Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs …

Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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Affichage des articles dont le libellé est Raymond Reynaud. Afficher tous les articles
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jeudi 29 août 2013

RAYMOND REYNAUD A SALON DE PROVENCE : A L'ESPACE CULTUREL DE LAMANON

J'avais vu les photos de Laurent Danchin et j'ai été ravie de découvrir cette belle exposition de Salon de Provence où les œuvres respirent sans doute plus que dans l'incroyable Maison-Musée d'Arlette et de Raymond.
Une belle mise en valeur donc et une présentation de l'incontournable Don Quichotte avec non seulement des tableaux mais aussi des sculptures et une vidéo à regarder obligatoirement pour retrouver le phrasé de Raymond Reynaud ...




 " Je ressens profondément la poésie des objets vieillis et blessés par le temps . Pour moi, ces objets sont porteurs d'une force intérieure mystérieuse qui me parle et me touche" .




 

(la sirène bleue-2006)

(L'ange de l'Annonciation -2007)

 
(La prieuse aux oiseaux -1981-1996)

(La Mariée II - 1986)


 " L'âme que je trouve dans ces morceaux de bois ou ces choses qui vont me servir à des montages de sculptures (...), c'est une âme presque morte, dans le coma, mais cette chose qui me semble encore vivante on peut la sauver et en faire autre chose ."


(L'Apôtre- 1985)



(La veuve des regrets -1991-1995)




( Le Pierrot des 3 lunes- 2001)



 ( La prieuse bleue aux anges blancs -1981 et 1996-97)


 (Fanfare honneur rouge et vert  - 1972)


 (Fanfare en manœuvre - 1974)


(L'avarice lion 1977-1978)





(Le Don Quichotte- détails)






 (Photo extraite du film de Jean-Michel Zazzi - 1999-2000- extrait de 20 mn)





RAYMOND REYNAUD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE 

(cliquer sur le lien) 


Espace culturel Robert de Lamanon

120 rue Lafayette. (anciennement le Septier). 
13300 Salon-de-Provence 
Tél:  04 90 44 89 90
Accueil au public :
Du lundi au vendredi de 15h30 à 19h30Samedi et dimanche de 10h à 12h et de 15h30 à 19h30
Entrée gratuite

Catalogue de l'exposition vendu sur place


JUSQU'AU 29 SEPTEMBRE 2013 ! 

Merci à Céline et à  Barbara pour leur accueil !

mardi 6 août 2013

RAYMOND REYNAUD VU PAR LAURENT DANCHIN ET APOLLINE LEPETIT













(photos prises par Apolline Lepetit dans la maison-musée de Sénas)



" Minutieux, presque monacal, ornemental et symbolique jusqu’à l’ésotérisme, l’art de Raymond Reynaud tourne le dos au réalisme, cherchant une vérité intérieure, poétique et spirituelle, qu’il enseigne à ses disciples par la voie maïeutique, à la façon de Socrate ou du Lee Strasberg de l’Actor’s Studio : par la recherche méthodique, exigeante, laborieuse même, d’une autre façon de voir les choses, afin de trouver au fond de soi sa vraie inspiration et de s’engager sur un autre chemin que celui des pratiques habituelles. « Rimes » et « rythmes », « mystique » et « mystère » se confondent dans le langage de Reynaud qui, pour explorer l’inconnu, donner à voir le jamais vu, s’appuie sur l’échafaudage de théories à lui seul familières : aujourd’hui Charles Darwin et le dessin (dessein ?) intelligent, hier le magnétisme, les forces du plexus ou le troisième cerveau.

Car Raymond est aussi un philosophe populaire, dont l’ambition sociale retrouve celle de célèbres prédécesseurs comme Chomo, Chaissac ou le Facteur Cheval. Artiste artisan, peintre ouvrier, il veut prouver la valeur de sa classe d’origine face au matérialisme mondain de la culture des ‘bourgeois’. Plus méditatif que spontané, son art, bizarre sans doute mais pareil à nul autre, est un art engagé, une forme de résistance, écologique à sa manière, au côté destructeur et malsain de la société de consommation. Et c’est pourquoi, plutôt que vendre, Reynaud préfère montrer l’exemple en exposant ses polyptyques, ses mandalas et ses totems dans son propre musée, comme autrefois on chantait la gloire du ‘bon Dieu’ sur les tympans ou chapiteaux des petites églises romanes qu’il aime tant."   

Laurent Danchin

Préface du catalogue Raymond Reynaud, réalisé à l’occasion de la rétrospective du Château de l’Empéri, à Salon-de-Provence, du 13 juillet au 29 septembre 2007. Raymond Reynaud est mort le 10 juillet 2007, à trois jours du vernissage de son exposition, dans sa 87ème année. 



*** Jusqu'au 29 septembre 2013 ne manquez pas l'exposition de Salon de Provence !


 



Espace culturel Robert de Lamanon

120 rue Lafayette. (anciennement le Septier)
13300 Salon-de-Provence 
Tél:  04 90 44 89 90
 Du lundi au vendredi de 15h30 à 19h30Samedi et dimanche de 10h à 12h et de 15h30 à 19h30
Entrée gratuite

Catalogue de l'exposition vendu sur place



LES GRIGRIS DE SOPHIE ET RAYMOND REYNAUD 

 (cliquer sur le lien)


 

vendredi 26 juillet 2013

RAYMOND REYNAUD A L'ESPACE CULTUREL ROBERT DE LAMANON A SALON DE PROVENCE


Je n'ai pas eu la chance de rencontrer RAYMOND REYNAUD mais j'ai fait  la connaissance de sa femme Arlette et j'ai visité, avec Apolline,  leur incroyable maison-musée ...

Un mail de Laurent Danchin m'apprend que dans le cadre de "Marseille capitale européeenne de la culture" une magnifique exposition a commencé le 5 juillet à Salon de Provence  .

Celle ci durerea jusqu'au 29 septembre alors si vos pas vous ménent en Provence ne la manquez surtout pas!

Quelques visuels envoyés par Laurent  pour vous donner envie ! 




" Exposition « Raymond Reynaud, un singulier de l'art »
Découvrez un artiste « singulier », en la personne de l'artiste salonais Raymond Reynaud. 
Jean Dubuffet trouvait son œuvre "si insolite et si créative"...
La même esthétique raffinée et complexe se retrouve dans ses dessins à l'encre de chine.

Ses sculptures, réalisées à l'aide d'objets ramassés aux bordilles (décharges publiques - car cet artiste-artisan n’a cessé de dénoncer le gaspillage et les excès de notre société consumériste) ou de branches refaçonnées par la Durance, représentent d'étranges et fantasmagoriques personnages, sorte de métamorphoses du corps qui visitent les profondeurs de l'inconscient.



Une œuvre singulière qui échappe à toute définition, suscite étonnement puis émerveillement."


 


 " Au premier regard, il ne payait pas de mine Raymond Reynaud, petit, voûté par les années, d'une gentillesse extrême, sa casquette éternellement vissée sur sa tête... Sa peinture était à l'opposé de cette apparente simplicité : flamboyante, fouillée, travaillée, toujours en quête de sens. Selon la citation d'Aristote qu'il avait fait sienne : Raymond Reynaud voulait, à travers son art, "figurer le sens caché des choses", trouver une vérité intérieure, la sienne pour mieux interpeller celle des autres. Il s'y est employé jusqu'à son dernier souffle, le 10 juillet 2007, à l'âge de 86 ans, alors que trois jours plus tard sa ville natale de Salon allait lui consacrer une première rétrospective.
Six ans plus tard, la commune lui consacre une nouvelle exposition, dans le cadre de Marseille Provence 2013, au sein du tout nouvel espace culturel Robert-de-Lamanon. Une vingtaine de tableaux et autant de sculptures ont été sélectionnées parmi une oeuvre colossale de 450 pièces. On retrouve des peintures majeures comme par exemple son polyptyque consacré à Don Quichotte ou encore La danse macabre des sept pêchés capitaux. On retrouve aussi ces incroyables sculptures faites à partir de petits bouts de rien, d'objets délaissés sur les bords des chemins, dans les décharges publiques des bords de Durance qu'ils récupéraient de ci, de là, des filets, une vieille paire de gants, des bois morts... et qu'il agrégeait les uns aux autres pour leur donner une époustouflante seconde vie. Raymond Reynaud disait haïr par-dessus tout la société de consommation. Il ne voulait pas vendre son travail, se souciait peu, au travers des techniques qu'il privilégiait, de leur pérennité... Autant d'éléments qui expliquent que l'artiste, dont la créativité était reconnue par Jean Dubuffet, soit peu représenté dans les musées, même si on retrouve certaines de ses pièces dans ces temples de l'art brut et de l'art singulier que sont la Fabuloserie de l'Yonne ou encore la Collection d'Art brut de Lausanne.
Raymond Reynaud ne cédait pas ses œuvres, il s'enroulait autour d'elles dans son extraordinaire maison-musée qu'il métamorphosait au fil des ans pour accueillir ses expressions. Pour autant, il aimait partager, recevoir des visiteurs dans ce lieu fabuleux, situé à Sénas, quartier de la Peyronnette. Il aimait transmettre son savoir ce qu'il a fait, à partir de 1977 au sein de l'atelier du Quinconce vert. Aujourd'hui, de l'avis de son neveu, Michel Semal, il serait heureux de partager cette exposition avec le large public de Marseille Provence 2013. "Je suis en fête de redécouvrir toutes ces choses-là dans ce lieu", disait-il, jeudi soir, pour le vernissage. Le temps de quelques paroles, il a rendu vie à son oncle racontant comment il avait fait sa connaissance à l'âge de 5 ans, comment l'artiste lui avait donné un crayon et lui avait dit : "Dessine". "C'était une scène banale mais dans mon histoire, elle a compté. Raymond Reynaud voulait donner le goût de l'exploration, du sens caché. Il enseignait la poésie, le fantastique qu'il y a dans les choses apparemment les plus anodines."

L'exposition qui est à voir jusqu'au 29 septembre est donc à cette image : poétique et fantastique."

Claire Aybale


(Don Quichotte détail)

 (Don Quichotte détail)

 (Mandala)




(Mandala)






 (Danseuse)
 (Don Quichotte détail)

 ( La ronde des péchés capitaux)

  (La Vierge noire)

 (Mandala)

(Suzanne et les vieillards)

Espace culturel Robert de Lamanon

120 rue Lafayette. (anciennement le Septier). 13300 Salon-de-Provence 
Tél:  04 90 44 89 90
Accueil au public :
Du lundi au vendredi de 15h30 à 19h30Samedi et dimanche de 10h à 12h et de 15h30 à 19h30
Entrée gratuite

Catalogue de l'exposition vendu sur place



RAYMOND REYNAUD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE 

(cliquer sur le lien) 





  (Raymond Reynaud Jean de Florette MIAM (Sète) Photo Pierre Schwartz)


*** Le triptyque de Jean de Florette figure actuellement dans l'exposition Hey! 2 de la Halle St Pierre qui fermera ses portes fin août. La ville de Salon montre l'autre chef d'oeuvre, le Don Quichotte (que j'avais présenté dans Art Brut & Cie en 1995)  me dit Laurent ....

jeudi 3 janvier 2013

2013 RAISONS D'AIMER 2013 ... DANIELLE JACQUI, RAYMOND REYNAUD ET ERNEST ET CELESTINE ....


Les premiers vœux sont arrivés !

D'un peu partout, de Hongrie (Melitta), d'Italie (Joanna), des Pays Bas (Henk), de Corse (Claude), des vœux en breton aussi (Jean-Jacques) !
Beaucoup évoquent les voyages à venir : La Roumanie et le cimetière de Sapanta pour Ghislaine et Philippe, Venise et son Carnaval puis l'Ecosse pour Jean-Michel...
D'autres ont commencé l'année avec un petit séjour en pays flamand (Marie-Christine et Jean-Charles) .
Michel a rencontré Paul Amar et Rosie et évoque leur vitalté renversante, Alain me souhaite un blog bien "dodu" et j'avoue que ce mot me réjouit !
Valérie et Nicolas m'annoncent leur nouvelle vie à deux, Odile sera  grand-mère en mai et Pierre verra la parution de son nouveau livre en mars  .
Catherine vide son atelier à Lyon et de cela je reparlerai bientôt sur les Grigris !
Thierry évoque l'année des Manchots " résistant aux conditions extrêmes, grégaires et solidaires"....
 Michel écrit ... 2013 raisons de penser que l'Art donne à l'homme l’accès à sa métamorphose et que la poésie est peut-être encore l'ultime voie d'espérance offerte à l' humanité."
Marie me dit que " pour elle chaque année recommencée est une nouvelle aventure vers l'art", Anne-Marie
envoie ses vœux avec l'œuvre de Pascale Marthine Tayou " l'arbre à palabres"  et écrit " Alors continuons ou commençons à palabrer" et Albert qu'" il faut espoir garder jusqu'au dernier souffle. C'est cela la vraie condition humaine. C'est pour cela que 2013 sera encore plus belle car elle sera ce que nous en ferons".

 Il y a aussi le beau message de Jacqueline :

"... la vie qui, tous les jours, reprends son cours
... avec l'eau que l'on découvre au creux d'une souche
... avec la cabane que l'on répare depuis des semaines pour le petit qui est là
... et puis tout à coup, dans l'urgence, pour le petit nouveau qui va naître...
... dans un potiron peut-être, si lourd, qu'il faudra faire appel à "famille brouette"
... avec Lili qui adore tellement les fleurs qu'elle les mange parfois 
... avec le soleil doré qui se couche pour revenir tous les demains
avec, avec, avec... des photos de tous les jours, c'est ça la vie.
Il faut, comme toi, beaucoup l'aimer, pour qu'elle revienne quand elle fait mine de s'en aller ou qu'elle s'en va vraiment avec des êtres qui nous sont chers."


Et puis il y a le commentaire laissé par Jean-Pierre :

 "Alors un petit défi pour commencer l’année ? Pourquoi pas ?
-Le monde sera beau / Je l’affirme et je signe-chante Jean Ferrat.
Si j’étais un pessimiste systématique, j’hausserais les épaules : Ferrat pense sans doute à l’avenir radieux offert par le marxisme léninisme. Brrrr….
Du coup je trouverais que les gens qui se réjouissent sont des niais ou des affabulateurs.
Et l’enfant qui cours vers moi et qui jette ses bras autour de mon cou ? Et l’alouette qui monte dans l’azur en gazouillant ? C’est bien réjouissant, non ?
Mais l’enfant deviendra un adolescent ricanant et le chasseur à l’affut attend que l’oiseau soit tout en haut du ciel pour l’abattre…

Moi, je crois que le monde sera beau tant qu’il y aura des gens comme Jean Ferrat capables de le chanter avec une belle et chaude voix. Et donc je crois qu’on peut se réjouir à condition de savoir chanter – ou au moins de créer, quelque chose qui nous réjouisse. Après tout quand j’écris des textes qui m’excitent un peu, ou quand en lisant – ou en voyant un film – je trouve des idées que je ne savais pas posséder – je pense que la vie vaut la peine d’être vécue.

Bref : je trouve des raisons de me réjouir non pas dans ce que j’espère, mais dans ce que je fais.
C’est être prétentieux que de dire cela ? Et alors ?



**** Pour vous aujourd'hui mes trois  bonheurs (très différents certes) de ce 1er janvier 2013 :

* ERNEST ET CÉLESTINE au cinéma, une petite merveille à voir seul, tout seul et sans honte!


* Un échange fabuleux avec DANIELLE JACQUI ...

Je ne sais pour quelle raison j'avais noté que l'anniversaire de Danielle était le 1er janvier !
Hier donc petit message d'amitié et pensées pour cette femme que j'admire tant !
Puis plus tard  petit tour sur facebook et oh consternation Danielle Jacqui est né le 2 février  ...
Donc mail d'excuse et .... LA RÉPONSE DE DANIELLE !


bonjour sophie et bonne année 2013
En fait..............Vous ne vous trompiez pas tellement.
Ma légende veut, et c'est plus qu'une légende, puisqu'elle a toujours été racontée par "Renée", ma Maman. J'étais attendue, pour les tout premiers jours de janvier!
Mais je ne voulais pas sortir!
La peur, toujours elle, je suppose!.........."Dépassant mes peurs, j'avance dans la vie"!
je suis arrivée le 2 février, finalement.
Ma maman racontait que j'avais des cheveux longs jusque dans le cou, et des ongles qu'il a fallut couper tant ils avaient poussé dans la tiédeur du sein maternel.
du coup, légende ou pas!
les astrologues qui regardent mon horoscope et sans même être mis au courant des aléas, disent que la difficulté de ma vie est que j'aurais deux karmas. Celui de ma date attendue en début janvier et celui de mon arrivée en ce monde le 2 février!
et la légende se confirme en ce moment, ou mes deux vies croisent les deux grandes parallèles de karma, à l'instant encore où vieille dame j'aspirerais au respect de mon âge, et à demeurer dans la seule conflagration qui m’intéresse: le Colossal d'art brut-ORGANuGAMME-
Je nous la souhaite bonne cette neuve année, chère Sophie, et je vous embrasse.
danielle
PS En tous les cas, si vous aimez les histoires, c'en est une!



* Et enfin un (très beau)texte d'Alain Paire reçu à 23h40 sur Raymond Reynaud et qu'il faut découvrir dans sa totalité sur son blog :

Raymond Reynaud, un artiste de la Neuve Invention chez Marseille 2013



decharge






















Raymond Reynaud, à La Peyronnette, près de Senas (photo Jean Bernard). 

Il était né à Salon-de-Provence le 8 octobre 1920. Sa ville natale ainsi que l'association des amis de, Raymond Reynaud organisent pour le prochain été, sous la responsabilité de Juliette Laffon, déléguée
 aux arts plastiques de Marseille-Provence 2013, une rétrospective qui regroupera une, cinquantaine
de ses peintures et de ses sculptures dans la Salle Septier de Salon, du 6 juillet, au 29 septembre.,
 Raymond Reynaud était un homme plein d'humour, de malice et de délicatesse. La faconde
méridionale, les éclats de rire, le courage et la vivacité de ce personnage foncièrement simple et
généreux étaient, merveilleusement contagieux. Son coeur fut souvent malade, de méchantes dépressions
 le guettèrent, et le maltraitèrent lorsqu'il fut contraint d'abandonner son métier de peintre en bâtiment. Plusieurs, médecins, des guérisseurs plus ou moins convaincants, un grand amour de la vie, la compagnie d'Arlette, qu'il épousa en 1959, toutes sortes de ruses et de finesses, ainsi qu'une très belle force intérieure lui, permirent d’œuvrer entre Alpilles et Durance, jusqu'à l'âge de 87 ans., Sa biographie raconte qu'il avait perdu sa mère dés l'âge de douze ans et que son père s'était remarié., Il n'avait pas réussi son certificat d'études. Tout en devenant apprenti-peintre en bâtiment, il avait, volontiers participé aux cours du soir de l'école d'art de Salon : des natures mortes et des paysages, provençaux sans saveur particulière témoignent pour son assiduité. Il suivit aussi des cours de solfège., Son saxophone lui permit de fonder des orchestres de bal-musette qui sillonnèrent les campagnes, pendant cinq joyeuses années : les petits groupes d'amis qu'il avait réunis s'appelaient, Donald et ses boys, Rigth Music, ou bien Bikini Jazz.


3Edouard
































"Monsieur Edouard", gouache huilée sur contreplaqué, format  60 x 88 cm (photo Jean Bernard).


( A noter les magnifiques photos de Jean Bernard qui accompagnent cet article)



LE LIEN VERS LE TEXTE D'ALAIN PAIRE 
à lire absolument !

(cliquer sur le lien) 
 


jeudi 22 mars 2012

RAYMOND REYNAUD : ELEMENTS BIOGRAPHIQUES ET VIDEO

Raymond Reynaud (1920-2007)

1920 (8 octobre) : naissance à Salon-de-Provence de Raymond Reynaud, fils de François Reynaud et de Charlotte Vouland, commerçants en grains et fourrages. Raymond perd sa mère vers l’âge de douze ans et sera élevé par sa « marâtre » après le remariage de son père.

1934 : ayant échoué au Certificat d’Etudes, il devient apprenti-peintre en bâtiment.

1935-1939 : suit parallèlement les cours du soir de peinture (décoration), d’anatomie et de fusain et crayon à l’école d’art de Salon, où enseignent des artisans bénévoles. Obtient un premier prix de dessin anatomique et un troisième prix de fusain. Bouleversé par la découverte d’un nu cubiste de Picasso, il continue à peindre des paysages provençaux dont il n'est pas satisfait. Par suite de problèmes cardiaques, il est réformé au conseil de révision.

1940-1944 : travaille comme peintre de lettres au camp d’aviation de Salon. Passionné de musique populaire, il étudie le solfège et apprend à jouer du saxophone.

1944 : forme un orchestre musette (Donald et ses Boys, puis Right Music, Bikini Jazz et Atomic Jazz) et anime de nombreux bals pendant cinq ans, gagnant assez d’argent pour s’établir à son compte.

1948 : s’installe comme artisan peintre à Sénas où il exercera cette activité pendant dix-sept ans. Prend l’habitude, quand il termine un chantier, de laisser une de ses peintures au-dessus de la cheminée.

1950 : sur le conseil d’un instituteur, Jean-Marie Serre, suit un premier stage d’arts plastiques auprès de peintres travaillant dans le courant de l'Ecole de Paris. Jusqu’en 1980, devenu lui-même animateur, il suivra de nombreux stages à Marly-le-Roi, Dinan et Boulouris, dans le cadre des Académies Populaires ou d’associations liées à la Fédération Léo Lagrange. Ses instructeurs sont Lucien Lautrec, Gilles Duché, Renée David et Pierre Hussenot.

1952 : sous l’égide de l’Académie Populaire d’Arts Plastiques de la rue Tournefort, à Paris, fonde le Groupe d’arts plastiques des Alpilles, qu'il anime à Salon-de-Provence jusqu'en 1958, date à laquelle il arrête de peindre pendant dix ans, se sentant bloqué et prisonnier d'un système.

1959 : épouse Arlette Roux, membre du groupe des Alpilles. Le couple s’installe à Orgon.

1964: déménagement au Quartier de la Peyronnette à Sénas.

1965 (septembre) : met fin à son entreprise d’artisan-peintre, affaibli par de graves problèmes de santé (jusqu’à la retraite, il percevra une pension). Dix ans de dépression s’en suivent.

1968 : se remet au dessin puis à la peinture, sous le choc de la découverte des naïfs yougoslaves et de Gaston Chaissac, au musée des Ponchettes, à Nice. Son œuvre personnelle commence. Travaille par thèmes ou par séries : les quatre saisons, les sept péchés capitaux, les cirques, les fanfares.

1973 : première exposition personnelle à la Mairie de Saint-Maximin.

1976 : participe à une exposition « Autour de Chaissac » à l’abbaye St Pierre de Maillezais, en Vendée.

1978 : fondation du Quinconce Vert, atelier pour adultes, à la MJC de Salon-de-Provence. Premiers totems et assemblages de bois récupérés dans les ‘bordilles’.

1979 : exposition au Couvent Royal de St Maximin, organisée par Jean-Claude Caire, avec la participation de Frédéric Altmann.

1980 (août) : visite à la Collection de l’Art Brut de Lausanne, rencontre Michel Thévoz.

1981-1985 : polyptique sur le thème de Jean de Florette de Marcel Pagnol.

1982 (8 avril) : lettre d’encouragement de Jean Dubuffet. Par la suite, les travaux de Raymond Reynaud entreront dans la collection Neuve Invention à Lausanne (collection annexe de l’art brut).

1984 : envoi de deux sculptures à Lausanne.

1986 : entre en contact avec Madeleine Lommel de l’Aracine, Alain Bourbonnais de La Fabuloserie et Françoise Henrion d’Art en Marge, à Bruxelles.

1987 : rend visite à Chomo, dans la forêt de Fontainebleau.

1988 (20 septembre) : opéré du cœur à l’hôpital de La Timone à Marseille.

1989 (octobre) : maîtrise d’Alice Spilmont-Anglade sur Raymond Reynaud, peintre singulier, à l’Université Paul Valéry de Montpellier.

1990 : dissolution du Quinconce Vert, remplacé par le Mouvement d’Art Singulier Raymond Reynaud, réunissant des créateurs « dans la mouvance de l'art singulier ou brut ».

1992-1994 : Polyptyque sur le thème de Don Quichotte.

1993 : Raymond Reynaud : le troisième cerveau, documentaire de Stéphane Jean-Baptiste, Pascale Massicot et Eric Potte, Art et Communication, Nevers.

1993 (juin) : deux tableaux envoyés à Lausanne.

1995-1996 (octobre-juillet) : Don Quichotte présenté dans Art Brut & Compagnie, à la Halle Saint Pierre, à Paris.

1995 : création de l’Association des Amis de Raymond Reynaud. Projet de musée et de fondation.

1996 (21 avril) : visite d’une délégation du Folk Art Museum de New York guidée par Chris Cappiello et Beth Bergin (photo datée lundi 6 mai 1996).

1999 : Raymond Reynaud, un singulier de l’art, ouvrage d’Alain Paire, En Manœuvres Editions, Marseille.

2000 : termine sa ‘monumentoile’ Pierrot des lunes (4m x 3m) pour les Ateliers Publics d’Allonnes. La force en dedans – Rencontres avec un peintre singulier, documentaire de Jean Michel Zazzi. On n’est pas des artistes, documentaire de Jean-Pierre Vedel, diffusé le mardi 11 juillet 2000 sur Arte (dans une soirée thématique « Les voisins nous prennent pour des ‘Picassos’ »).

2001 (octobre-novembre) : rétrospective à Martigues.

2003 (janvier-février) : exposition à l’Espace Van Gogh, à Arles.

2004 (avril-juin) : exposition au Château des Templiers de Gréoux-les-Bains.


2007 (10 juillet) : décès de Raymond Reynaud, à trois jours du vernissage de son exposition rétrospective au Château de l'Empéri, dans sa ville natale de Salon-de-Provence.

(Catalogue : Raymond Reynaud, peintre singulier maïeutique, Château de l'Empéri, Salon-de-Provence, 14 juillet - 29 septembre 2007. Copyright L. Danchin)




Chez RAYMOND. (Raymond Reynaud, créateur... par mycelium1000

Cette vidéo a été réalisée par Jean-Michel Chesné
vingt jours avant le décés de Raymond Reynaud ...

http://jmchesne.blogspot.fr/



Raymond Reynaud et Les Grigris de Sophie

Raymond Reynaud et Mycelium

(cliquer sur les liens )

jeudi 16 février 2012

DU CÔTE DE L'ART BRUT DE PATRICK MARTINAT

LE 4 MERCREDI 4 JANVIER 2012  PATRICK MARTINAT CONTINUE A PARLER DE L'ART BRUT DANS LE BERRY REPUBLICAIN




L’art brut connaît parfois des miracles



Ils étaient facteur comme Fernand Cheval ou balayeur dans un cimetière comme Raymond Isidore. Le Palais idéal de l’un et la Maison Picassiette de l’autre ont réussi à forcer la porte de la célébrité. C’est loin d’être toujours le cas.
C’est souvent l’œuvre d’une vie, un besoin obsessionnel d’achever « quelque chose » qui n’est pas forcément une œuvre à leurs yeux, mais une création qu’ils habitent et dont ils sont habités. C’est parfois très beau, souvent surprenant, toujours fascinant. Ces artistes encore trop méconnus sinon rejetés ne sont pas toujours fous. Mais trop souvent mal traités après leur mort. Leurs œuvres avec eux. Dans la région Centre, plusieurs mésaventures ont connu des fins plus ou moins heureuses. Tandis que la cathédrale de Jean Linard dans le Cher, près de La Borne, joue son avenir (elle a été mise en vente) et que le souvenir du facteur Cheval va, en 2012, offrir un double anniversaire (l’achèvement de ses travaux en 1912 et celui de son tombeau en 1922), quelques destins de monuments de cet art encore trop dédaigné peuvent amener à réfléchir sur la pérennisation de ces œuvres. « A qui la faute et faut-il trouver des responsables ? Question récurrente qui taraude les amateurs et passionnés. Au-delà de l’aspect sordide de la destruction d’une œuvre d’art, quel enseignement doit-on tirer de ce phénomène ? » s’interroge encore tout récemment Jean-Michel Chesné en légende d’une photo sur son blog ( http://jmchesne.blogspot.com/ ) prise sur place été 2008 en compagnie de Jean Linard par son complice Michel Leroux.

Pour mémoire, après avoir rappelé l’émotion suscité par la mise en vente de la Cathédrale de Linard à la fin de l’année dernière, il cite « La Tour au chinois de Jallieu balayée en 1987, la longue agonie de la Villa aux fleurs de Montbard, l’usure progressive des Rochers sculptés de Rothéneuf et tout récemment le démantèlement du jardin d’André Hardy ou la mise en vente de la propriété de Bodan Litnianski ».

Au passage, il exhume les vestiges incongrus près d’Orléans, de la Maison Artistique, « un ensemble à l’aspect un peu fatigué malgré les apparences », dans le village de Jargeau, rue de l’Echo, que les nouveaux propriétaires n’ouvrent qu’exceptionnellement à l’occasion de la journée du patrimoine.

Le miracle du Manège de Petit Pierre


Les exceptions comme souvent, ici comme ailleurs, confirment la règle. Derrière les emblématiques totems que sont Ferdinand Cheval dans la Drôme et Pierre Avezard à Jargeau, près d’Orléans (Loiret), où ce gardien de vaches propose un autre cas de figure avec le sauvetage miraculeux de son manège.

Pierre Avezard, avant de devenir Petit Pierre, c’est d’abord une gueule cassée avant l’heure. Il est né en 1909 victime d’une déformation congénitale qui a torturé spectaculairement les traits de son visage. Ceux qui l’ont connu se souviennent surtout de la douceur, la gravité, l’humilité et la ténacité qui émanaient de son œil valide et rendaient le personnage extrêmement attachant. En 1937, employé à la ferme La Coinche, prés de Jargeau, commence la construction de ce qui va devenir vingt ans plus tard son « manège ». Les tôles et les boulons récupérés sur un avion allemand qui s’est écrasé en 1942 dans un champ à proximité de celui où il fait paître son troupeau, va lui procurer de la matière première. Sa drôle de machine achevée en 1955 qu’il fait fonctionner en pédalant lui-même, Petit Pierre reçoit bientôt à la belle saison des centaines de visiteurs accueillis par ses gags semés ici et là qui le rendent hilare : des avions bombardiers dont les billes lâchées sur les tôles provoquant un vacarme épouvantable, une « vache électrique » douchant le spectateur autant que le portillon de sortie…c’était « un écheveau complexe de cames, de tringles, de galets, de courroies… » explique Laurent Danchin qui découvre, à la fin des années 1970 « cette étonnante machine poétique » qu’il va contribuer à sauver. Rescapé de deux hémiplégies, Petit Pierre qui a rejoint une maison de retraite à Jargeau, suit de loin les menaces qui cernent son œuvre. Il a plus de 70 ans et les travaux de la tangentielle Orléans-Châteauneuf approchent du site du manège « alors perdu en pleine campagne, parmi les champs de blé et de maïs » comme le découvre Laurent Danchin.

Sollicitée, la région Centre avait mis deux architectes de la ville de Tours, Jean-Yves Barrier et Jean-Claude Drouin sur un projet de serre aérienne de béton, de verre et d’acier qui devait protéger l’œuvre. Coût global estimé 1,8 millions de francs (300.000 euros environ) et le ministère ayant déjà inscrit à son budget 1983 « Arts Plastiques » un million, le complément financier aurait été assuré par la région et le département…

Le 25 août 1985, Pierre Avezard offre sa dernière représentation. Il a 75 ans. « Dans les 15 jours qui suivirent, les enfants des environs pillèrent la « maison du Manège » chapardant ou arrachant tout ce qu’ils purent saisir ». Passa un hiver. Laurent Danchin, à l’occasion d’une série d’émissions sur les musées d’art brut réalisée pour France Culture fait alors la connaissance de Alain et Caroline Bourbonnais, fondateurs de La Fabuloserie à Dicy, en Bourgogne, parc paradisiaque pour les œuvres d’art brut en souffrance. Minutieusement démonté, transporté et remonté, le Manège de Petit Pierre déménagé pendant l’été 1987 a fonctionné de nouveau le 26 août 1989, trois ans, à un mois près, avant la mort de son créateur qui, paraît-il, réserva sa dernière pensée à ses outils.



Questions à Laurent Danchin


Les « environs imaginaires » ne sont pas des étoiles perdues dans une galaxie inconnue. Ils font partie, en tout cas pour certains d’entre eux, d’une grande famille qui cherche encore sa place au sein de l’art contemporain et moderne, l’art brut.

Michel Leroux, collectionneur d’art brut, rappelle que selon la définition de Jean Dubuffet, l’art brut est celui des malades mentaux, des psychotiques qui en outre sont exemptes de culture artistique. Il préfère regrouper ces artistes « qui se sont laissés débordés par leurs passions créatrice » dans un milieu naturel, sous une catégorie qu’il nomme « Environnement d’art populaire ».

L’Art outsider désigne les créateurs autodidactes marginaux solitaires sans influence du milieu artistique. Cette perception est défendue par John Maizels, peintre marginal qui a créé en 1989 la revue anglaise Raw Vision.

On parle également de Folk art, d’art naïf, d’art visionnaire, art singulier.

Laurent Danchin, correspondant de Raw Vision, propose une définition qui a l’avantage de tracer les frontières souvent indicibles de cet art.

Quelle est votre définition de l’art brut ?


Les auteurs n’ont pas la prétention de faire de l’art – c’est un art non-savant-inspiré –ce sont des créateurs de mondes intérieurs extrêmement forts et riches - relevant de la culture populaire. Un art instinctif, autodidacte.

Quel est son origine ?

Ses origines. En gros trois domaines s’imposent : les asiles d’autrefois, mais attention tous les « fous » ne font pas des choses intéressantes ; il y a l’art brut des médiums. Encore faut-il distinguer l’art médiumnique brut du savant. Ces artistes se croient inspirés par des esprits dans une sorte de transe tranquille analogue à un léger somnambulisme ; Et puis il y a l’art brut des marginaux, des excentriques, des « fadas » qui créent à la sauvage.

Où en est-on ?

Nous arrivons à la phase de vulgarisation et de banalisation de l’art brut avec une génération de jeunes doctorants et étudiants de l’Ecole du Louvre qui se spécialisent en art brut ou art populaire contemporain.

L’art brut n’est plus ce qu’il était ?

Il devient une page de l’histoire de l’art et entre dans l’institution. Un marché de l’art brut se développe en Europe et aux Etats-Unis avec l’Outsider Art Fair de New York ou la galerie Christian Berst à Paris. L’art brut devient « tendance ». Il existe toujours mais les vraies découvertes sont noyées dans le mauvais art brut qui se répand un peu partout.

Comment reconnaître le bon grain de l’ivraie ?

Je pense, entre autres, qu’il est urgent de définir les critères du bon et du mauvais art brut. Parce que tout ce qui est « brut » n’est pas forcément de même valeur ni de même qualité. Et art brut ne veut pas dire forcément que c’est excellent.

Ces lieux représentent chaque fois l’œuvre solitaire d’une vie. Pourquoi les protéger ?

Chaque fois que dans un village, une campagne, une région, on sauve un de ces lieux originaux où une forte personnalité s’était incarnée, on contribue à redynamiser cet espace et à recréer de la vie dans un tissu social en déconstruction ou en voie de désertification. Un seul Palais Idéal fait vivre des commerces, attire des touristes redonne une identité à un lieu mort.


Chefs d’œuvre morts ou en péril


La France serait en embonpoint de patrimoine. Pauvre petite fille riche ; des pays se contenteraient de bien moins. Et cette obésité a pour victimes directes…
Pierre Shasmoukine, versaillais comme son pseudonyme ne le laisse pas soupçonner, au bout de 40 ans, aimerait enterrer la hache de guerre avec son maire qui le chiquenaude sur des bornes cadastrales. Sur les deux hectares de bois à champignons dont il avait hérité en Périgord noir, à la lisière de Sarlat - à Sarlat la Canéda exactement- l’artiste s’est vengé en dédiant à l’édile ancien ministre, un passage. « L’Impasse de Peretti ». Une voie sans issue qui cache toutes celles qui quadrillent Gorodka, ce lieu qui n’inspire aux visiteurs que des superlatifs. « La situation est catastrophique » clame Sophie Lepetit, auteur d’un blog – Les Grigris de Sophie – des plus passionnés sur l’Art brut. Cette « pasionaria », ne parvient pas à comprendre l’injustice imposée au domaine extraordinaire et à cet artiste qui en accueille d’autres en résidence…Où le visiteur séduit peut bénéficier d’un gîte afin de profiter des émotions singulières que l’endroit diffuse de jour comme de nuit, différents à chaque saison.

Au cœur des terres comme en bord de mer, les remous produisent les mêmes plaintes.

A Honfleur, la Forge de Florence Marie est logée à la même enseigne que Gorodka. « Même problèmes, même non reconnaissance » se désespère cette avocate-blogueuse qui passe aussitôt à une autre plaidoirie.

Cette fois, le client c’est Bodan Litnianski, à Viry Noureuil. Sur le portail de La Maison aux coquillages un panneau « A vendre » signifie la peine capitale. L’homme l’a construite avec des matériaux de récupération, réalisant du beau avec ce que les autres jetaient. Des Chinois ont été intéressés mais les petits enfants de l’artiste préféreraient que l’endroit soit entretenu et ouvert au public…

Et Danielle Jacqui à Roquevaire, près de Pont-de-l’Etoile, qui ne sait pas ce que va devenir sa Maison-de-celle-qui-peint et son grand œuvre, Le Colossal d’Art brut. Il y a bien eu naguère un projet l’associant à la gare d’Aubagne. Ça ne s’est pas fait. Alors « la brodeuse » a du enfiler la vieille tunique prétexte de Pénélope. Et attend.

Les œuvres de Jean Smilowski ont été récupérées in extremis au pied d’une benne…Pour finir dans un grenier où elles attendent l’oubli sinon la fin. Un catalogue d’exposition a été confié au LaM il y a une dizaine d’années…

« Ceux qui aiment l’Art Brut savent ce que sont devenues les maisons, les jardins de Chomo, d’André Hardy, de Franck Barret, de Guittet…La liste est longue et douloureuse des lieux à jamais disparus, des lieux pillés ou vandalisés…» se lamente Sophie Lepetit qui rappelle qu’à Sénas, Arlette, la veuve de Raymond Reynaud cherche désespérément une solution…

André Hardy a vendu sa maison récemment pour gagner la maison de retraite. Lui aussi avait transformé son environnement, installant ici et là dans la petite prairie qui entourait son habitation de grandes sculptures. Ce sont elles qui ont fait baisser le prix de vente et l’affaire faite, le nouveau propriétaire s’est débarrassé des œuvres. Heureusement, Michel Leroux passait par là. Il a alerté d’autres collectionneurs et deux musées dont celui de Villeneuve d’Ascq (le LaM) ont acheté certaines sculptures. Trois en ce qui concerne ce dernier. Des lots de consolation.

L’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. La maison de Robert Vasseur a été reprise par son fils. Si le lieu ne peut plus être visité – les normes de sécurité laissent à désirer – l’héritier le réhabilite en ajoutant ses propres touches. Évidemment on peut craindre qu’avec le temps l’original ne disparaisse sous un entretien zélote. A moins que ce passage de relais n’aboutisse un jour à la réussite filiale d’une œuvre à quatre mains…

Plus étonnante l’histoire de Philippe Aïni. Cet ancien pâtissier de Bordeaux reçoit en 1990 commande d’une fresque à réaliser dans la chapelle à cinq pans de la petite église Saint-Michel du village de Flines-lez-Raches. Il y travaille jours et nuits pendant deux mois presque en état extatique et le 21 juin 1990, la fresque (13x7 mètres) aux 90 personnages est inaugurée en grandes pompes par les élus entourés de six cents personnes. Le rêve d’immortalité de l’artiste va virer bientôt au cauchemar. L’œuvre va régulièrement être vandalisée. On casse les doigts des personnages, pratique des trous que l’on rempli de gros sel (pour conjurer le diable et détériorer le support!) avant que ne viennent les « bombages ». Bref ! Au bout de deux, le maire lui ordonne d’enlever sa fresque, ce qui est pratiquement impossible à moins que de la détruire. Le curé a été muté et vingt ans plus tard, la fresque est toujours dans la chapelle, mais recouverte d’un voile pudique.

Que dire des rochers sculptés par l’abbé Fouré à Rothéneuf, près de Saint Malo (Ile-et-Vilaine) livrés à l’exploitation sans vergogne d’un site non entretenu pour des visiteurs auxquels on propose une version fantaisiste de la vie de ce prêtre qui avait conçu son œuvre pour récolter de l’argent pour les pauvres ?

La Tour au chinois de Jallieu (Isère) a été balayée en 1987 et la Villa aux fleurs de Montbard (Côte d’Or) a disparu après une longue agonie. Comme La Vacherie à Troyes (Aube)


Bibliographie

Mondes imaginaires, Taschen, 1990
John Maizels, L’art brut, l’art outsider et au-delà, Phaidon, 2003
Laurent Danchin, Art brut –L’Instinct créateur, Gallimard, 2006
Bruno Montpied, Eloge des jardins anarchiques, L’Insomniaque, 2011
Marielle Magliozzi, Art brut, architectures marginales, L’Ecarlate, 2011
Gabriele Mina, Costruttori di Babele, 2011
Jo Farb Hernandez, ouvrage en préparation sur les sites espagnols.



Blogs

Animulavagula : http://animulavagula.hautetfort.com
Jean-Michel Chesné : http://jmchesne.blogspot.com
Les Grigris de Sophie : http://lesgrisgrisdesophie.blogspot.com
Le poignard subtil : http://lepoignardsubtil.hautetfort.com
Mycelium : www.mycelium-fr.com
Raw Vision : www.rawvision.com



Expositions

* Marcel Storr, bâtisseur visionnaire, Le Pavillon Carré de Baudouin, Paris 20 ème, du 16 décembre 2011 au 10 mars 2012.

* La Halle Saint Pierre prépare une exposition d’œuvres venues d’Italie (22 mars 2012 – 6 janvier 2013) « un événement qui balaiera de la fin du XIX ème à nos jours des œuvres italiennes sous le titre Banditi dell’Arte (Les bandits de l’art) ». Ouvert en 1986 cet espace dédié alors à l’art naïf, s’est orienté vers l’art brut et singulier puis l’art marginal suite à l’exposition en 1995 Art Brut et Compagnie, réalisée grâce à cinq collectionneurs majeurs. Ce lieu culturel forme désormais une sorte de trait d’union entre le musée et la galerie.


mardi 6 décembre 2011

LA MAISON DE RAYMOND REYNAUD

La maison -musée de RAYMOND REYNAUD est extraordinaire mais il me parait important de présenter l'extérieur de cette maison si particulière ....


" L'évolution de la maison s'est faite au cours du temps. Raymond aidé de sa femme Arlette et de Pierre Soleil a construit à partir de matériaux de récupération, plusieurs corps de bâtiments autour de l'habitation initiale, pour abriter les nouvelles oeuvres.

Il a également aménagé des petites cours intérieures agrémentées de sculptures baroques. Des carreaux de faïence provençale du XVIII ème siècle, récupérés aux "bordilles" lui ont donné l'envie de bâtir des petites tours et "les 3 gardiennes".















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Raymond Reynaud sur les Grigris de Sophie :

http://lesgrigrisdesophie.blogspot.com/search/label/Raymond%20Reynaud