Voici aujourd'hui sur les Grigris un coup de cœur de cette semaine, une belle découverte que je dois à Matthieu Péronnet qui a eu la gentillesse d'être mes yeux sur Paris et de m'envoyer le texte qu'il a écrit sur cet incroyable artiste .
Camera obscura
On entre dans l’œuvre au Bic d'Hervé Marsy comme on pénètre dans une pièce obscure. D'abord, on ne voit rien. Il faut de la concentration, un temps d'adaptation, et surtout apprivoiser l'obscurité. Laisser sa vue s'adapter sans appréhension, ni impatience, distinguer des formes, faire appel à sa mémoire analogique.
Mais la comparaison s'arrête là, car si dans la pièce obscure il n'est question que de délai de latence afin que l’œil s'adapte, face aux œuvres d'Hervé Marsy il est question de quelque chose qui se passe dans un monde autre que celui que nous voyons.
Si nous devons tenter une seconde comparaison, l’œuvre d’Hervé Marsy est une image photosensible qui ne requiert aucun bain chimique afin de se révéler au regard. Elle réclame en revanche toute notre disponibilité émotionnelle. Et c’est alors que l'image surgit en vertu d’une opération mystérieuse dont Marsy a le secret.
Avec Marsy, nous sommes au cœur même de la notion d'image. Apparence perceptible d'un être, reproduction renvoyée par une surface réfléchissante ou représentation mentale ? Le dessin de Marsy n'est rien de cela et tout cela à la fois.
Mais le dessin d'Hervé Marsy est avant tout une évocation, un songe, qui peut disparaître aussi vite qu'il a été long à se manifester, et où chaque trait apporte quelque chose de plus profond au mystère insondable.
N'en déplaise aux concepteurs de ce catalogue, les dessins d'Hervé Marsy ne se reproduisent pas. Pure vanité qui ne peut que les dénaturer. Car dans l’œuvre de Marsy, l'image n'importe pas tant que le processus immanent qui conduit à la révéler, à imprimer durablement notre conscience.
Marsy nous invite à une expérience de contemplation aux limites du visible et de l'invisible.
Comment figurer l'infigurable ?
Hervé Marsy ne cherche pas à représenter une réalité, trop souvent brutale ou décevante. Son œuvre n'est pas non plus une recherche de vérité, source d'illusion et d'aliénation. Si la caverne platonicienne symbolise le monde sensible où les hommes vivent et peuvent accéder à la vérité par leurs sens, la chambre obscure de Marsy nous laisse entrevoir ce qui est enfoui en nous. Chez Marsy, c'est l'obscurité qui nous éblouit avant la lumière.
L’œuvre de Marsy est un mystère, au sens antique du terme.
Ce qu'il a à nous révéler est trop précieux pour être exposé aux yeux du profane, alors ses dessins se dévoilent à l'abri des regards.
La vérité d'Hervé Marsy n'est pas dans un idéal lointain ou dans une idée abstraite, elle est en nous. Ce n'est pas pour rien que Marsy admire la musique de Richard Wagner, qui fut influencé par les idées d'Arthur Schopenhauer. Schopenhauer pour qui Il faut aller en soi-même afin de résoudre l'énigme de l'être.
A l'encontre du sens commun, chez Marsy la lumière c'est ce qu'il reste lorsque la feuille a été noircie. Elle n'en est que plus précieuse. Alors, il n'a de cesse de couvrir les pages de ces carnets de noirs et de bleus profonds, pour faire surgir la lumière de l'obscurité.
Hervé Marsy, admirateur du Caravage et de Rembrandt, nous offre sa conception radicale du clair-obscur. Lorsqu'ils se juxtaposent au delà de l'entendement, ses traits retiennent la lumière et appellent à l'introspection. Les rares espaces laissés entre les traits renvoient la lumière et nous ramènent à notre conscience du monde.
Entre ces deux contraires, mille densités et enchevêtrements de couleurs se révèlent peu à peu à notre regard et donnent vie à l'image. Il faut que notre œil s'y accoutume. Alors peu à peu, nous découvrons que le dessin ordonne la matière. Car au-delà des conditions de réalisation de ses œuvres, il y a aussi chez Hervé Marsy une technique maîtrisée et une culture artistique éprouvée,
C'est alors que la lumière surgit. Elle prend souvent l'apparence d'un visage féminin.
Et si au fond le mystère Marsy ce n'était que ça, la recherche de la grâce.
Tiens, en hébreu, le prénom Hannah signifie justement « grâce ». Mais cela n'a pas probablement rien à voir...
Photos Avant-Retard
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Camera obscura
On entre dans l’œuvre au Bic d'Hervé Marsy comme on pénètre dans une pièce obscure. D'abord, on ne voit rien. Il faut de la concentration, un temps d'adaptation, et surtout apprivoiser l'obscurité. Laisser sa vue s'adapter sans appréhension, ni impatience, distinguer des formes, faire appel à sa mémoire analogique.
Mais la comparaison s'arrête là, car si dans la pièce obscure il n'est question que de délai de latence afin que l’œil s'adapte, face aux œuvres d'Hervé Marsy il est question de quelque chose qui se passe dans un monde autre que celui que nous voyons.
Si nous devons tenter une seconde comparaison, l’œuvre d’Hervé Marsy est une image photosensible qui ne requiert aucun bain chimique afin de se révéler au regard. Elle réclame en revanche toute notre disponibilité émotionnelle. Et c’est alors que l'image surgit en vertu d’une opération mystérieuse dont Marsy a le secret.
Avec Marsy, nous sommes au cœur même de la notion d'image. Apparence perceptible d'un être, reproduction renvoyée par une surface réfléchissante ou représentation mentale ? Le dessin de Marsy n'est rien de cela et tout cela à la fois.
Mais le dessin d'Hervé Marsy est avant tout une évocation, un songe, qui peut disparaître aussi vite qu'il a été long à se manifester, et où chaque trait apporte quelque chose de plus profond au mystère insondable.
N'en déplaise aux concepteurs de ce catalogue, les dessins d'Hervé Marsy ne se reproduisent pas. Pure vanité qui ne peut que les dénaturer. Car dans l’œuvre de Marsy, l'image n'importe pas tant que le processus immanent qui conduit à la révéler, à imprimer durablement notre conscience.
Marsy nous invite à une expérience de contemplation aux limites du visible et de l'invisible.
Comment figurer l'infigurable ?
Hervé Marsy ne cherche pas à représenter une réalité, trop souvent brutale ou décevante. Son œuvre n'est pas non plus une recherche de vérité, source d'illusion et d'aliénation. Si la caverne platonicienne symbolise le monde sensible où les hommes vivent et peuvent accéder à la vérité par leurs sens, la chambre obscure de Marsy nous laisse entrevoir ce qui est enfoui en nous. Chez Marsy, c'est l'obscurité qui nous éblouit avant la lumière.
L’œuvre de Marsy est un mystère, au sens antique du terme.
Ce qu'il a à nous révéler est trop précieux pour être exposé aux yeux du profane, alors ses dessins se dévoilent à l'abri des regards.
La vérité d'Hervé Marsy n'est pas dans un idéal lointain ou dans une idée abstraite, elle est en nous. Ce n'est pas pour rien que Marsy admire la musique de Richard Wagner, qui fut influencé par les idées d'Arthur Schopenhauer. Schopenhauer pour qui Il faut aller en soi-même afin de résoudre l'énigme de l'être.
A l'encontre du sens commun, chez Marsy la lumière c'est ce qu'il reste lorsque la feuille a été noircie. Elle n'en est que plus précieuse. Alors, il n'a de cesse de couvrir les pages de ces carnets de noirs et de bleus profonds, pour faire surgir la lumière de l'obscurité.
Hervé Marsy, admirateur du Caravage et de Rembrandt, nous offre sa conception radicale du clair-obscur. Lorsqu'ils se juxtaposent au delà de l'entendement, ses traits retiennent la lumière et appellent à l'introspection. Les rares espaces laissés entre les traits renvoient la lumière et nous ramènent à notre conscience du monde.
Entre ces deux contraires, mille densités et enchevêtrements de couleurs se révèlent peu à peu à notre regard et donnent vie à l'image. Il faut que notre œil s'y accoutume. Alors peu à peu, nous découvrons que le dessin ordonne la matière. Car au-delà des conditions de réalisation de ses œuvres, il y a aussi chez Hervé Marsy une technique maîtrisée et une culture artistique éprouvée,
C'est alors que la lumière surgit. Elle prend souvent l'apparence d'un visage féminin.
Et si au fond le mystère Marsy ce n'était que ça, la recherche de la grâce.
Tiens, en hébreu, le prénom Hannah signifie justement « grâce ». Mais cela n'a pas probablement rien à voir...
Photos Avant-Retard
Do you "like" RV Marsy ???
L'exposition
Il s'agit de la 5e exposition Do You "Like"???,
organisée par Avant-Retard, qui présente le travail de l'artiste
valenciennois RV Marsy.
RV, remplit page par page ses carnets au stylo Bic,
une accumulation de formes iconiques, souvent sa femme, et des
scénographies inspirées par l'opéra wagnérien et le cinéma
expressionniste allemand.
Un trait obsessionnel, jusqu'à rendre difficile la
perception des formes au premier regard, tellement les couches de Bic
ont attaqué la feuille.
Nous présentons du 5 au 14 avril, à La Pièce
Blanche, des pages de ses carnets au Bic, une mini rétrospective de son
travail et le maintenant incontournable jeu de Ping-Pong entre RV et
Avant-Retard...
Le catalogue de l'exposition
Un catalogue édité par Avant-Retard accompagne l'exposition.
120 pages | 16.5 x 24 cm | publication avril 2019
Il est composé d'une rencontre avec l'artiste qui nous guide dans son oeuvre et son univers.
//"Vertu et Partage", une mini-rétro du travail de RV Marsy de 1990 à 2019.
//"Les carnets au Bic", une sélection de portraits
et scénographies inspirées par l'opéra wagnérien et le cinéma
expressionniste.
//"Les Ping-Pong", cadavres exquis entre Bertyl
Lernoud et RV Marsy, exercices imposés et marque de fabrique d’
AVANT-RETARD spécialement créés pour l’occasion.
Les Ping-Pong
Comme ses prédécesseurs, RV Marsy s'est prêté à
l'exercice des Ping-Pong qui constitue, sur un célèbre réseau social,
l'ADN de nos rencontres artistiques et des expositions qui s'en suivent.
Bertyl (aka Pierre Lernoud) extrait de son immense
cabinet de curiosités graphiques des images qu'il envoie à l'artiste
invité, c'est le "Ping". En retour, l'artiste intervient sur ces images
et les retourne à Bertyl, c'est le "Pong".
A propos d' Avant-Retard
“ FAIRE PLUS QUE LIKER…
… SE RENCONTRER ”
L’association AVANT-RETARD a été créée pour mettre en œuvre une nouvelle forme d’utopie jubilatoire.
Suite à un défi lancé par Jacques Flèchemuller sur
Facebook en 2016, AVANT-RETARD s'est proposée de fédérer les talents et
énergies déployés sur les réseaux sociaux, autour d’échanges avec des
artistes, aboutissant à des événements-expositions
bien réels et des éditions de catalogues et d'objets.
PLUS QUE LIKER, FAIRE EXISTER !!!
Nous avons décidé de mettre en commun nos
compétences en matière d’histoire de l’art, d’esthétique, de graphisme,
d’audiovisuel et de sons, ainsi que les moyens techniques et les réseaux
dont nous disposons pour faire avancer le réel «
autrement », hors de l’institution et des lois du marché.
Curieux, passionnés, artistes, mécènes, collectionneurs, soyez les bienvenus.
Suivez ! Likez ! Partagez ! Venez !!!
ENSEMBLE CRÉONS CES ÉVÉNEMENTS…
Informations pratiques
Jusqu'au dimanche 14 avril 2019
le week-end : de 15 h à 21 h
en semaine : de 17 h à 20 h et sur rendez-vous
Catalogue de l'exposition
Disponible sur place durant l'exposition.
Prix : 25 euros
Localisation
La Pièce Blanche
4 rue des Chaufourniers
75019 Paris
Transports
métro : Colonel Fabien (ligne 2)
bus : 26 - 46 - 75, arrêt Colonel Fabien
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