Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !
Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs …
Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
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Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis …. Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure ! ....................................................................................... ........................................................................................ ........................................................................................ .........................................................................................
J'ai eu la chance de la rencontrer, je croise régulièrement son travail dans des expositions, il est temps qu'elle fasse son apparition sur les Grigris !
"Jamais assez rempli, jamais assez noir" dit-elle. De la solitude musicale naissent les premières esquisses, abandonner la place au vide afin que les courbes s'entremêlent et s'enroulent autour des créatures, cordages, oiseaux et poissons. La plume a remplacé la bille, le noir un autre noir, se fait violence pour peindre la couleur, le pinceau trop souple n'est pas docile. D'après G. Sendrey, il y a deux sortes d'artiste : les créateurs et les explorateurs. C'est dans la première catégorie que Ruzena prend toute la place."
"Noir, l'humour se glisse dans les interstices, puits de lumière et lueur de l'aube quand le regard fixé à vingt centimètres de sa feuille, Ruzena dessine et se dessine encore, redoute le blanc et doute du noir, s'accroche à ses lignes suspendues, déploie les ailes de ses anges graciles et gris dans l'impatience de l'inachevé. Ces protecteurs du vide, du vide qui effraie, disparu depuis les origines, c'est-à-dire depuis qu'elle dessine dans les marges de ses cahiers, ses rêves de papier."
"Noir. Encre noire.
Des milliers de traits à la plume comme des coups de griffe, des coups de bec.
Des aiguilles anguleuses cernées de douceur transpercent les tumeurs de la malveillance. Ruzena s'applique dans la longueur à vider son cœur comme elle vide les cartouches d'encre noire qui s'écoule de sa pointe, dessine ces êtres en apesanteur, sans repères ni couleurs, ficelés, écartelés de tendresse. Ils planent dans l'indolore, martyres mutilés de la nuit. Son dessin se défend d'être féminin, raconteur de contes sans histoires sinon la sienne, le cœur s'épanche et l'encre coule encore."
" Ruzena est née en 1971 à Besançon. Une partie de ses ancêtres est d’origine tchèque. Ce qui explique le choix de son pseudonyme. Sa jeunesse se déroule à Libourne où elle étudie l’Économie puis l’Histoire de l’Art. Elle travaille depuis 1997 dans le domaine de la culture. Cette artiste autodidacte dessine au rotring, à l’encre et au crayon. Depuis peu, elle s’adonne aussi à la gravure. Son univers, atrabilaire, est peuplé de femmes mêlées à des sortes d’incubes ou d’anges ailés et décharnés qui s’inscrivent comme en négatif sur le papier. Parmi ces personnages féminins aux chevelures de gorgone, certains, munis de pieux et de cordes, infligent des tortures à leurs comparses. Sans doute une manière, pour l’artiste, d’exorciser ses démons intérieurs en tissant les lignes de son journal intime qui emplit la feuille en hachures serrées. Jusqu’à ce que la page soit saturée, jusqu’à la « fatigue des yeux », consent-elle à nous révéler à propos de son travail sur lequel elle est tout aussi discrète que sur sa vie privée."
Créateur
discret bien que prolifique, peintre dessinateur, également adepte de
l’art posté et maître espiègle du détournement, l'Albigeois Alain Pauzié
s'est éteint le 6 octobre 2023.
Je n'ai pas eu la chance de le rencontrer mais j'ai eu celle de croiser son travail dans tellement d'expositions que je suis heureuse de parler de lui aujourd'hui sur les Grigris.
Collection Thierry Lambert
Collection Patrice Velut
Jeanine RIVAIS en parle :
Et que dire des semelles, racornies,
déformées, ou fleurant bon le cuir neuf, ces semelles sur lesquelles il
"repousse" ses dentelles géométrico-figuratives ?
La plus émouvante n'est-elle pas celle réalisée à la mort de
Dubuffet, dont les encouragements amicaux l'avaient, pendant des années,
conforté dans sa liberté esthétique ?
Et les gravures sur os ? Et ces belles enveloppes dont les
facéties ou les reliefs font les délices ou les tourments des employés
des postes avec qui Alain
Pauzié a développé des rapports à la fois provocateurs et
jubilatoires…
Bref, il faudrait des rouleaux entiers de parchemin pour
expliquer sous quelles formes l'artiste a colonisé les matériaux
farfelus qui ont sa prédilection… A
moins que, issus de la société de consommation, ils ne se soient
trouvés là à point nommé pour corroborer son insatisfaction face aux
aberrations qui l'entourent ; corriger dans le même
temps, par la fantaisie qu'ils autorisent, le manque d'humanité de
ses constructions trop structurées ; étaler au grand jour ce qu'il
garderait sinon dans son inconscient, de révolte, de
malice, de recul par rapport à la vie quotidienne ; planifier ses
déséquilibres picturaux ; en extraire un équilibre personnel dans lequel
il s'ébroue comme une poule dans la cendre !
Tant de pour et de contre inélucidables, dans cette
démarche ! Sans doute, seules les bonnes fées qui présidèrent aux
destinées d'Alain Pauzié sauraient-elles
résoudre ces dilemmes ?
Des photos prises en octobre 2024 à la Collection de l'Art Brut de Lausanne...
Mais aussi cette biographie sur le site du MANAS :
Millau, 1936 – 2023
Alain Pauzié passe son enfance à Albi où il se passionne pour le
rugby et joue en milieu semi-professionnel. Il entreprend des études de
Droit à la faculté de Toulouse et un DESS d’Économie politique. Il
travaille ensuite en région parisienne au Commissariat à l’Énergie
Atomique.
C’est sa femme Françoise, avec qui il se marie en 1961, qui l’initie
au dessin. Il dessine d’abord sur du papier perforé d’imprimante, puis
peint à l’huile ou à la gouache, grave des os, scarifie le cuir et,
pionnier de l’art posté, adresse des enveloppes décorées à ses amis.
En 1976, il réalise une première exposition à Fontenay-aux-Roses,
puis au cours d’un voyage aux Etats-Unis, peint une fresque murale dans
une maison victorienne à Norwal, dans l’Ohio. Il expose ensuite à la
galerie Jacques à Ann Arbor dans le Michigan. Dès lors, les expositions
se succèdent : Paris, Compiègne, Albi, Bègles, Carquefou, Caen…
En 1977, Alain Pauzié rencontre Jean Dubuffet. Le théoricien de l’Art
brut l’encourage, une amitié se noue et les deux personnalités
entretiennent une correspondance jusqu’au décès de Jean Dubuffet en
1985.
Alain Pauzié correspond aussi avec Jean-Joseph Sanfourche qu’il a
découvert en 1978 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Devenus
complices, les deux artistes échangent des œuvres et collaborent pour
une publication rendant hommage à Jean Dubuffet.
Grand récupérateur des objets laissés pour compte, il détourne les
vieilles semelles, les pierres, les bois flottés et autres matériaux
ramassés sur la côte. Ces objets, assemblés, collés, scarifiés et peints
se métamorphosent pour donner des œuvres extraordinaires d’inventivité
et de fantaisie qui font souvent penser à l’art tribal, de par l’alphabet de signes imaginaires qu’il crée. Il grave sur toutes sortes
de matériaux comme pour répondre à un besoin : ainsi, les objets
deviennent des pièces totémiques par les incisions, les dessins dont ils
deviennent le support. En récupérant, il fait une sorte de pied de nez
malicieux à la société de consommation.
Ses Bons à rien, galets roulés et usés par la mer deviennent
figures antropomorphes tandis qu’une selle détournée rappelle les
ready-made de Pablo Picasso et de Marcel Duchamp. L’artiste utilise une
alène pour scarifier le cuir, y dessine des courbes, contre-courbes et
entrelacs, créant une oeuvre qui rappelle l’art aborigène. De sa ville
natale, Millau, il garde la mémoire du travail du cuir. La ville a en
effet été la capitale de la ganterie jusqu’au 20e siècle.
Depuis quelques années, Alain Pauzié entreprend des collaborations
avec des plasticiens, photographes et autres créateurs de l’art
contemporain. Il propose des montages dans lesquels la fantaisie de l’un
est sublimé par la poésie de l’autre. Il s’associe ici avec le
photographe Hervé Desvaux, qui réalise deux clichés en noir et blanc,
mis en parallèle avec les semelles emblématiques réalisées par
l’artiste. Les œuvres se répondent, d’un côté avec un travail sur les
pièces d’une chaussure, de la semelle au cuir, et leur symétrie pour Sans titre ; et de l’autre avec des semelles en contraste avec la roche, telle une montagne, pour Semelles détournées,
qui fait écho à l’idée de marche, d’empreinte sur la nature. Alain
Pauzié, par son processus artistique, essaie justement de retarder les
effets d’une des empreintes que l’homme laisse sur la nature : la
pollution. En effet, l’artiste collecte des objets trouvés lors de ses
promenades, le plus souvent le long des plages, pour créer ses œuvres
hétéroclites. Ainsi, il donne une seconde vie à des objets destinés à
errer sur les sol pendant des années avant de disparaître.