L'église de la Raynaude et son chemin de croix
"Sur la route reliant Saint-Girons au Mas d’Azil, à quelques kilomètres de la célèbre grotte préhistorique, on peut découvrir un édifice religieux surprenant par son importance et son décor: il s’agit de l’église de la Raynaude et de son chemin de croix accroché au flanc du coteau.
Dès que l’on quitte la départementale, une allée de lilas odorants conduit à l’église de la Raynaude qui à l’origine ne se situait à l’emplacement actuel mais sur la colline dominant la plaine. Selon le cartulaire du Mas d’Azil, elle était connue sous le nom de Saint Lizier d’Estilled .
Partiellement ruinée, pendant les guerres de religion, partiellement réparée par la suite, l’évêque de Rieux constate, en 1724, que le toit de celle-ci doit être refait et qu’une partie du bâtiment doit être rebâti. Cependant il faudra attendre 1777, date de sa consécration, pour que ses vœux soient exaucés.
En 1862, l’abbé Rousse, débute son ministère dans la paroisse de la Raynaude.
A cette époque il n’y a plus d’église, ni de presbytère, et plus grave encore, les enfants catholiques vont à l’école des protestants, ce qui est intolérable aux yeux du brave curé.
Bien décidé à édifier un nouveau lieu de culte, il cherche un emplacement, proche du temple protestant de Rieubach, aussi bien facile d’accès pour les habitants du village que pour ceux de la plaine ou des coteaux.
Une fois le lieu choisi, la première pierre est posée le 2 octobre 1863 et la première messe célébrée en 1865.
On connaît le financement de cette église grâce à une lettre écrite par l’abbé Rousse en 1905 à l’agent des inventaires des églises: « /…/ sur un fond m’appartenant et sans secours, ni de la commune, ni de l’Etat, je commençai cette église et le presbytère attenant.
Avec mon patrimoine, mes économies, mes privations, mes veilles, mes sueurs aussi et quelques dons personnels de personnes qui m’étaient dévouées, je suis arrivé au résultat que voilà ».
Par la suite le pape Pie IX enrichit la paroisse de quelques indulgences et lui accorde également quelques privilèges.
Cette église est dédiée à Marie Immaculée, à Saint Joseph et à Sainte Anne (ces trois statues dominent le porche d’entrée) ; il est intéressant de noter que cette dédicace est liée aux apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirou à Lourdes qui ont lieu à la même époque.
Mais l’abbé Rousse ne s’en tient pas là. Il construit le presbytère et réalise un modeste orphelinat qui obtient l’agrément de la préfecture pour la création d’une école, ayant pour vocation de « sauver les enfants exposés à perdre la foi ».
L’abbé doit cependant faire appel à la charité de ses fidèles pour achever les travaux de l’autel ou de la statue de la Vierge: on sait qu’il sollicita même l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie!
L'abbé ne s’arrête pas là, il décide d'ériger un calvaire derrière l’église, dont les quatorze chapelles s’organisent aujourd’hui en chemin de croix sur le flanc de la colline.
Faute de concours financiers extérieurs, trente ans plus tard, la construction n’était toujours pas achevée.
On raconte alors qu’un américain de passage dans la région fut surpris de voir ce curieux ouvrage inachevé et ayant appris les problèmes financiers qui en étaient la cause, il remit à la paroisse un chèque destiné à l’achèvement des travaux.
Si l’on en croit la légende, l’américain en question était John Rockefeller, le richissime industriel.
En 1895, monseigneur Rougerie, évêque de Pamiers consacre cet ensemble enfin terminé.
A l’origine, chaque chapelle était ornée d’un tableau en grès céramique représentant une des quatorze stations du chemin de croix du Christ.
La plupart des tableaux ayant été détériorés ou volés, l’évêché a fait don dans les années cinquante de motifs décoratifs en métal repoussé, récupérés lors de la destruction du Monastère du Carol près de Foix, édifié à la même époque.
En 2005, les chapelles du chemin de croix ont été rénovées par l’A.A.P.R.E (association ariégeoise des personnes en recherche d’emploi): leur crépi a été refait, les murs en pierres sèches ainsi que les toitures ont été relevés.
Un petit sentier sinueux bordé de végétation méditerranéenne conduit de chapelle en chapelle jusqu’aux cyprès du petit cimetière qui domine le coteau.
Un petit air de Grèce ou d’Italie du Sud souffle alors sur les collines de l’Arize…"
Laurence Cabrol
Office du Tourisme du Mas d'Azil et des Vallées de l'Arize tél: 05 61 68 97 25
LE LIEN
(cliquer sur le lien)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire