C'est au Musée de Pont-Aven que j'ai découvert cet artiste et que j'ai eu l'envie d'en savoir un peu plus sur lui ...
"Les toiles de Lucien Pouëdras restituent la mémoire du monde paysan et de ceux qui y vivaient ; champs, landes, chemins, chaumières …. permettent de retrouver la mémoire des paysages et d’en comprendre l’organisation et l’évolution. Lucien Pouëdras bouleversé par la transformation du monde paysan et de ses paysages, a choisi la peinture pour transmettre et témoigner."
"La peinture de Lucien Pouëdras est singulière : dans sa préparation comme dans son exécution, la toile va obligatoirement être reliée au calendrier, au fil des saisons.
Elle est rare : partant du vécu de l’enfant, la toile sera reliée à un lieu qui aura forcément existé, entre 1940 et 1960.
Elle est fidèle : l’évènement saisi va entrainer dans la toile tout ce qui aura participé
à l’atmosphère de cet événement. Ainsi c’est un petit territoire à
l’échelle de l’enfant qui sera reconstitué. Peu importe la perspective,
tous les composants seront à leur place : chemins, arbres, parcelles, bruits etc…
La palette : Lucien Pouëdras utilise la peinture à l’huile directement en sortie du tube.
Il ne sait pas expliquer les tonalités car elles résultent des différentes couches qui se superposent sur la toile et cherchent à retrouver : la bruyère de Juillet, la primevère en Mars, la pensée sauvage en Septembre, le trèfle incarnat en Juin, l’oseille sauvage d’Avril ou l’orchidée de Juin. La structure des arbres sera expliquée en hiver dès
que les feuilles auront abandonné les branches. Le ciel ne sera pas
matérialisé, seule sa lumière se retrouvera sur les végétaux.
«La peinture de Lucien Pouëdras est donc rare à plus d’un titre, que ce soit par la singularité de sa démarche dont on ne peut séparer le documentaire et l’artistique que par le choix de ses sujets, souvent marginaux chez les artistes.
Mais il faut aller plus loin et considérer que le peintre nous présente également un véritable catalogue d’une biodiversité en partie disparue sous les attaques du remembrement, livrant ainsi un témoignage didactique dont la force tient aussi à la multiplicité des aspects de la vie rurale ainsi présentée.
C’est donc, et ce n’est pas là le moindre des paradoxes de l’œuvre de Pouëdras, une peinture moderne, actuelle qui nous livre les clés du passé pour mieux nous faire réfléchir à l’avenir.»
Olivier Levasseur, universitaire, auteur de plusieurs ouvrages d’histoire et de monographies d’artistes.
"Né en 1937 à Languidic, dans le Morbihan, Lucien Pouëdras a grandi dans la société agricole traditionnelle, au beau milieu d’un bocage fourmillant d’activités humaines autant que d’une faune et d’une flore sauvages adaptées à ces milieux agricoles. De retour de ses études et de la guerre d’Algérie, il ne retrouve pas les paysages rêvés de son enfance, et constate de profondes mutations dues à la mécanisation et au remembrement…
Cadre supérieur dans l’industrie, il ne revient que pour les vacances à Languidic. Dés 1970, il prend des cours de peinture et amorce l’œuvre d’une vie : fixer ses souvenirs sur la toile pour les transmettre aux nouvelles générations. Inlassablement, il reprend certaines thématiques jusqu’à ce que les couleurs et les ambiances soient fidèles à son souvenir… Sa motivation est plus ethnologique et naturaliste qu’artistique, mais son trait étonne et suscite un engouement croissant.
Le focus resserré des premières scènes figurées à l’échelle d’un ou deux personnages s’élargit au fil des décennies, pour représenter le village dans son paysage, puis dans les années 2000, des milieux bocagers variés « vus d’avion ».
Ses toiles illustrent la vie rurale d’avant-guerre : pratiques agricoles, vie quotidienne et temps forts de la société traditionnelle, dont le rythme est dicté par le calendrier et les saisons. Émondage des chênes, moisson du blé, ou encore pressage du cidre sont décrits avec minutie. Mais son œuvre se caractérise surtout par sa fidélité à la nature, aux couleurs et aspects changeants au fil de l’année. Arasement de talus, arrachage de pommiers et remembrement apparaissent également, comme autant de menaces pesant sur les écosystèmes bocagers.
Mémoires des landes, des champs, des jeux, du travail avec le cheval ou des débuts de l’agriculture intensive sont abordées par l’artiste. Les dix toiles acquises par l’écomusée de la Bintinais, illustrent plus spécifiquement la conduite des haies traditionnelles, l’entretien des prairies humides et landes sèches, la succession des saisons, des assolements et des cultures… Elles pourront être présentées dans le futur parcours permanent de la Bintinais, dont la refonte est engagée en 2022."
UN TEXTE DE FRANÇOIS DE BEAULIEU
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