Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !
Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs …
Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis …. Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure ! ....................................................................................... ........................................................................................ ........................................................................................ .........................................................................................
Chaque passage au Clos des Cimaises est un enchantement.
L'accueil de Mathilde et de Jacques Harbelot bien sûr, la présence puissante des Marc Petit en intérieur et en extérieur dans cette propriété magnifique et l'impressionnant travail du maître des lieux dans un tout nouvel atelier.
"
Vision toute personnelle d'une certaine forme d'esthétisme, ma peinture
n'existe que pour nous renvoyer à notre propre vision de la vie. Fin
inéluctable qui imprime une deuxième empreinte jusque dans le visage
d'un être."
Jacques Harbelot
Paysage-Terre de Sienne
que m'importe sa structure
c'est le faisceau de lumière
qui descend et bute
c'est son interaction avec un relief hypothétique
qui permet une nouvelle vision
tel un suaire sur son coton écru
Jacques Harbelot (janvier 2024)
Jacques Harbelot est d'abord peintre et graveur (il a exposé au grand Palais à Paris, à New York). 22 ans
après son installation à Saint-Georges-du-Bois, il a réussi le pari de
faire vivre une galerie d'art contemporain à la campagne
Suite à une publication Facebook de Samy Scuiller sur la maison d'Ambroise à Plogoff, mon amie Anouk a fait des recherches et a découvert cette belle histoire que je suis heureuse de vous présenter sur les Grigris aujourd'hui ...
Elle est dédiée bien sûr à Isabelle Pulby, ma correctrice unique et préférée, qui a pour animal totem le mouton.
Les photos de Samy
"Une vue extraordinaire attire le regard du promeneur dans l’anse du Loch. Une petite maison perchée sur les hauteurs de la pointe des moutons (Beg Ty an Deved / Ti Deñved / Penanty-Duet)
semble défier les éléments. La présence de ce surprenant ouvrage en ces
lieux encourage l’imagination vagabonde souvent fertile des Capistes,
qui inventent des scénarios de construction, et s’interrogent de mille
et une question, qui, pourquoi, comment…"
L’histoire de la petite maison de la Pointe des montons au Loch Plogoff (Raconté par son propriétaire : Ambroise L’HENORET)
Il faut remonter à l’aube de ma vie. C’était « à la Libération ».
En 1945, les armées d’Hitler qui contrôlaient les rivages venaient
d’être chassées. Les habitants récupéraient leurs territoires. Ma mère, qui habitait au Havre avant la guerre, avait été
évacuée, enceinte, pendant le Blitz Krieg, ce qui m’a permis de naître à
Plogoff, deux semaines après l’arrivée. Après avoir habité Kervit, puis Kergroas, tout près de la
chapelle, nous avons loué une maison à Audierne, où j’ai vécu de 1945 à
1949, toute la scolarité primaire. Et il y avait le jeudi ! C’était, en ces temps lointains, « le
jour sans école ». Le mercredi soir je prenais « la Satos » pour
atterrir au Loch, devant le merveilleux café de Chan Gust et de Mary.
Là, mon grand-père, Chan Laurent Cariou, m’attendait avec impatience. A
l’arrivée, ma grand-mère, Ty Live à Rouzic, faisait des crêpes. Le lendemain matin, c’était les moutons. Vers huit ou neuf
heures, on rassemblait tous les moutons du petit village (peut-être une
vingtaine) et il fallait les conduire « au Roz » d’où ils redescendaient
tranquillement tout au long de la journée. Chacun récupérait les siens
dans la soirée. En ce temps là, le « Feunten Yen » et « Le Roz » ne
ressemblaient pas à ce qu’ils sont devenus. Pas d’arbres, pas même de
buissons, une herbe très rase, incessamment tondue par des générations
de moutons, couvrait le sol.
Les montons de Feunteun Yen en 1953
les moutons de la pointe des moutons en 1964
Souvent Chan-Marie Deuffic se chargeait de conduire les moutons à la
pointe et il en profitait pour guetter l’arrivée providentielle, de
Tamov coat » (le bois était très précieux à cette époque). Chaque fois
que je pouvais, je l’accompagnais. Il ne me parlait qu’en breton et je
ne comprenais pas tout, mais ce qui me plaisait chez lui c’était sa
passion pour les épaves. Épaves, un bien grand mot, la plupart du temps,
une planche, un morceau de poutre, que la providence marine faisait
échouer sur nos côtes. Et.... précisément, le coin qu’il avait choisi pour scruter
l’horizon et s’approprier le butin, c’était à la Pointe du Mouton, un
endroit particulier : des débris des carrières voisines avaient été
déversés là, formant un espèce d’éboulis qui surplombait la côte. Une
petite élévation, devant, nous protégeait du vent marin qui passait au
dessus de nos têtes. Nous nous allongions là pour guetter les arrivages ! C’était pour
moi des moments merveilleux : je contemplais la mer. Quand je plongeais
mon regard vers la terre, le Loch, toutes les petites maisons des
villages (elles étaient en tout petit nombre comparées à celles
d’aujourd’hui) apparaissaient lointaines.... J’étais ailleurs... C’est à ces moments bénis que s’est infiltré en moi, comme une
évidence, les puissantes évidences enfantines, le projet de construire
un jour ma maison sur la pointe. Dans ma tête, la grande quantité de
pierres était là comme une invitation. J’avais six, sept, huit ans, je
n’en parlais à personne mais le projet était là, puissant,
indestructible... En 1949, après des années d’attente d’un logement, nous avons
émigré à Bordeaux, ce qui permettait de voir le père tous les 45 jours,
au lieu de six, sept mois auparavant. Il y a quelques années, un copain
bordelais que je n’avais pas revu depuis les années cinquante, est venu
s’installer à Plouhinec. Je lui ai demandé comment il me voyait à cette
époque.(J’avais une douzaine d’années). Voilà sa réponse : « Ce qui nous
étonnait, c’est que tu répétais souvent, « j’ai deux projets : je vais
devenir journaliste à l’Humanité et je vais construire une maison à la
Pointe du Mouton ... » Le premier objectif a été abandonné assez vite avec l’évolution de ma pensée, mais le second a tenu bon. Encore fallait-il posséder une parcelle là-haut, chose à laquelle
je n’avais pensé dans mon enfance. Le terrain me semblait être à tous,
donc aussi à moi. J’ai donc réussi à acheter à Simone Lozach un tout
petit carré (100 M2 !!) pour la modique somme de 25000 F. Attention,
c’était en anciens francs. En nouveaux, ce serait 250 NF et en euros
environ 40 euros. ! J’étais assez pauvre à cette époque...
La « mise en chantier », retardée par les difficultés d’achat,
commença à la fin des années cinquante. Ensuite, je me suis heurté à
diverses complications administratives (tout à fait normales
d’ailleurs). Cependant, après plusieurs démarches et dialogues aux services de l’Équipement à Brest, les gens qui m’ont reçu dans les bureaux ont sans
doute décidé de laisser courir. Peut être m’ont-ils trouvé un peu fou,
ou ne croyaient-ils pas à la réalisation du projet... Pourtant, sur le terrain, les choses avançaient, laborieusement. A
chaque vacances scolaires, le niveau montait, malgré les quolibets de
certains, les réticences de la famille, les difficultés de transport des
matériaux. Après deux années de transport du sable, du ciment et de l’eau à
la brouette, une véritable « révolution technique » intervint ! C’est
ici que je dois rendre un hommage appuyé à ma Vespa que les témoins de
l’époque ont vu si souvent escalader la colline, chargée au maximum. Enfin, à mi-chemin des travaux, un agriculteur de Kerstrat, Lom a
Mevel, dont je remercie la mémoire infiniment, a accepté (ce qui
n’était pas très facile car le chemin du bas «le n’hen dour » était
difficilement praticable), de transporter un chargement de parpaings,
puis un chargement de sable.
Là, les choses ont avancé beaucoup plus vite, avec enthousiasme.
En 1963, le plus gros était fait et nous avons posé le toit à quatre :
mon père, Chan Marie Deuffic et Jackez Moguen. En 1964, je n’ai pu continuer les travaux intérieurs, éloigné de
France par le service militaire. (J’étais professeur en Algérie, à
Sétif). Je suis reconnaissant à mon père, qui venait de prendre sa
retraite d’avoir terminé l’intérieur : le sol, le crépi et le plancher. En 1966, à mon retour d’Algérie, nous avons pu nous y installer,
pour les vacances d’été. Je venais d’être papa d’une petite fille et la
vie était belle...
Vue Panoramique de l'anse du Loc'h prise de la petite maison de la pointe des moutons.
Depuis, que j'ai écrit ce chapitre en 2014, cette petite maison est
devenue célèbre. Le chemin de randonnée GR34 de plus en plus fréquenté y
est également pour quelque chose. Les gens de passage y laissent des
petites notes sur un livre d'or, des dessins, des objets ... La
"décoration" intérieur évolue au fil du temps et des saisons, mais il y a
également des incivilités, et des petites dégradations de temps en
temps.
RUTA JUSIONYTE a toutes les cordes à son arc : sculptures, peintures, gravures, dessins.
Je croise son travail depuis des années et je la suis sur Facebook mais ce sont les photos de Françoise Monnin, prises dans l'atelier de l'artiste, qui me donnent aujourd'hui l'envie de présenter ses sculptures en terre cuite.
"Ruta Jusionyte, d'origine lituanienne vivant à Paris, est reconnue pour
ses œuvres de très grande qualité expressive. Ses sculptures en terre
cuite interrogent le rapport entre l'humain et l'animal au travers de la
relecture des contes et légendes européens.
L'être animal peut protéger ou effrayer comme dans "La Belle et la Bête"
ou être le symbole du désir comme dans "Avec le lapin dans la barque".
Avec des coulées de ciel, les êtres de Ruta Jusionyte sont à portée de
nos tendresses. Ruta, en sublime densité, ose réconcilier du dedans
l’homme universel et son animalité."
Photos prises par Françoise Monnin
« C’est la vie et la liberté qui transpire par tous les pores de ce qu’elle pétrit »
Qui sont ces personnages charismatiques mi-homme, mi-animal ? Qui sont ces frêles silhouettes humaines au visage sans âge ? En couples ou solitaires, les êtres de Ruta Jusionyte semblent sortir des affres de la mythologie grecque ou d’une fable nordique. Tous appartiennent à une même tribu échappée des pages d’un récit qui auraient traversé le temps. Lorsque Ruta Jusionyte entreprend la naissance d’une nouvelle pièce sculpturale, elle commence toujours par pétrir la matière, sans aucune esquisse préparatoire, et lui donne la forme de pieds. Vient ensuite le modelage des jambes, des hanches, du buste, des bras, du cou et enfin de la tête, parfois animale, parfois humaine. Du bas vers le haut, de la terre au ciel, l’artiste accouche progressivement de ses mains d’un corps élancé, avant de conclure par le travail des yeux – touche finale à toute création. Ce regard, toujours le même qu’importe le reste, qu’importe le geste, est grand ouvert sur le monde. Il n’est ni médusé, ni pétrifié, mais contemple sereinement un univers imaginaire, peut-être intérieur, comme le suggère la profondeur des iris creusés en cuvette. La bouche fermée renforce cette idée, celle d’une parole qui ne s’extériorise pas pour laisser la pensée triompher.
Anne-Laure Peressin Critique d’art
Et d'autres visuels glanés sur la page Facebook de l'artiste et sur Google ...
Quand Mikaël Faujour en parle :
"Ruta Jusionyte est né en 1978 en Lituanie. Diplômée de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Vilnius, Lituanie, elle vit et travaille en France à Paris depuis 20 ans. Elle expose en France, Belgique, Lituanie, Allemagne, Autriche et en Suisse…
Ses œuvres sculptures et peintures sont dans les collections publiques : Musée d’art contemporain MO, musées d’art Ciurlionis, Musée d’Art Modern MMA, Musée des Anges et Fondation Lewben en Lituanie. Elle obtient le prix de la sculpture figuratif George Coulon en 2016, Académie des Beaux-Arts.
« De son art, on a dit qu’il était expressionniste. Corps nus et fêlés, faces dolentes, rictus grimaçants, yeux habités de « pourquoi », les personnages de Ruta Jusionyte, effrayés et hagards parfois, ont cristallisé un temps quelque chose de l’angoisse, de l’accablement, des émotions vives remontées du dedans. Et sans doute s’est-elle enfoncée dans le territoire de son ombre propre, pour en rapporter ces faces de douleur, ces corps creusés, crevassés, balafrés par l’existence.
À considérer son art depuis quelques années, il faut pourtant se rendre à l’évidence : ce temps n’est plus. La page est tournée. Ruta Jusionyte s’est surmontée elle-même, aussi vrai que la terre qu’elle modèle, surmonte par la cuisson son état initial, se renforce et devient autre chose. Comme si elle-même avait triomphé des feux du tourment qui travaillait au fond d’elle – celui de l’Histoire, celui de l’exil et celui du doute existentiel, des épreuves intimes – son art paraît traduire à présent une maturité sereine. Le sourire de ses personnages dit quelque chose d’une confiance dans la vie : désormais sans colère et sans peur, ils affirment une paix nouvelle, une adhésion au monde.
Moins expressif, moins immédiat, moins émotionnel, l’art de Ruta accède à présent à un langage moins intime qu’universel, symbolique, voire mythologique. Bien sûr, ce répertoire mythologique et symbolique – centaures, louves, créatures ailées – existait déjà ; mais il était surtout expressif, c’est-à-dire qu’il faisait sortir ce qui venait du lointain intérieur et de l’intime – douleur, colère, mélancolie, questionnements, désir etc. De ses sculptures émane à présent une quiétude, une douceur, une tendresse, de celles qui sont souvent le témoignage des âmes fortes ayant traversé les épreuves et dépassé ressentiment et rancœur pour atteindre au dépouillement moral, à une acceptation du monde et d’autrui : là, Ruta crée autre chose. « Je ne suis plus dans la catharsis, mais dans la création où l’idée de "vie bonne" m’intéresse (...) », disait-elle, en septembre 2019, lorsqu’elle me recevait dans son atelier.
Il ne s’agit sans doute plus de se connaître soi-même et de se raconter soi-même par le truchement du symbole. Son art n’est plus expression d’une intériorité, d’un être-au-monde ; l’artiste a accédé à autre chose, par-delà elle-même. Cela ressemble déjà à la transmission, puisant à même l’inconscient collectif des images archétypales d’un temps immémorial – peut-être même un temps purement imaginé – où se meuvent des symboles, et non plus des êtres. »