Voici un texte écrit par Jeanine Rivais et publié dans le N° 63 d'octobre 1998 du Bullletin de l'Association les mis de François Ozenda :
" QUI SAUVERA LE JARDIN NAÏF DE FERNAND CHATELAIN ?
En mai 1989, Artension publiait sous ce titre, un article de Pierre Souchaud et Laurent Danchin, dans lequel ils s’inquiétaient du sort réservé à l’un des sites appartenant résolument à l’Art brut : celui de Fernand Châtelain, ce paysan qui avait créé dans son jardin, au bord d’une route de la Sarthe, un monde pittoresque, coloré et humoristique. Fernand Châtelain venait de décéder !
Sa femme, bientôt grabataire, se trouvait dans l’impossibilité d’entretenir ce jardin si original qui devint très vite la proie des ronces et des orties ! A son tour, elle mourut. A un neveu, unique héritier, revient le seul mérite de n’avoir rien détruit, d’avoir simplement laissé faire le temps !
Le temps, qui s’est chargé d’accomplir son oeuvre destructrice : Si la frise courant sur le mur de l’appentis semble presque intacte, le "château", premier élément à avoir été érigé, à l’extrême limite du talus, est tout noir et l’herbe a envahi donjon et chemin de ronde ; les animaux, de béton plaqué sur de la bourre de papier, sont fendus ou éventrés par le gel ; la "Tour de Pise" penche à n’en pouvoir mais ; et alors que la girafe continue imperturbablement à dominer la situation, le zèbre qui, autrefois, caracolait des quatre sabots, s’est affaissé dans l’herbe, seule sa fourche-queue continue de se dresser fièrement ; le quadrille d’éléphants a désormais des pattes toutes biscornues ; et le pauvre petit âne n’a plus que de maigres "moustaches" !... Les couleurs, par contre, semblent avoir mieux résisté, qui donnaient à ces créations un charme un peu vétuste. Mais elles sont maculées de traces de pluie, par endroits couvertes de mousse ; et pâlies comme des personnages languissants après une longue maladie ! Même la queue-éventail du paon, sur la porte du hangar, a perdu ses teintes vives ! Et, dans l’infini désordre qui règne à l’intérieur où la poussière et les feuilles mortes ont la haute main, traînent planches, têtes, jambes disparates... d’où émerge parfois un écriteau quasi-effacé, porteur de bribes d’une de ces phrases qu’affectionnait Fernand Châtelain et qui, apparemment, n’ont pas eu le temps de trouver leur place à l’extérieur : "VOYONs BASILE, FAIT AU MOINS PIPI COMME TOUS LES MESSIEURS" ou "NEE PERE INCONNU 1982 J’ACCOMPAGNE MAMAN JOUR DE SON MARIAGE" ! "JE M’APPELLE DESIREE FAIT TOT", etc.
Presque dix années se sont écoulées, au cours desquelles le jardin est quasiment tombé dans l’oubli. Paradoxalement, cela n’a-t-il pas été sa chance ? Ne doit-on pas se réjouir, en effet, qu’aucun vandale n’y ait exercé ses talents ; aucun "amateur" n’en ait subtilisé une partie ?
Et, aux dernières nouvelles, peut-être une lueur d’espoir : Après que des gens de la région se soient émus de la décrépitude croissante de ce lieu où ils avaient naguère aimé venir partager la convivialité du créateur, la municipalité de la commune s’est laissée convaincre d’acquérir la propriété. Déjà, la maison a été rénovée et louée à une personne qui s’est engagée à laisser visiter le site. Si les orties subsistent (!), les ronces ont quasi-disparu. Et la rumeur affirme que, dans un proche avenir, des étudiants des Beaux-Arts viendront restaurer les oeuvres. Espérons que ce sera "à l’identique" (vu le nombre de documents existants, cela ne devrait pas poser de problème !) Mais il est bon de rester vigilants ; car actuellement, incongru dans ce contexte toujours si personnel, trône, entre échalotes et pelouse, un bien vilain nain de ...jardin ! "
**** Le site de Jeanine Rivais pour lire l'article dans sa totalité et voir d'autres photos
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**** Ouverture du site en saison estivale (15 juin / 15 septembre) les samedis de 14h à 18h et sinon sur réservation auprès de l'Office de Tourisme des Alpes Mancelles
Tél. 02.43.33.28.04
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