J'ai eu le grand privilège de bénéficier d'une visite guidée faite par Gérard Audinet, directeur de la Maison Victor Hugo et par Barbara Safarova, présidente de l'association abcd.
La maison Victor Hugo présente des collections inédites d'œuvres d'internés constituées au cours du XIXe siècle par quatre psychiatres suisse, français, écossais et allemand. Au total, 200 œuvres ont été sorties d'asiles médicaux parmi les plus anciennes de l'art brut.
Le Voyageur français, August Klett, Johann Karl Genzel, Adolf Wölfli...
Des dessins, des objets remarquables, parfois anonymes, à découvrir absolument !
"Le parcours de visite, organisé de façon chronologique à travers quatre grandes collections européennes, met en lumière près de 200 œuvres parmi les plus anciennes et peu ou pas vues en France. Clandestines, fragiles, faites sur les murs de l’asile ou sur des matériaux de hasard récupérés en cachette, dessins ou peintures, broderies ou objets, chacune de ces œuvres nous ouvre un univers et nous plonge aux racines de l’Art brut."
Collection du Dr Browne
"Fondé à Dumfries, en Écosse, en 1838, le Crichton Royal Hospital fut une institution pionnière en matière d’art thérapie. William A. F. Browne (1805-1885) y a réuni de 1838 à 1857 une importante collection des productions des patients, aujourd’hui conservée par les archives de Dumfries et du Galloway.
Collection du Dr Auguste Marie
Très tôt, Auguste Marie (1865-1934) porta attention aux travaux des malades, encourageant à la fois leur créativité et l’activité même de collection, en particularité lorsqu’il fut en poste à Villejuif, où il est nommé en 1900. Sa collection fut dispersée, mais une partie essentielle fut acquise par Jean Dubuffet et se trouve aujourd’hui à la Collection de l’Art Brut à Lausanne."
William Bannermann
Collection du Dr Marie
"Très tôt, Auguste Marie (1865-1934) porta attention aux travaux des malades, encourageant à la fois leur créativité et l’activité même de collection, en particularité lorsqu’il fut en poste à Villejuif, où il est nommé en 1900. Sa collection fut dispersée, mais une partie essentielle fut acquise par Jean Dubuffet et se trouve aujourd’hui à la Collection de l’Art Brut à Lausanne."
Xavier Cotton
Jules Leopold
Broderie anonyme (Collection abcd)
Anonyme - objets d'aliénés - LAM
Le Voyageur Français
Collection Walter Morgenthaler
"Conservée au Psychiatrie-Museum de Berne, cette collection est issue de l’asile de la Waldau (die Bernische kantonale Irrenanstalt Waldau), rendu célèbre par la présence de personnalité comme Robert Walser et surtout Adolf Wölfli reconnu comme une figure tutélaire de l’Art Brut. Le Dr Walter Morgenthaler (1882-1965) dirigea l’institution de 1913 à 1920."
Friedrich Kohler
Jakob Gerber
Adolf Wölfli
Karl Schneeberge
Adolf Wölfli
Collection Prinzhorn
"Commencée dès la fin du XIXe siècle à l’hôpital psychiatrique de l’Université de Heidelberg cette collection est devenue mythique par le livre publié à partir de son étude, en 1922, par Hans Prinzhorn (1886-1933), Expressions de la Folie, qui eut une grande influence sur les artistes d’avant-garde. C’est aussi dans cette collection que les nazis ont puisé les œuvres incluses dans l’exposition d’art dégénéré en 1937."
August Klett
Else Blankenhorn
Peter Meyer
"Miss G"
Hedwig Wilms
Hermann Heinrich
"La Maison de Victor Hugo à Paris propose avec "La Folie en tête... aux racines de l'art brut" une excellente et très ciblée exposition consacrée à l'art brut dans son acception originelle qui revient aux fondamentaux en un temps où celui-ci est intégré dans la nébuleuse en vogue des arts dits "outsiders".
En effet, l'art brut contemporain est principalement pratiqué par des artistes formé aux beaux arts qui s'inspirent des pratiquent des oeuvres et thématiques qui innervent l'"art des fous", celui des personnes internées dans des hôpitaux psychiatriques dès le 18ème siècle, suite à la qualification fameuse de Jean Dubuffet au milieu du 20ème siècle.
Gérard Audinet, directeur du lieu, et Barbara Safarova, présidente de l’Association abcd dédiée à l'art brut en charge de la collection Bruno Decharme et directrice de programme au Collège International de Philosophie, ont choisi de présenter les oeuvres réalisées au début du 20ème siècle dans le cadre d'institutions psychiatriques considérées comme pilotes en leur temps et dirigées par des thérapeutes par ailleurs amateurs d'art et collectionneurs qui ont favorisé la pratique artistique qui sera qualifiée d'art-thérapie dans les années 1950.
Ainsi on été constituées des collections européennes emblématiques qui scandent de manière chronologique l'art psychopathologique de 1830 à 1945 dans laquelle les commissaires ont puisé pour concevoir judicieusement une monstration qui évite tant le didactisme que la pédanterie en ne procédant ni à des appariements esthétiques ni à des récurrences selon la pathologie potentielle des malades.
En effet, chaque collection - la collection du Dr Browne au Crichton Royal Hospital, celle du Dr Auguste Marie qui a officié à l'Asile de Villejuif et à l’Asile-clinique de Sainte-Anne, celle du Dr Walter Morgenthaler directeur de l'Asile de la Waldau en Suisse et la collection dite Hanz Prinzhorn à l'Hôpital psychiatrique de l’Université de Heidelberg - fait l'objet d'une section spécifique
Et le scénographe Alexis Patras a réussi la prouesse de la mise en valeur, dans les pièces d'habitation converties en salles muséales, d'une production essentiellement graphique, hors les malades venant d'un milieu aisé, les autres ne disposaient que d'un matériel réduit à un crayon à papier par moi et à des feuilles de papier.
Ce choix s'avère judicieux car il sollicite tant la curiosité que l'imaginaire et la réflexion de tout visiteur selon sa sensibilité et son background culturel, du néophyte à l'amateur éclairé.
Ainsi se révèlent, avec en filigrane l'histoire de la psychiatrie avec une des phases de son évolution quand, à l'exclusion sociale par la mise à l'écart d'abord dans la prison puis dans des asiles-mouroirs, a succédé dès le milieu du 19ème siècle une approche thérapeutique dispensée dans des institutions spécialisées et les prémisses de l'art-thérapie, des intérêts multiples.
D'une part, est dressé un large panorama en termes de maîtrise technique et de qualité esthétique selon le vécu du malade, du gribouillis enfantin du Latiniste aux oeuvres du Voyageur français qui était décorateur et hybride deux univers, le paysage et le motif décoratif, en passant par la griffonnage désordonné non-figuratif et la reproduction de motifs livresques par l'universitaire Emile Josome Hodinos.
D'autre part, l'art des fous résiste à la typologie tant les profils diffèrent, car si des fous deviennent artistes, des artistes sombrent dans la folie comme la peintre expressionniste Else Bankerhorn, ce qui alimente la dialectique art/génie/folie qui, dans sa dérive, a alimenté l'entreprise de "purification de l'art" mené par le IIIème Reich qui, en l'occurrence, s'accompagnait de l'euthanasie des aliénés come ce fut le cas pour Franz Karl Bühler qui avait enseigné à l'Ecole des Arts Appliqués de Strasbourg avant son internement.
Tout comme leur production notamment parce que si certains sont connus, et parfois même célèbres et de leur vivant.
Tel Adolf Woltfli qui s'invente une vie épique en s'érigeant en figure fictionnelle inspirée de son saint patron, la plupart sont à jamais anonymes tout comme August Klett qui crée sa propre cosmogonie.
De plus, ces oeuvres résultent de tant de création spontanée, souvent sur un thème obsessionnel, du mysticisme d'Emile Jacob à l'érotomanie saphique de Oskar Buttikofer, que de créations dirigées visant à la pratique du dessin par la reproduction de dessins,gravures ou illustrations comme avec Josef Askew.
Néanmoins chacune constitue l'émanation d'un univers unique dont celui qui regarde tente de percer le mystère notamment quant elle ressort d'une registre non figuratif et, paradoxalement, certains initient une mise en résonance avec les mouvements de l'art moderne et de l'art contemporain."
6, place des Vosges
75004 Paris
LE SITE DE LA MAISON VICTOR HUGO
SUR ARTY BUZZ
L' ARTICLE DE MM SUR FROGGY'S DELIGHT
(cliquer)
JUSQU'AU 18 MARS 2018
Ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Pour profiter pleinement de cette exposition un catalogue toilé est proposé au prix de 29,90 euros
La maison Victor Hugo présente des collections inédites d'œuvres d'internés constituées au cours du XIXe siècle par quatre psychiatres suisse, français, écossais et allemand. Au total, 200 œuvres ont été sorties d'asiles médicaux parmi les plus anciennes de l'art brut.
Le Voyageur français, August Klett, Johann Karl Genzel, Adolf Wölfli...
Des dessins, des objets remarquables, parfois anonymes, à découvrir absolument !
"Comme pour Entrée des médiums, en 2012, en s’ancrant
dans la vie de Victor Hugo – la folie qui frappe son frère Eugène et sa
fille Adèle –, l’exposition propose d’explorer la constitution d’un
nouveau territoire de l’art.
C'est l'occasion de présenter des collections d’œuvres d'internés
constitués au cours du XIXe siècle par 4 psychiatres qui ont récupéré
souvent en cachette, les œuvres des internés qu'ils suscitent parfois à
des fins « d’art-thérapie ».
Ils en seront les premiers
collectionneurs, les premiers «critiques», leur souci de diagnostic et
d’étude s’ouvrent sur la conscience. Refusant l’imagerie de la folie et
sa mise en spectacle des troubles mentaux, l’exposition entend ne
montrer que l’œuvre des malades et leur rendre hommage, en tant
qu’artistes, comme elle rend aussi hommage aux psychiatres. Le parcours
de visite, organisé de façon chronologique à travers quatre grandes
collections européennes, met en lumière les œuvres les plus anciennes et
peu ou pas vues en France.""Le parcours de visite, organisé de façon chronologique à travers quatre grandes collections européennes, met en lumière près de 200 œuvres parmi les plus anciennes et peu ou pas vues en France. Clandestines, fragiles, faites sur les murs de l’asile ou sur des matériaux de hasard récupérés en cachette, dessins ou peintures, broderies ou objets, chacune de ces œuvres nous ouvre un univers et nous plonge aux racines de l’Art brut."
Collection du Dr Browne
"Fondé à Dumfries, en Écosse, en 1838, le Crichton Royal Hospital fut une institution pionnière en matière d’art thérapie. William A. F. Browne (1805-1885) y a réuni de 1838 à 1857 une importante collection des productions des patients, aujourd’hui conservée par les archives de Dumfries et du Galloway.
Collection du Dr Auguste Marie
Très tôt, Auguste Marie (1865-1934) porta attention aux travaux des malades, encourageant à la fois leur créativité et l’activité même de collection, en particularité lorsqu’il fut en poste à Villejuif, où il est nommé en 1900. Sa collection fut dispersée, mais une partie essentielle fut acquise par Jean Dubuffet et se trouve aujourd’hui à la Collection de l’Art Brut à Lausanne."
William Bannermann
Collection du Dr Marie
"Très tôt, Auguste Marie (1865-1934) porta attention aux travaux des malades, encourageant à la fois leur créativité et l’activité même de collection, en particularité lorsqu’il fut en poste à Villejuif, où il est nommé en 1900. Sa collection fut dispersée, mais une partie essentielle fut acquise par Jean Dubuffet et se trouve aujourd’hui à la Collection de l’Art Brut à Lausanne."
Xavier Cotton
Jules Leopold
Broderie anonyme (Collection abcd)
Anonyme - objets d'aliénés - LAM
Collection Walter Morgenthaler
"Conservée au Psychiatrie-Museum de Berne, cette collection est issue de l’asile de la Waldau (die Bernische kantonale Irrenanstalt Waldau), rendu célèbre par la présence de personnalité comme Robert Walser et surtout Adolf Wölfli reconnu comme une figure tutélaire de l’Art Brut. Le Dr Walter Morgenthaler (1882-1965) dirigea l’institution de 1913 à 1920."
Friedrich Kohler
Jakob Gerber
Adolf Wölfli
Karl Schneeberge
Adolf Wölfli
Collection Prinzhorn
"Commencée dès la fin du XIXe siècle à l’hôpital psychiatrique de l’Université de Heidelberg cette collection est devenue mythique par le livre publié à partir de son étude, en 1922, par Hans Prinzhorn (1886-1933), Expressions de la Folie, qui eut une grande influence sur les artistes d’avant-garde. C’est aussi dans cette collection que les nazis ont puisé les œuvres incluses dans l’exposition d’art dégénéré en 1937."
August Klett
Else Blankenhorn
Peter Meyer
"Miss G"
Hedwig Wilms
Hermann Heinrich
"La Maison de Victor Hugo à Paris propose avec "La Folie en tête... aux racines de l'art brut" une excellente et très ciblée exposition consacrée à l'art brut dans son acception originelle qui revient aux fondamentaux en un temps où celui-ci est intégré dans la nébuleuse en vogue des arts dits "outsiders".
En effet, l'art brut contemporain est principalement pratiqué par des artistes formé aux beaux arts qui s'inspirent des pratiquent des oeuvres et thématiques qui innervent l'"art des fous", celui des personnes internées dans des hôpitaux psychiatriques dès le 18ème siècle, suite à la qualification fameuse de Jean Dubuffet au milieu du 20ème siècle.
Gérard Audinet, directeur du lieu, et Barbara Safarova, présidente de l’Association abcd dédiée à l'art brut en charge de la collection Bruno Decharme et directrice de programme au Collège International de Philosophie, ont choisi de présenter les oeuvres réalisées au début du 20ème siècle dans le cadre d'institutions psychiatriques considérées comme pilotes en leur temps et dirigées par des thérapeutes par ailleurs amateurs d'art et collectionneurs qui ont favorisé la pratique artistique qui sera qualifiée d'art-thérapie dans les années 1950.
Ainsi on été constituées des collections européennes emblématiques qui scandent de manière chronologique l'art psychopathologique de 1830 à 1945 dans laquelle les commissaires ont puisé pour concevoir judicieusement une monstration qui évite tant le didactisme que la pédanterie en ne procédant ni à des appariements esthétiques ni à des récurrences selon la pathologie potentielle des malades.
En effet, chaque collection - la collection du Dr Browne au Crichton Royal Hospital, celle du Dr Auguste Marie qui a officié à l'Asile de Villejuif et à l’Asile-clinique de Sainte-Anne, celle du Dr Walter Morgenthaler directeur de l'Asile de la Waldau en Suisse et la collection dite Hanz Prinzhorn à l'Hôpital psychiatrique de l’Université de Heidelberg - fait l'objet d'une section spécifique
Et le scénographe Alexis Patras a réussi la prouesse de la mise en valeur, dans les pièces d'habitation converties en salles muséales, d'une production essentiellement graphique, hors les malades venant d'un milieu aisé, les autres ne disposaient que d'un matériel réduit à un crayon à papier par moi et à des feuilles de papier.
Ce choix s'avère judicieux car il sollicite tant la curiosité que l'imaginaire et la réflexion de tout visiteur selon sa sensibilité et son background culturel, du néophyte à l'amateur éclairé.
Ainsi se révèlent, avec en filigrane l'histoire de la psychiatrie avec une des phases de son évolution quand, à l'exclusion sociale par la mise à l'écart d'abord dans la prison puis dans des asiles-mouroirs, a succédé dès le milieu du 19ème siècle une approche thérapeutique dispensée dans des institutions spécialisées et les prémisses de l'art-thérapie, des intérêts multiples.
D'une part, est dressé un large panorama en termes de maîtrise technique et de qualité esthétique selon le vécu du malade, du gribouillis enfantin du Latiniste aux oeuvres du Voyageur français qui était décorateur et hybride deux univers, le paysage et le motif décoratif, en passant par la griffonnage désordonné non-figuratif et la reproduction de motifs livresques par l'universitaire Emile Josome Hodinos.
D'autre part, l'art des fous résiste à la typologie tant les profils diffèrent, car si des fous deviennent artistes, des artistes sombrent dans la folie comme la peintre expressionniste Else Bankerhorn, ce qui alimente la dialectique art/génie/folie qui, dans sa dérive, a alimenté l'entreprise de "purification de l'art" mené par le IIIème Reich qui, en l'occurrence, s'accompagnait de l'euthanasie des aliénés come ce fut le cas pour Franz Karl Bühler qui avait enseigné à l'Ecole des Arts Appliqués de Strasbourg avant son internement.
Tout comme leur production notamment parce que si certains sont connus, et parfois même célèbres et de leur vivant.
Tel Adolf Woltfli qui s'invente une vie épique en s'érigeant en figure fictionnelle inspirée de son saint patron, la plupart sont à jamais anonymes tout comme August Klett qui crée sa propre cosmogonie.
De plus, ces oeuvres résultent de tant de création spontanée, souvent sur un thème obsessionnel, du mysticisme d'Emile Jacob à l'érotomanie saphique de Oskar Buttikofer, que de créations dirigées visant à la pratique du dessin par la reproduction de dessins,gravures ou illustrations comme avec Josef Askew.
Néanmoins chacune constitue l'émanation d'un univers unique dont celui qui regarde tente de percer le mystère notamment quant elle ressort d'une registre non figuratif et, paradoxalement, certains initient une mise en résonance avec les mouvements de l'art moderne et de l'art contemporain."
6, place des Vosges
75004 Paris
LE SITE DE LA MAISON VICTOR HUGO
SUR ARTY BUZZ
L' ARTICLE DE MM SUR FROGGY'S DELIGHT
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JUSQU'AU 18 MARS 2018
Ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Pour profiter pleinement de cette exposition un catalogue toilé est proposé au prix de 29,90 euros
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