Voici une bonne nouvelle pour les rémois la réouverture de la galerie rue Henri IV ... devenue
3W GALLERY !
Pascal Mignucci présente des œuvres de différents artistes :
Fréderic Voisin, Patrick Baillet, Sébastien Bayet,Serge Fréchet, Dominique Pouchain, Machado Rui et Bruno Lebon...
La galerie a ré-ouvert fin janvier ... qu'on se le dise !
A l'honneur FRÉDÉRIC VOISIN avec de remarquables tableaux ...
Et pour accompagner mes photos aujourd'hui un texte de Thierry Delcourt
" Enchromes et Abstration : Frédéric Voisin" publiè le 15 février sur son blog :
"Frédéric Voisin entre dans son atelier. Comme tous les jours, l’aube
bleue enveloppe le froid bâtiment où il a élu résidence au milieu des
bureaux et des industries. Au sortir du sommeil, entre deux mondes, il
est urgent pour lui d’extraire une couche profonde que la nuit a laissé
affleurer, presque consciente mais fugace et précaire. Visions et
pensées sont, l’espace d’un instant, découvertes comme des récifs à
marée basse. Il est urgent de se donner le temps et le support pour les
déposer, leur donner forme avec insistance et sans ménagement. Il s’agit
d’exprimer ce qui reste bien souvent informulable. Comme nombre
d’artistes, Frédéric Voisin ne cherche pas, il trouve, dans une alliance magique entre technique, savoir et invention.
C’est ainsi qu’il a parcouru des univers aussi différents que la
création sur ordinateur, le travail graphique en correspondance avec la
musique, l’assemblage incongru d’objets récupérés formant masques et
totems, et bien sur, la peinture qui reste centrale dans sa création.
2005 – 2006 : les Enchromes
L’œuvre peinte de ces deux dernières années, objet de cette
exposition, nous fascine par ses trouvailles et ses mutations. Frédéric
Voisin avait à peine découvert et exploré ses superbes encres de chine
que, déjà, il passe à une autre étape en affirmant : « J’ai besoin de
changer. Je ne voudrais pas être figé et me répéter ». Il explique la
nécessité qui s’est imposée à lui durant l’été 2006 de faire vibrer et
même exploser la couleur.
Que s’est-il passé et que nous montre-t-il ?
En 2005, encre de chine, pigments, poussières minérales venaient
prendre forme sur une matière subjectile noble : papiers Japon, Tibet et
Indien. L’effet magique était accentué par un vernis
étrangement appliqué qui travaillait le fond en opérant des catastrophes
microcosmiques et dans le même temps lissait la surface, fixant le
sujet du tableau dans une dimension énigmatique par le miroir sombre de
sa laque.
Mais de quel sujet s’agit-il ? Et doit-on s’en tenir aux titres
choisis par l’artiste : Abysses, Pierres de Mars, Boréal, Vaisseaux
perdus… titres qui nous entraînent plus encore dans un voyage
cosmogonique parsemé d’objets étranges, plutôt marins que stellaires ?
Frédéric Voisin admet fort bien que le
regardeur s’approprie le sens du tableau, et il est même curieux de ce
qu’en dit ce spectateur au sortir du premier étonnement. Il accepte même
le commentaire le plus trivial car il sait que l’essentiel n’est pas
là, dans une figure, une explication, une interprétation. L’essentiel
est dans l’évocation et l’émotion provoquées par cette alchimie entre
forme et fond qu’il nous offre, laissant l’œil pénétrer dans la
profondeur, s’arrêter sur une forme improbable, puis baigner dans ce
monde étrange, mais qui respire et nous pénètre. C’est cette respiration
si singulière qui permet d’entrer dans l’œuvre obscure et de s’y
plaire. Certes, le danger flotte, mais il ne nous assaille pas.
Peut-être y a-t-il là une question suggérée par Frédéric Voisin sur
notre devenir et l’avenir incertain de notre planète, si préoccupant et
que, pourtant, nous maintenons si lointain ?
Face aux toiles de l’artiste, une méditation envoûtante suscite en
nous bien des questions. Pourquoi suis-je là ? Pour combien de temps
encore ? Que cachent les ténèbres ?
En mai 2006, un évènement a eu lieu dans la peinture de Frédéric
Voisin. ‘Nocturne’, une toile douloureuse et tourmentée en marque la
charnière. Le noir se transforme, laissant apparaître des spicules
anarchiques. On assiste à ce qui évoque une carbonisation,
prémisse d’un décollement inéluctable. Étrange mue de ce noir qui
contraint d’étroits rectangles ocre sombre, braises à peine chaudes de
l’incendie ravageur en voie d’extinction. C’est la noire cicatrice d’une
nuit désastreuse et abyssale, enchâssant un petit reste de vie,
brillance prisonnière pleine d’espérance. On pourrait penser à une
catastrophe définitive, mais c’est oublier comment l’artiste peut
rebondir en trouvant espoir et lumière dans son recours pictural. Il a
mis en scène cette mue sur fond de désastre. Il ne peut en rester là.
Durant l’été 2006, Frédéric Voisin va peindre sans relâche, en
commençant par un ‘Cri’. Cette toile, reprenant la composition de
Nocturne, est envahie par un rectangle rouge, central mais débordant le
cadre étouffant de ‘Nocturne’ qui l’a précédé. Au centre de ce
rectangle, un autre, plus vif encore, figure une bouche hurlante
emprisonnée par des traits verticaux, tels des barreaux. La mue d’un
monde est accomplie, et la peau cicatricielle est tombée. Mais tout
reste à faire, et Frédéric Voisin s’y active sans relâche, travaillant
des séries de trois toiles. L’une d’elles ne peut le satisfaire et
constitue le mobile d’une création continue. Son destin est d’être
recouverte par la première d’une autre série.
Et c’est cette nouvelle étape qu’il nous montre aujourd’hui, sans la
comprendre, sans y mettre de titre, en la constatant, perplexe mais
momentanément satisfait.
Regardons-y de plus près : tout d’abord, deux toiles que l’on
pourrait considérer comme des autoportraits. Elles dessinent un réseau
complexe et obscur et évoquent une construction fonctionnelle du corps,
enchâssant des poches de couleurs. L’émotion primaire qu’elles
contiennent est mise en relation généalogique avec la structure
rigoureuse. Mais c’est aussi un retour allusif aux sources du parcours
de Frédéric Voisin, traces concentriques structurant un monde de
composants détournés vers le monde sensible, évoquant l’énergie
pulsionnelle et désirante des corps.
Dans les toiles suivantes, les portes s’ouvrent et laissent venir la
lumière et les couleurs primaires en larges aplats sans apparat et sans
voile, ponctués ça et là d’incrustations mystérieuses. Le propos est
puissant et même violent. La couleur envahissante est une menace qui
provoque un premier pas hésitant. Car, à l’instar de Mark Rothko,
Frédéric Voisin a réussi à éliminer les obstacles entre le peintre et le
spectateur : plus de sujet, plus d’artifice, rien que la peinture qui
s’impose entre émotion et idée. Il faut y habituer le regard.
Ces toiles sont, au premier abord, moins séduisantes que les Encres
de chine, mais leur impact ‘trauma-chromatique’ peut se voir comme la
révélation de ce que le peintre veut nous transmettre, sans retenue, au
plus près de ses émois."
Pascal Mignucci présentant un tableau de Frédéric Voisin sorti de la réserve
Mon coup de cœur : SERGE FRÉCHET ...
Dominique Pouchain ( en haut et à gauche) et la valise à violoncelle de Serge Frechet
Machado Rui
Et trois tableaux de Sébastien Bayet
LE BLOG DE THIERRY DELCOURT
FRÉDÉRIC VOISIN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer sur le lien)
27 rue HENRI IV à Reims
Ouverture du mardi au samedi de 13h à 19h.