Notre descente dans les Pyrénées fut l'occasion d'un arrêt à Bages, à la rencontre d'un artiste dont
j'avais bien des fois croisé le travail au Hang Art de Saffré ou chez Luis Marcel : MOSS.
De la peinture à la sculpture à la tronçonneuse, de la linogravure au bois flotté, tout est support pour cet artiste talentueux ! Tout ce qui l'entoure est matière. Tout ce qu'il voit devient sujet.
Le contact est tout de suite simple et chaleureux.
Dans son atelier ouvert sur la rue... sur les autres et où les visiteurs et les amis ne cessent d'entrer, des sculptures sur bois, en carton, des peintures sur cagettes ou sur des sacs , des croquis , des pinceaux, tout y est vivant, coloré.
Son art "singulier" est libre, franc, joyeux, sincère comme lui !
Et voici un article paru en 2011 dans le cadre du festival dijonnais "Itinéraires Singuliers" :
Toute une vie de passage et d’itinérance... Moss, qui a connu l’exclusion,
notamment en prison, est l'un des artistes-clés de l'édition 2011 du festival
dijonnais Itinéraires Singuliers. À 58 ans, il vit aujourd’hui de son art et garde
une main tendue vers les mineurs délinquants afin de les sensibiliser à un
moyen d’expression alternatif à la violence. Aujourd'hui, son travail laisse une
large place à l’humour et au jeu, indissociables de son univers pour le moins acidulé...
Son père travaillant dans les casinos, c’est donc tout naturellement que Moss
devient croupier professionnel en 1970. Il exercera ce métier durant vingt
ans... Il gagne bien sa vie alors, même si pour cela il doit sans cesse voyager de
villes en villes et de pays en pays. Puis il devient un homme de passage
lorsqu’il perd son emploi en 1990. Les crédits s’accumulent et il se tourne vers
le banditisme. Il connaît ce milieu qu’il a fréquenté dans le cadre de son
ancien boulot, et il enchaîne les trafics en tout genre. À la sortie d’un
braquage de banque, il reçoit une balle dans le dos, qui manque de le tuer.
Moss va donc en prison, sans passer par la case départ – et sans toucher 20.000 francs...
À partir de là, la passion du dessin qui le suivait depuis toujours se confirme de manière quasi-obsessionnelle.
Malgré un séjour carcéral des plus difficiles et quelques coups de couteaux ici et là, Moss utilise la peinture comme son principal medium d’expression. "Tout ce que j’avais dans le ventre est sorti en prison. Une fois libéré, je ne
savais plus quoi raconter." En prison, il rencontre notamment José Bové, qui fera sortir ses toiles et l’aidera à exposer et à se faire connaître par la suite. A noter que les œuvres qu’il expose aujourd’hui au conseil régional de
Bourgogne n’ont que peu de rapport avec la gravité et le caractère dérangeant des productions qu’il réalisait en prison, même si elles sont le fruit d’une évolution
Un artiste singulier, sans attaches... mais qui préserve le lien
Si Moss expose aujourd’hui et vit de son art, il travaille souvent en "live". A ces
occasions, il intègre autant que possible dans le processus créatif des prisonniers
et délinquants mineurs. "Je garde toujours le lien avec mon passé et j’intègre les
mineurs ; je leur fais visiter mon atelier, etc. J’essaye de leur proposer une autre
voie d’expression que la violence à laquelle ils ont souvent recours, et qu’ils subissent."
L’artiste fait partie intégrante d’un groupe d’amis liés au mouvement de l'art singulier – proche de l’art brut. Chacun d’entre eux possède une caravane, peinte et décorée à leur image, et invite le public à y entrer. Le spectateur y découvre alors l’univers intime d’artistes itinérants, sans racines. "Le public rentre un peu dans le cerveau de l’artiste." Les thématiques du voyage (forcé), du passage, du cheminement, sont bien évidemment très présentes dans le travail de Moss, et reflètent en partie son propre parcours et celui des personnes qui ont croisé sa route. Exil et déracinement, immigration et exclusion, sont une base de travail à laquelle s’ajoute l’actualité du moment.
Les thèmes abordés sont divers et variés mais toujours graves sur le fond ou soulevant une question de société. En revanche, le traitement graphique est à l’opposé, joyeux, animé, coloré, vibrant et chahutant. Sous la forme de
petites scènes agglutinées, des personnages vivent un quotidien au gré du courant, telles de petites brindilles. Très expressifs, ces petits bonshommes animent des tableaux en relief, grouillant de vie, conglomérats de scènes quotidiennes, toujours avec humour et malice.
Humour, récup' et sculpture à la tronçonneuse !
Le graphisme comme les couleurs, les compositions chaotiques et les traits des personnages - entre peinture et bande dessinée -, forment un joyeux patchwork en mouvement. La musique n’est pas absente de ce travail
, bien au contraire, et l'envie nous prend de fredonner Manu Chao et sa Mano Negra, tant ces deux univers semblent liés en tous points. L’art singulier, c’est aussi une pratique et un style qui poussent l’artiste à privilégier des matières simples, aléatoires, souvent de récupération. Moss utilise des panneaux de bois ou de métal de récup' et des personnages en galets, qu’il récolte sur la plage en bas de chez lui ! Un peu de colle et de l’acrylique suffisent pour donner vie et bonne humeur à tout ce petit monde, qui s’exprime dans une joyeuse cacophonie. Le dessin un peu naïf, voire enfantin, trahi pourtant une grande maîtrise de la couleur. Quant à eux, les personnages sont d’une
expressivité saisissante. Les tableaux sont vraiment tous très réussis, variés, et d’un humour décapant. Leur pouvoir décoratif n’est pas non plus en reste tandis que les sculptures de personnages à la tronçonneuse en imposent. Si la
galerie François Mitterrand du conseil régional de Bourgogne offre un cadre tout à fait convenable aux œuvres, on aurait aimé voir tout ce petit monde dehors, sous le soleil par lequel ils semblent être guidés. Bref,une exposition incontournable, pleine d’humour, d’espoir, de sensibilité, de couleurs et de second degré...
SUR LE SITE DU HANG ART DE SAFFRE
SUR ARTCOMPULSION
UNE VIDEO
UNE AUTRE
MOSS SUR FACEBOOK
UN LONG ARTICLE DANS ITINÉRAIRES SINGULIERS
SUR LA DÉPÊCHE .FR
MOSS ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer)
j'avais bien des fois croisé le travail au Hang Art de Saffré ou chez Luis Marcel : MOSS.
De la peinture à la sculpture à la tronçonneuse, de la linogravure au bois flotté, tout est support pour cet artiste talentueux ! Tout ce qui l'entoure est matière. Tout ce qu'il voit devient sujet.
Le contact est tout de suite simple et chaleureux.
Dans son atelier ouvert sur la rue... sur les autres et où les visiteurs et les amis ne cessent d'entrer, des sculptures sur bois, en carton, des peintures sur cagettes ou sur des sacs , des croquis , des pinceaux, tout y est vivant, coloré.
Son art "singulier" est libre, franc, joyeux, sincère comme lui !
Et voici un article paru en 2011 dans le cadre du festival dijonnais "Itinéraires Singuliers" :
Moss : Croupier, bandit... et artiste !
Toute une vie de passage et d’itinérance... Moss, qui a connu l’exclusion,
notamment en prison, est l'un des artistes-clés de l'édition 2011 du festival
dijonnais Itinéraires Singuliers. À 58 ans, il vit aujourd’hui de son art et garde
une main tendue vers les mineurs délinquants afin de les sensibiliser à un
moyen d’expression alternatif à la violence. Aujourd'hui, son travail laisse une
large place à l’humour et au jeu, indissociables de son univers pour le moins acidulé...
Son père travaillant dans les casinos, c’est donc tout naturellement que Moss
devient croupier professionnel en 1970. Il exercera ce métier durant vingt
ans... Il gagne bien sa vie alors, même si pour cela il doit sans cesse voyager de
villes en villes et de pays en pays. Puis il devient un homme de passage
lorsqu’il perd son emploi en 1990. Les crédits s’accumulent et il se tourne vers
le banditisme. Il connaît ce milieu qu’il a fréquenté dans le cadre de son
ancien boulot, et il enchaîne les trafics en tout genre. À la sortie d’un
braquage de banque, il reçoit une balle dans le dos, qui manque de le tuer.
Moss va donc en prison, sans passer par la case départ – et sans toucher 20.000 francs...
À partir de là, la passion du dessin qui le suivait depuis toujours se confirme de manière quasi-obsessionnelle.
Malgré un séjour carcéral des plus difficiles et quelques coups de couteaux ici et là, Moss utilise la peinture comme son principal medium d’expression. "Tout ce que j’avais dans le ventre est sorti en prison. Une fois libéré, je ne
savais plus quoi raconter." En prison, il rencontre notamment José Bové, qui fera sortir ses toiles et l’aidera à exposer et à se faire connaître par la suite. A noter que les œuvres qu’il expose aujourd’hui au conseil régional de
Bourgogne n’ont que peu de rapport avec la gravité et le caractère dérangeant des productions qu’il réalisait en prison, même si elles sont le fruit d’une évolution
Un artiste singulier, sans attaches... mais qui préserve le lien
Si Moss expose aujourd’hui et vit de son art, il travaille souvent en "live". A ces
occasions, il intègre autant que possible dans le processus créatif des prisonniers
et délinquants mineurs. "Je garde toujours le lien avec mon passé et j’intègre les
mineurs ; je leur fais visiter mon atelier, etc. J’essaye de leur proposer une autre
voie d’expression que la violence à laquelle ils ont souvent recours, et qu’ils subissent."
L’artiste fait partie intégrante d’un groupe d’amis liés au mouvement de l'art singulier – proche de l’art brut. Chacun d’entre eux possède une caravane, peinte et décorée à leur image, et invite le public à y entrer. Le spectateur y découvre alors l’univers intime d’artistes itinérants, sans racines. "Le public rentre un peu dans le cerveau de l’artiste." Les thématiques du voyage (forcé), du passage, du cheminement, sont bien évidemment très présentes dans le travail de Moss, et reflètent en partie son propre parcours et celui des personnes qui ont croisé sa route. Exil et déracinement, immigration et exclusion, sont une base de travail à laquelle s’ajoute l’actualité du moment.
Les thèmes abordés sont divers et variés mais toujours graves sur le fond ou soulevant une question de société. En revanche, le traitement graphique est à l’opposé, joyeux, animé, coloré, vibrant et chahutant. Sous la forme de
petites scènes agglutinées, des personnages vivent un quotidien au gré du courant, telles de petites brindilles. Très expressifs, ces petits bonshommes animent des tableaux en relief, grouillant de vie, conglomérats de scènes quotidiennes, toujours avec humour et malice.
Humour, récup' et sculpture à la tronçonneuse !
Le graphisme comme les couleurs, les compositions chaotiques et les traits des personnages - entre peinture et bande dessinée -, forment un joyeux patchwork en mouvement. La musique n’est pas absente de ce travail
, bien au contraire, et l'envie nous prend de fredonner Manu Chao et sa Mano Negra, tant ces deux univers semblent liés en tous points. L’art singulier, c’est aussi une pratique et un style qui poussent l’artiste à privilégier des matières simples, aléatoires, souvent de récupération. Moss utilise des panneaux de bois ou de métal de récup' et des personnages en galets, qu’il récolte sur la plage en bas de chez lui ! Un peu de colle et de l’acrylique suffisent pour donner vie et bonne humeur à tout ce petit monde, qui s’exprime dans une joyeuse cacophonie. Le dessin un peu naïf, voire enfantin, trahi pourtant une grande maîtrise de la couleur. Quant à eux, les personnages sont d’une
expressivité saisissante. Les tableaux sont vraiment tous très réussis, variés, et d’un humour décapant. Leur pouvoir décoratif n’est pas non plus en reste tandis que les sculptures de personnages à la tronçonneuse en imposent. Si la
galerie François Mitterrand du conseil régional de Bourgogne offre un cadre tout à fait convenable aux œuvres, on aurait aimé voir tout ce petit monde dehors, sous le soleil par lequel ils semblent être guidés. Bref,une exposition incontournable, pleine d’humour, d’espoir, de sensibilité, de couleurs et de second degré...
SUR LE SITE DU HANG ART DE SAFFRE
SUR ARTCOMPULSION
UNE VIDEO
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MOSS SUR FACEBOOK
UN LONG ARTICLE DANS ITINÉRAIRES SINGULIERS
SUR LA DÉPÊCHE .FR
MOSS ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer)
6 rue des chasse-marées
11100 BAGES
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