malgré tout. Le premier, quand il m'avait attiré au sous-sol de notre maison pour me faire une peur bleue, en surgissant d'un coup de derrière la grosse chaudière au rugissement effrayant  … C'est lui aussi, qui, à un retour de Paris dans la 403, sur une nationale 4 enneigée, m'avait fait comprendre avec un rien de cynisme d'adolescent, que le Père Noël n'existait pas. Tout un monde qui s'écroulait …
Ce dont je me souviens beaucoup mieux, en revanche, ce sont des histoires qu'il racontait. Comme il a continué de le faire beaucoup plus tard, quand il conduisait Clara à l'école, accompagnée du cochon noir Pistache. Dès cette époque, il aimait raconter, et il aimait aussi faire rire et il adorait la crédulité du petit enfant que j'étais. Il a toujours aimé l'innocence des enfants. Par exemple, la manière dont il s'y était pris serait trop longue à expliquer ici, mais il avait vraiment réussi à me faire croire qu'il était passé de la cuisine à la salle de bain en passant par les canalisations.
Ensuite, il y a eu toute la période des "moralités", qu'il nous inventait, il y en avait de nouvelles toutes les semaines. Je dis nous, parce que rapidement il y avait eu après moi mon frère Sébastien et que c'est généralement à nous deux que Laurent s'adressait. Il a dû commencer à faire cela à la fin du Lycée, mais il a continué ensuite pendant un moment, quand il revenait à Nancy depuis l'Ecole Normale. Les "moralités" ce sont de micro-histoires pour lesquelles il faut trouver la conclusion en un mot ou une expression, la moralité de l'histoire. Je vais juste vous donner un exemple de cet exercice, hautement intellectuel : le petit Alexandre Coin a un ami très proche, le petit Jacques ; c'est vraiment son meilleur copain, mais il y a un problème, le petit Jacques est profondément
stupide, un vrai crétin. Moralité : "Con, pote de Coin". Copyright Laurent Danchin.
Plus tard, il y a eu l'époque de Fontaine le Port. Deux souvenirs là encore.
D'abord, de ma première visite dans l'extraordinaire village d'Art préludien et de ma rencontre avec Chomo, dont j'ai pu facilement comprendre que la personnalité ait marqué de façon définitive celle de Laurent.
Le second, d'un voyage à St Mandrier, près de Toulon, pour aller dans la maison de notre Grand-Père Abon. Laurent m'avait invité à venir avec lui et sa bande d'amis, pour quelques jours de vacances. J'étais ravi de cette reconnaissance. Il avait alors une Méhari ; sans doute beaucoup ne se souviennent pas de ce qu'était une Méhari. Imaginez un moteur de 2 CV faisant péniblement avancer, sans jamais dépasser 80 Km/h, une carrosserie totalement ouverte et en plastique rainuré beige sable. Après une halte à St Etienne, nous sommes finalement arrivés à St Mandrier vers 2 heures du matin, totalement assourdis par les 12 heures de route. J'étais à l'arrière et n'avais pas pu entendre grand-chose, mais Laurent avait parlé pendant tout le trajet. C'était le début de vacances formidables, avec ce grand frère fascinant.
Il faut dire évidemment que Laurent était bavard. Il ne fallait pas aller le voir pour juste 5 minutes, et il fallait éviter de trop l'interrompre ; il n'aimait pas ça. Mais quand on acceptait cette règle du jeu, c'était un conteur hors pair, absolument passionnant, qu'on pouvait écouter pendant des heures sans se lasser. Il donnait vie à ce qu'il racontait et savait de manière exceptionnelle rendre accessible les choses les plus érudites. A l'oral, du moins … Un de ses paradoxes a été qu'il a longtemps cherché à être reconnu par l'écrit : sans doute une séquelle de son éducation classique et de l'Ecole Normale. Or il était fait pour l'oral ; ses premiers textes, ont souvent été pour moi franchement rébarbatifs, mais il considérait que la reconnaissance des autres devait passer par là. Il a mis longtemps à accepter l'idée qu'il pouvait en être autrement ; et dès qu'il s'est mis à écrire comme il parlait, tout est devenu fluide, limpide. Il n'y a qu'à lire ces derniers textes des Bonbons Mycélium. 
S'il y a une chose dont on puisse se réjouir, en tout cas, c'est qu'internet et YouTube aient existé ces dernières années. Grâce à cela, on va pouvoir le revoir et le ré-entendre, plus encore que le ré-écouter. Car il avait tant de choses intéressantes à dire. Par exemple, et vous ne serez pas étonnés que ce soit moi qui vous y invite, allez voir son interview sur la médecine industrielle ; elle pointe du doigt avec une lucidité incroyable, avec une colère contenue, mais aussi beaucoup d'indulgence, les dérives de notre système de santé.
Et je voudrais terminer par deux traits de la personnalité de Laurent qui me paraissent fondamentaux.
La curiosité et l'intérêt pour l'autre : derrière son intérêt pour l'Art, derrière son intérêt pour les questions intellectuelles, Laurent voyait toujours les personnes ; des enfants aux vieillards, de l'homme de la rue au puissant. Même pendant qu'il parlait, il savait observer et il essayait de comprendre le chemin qui avait conduit ses interlocuteurs jusqu'à se trouver là, en face de lui. Derrière l'Art, il voyait aussi (peut-être surtout), l'artiste. Avec ce souci de l'autre, allait sa gentillesse ; il était presque toujours bienveillant, et ne perdait pas son énergie à cultiver la rancune ou la rancœur.
L'enthousiasme et la générosité : Laurent avait un extrême détachement matériel. D'autres que lui auraient certainement cherché à tirer profit du niveau d'expertise unique qui était le sien. Mais c'était le cadet de ses soucis. De même, il avait tant d'enthousiasme qu'il préférait distribuer ses idées, pour que d'autres puissent les utiliser, les répandre et les faire progresser.  Il n'était pas aveugle pour autant, il assumait le risque inhérent à sa générosité ; ses découvertes, ses théories, ses idées, il savait que certains pourraient s'en emparer, sans même citer leurs sources, et les présenter comme les leurs. Ca l'énervait bien quand même, mais il avait décidé une fois pour toutes d'ignorer la paranoïa de si nombreux intellectuels ou scientifiques (pas forcément les plus grands !), qui préfèrent verrouiller leurs idées plutôt que les faire partager.
Ce sont sans doute son détachement du matériel et son avidité pour les questions intellectuelles et la connaissance de l'Autre qui lui ont permis d'affronter cette maladie, qu'il savait mortelle, avec une telle sérénité. Cette maladie, paradoxalement, a permis des retrouvailles, notamment au sein de notre famille, une grande famille, avec des personnalités fortes, bien différentes les unes des autres ; il s'en réjouissait beaucoup. Même pour moi, j'ai sûrement plus vu Laurent au cours des 18 derniers mois qu'au cours des 10 années précédentes. Dans ce sens, sa maladie a été une opportunité, et c'est bien comme cela qu'il l'a vécue. 
Laurent avait une personnalité exceptionnelle, c'était un être exceptionnel. Il nous laisse deux filles magnifiques, dans tous les sens du terme. Et, dans le fond, Laurent n'est pas mort : aucun d'entre nous ici présents ne l'oubliera, il continuera de nous accompagner, et je suis sûr que bien d'autres sauront le découvrir."

LAURENT DANCHIN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE



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vendredi 10 mars 2017

LAURENT DANCHIN VU PAR PASCAL BROUSSE




 C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu sur Mycelium l'hommage de PASCAL BROUSSE ....

LAURENT

Nous entrons par petits groupes dans la cour du lycée. Il flotte encore un air de vacances. C’est la fin de l’été et le premier jour de la rentrée. Après la joie des retrouvailles où chacun a largement commenté ses deux mois de repos, nous dirigeons avec nonchalance vers de grands panneaux recouverts d’informations. Nous y découvrons avec une certaine appréhension la constitution des classes et la liste des professeurs que nous est attribuée. Nous ressentons un mélange de soulagement ou de déception à l’annonce de certains enseignants dont la réputation est transmise depuis des générations d’élèves, mais Laurent DANCHIN, aucun d‘entre nous ne connaît.
Quand quelques jours plus tard nous entrons dans la salle classe, il est déjà là, souriant.
Il est jeune, porte les cheveux longs et une veste de velours verte qu’il gardera très longtemps. Nous nous asseyons et sommes un peu sur la défensive. Nous l’écoutons avec une certaine appréhension, cherchant à mieux le cerner. Nous avons besoin d’être rassurés, tant son attitude est peu conforme à l’idée que nous nous faisons d‘un professeur de f. Certains d’entre nous sont à peine moins âgés que lui. Il ne restait pas assis derrière son bureau tel un seigneur assiégé dans sa forteresse. Il ne peut s’empêcher de déambuler dans les allées, parlant aux uns et autres. Il pourrait presque les toucher. De quoi avons-nous discuté pendant cette première journée ? Je ne m’en souviens plus. Il a dû certainement nous présenter les auteurs que nous étudierons prochainement. Nous devons passer notre examen de français dans deux ans. Sa conscience professionnelle l’obligeait à suivre ce programme même s’il jugeait certaines directives contestables. En contrepartie, il se donnait la liberté, comme un explorateur connaissant tous les recoins d’une région, de nous faire découvrir d’autres écrivains, certains plus faciles d’accès ou plus proches de nos interrogations, que les écrivains du XVIII siècle. Ce n’était pas de la vulgarisation car Laurent était un amoureux de la langue française. « L’Étranger » de CAMUS nous parlait plus que « Candide « de VOLTAIRE.
Il attachait beaucoup d’importance à l’expression orale. Il est vrai que beaucoup d‘entre nous étions des adolescents inhibés. Provocateurs en groupe et nous devenions timides et maladroits, une fois seuls. Il nous poussait à faire des exposés. Exercice difficile où nous prenions sa place derrière le bureau. Il s’asseyait sur une table au fond de la classe.
Les rôles étaient alors inversés. Il intervenait uniquement pour aider l’orateur à quête d’inspiration
posant une question afin de relancer l’attention de la classe assoupie.
Je me souviens d‘une jeune fille au physique ingrat, très réservée. Elle restait à l’écart des autres élèves. Un jour, elle demanda à faire un exposé sur la flute traversière, instrument qu’elle étudiait au conservatoire. Elle vint avec son instrument de musique, nous parla de son amour pour la musique classique alors que nous écoutions habituellement de la musique pop. Elle joua quelques morceaux. Beaucoup d’entre nous applaudirent à la fin du cours. Petit à petit, nous apprenions à la connaître, même si elle demeurait discrète. Laurent créait des passerelles pour lier les gens, les faire se rencontrer. À la fin de l’année scolaire, nous nous sommes tous retrouvés dans un restaurant kabyle que tenait le père d’un élève. Le repas s’était éternisé tard dans l’après-midi, dans la bonne humeur.
Si certains lycéens et certains professeurs se précipitaient vers la porte de sortie une fois que la sonnerie annonçant la fin du cours est retentie, ne pouvant masquer leur impatience, leur désintérêt, il en était tout autrement pour Laurent. Il aimait son métier et l’échange. La discussion commencée en début de cours pouvait se prolonger en petit comité au bistrot du coin. Le débat était le fil conducteur. Il n’y avait pas de frontière entre le lycée et les cafés avoisinants. La parole se déliait évidemment plus facilement en dehors de l’établissement scolaire. Il fuyait ce lieu, trop impersonnel. Il avait quelques amis professeurs, mais évitait avec soin le corps enseignant, trop dogmatique à son goût. Il préférait manger son sandwich jambon beurre sur le zinc plutôt que d’écouter les sempiternelles récriminations de ces collègues à la cantine.
Laurent aimait les bistrots, pas ces belles brasseries à l’ambiance feutrée, mais ces cafés hauts en couleurs, où les discussions des habitués se faisaient devant le comptoir ou devant le flipper. Nous retrouvions les portraits psychologiques et les émois amoureux des héros de MAUPASSANT dans la bouche de ces piliers de bar. Les grandeurs comme les petitesses de l’être humain suintaient à travers ces confidences au langage fleuri. Il était très réceptif et amusé par cette expression orale, poétique et imagée. Notait-il déjà sur un carnet ses conversations délirantes ou se fiait-il à son extraordinaire mémoire ?
S’il n’y avait qu’un pas du lycée au bistro la réciproque était tout aussi vraie. Le café, comme une scène de théâtre où se jouaient tous les petits drames de la vie était une source d‘inspiration. Je me rappelle d’un cours où, debout sur l’estrade, il nous lut le même texte de Raymond QUENEAU « exercices de styles » en prenant bien soin de parfaire les différentes intonations du personnage principal. Quand il se mit à parler en argot tout en mimant le passager qui montait sur la plateforme de l’autobus, il était désopilant. Toute la classe était pliée de rire.
L’année scolaire terminée, nous avons continué à nous voir et à mieux nous connaître. La relation professeur lycéen s’effaçait au profit d’un lien plus riche et plus intime. Je n’étais pas un cas isolé et Laurent entretiendra très longtemps des contacts privilégiés avec ses anciens élèves, curieux de leur avenir. Il me demandait souvent si j’avais des nouvelles de mes anciens camarades.
Quand en 1980, je lui demandais de l’aide à l’élaboration d’un petit album, « Almanach d’un pilier de bistro » réalisé à partir de brèves de comptoir, de photos et de dessins de Jean-Luc GIRAUD et de Vincent GROUSSON, il m’apporta tout de suite son soutien et m’encouragea dans mon projet. Il fit la mise en page, écrivit quelques textes.
Cette collaboration consolidera notre amitié. Quand il me fit découvrir l’univers de CHOMO pour réaliser quelques photos, je n’étais pas « fan ». J’avais bien l’intuition d’être devant un personnage extraordinaire, mais sa provocation afin de déstabiliser le visiteur m’irritait. Mes préoccupations du moment, j’avais à peine 20 ans, c’était plutôt les femmes et l’incertitude des sentiments amoureux. C‘est bien plus tard que je compris la colère de CHOMO envers les institutions et commençais à apprécier son œuvre. C’est cette même colère qui animait les combats de Laurent. Il s’intéressait à l’art brut, à ces artistes oubliés des circuits officiels, au profit de plasticiens soutenus à grand renfort médiatique par la politique culturelle gouvernementale du moment. Ces artistes hors-normes ne pouvaient meilleur défenseur que cet enseignant hors-norme.
Oui, Laurent n’était pas simple professeur se satisfaisant de son emploi à l’Éducation Nationale. C’était un érudit. Il me surprenait par l’étendue de ses connaissances. Comme une éponge, il absorbait toutes les informations que l’on pouvait lui communiquer. Il les digérait pour vous les expliquer le plus simplement du monde. Il ne regardait pas la télévision et pourtant quand je lui appris récemment, après avoir vu un reportage sur le petit écran, que les arbres d’Afrique communiquaient entre eux pour se protéger des ruminants en sécrétant une substance toxique, il m’expliqua ce phénomène biologique aussi bien que le journaliste du documentaire. Quand trouvait-il le temps d’enregistrer tout ce savoir ? Il aurait pu faire sienne la devise de MONTAIGNE « que sais-je ? » tant sa soif de connaissances semblait insatiable.
Laurent avait son bureau au rez-de-chaussée de la rue Rousselet (Paris 7). Comme je travaillais à proximité, je venais régulièrement visite. Il terminait de rédiger un texte ou répondait, à un appel téléphonique (cela pouvait être long). Une fois le combiné raccroché, nous échangions quelques paroles de bienvenue sans oublier de prendre des nouvelles réciproques. Il avait besoin de faire un break, tant il avait été absorbé par son travail. Souvent l’écrivain est comparé à un boxeur, tant la lutte avec l’écriture pour trouver le mot juste est âpre. Il se sent vidé de toute énergie comme le sportif après un round par ce combat rude. Cet appartement sombre, propice pour la concentration donnait sur une petite cour où les rayons de soleil se répandaient dès le printemps. C’était un appel aux sens, au renouveau. Nous étions tous deux sensibles à cette saison, où tout renait après le gris de l’hiver. Nous sortions et allions prendre un pot de préférence à une terrasse de bistrot. La rue était un spectacle permanent. Laurent pouvait vous entretenir des sujets les plus graves du moment tout en regardant les passants, observant la démarche altière des femmes indifférentes ou écoutant les propos cocasses des habitués du bistrot. Il était aux aguets, non comme un prédateur, mais plutôt comme un observateur ne voulant pas perdre une miette de la vie. Il avait une force de concentration exceptionnelle.
Laurent, si accessible pour nous tous, demeurait quelqu’un extrêmement pudique, dévoilant que très rarement ses sentiments. Écrire sur l’art brut était sa manière de parler de lui par le biais de tous ces autodidactes au destin si mouvementé. Laurent ressentait cette rage de s’exprimer malgré les obstacles d’une technique limitée pour certains. Dire, écrire et encore écrire tant que je suis vivant semblait-il nous dire. Sa culture universitaire le poussait à écrire des essais et non des livres personnels. Il m’avouait qu’il n’aurait plus l’énergie de refaire un livre comme « Artaud et l’asile », un livre de recherches précises, d‘archives vérifiées (comme un détective) pour expliquer au lecteur, le rapport complexe entre le poète et le docteur FERDIERES dans le contexte polémique de la psychiatrie après 1945. Il était d’ailleurs tout heureux après son opération (avril 2015 ?) de m’annoncer qu’il allait enfin écrire son premier vrai livre « Nuits à Saint-Anne ».
Il était devenu au fil des années M. Art Brut, à son grand regret. Laurent aimé toutes les formes d‘expression. Il pouvait être émerveillé par les masques africains si énigmatiques comme l’œuvre de RABELAIS. Il n’avait pas de frontière, et n’aimait pas les spécialistes ; ce qu’il n’oubliait pas de répéter. Je l’avais rejoint dans une petite galerie du 10 èm arrondissement, à un vernissage et un peu plus tard dans la soirée nous nous étions retrouvés avec Alain GOLOMB dans un café non loin de là. Il avait été blessé. Une personne était venue le voir, un grand carton à dessin sous le bras, pour lui demander son avis sur son travail, escomptant de sa part, une critique dans un journal ou un sésame pour une galerie. Il était outré par la vulgarité de ce comportement, de cet individu, indifférent aux œuvres de l’artiste exposé, carriériste et prêt à tout pour arriver à ses fins. Je pense que souvent Laurent devait être le témoin de ces malentendus et des sollicitations les plus diverses. Qui parmi toutes ces personnes s’intéressaient à son travail, à ses écrits, à ses projets ? Seuls ses amis intimes connaissaient son besoin de s‘évader de ce microcosme avec ses guerres de chapelle. Il semblait loin le temps, où émerveillé par tous ces autodidactes humbles, presque gênés de montrer leurs œuvres, il allait à leur rencontre, curieux de découvrir de nouveaux horizons.
Je suis venu lui rendre visite, rue Rousselet. Il a ouvert les fenêtres pour aérer son bureau. Ce jour-là. Il tenait à me montrer la revanche de la nature. Le sol de la courette s’était fissuré en son milieu. Une petite graine portée par un oiseau ou par le vent était venue se loger dans cette fente avant de donner naissance à un arbrisseau dont le maigre feuillage se tendait avec courage et obstination vers le ciel, vers la lumière. C’est cette image d’un combat aux forces inégales que je garde en mémoire. « Vous pouvez m’anéantir avec votre rouleau compresseur, mais comme cette plante, je lèverai la tête et ne me gênerai pas pour vous faire savoir que j’existe et pense différemment de vous ».


  Laurent vu par Lormari

 LE LIEN VERS MYCELIUM


LAURENT DANCHIN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

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