Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !
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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis …. Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure ! ....................................................................................... ........................................................................................ ........................................................................................ .........................................................................................
À Quimper, des morceaux de poésie mis en boîte par Ronan-Jim Sévellec à la Galerie de Bretagne
"La Galerie de Bretagne, à Quimper, a accueilli le mercredi 15 juin, l’artiste
Ronan-Jim Sévellec à l’occasion de la parution d’un ouvrage consacré à
ses œuvres et intitulé « Les décors de la mémoire ». Ce livre, paru aux
éditions Coop Breizh, comporte de nombreuses photographies de Joël
Laiter et des textes écrits par l’artiste et galeriste Henry Le Bal.
Ronan-Jim Sévellec est un peintre sculpteur né à Brest en 1938.
Installé pendant longtemps en région parisienne, il a aujourd’hui élu
domicile à Douarnenez. Délaissant progressivement la peinture pour des
sculptures de décors miniatures enfermées dans des boîtes, il y
retranscrit plus que des histoires, une émotion, une ambiance.
Des échantillons de vie
Entre
rêves et poésie, ces boîtes sont des lieux chargés de fascinants décors
miniatures de vaisselle ou de meubles. L’artiste piège dans ces décors
quelques échantillons de vie pour le plus grand bonheur du public qui se
surprend à laisser son regard vagabonder au gré de sa curiosité.
Une
quinzaine d’œuvres sont visibles tout l’été à la Galerie de Bretagne.
Ronan-Jim Sévellec expose également à la galerie Antonine Catzeflis, à
Paris."
"J’ai
découvert le travail de Ronan-Jim Sévellec à Paris et j’en suis tombé
amoureux fou" explique le galeriste Henry Le Bal. Cet amour on ne peut que le comprendre et le partager. Moi aussi c'est à Paris, à la Halle Saint Pierre, que j'avais fait cette fascinante découverte.
Les galeries de Bretagne font l'objet de mes visites répétées et au fil des mois j'ai eu le plaisir de savourer les dioramas de Sévellec. J'attendais avec impatience la sortie d'un nouvel ouvrage sur l'artiste . Début juin j'ai (re)visité les deux galeries qui se font face rue du Frout, découvert de nouvelles boîtes et je me suis offert un petit ouvrage à l’iconographie très riche et aux textes très forts .
Henry Le Bal a pris soin de disposer des chaises devant les vitrines à l’intention de ses visiteurs et on ne peut que s'attarder car comme le dit le galeriste dans l'ouvrage "Les décors de la mémoire" : "Devant une œuvre de Ronan-Jim
Sévellec, assez vite, l’œil demande à la raison de s’asseoir, de prendre
un siège et rester un temps « ainsi » à regarder…"
Ailleurs le galeriste évoque "l'enchantement, pour y entrer, comme on entre dans une sonate ou un concerto."
Quant au créateur c'est un taiseux, un magnifique et talentueux taiseux : " C'est l’œuvre qui doit parler, c'est elle qu'il convient d'interroger. C'est elle qui nous dira, nous chuchotera ce que nous souhaitons connaître, ce qui est du domaine de l'imperceptible, de l'ineffable, ce qui relève de l'inconscient ... Ce qui est précieux ou sublime ou fascinant dans une œuvre est précisément ce que l'auteur aurait été incapable de formuler autrement que par l'exercice de son art."
Amis d'ici, amis d'ailleurs, j'espère que vos pas se feront bretons car Quimper peut s'enorgueillir d'une exceptionnelle exposition !
"Je rêve d’être Alice. De me faire toute petite pour visiter les boîtes à trésors de Ronan-Jim Sévellec."
Martine de Saint Jan
" J'aime les lieux où se côtoient usures, dégradations, ravaudages,
seuls de tels ensembles qui sont la somme d'une multitude de menus
incidents, de petits frôlements et d'anecdotes dérisoires sont à même de
rendre cette couleur, cette patine que j'aime à voir aux choses... et
qui leur confère cette impression d'immuabilité que je cherche. "
" Mon expression est une somme d'anecdotes : une cicatrice ici, là un éclat dans le carrelage, un papier peint lacéré, une tache bleue sur le tapis. Une superposition encore bien plus qu'une mosaïque d'anecdotes, d'histoires, d’événements, de mouvements, de passages dont il ne resterait que les griffures, les empreintes, les souillures. Un peu comme un café dont on ne considèrerait que le marc dans de hasardeuses spéculations sur l'avenir."
" Je suis le spectateur autant que l'ouvrier de ces mutations"
Les titres de Ronan-Jim Sévellec sont à l'image de celui-ci :
Une odeur de santal que ta chair m’a laissée
"Poétique. À l’image du titre de la boîte reproduisant une chambre : Une odeur de santal que ta chair m’a laissée…
Dans
chaque boîte, derrière chaque vitre, un univers désuet, un peu
décrépit, composé d’une foule de détails : tous ces petits pinceaux, ces
livres, ces bocaux, ces portraits anciens, ces petits objets du
quotidien… Comme des décors de théâtre qui viendraient d’être quittés.
Le lit est encore défait, le thé est servi sur la table basse, le modèle
pose dans l’atelier…
Plongeant
mon regard sur chaque accessoire disposé avec minutie et, certainement,
une patience folle, je reviens avec nostalgie au temps des maisons de
poupée. Je suis Alice et j’imagine des vies habitant ces espaces
sombres, un peu étranges, abandonnés. Ronan-Jim Sévellec en appelle à
notre part d’enfance."
J'ai eu la chance, il y a quelques mois, de retrouver à Quimper à la Galerie de Bretagne, les incroyables boîtes de RONAN-JIM SEVELLEC découvertes à Paris chez Béatrice Soulié en 1995 puis en 2018 à la Halle Saint Pierre.
Voilà ce que Martine de Saint Jan avait écrit sur cette exposition :
"Dans chaque boîte, derrière chaque vitre, un univers désuet, un peu
décrépi, composé d’une foule de détails : tous ces petits pinceaux, ces
livres, ces bocaux, ces portraits anciens, ces petits objets du
quotidien… Comme des décors de théâtre qui viendraient d’être quittés.
Le lit est encore défait, le thé est servi sur la table basse, le modèle
pose dans l’atelier…
Plongeant mon regard sur chaque accessoire
disposé avec minutie et, certainement, une patience folle, je reviens
avec nostalgie au temps des maisons de poupée. Je suis Alice et
j’imagine des vies habitant ces espaces sombres, un peu étranges,
abandonnés. Ronan-Jim Sévellec en appelle à notre part d’enfance."
Nouvelle visite en ce mois d'octobre et la même fascination pour cet extraordinaire travail car "si les constructions de Ronan-Jim SEVELLEC nous étonnent, elles nous émeuvent surtout. En piégeant le temps dans chacune de ses boîtes, Ronan-Jim SEVELLEC s'adresse avec bonheur à notre mémoire collective."
«Dans une ambiance d’autrefois qui
pourrait appartenir à une Mittle Europa oubliée, au rêve d’empires
lointains, perdus dans les limbes d’une histoire oublieuse, de cités
d’un Moyen-Orient ensablé, Ronan-Jim Sévellec a donné une forme à ses
fantasmes dans la décrépitude et l’inscrustation physique du temps.»
in Vénus et la corde à linge, de Eric Dissert -La Quinzaine Littéraire N°1186
"L'univers de Ronan Jim Sévellec est surprenant. C'est en maître qu'il
parvient à mettre le monde en boîte, en vitrine. Un monde qui lui
appartient, qu'il recrée, modèle avec détail, lui permettant de
s'échapper dans un univers imaginaire. Une atmosphère kafkaïenne se
dégage de cette œuvre désertée de toute présence humaine. Elle appelle
le visiteur à pénétrer dans l'intimité de cet autre qu'il ne connait
pas. La force de Ronan Jim Sévellec, lui renvoyer l'image de lui-même,
de la nature humaine. Fragilité, désordre, recherche permanente
d'équilibre, on est happé, fasciné. Plus qu'un décor de théâtre, chaque
visiteur finit par devenir observateur puis acteur à son tour..."
Christine Dufay
"Un art de l'illusion, une perception d'un monde nostalgique proche de
celui des maisons de poupées ou bien au contraire d'un univers
fantasmagorique où l'angoisse est tapie dans ces lieux décrits avec tant
de précision qu'ils en sont d'autant plus inquiétants..."
Alix Saint-Martin
Henry Le Bal, le propriétaire de la galerie, est tombé amoureux fou de cette œuvre unique et prépare un livre sur cet artiste qui devrait sortir à l'été 2022. Voici un texte écrit par lui en septembre 2020 :
"Il y a une trentaine d’années, ami de Joël- Jim Sévellec, nous
discutions tous deux dans la bibliothèque, si heureusement dense, dans
son appartement brestois de la rue Yves Collet. La fenêtre était ouverte
sur la mer et nous devisions, débonnaires sur la différence entre la
morale et l’éthique. Un moment vint, vespéral, où posant son verre, le
noble agrégé de lettres classiques déclara : « C’est la même chose.
Simplement il y a un mot qui vient du Latin et un autre du Grec. C’est
comme piscivore et ichtyophage... c’est la même chose, tous les deux
mangent du poisson mais l’un à Rome et l’autre du côté d’Athènes. » Une
dizaine d’années plus tard, marchant dans une petite rue de Paris, une
affiche me parle d’une exposition d’un certain Sévellec. Un autre Jim,
mais Ronan-Jim cette fois. Le frère, apprendrai-je peu après. Les deux
fils de Jim donc, le peintre de Bretagne des années cinquante-soixante. Et
là je découvre, dans cette petite rue près de l’église Saint Roch, une
exposition ni de peintures ni de sculptures. Une exposition qui me
laisse sans voix de ne pouvoir mettre un seul mot à ce qu’alors je vois. Me
voyant plus éberlué qu’un dodo devant une jeune Alice, la dame des
lieux me dictionna très laroussement que ce que nous avions devant les
yeux avait pour nom : diorama. Diorama. J’étais à présent plus riche
d’un mot nouveau. D’un mot dont j’eus aimé connaître l’inventeur.
Dio-rama... : « à travers le panorama »... et Panorama... :
pan-horama... « tout du spectacle »... ou « tout comme spectacle », le
spectacle du tout. Le mot m’enchanta, au point qu’il me parut un
temps, que l’ayant en bouche, à l’idée, j’étais ainsi débarrassé de ce
que j’avais vu. Mais plus le mot était là, DIORAMA, plus il n’y avait
rien à faire, les œuvres de Ronan-Jim Sévellec me faisaient signe de
revenir voir, et voir, voir encore, une autre, une autre fois. Et je
revins. Revins d’exposition en exposition. Revins jusqu’à rencontrer
enfin l’homme qui créait ces objets, ces choses, ces dioramas… ces
choses-là appelées « diorama ». Et l’homme me rappela son frère, le
professeur de Lettres Classiques. L’homme avait le phrasé élégant de
ceux qui lisent, qui parlent naturellement comme parlent les personnages
de théâtre ou de grands romans avec cette sorte de délectation à
rechercher le mot exact, cette sorte de courtoisie extrême à forcer sa
pensée à la précision, cette politesse à offrir à la personne à qui l’on
s’adresse une élocution toute de l’unisson de l’essentiel et de
l’inattendu. En un mot commençant : « Ainsi.. » , ainsi vraiment ces
choses-là n’avaient pu être créées que par cet homme-ci : et pour
preuve, leur titre. A l’heure où l’on expose de plus en plus d’œuvres
désignées sous l’accroche : « Sans titre 1 » ou « Sans titre B-4 »,
Ronan-Jim Sévellec nous donne à être ébahi par un atelier d’artiste
intitulé évidemment : « L’Atelier de Cornélius Schoonbeke », émerveillé
par une « boîte » intitulée bien sûr : « Sark Kahvesi » (le café turc),
ou telle autre initiant le regard du visiteur au cœur de « L’heure étale
» Devant une œuvre de Ronan-Jim Sévellec, assez vite, l’œil demande à
la raison de s’asseoir, de prendre un siège et rester un temps « ainsi »
à regarder... Le temps de se sentir entrer à l’intérieur, le temps
de ne plus tenir compte du temps, avant de découvrir, pas à pas-faisant
que ce lit défait à l’intérieur est peut-être celui du personnage qui y
habite. Que ce lit défait est celui de ce matin même, que ce fauteuil
est celui dans lequel, moi, qui viens de rentrer, lis son journal, ou ce
roman encore ouvert.
Encore que...
Encore qu’une
impression d’abandon, voire de décrépitude, finisse par prendre place en
l’esprit. A tel point que si le moi qui découvre l’œuvre ait peu à peu
le sentiment de revenir chez lui, il ne le fait qu’après quelque chose
comme une longue absence. Moi qui regarde, qui entre, suis celui qui
revient. Et cette atmosphère d’abandon, de délabrement pourrait bien «
être » la traduction d’une nostalgie, cette si classique douleur du
retour. Un retour d‘où ? Ça, c’est à moi de le dire.... A moins que moi
n’en n’ai plus même le souvenir et que ce que l’œil voit soit cet
ensemble d’objets écueils à l’eau étale d’une amnésie. D’autant qu’être
sans mémoire c’est n’avoir plus d’autres souvenirs que celui-ci : la
mémoire était la mère des 9 muses, la même des arts.
Ou...
Ou
si l’on y voit des projets de décors de théâtre ou de cinéma, selon que
l’on serait retourné visionner tel « Tchao Pantin » pour en goûter le
lézardé on met peu de temps à se désillusionner. Moi cesse rapidement
d’être spectateur pour se sentir devenir acteur, personnage, à moins que
cela soit pantin d’un jeu de tire-ficelle dont nul ne sait la main.
Reste que...
Reste
que devant tant de merveilles de création tant de 4èmes de murs ouverts
sur le songe, demeure cette question : au final, qu’est-ce-que-c’est ?
Oui qu’est-ce que je regarde ? Qu’est ce que je vois dont j’aimerais
trouver le nom, un nom qui soit non une définition définitive mais une
manière d’interrogation des mille et une façon de décrire
l’émerveillement. Un mot donc du genre de celui-ci : un qu’est-ce-que
c’est-? Ou pour faire, qui sait, plus dico : un keskecêt. Ronan-Jim nous a « ainsi » confié ses keskecêts pour les offrir aux regards jusqu’à Noël. Quel cadeau... A y croire ...
Voici aussi les photos Joël Laiter
... "autant de lieux aliénants d'une inquiétante précision : des lieux
inventés, méticuleusement recréés en trois dimensions et où le regard
pénètre comme par effraction..."
La gazette de l'Hôtel Drouot
Ronan-Jim SEVELLEC est né à Brest en 1938. Très jeune, il s’initie au dessin, au modelage et à la peinture auprès de son père, l’artiste breton Jim-E.SEVELLEC, Peintre Officiel de la Marine. Ses premiers dessins paraissent dans la presse dès 1960. Etabli dans la région parisienne depuis 1967, il exerce la profession d’illustrateur, réalise des maquettes pour des productions cinématographiques, continue de peindre et participe à de nombreux salons. En 1977, une exposition lui est exclusivement consacrée à la galerie Michel-Ange à Brest. Mais l’artiste va progressivement délaisser la peinture pendant plusieurs années au profit d’un travail entièrement tourné vers le volume. Trop général, ce mot signifie précisément modelage, montage, assemblage. Le terme « maquette » serait en l’occurrence aussi approximatif que réducteur. Pendant plus de dix ans, Ronan-Jim SEVELLEC disparaît du monde des expositions pour travailler ses volumes.
En 1989 pour la première fois, il présente ses boîtes d’inspiration surréaliste à Elbeuf en Normandie. Son oeuvre révèle année après année une vraie maturité autant qu’une vraie cohérence d’ensemble. En 1995, son exposition à Paris, à la galerie Soulié, rue Guénégaud, le révèle véritablement au milieu parisien.
Parallèlement à cette activité Ronan-Jim SEVELLEC peint, créé des objets et réalise des illustrations. Il a signé certaines de ses oeuvres peintes et travaux d’illustration : Ronan-Jim, Rogel et C. Schoonbeke.