Voilà une des expositions que je rêvais de voir cet été.
Le talent de Philippe Aïni dans un environnement exceptionnel, dans la splendeur de cette abbaye cistercienne chère à mon cœur.
"Cet été, l’Abbaye de Fontfroide accueille une exposition d’art
contemporain dédiée à Philippe Aïni, artiste autodidacte et inclassable,
connu pour son œuvre foisonnante mêlant abstraction figurative, matière
brute et émotion viscérale. À 73 ans, installé dans l’Aude, il dévoile
ici des toiles inédites en résonance avec l’architecture millénaire de
l’abbaye. Une rencontre intense entre patrimoine et création
contemporaine."

Gabriel Sanfourche a été mes yeux en ce mois de juillet 2025, je suis heureuse de présenter ses photos sur les Grigris ...












"Pour Philippe Aïni, l’art, c’est une urgence. Pour ne pas oublier ses
visions, il peint souvent et partout. Comme matière, il privilégie la
bourre de matelas qui, mélangée à de la colle "devient de la chair". Il explique l’emploi de ce médium par le fait "que
c’est de l’éponge à rêve. Sur nos lits, on dort, on lit, on fait
l’amour, on rêve. Les matelas sont pleins de rêves anciens avec lesquels
je peins les miens.". Il récupère des matelas partout, à Emmaüs, dans la rue, dans un "IUFM, à Douai où j’ai récupéré 200 matelas de l’internat de filles !"
Il les ouvre et se sert de tout pour ses créations où la matière
devient des signes zodiacaux réinventés, personnages, lettres, ou même
notes de musiques. C’est le cas dans un tableau réalisé pour Fontfroide
où sur une toile à matelas dont les rayures sont les portées, des notes
écrivent une partition dédiée à Jordi Savall. "Je viens le
voir chaque fois que je le peux. Je l’aime beaucoup. J’espère qu’il
saura lire cette partition. Fontfroide est un espace fait pour la
création, la culture et l’art." D’autres peintures, rondes, ont été aussi réalisées pour cette exposition."







"Trois lieux dans Fontfroide présentent, jusqu’au 5 octobre, plus de cent
œuvres de Philippe Aïni. Symbolique, représentatif ou abstrait,
l’artiste ne se définit pas :
"On aime faire des catégories : je ne me définis pas dans une catégorie ; je me contente de faire.""
Exposition Philippe Aïni 2025 à Fontfroide : l’art contemporain au cœur de l’Aude
"Cet été 2025, l’Abbaye de Fontfroide devient le théâtre d’une
rencontre singulière entre patrimoine et création contemporaine. Du 26
juin au 5 septembre, l’exposition d’art contemporain consacrée à
Philippe Aïni invite les visiteurs à plonger dans l’univers fascinant
d’un artiste inclassable. Figure majeure de la scène artistique
française, Aïni dévoile à Fontfroide une série de toiles inédites où
abstraction figurative et matière brute dialoguent avec les pierres
séculaires de l’abbaye. Une exposition incontournable près de Narbonne,
au cœur de l’Aude, pour tous les amateurs d’art contemporain en quête
d’émotion et de découverte.
Philippe Aïni, l’obsession créative d’un artiste hors-norme
Autodidacte radical et
inclassable, Philippe Aïni est une figure singulière de la scène
artistique contemporaine française. Né à Bordeaux en 1952, il abandonne à
24 ans son métier d’ouvrier pâtissier pour se consacrer corps et âme à
la création. Dès lors, son œuvre foisonnante – près de 13 000 pièces à
ce jour – s’écrit dans une liberté totale, affranchie des conventions
artistiques.
Dans son premier atelier, il
peint reclus, obsédé par la matière, jusqu’à ce qu’un geste nocturne —
gratter fiévreusement un matelas — devienne acte fondateur : la « bourre
» devient la chair de ses toiles et sculptures. Cette matière brute et
poétique irrigue toute sa démarche, entre visions hallucinées et
recherches profondément humaines. Repéré dès les années 1980 par des
galeristes audacieux (Jean-Pierre Roche, Guy Lafargue) et soutenu par de
grands collectionneurs comme Jean-Claude Volot, Aïni entre rapidement
dans les circuits de l’art contemporain. Ses œuvres frappent, fascinent,
dérangent parfois — comme son monumental ensemble sculptural dans
l’église Saint-Michel à Flines-Lez-Raches. Explorateur infatigable de
techniques, il mêle peinture, sculpture, moulages de corps, céramique,
bois précieux et signes énigmatiques. Des expositions à Paris, Moscou,
Miami ou New York jalonnent un parcours international salué pour son
authenticité.
Installé depuis 2016 à Serviès-en-Val (Aude), il a transformé une ancienne coopérative viticole en centre d’art de 1200 m², La Coop-Art,
un espace vivant où il expose, crée, et partage. À 73 ans, Philippe
Aïni poursuit une œuvre exigeante et féconde, évoluant vers une
abstraction figurative nourrie d’introspection. Il écrit : « J’aimerais que vous compreniez ce que je n’arrive pas à dire ».
Humilité, Humanité : l’alliance entre matière artistique et matrice patrimoniale
Au cœur de cette exposition, la matière devient un véritable langage,
brut et organique. Aïni, fidèle à sa démarche, explore ce qui fonde
l’existence : humus, la terre-mère, socle de toute vie – « terre d’où naît l’arbre et tout être vivant », souligne l’artiste – et humanitas, cette fragile trame relationnelle qui relie les êtres parlants et pensants. Le choix du titre Humilité, Humanité
n’est pas anodin : il conjugue ces deux dimensions essentielles de la
condition humaine, la première rappelant notre origine terrestre et
notre finitude, la seconde, notre capacité à créer du lien et à nous
reconnaître mutuellement.
La figure d’Adam, façonnée à partir de la poussière du sol, traverse
l’ensemble des œuvres comme une ligne souterraine et primordiale,
reliant la genèse biblique à une réflexion aiguë sur la place de l’homme
dans l’univers contemporain. Aïni sculpte cette tension entre le
charnel et le spirituel, entre l’élévation et l’ancrage, dans des œuvres
qui frappent par leur force plastique et leur pouvoir d’évocation.
À travers ses créations, Philippe Aïni questionne le devenir
collectif : ces « petits atomes voués à vivre ensemble ou à disparaître
de l’Univers » matérialisent une humanité à la fois magnifique,
vulnérable, parfois vacillante. Les corps fragmentés, les matières
rugueuses, les silhouettes totémiques viennent mettre en relief la
fragilité profonde de notre espèce, mais aussi son élan vital.
L’artiste, par son geste, semble interroger : jusqu’où pouvons-nous
tenir ensemble, en équilibre précaire entre création et destruction ?
La rencontre entre ces œuvres puissamment organiques et le cadre
cistercien de Fontfroide offre bien plus qu’une simple juxtaposition
esthétique : elle ouvre un espace de résonance intime, où la pierre et
la matière se répondent, où le silence du lieu amplifie la portée des
interrogations soulevées. Ce dialogue fécond entre art contemporain et
architecture monastique redonne une acuité nouvelle aux questions
universelles sur la vie, la mort, et la quête de sens.
Humilité, Humanité n’invite pas seulement à regarder : elle
propose de ressentir, de penser, de sonder ce qui fonde l’homme dans sa
plus simple et la plus complexe définition. Une exposition qui pousse
au-delà du visible, et rappelle, avec force, que l’art est l’un des
derniers territoires où se tisse encore la conscience du vivant."

Photos-Jean-Luc-Weber
Abbaye de Fontfroide
11100 NARBONNE
Jusqu'au 5 septembre 2025
de 10h00 à 18h00
LE SITE DE L'ABBAYE
L'ARTICLE DE L’INDÉPENDANT
PHILIPPE AÏNI ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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PHILIPPE AINI ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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Photo du journal l'Indépendant