Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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samedi 16 juin 2012

DES ARTICLES SUR L'ABBE FOURE DATANT DE 1903, 1909 ET 1912 ....




J'ai reçu une lettre incroyable de Françoise Tilley-Genty  et cet article paru en 1903 qu'elle a eu la gentillesse de me traduire ....







Article du journal : The Sphere- du 18 avril 1903

“A BRETON HERMITE WHO CARVES IMAGES IN HIS ROCKY HOME”

“ UN ERMITE BRETON QUI SCULPTE DES FIGURES DANS SA MAISON ROCHEUSE »



Un vagabondage au long de la pittoresque côte de Bretagne nous conduira face à face avec de nombreux sites particuliers et fascinants, mais sans aucun doute, l’un des plus marquants est celui des rochers sculptés de Rothéneuf.

Il y a quelques dix années les rochers n’auraient pas plus attiré l’attention du passant qu’un autre endroit de cette côte déchiquetée, mais il y a sept ans, avec la venue d’un prêtre Catholique venu se retirer dans ces lieux solitaires pour y finir ses jours en totale réclusion, l’un de ces énormes rocs protubérant dans la mer s’est graduellement transformé en une œuvre d’Art qui, bien qu’elle soit loin d’être achevée, attire déjà maintenant des centaines de visiteurs et amoureux de l’Art, venus de tous les coins du pays.

A l’aide de quelques simples outils, « l’Ermite de Rothéneuf », comme l’artiste malin a choisi lui même de s’appeler, commença à sculpter la pierre dure et depuis un peu plus de sept ans, ce fantastique génie a patiemment, jour après jour, œuvré et sculpté sur sa petite péninsule, été comme hiver, avec pour résultat que maintenant, tout le rocher est couvert des plus belles et étranges figures représentant des personnages d’intérêt historique, biblique, ou local. De façon à intensifier l’effet, le sculpteur applique de temps en temps un coup de peinture. Malgré son âge avancé, l’ancien prêtre travaille dur et quand le temps est propice, il va souvent passer toute la journée à sa tâche ardue, pendant des heures, dans la même position allongé sur un large oreiller.

Les offres répétées de personnes spéculatives, qui permettraient à l'artiste de participer aux profits, de faire payer une admission aux touristes non dénombrés, ont été dignement refusées par ce dernier.

En été, quand les visiteurs des stations balnéaires avoisinantes :St Malo, Paramé et Dinard, arrivent par milliers au petit village de Rothéneuf pour admirer ces « Rochers de Merveilles » dont on parle tant, l’Ermite fait son travail de bon matin et l’après-midi, échappe aux regards et questions de la foule inquisitrice en se retirant dans sa maison, un pittoresque bâtiment dans le village, entouré d’un haut mur, où il peut apprécier de tout son cœur la paix et le calme qui lui sont si chers. « L’Ermitage de Haute Folie », en est de fait un bien curieux, mais comme il déclare à ceux qui demandent une explication, ce n’est pas supposé s’appliquer à l’état d’esprit de son occupant solitaire, qui réfute énergiquement à être considéré autrement que comme sain d’esprit et ayant donné lui-même le nom inscrit à l’entrée de sa maison ; ceci est dû à sa construction excentrique. Personne dans son entourage ne semble savoir beaucoup du passé de l’Ermite, alors qu’il ne fait jamais aucune allusion à autre chose qu’à ce travail dans lequel il est totalement investi. A l’auteur de ces lignes cependant, il a révélé qu’il a passé une partie de sa vie en Angleterre comme précepteur dans une famille qui appartient à notre aristocratie.

Qu’il ait été pro-Boer ou non, il semble qu’il se soit pris d’un certain engouement dans la guerre comme le prouve l’une de ses sculptures représentant le pauvre Villebois-Mareuil. Certains pourraient penser que le sculpteur prendrait quelques précautions pour empêcher les précieux rochers d’être endommagés, mais, tout incroyable que cela puisse paraître, les nombreux individus semblent enchantés d’abîmer impitoyablement les belles œuvres de l’artiste ; mais aucune tentative n’est faite pour protéger le travail du sculpteur.

Maintes et maintes fois il retourne à ses personnages de pierre pour trouver un bras, un nez, ou même une tête entière arrachée par la main d’un voyou. C’est un jour triste pour le prêtre quand il doit chercher les membres cassés d’un de ses chef-d’œuvre sur le sable mouillé au pied de la falaise, afin de réparer la figure endommagée du mieux qu’il peut ; mais malgré ces essais et sa santé en baisse, il lutte courageusement, heureux d’avoir achevé autant de choses, et il attend avec une impatience avide de voir le rocher entier transformé en grand monument qui sera à jamais là pour rappeler le monde de l’Ermite de Rothéneuf. Il devrait être noté que les rochers à Rothéneuf sont partiellement en roche friable. L’Ermite compte sûrement sur cela pour travailler sur ces rochers.

The Sphere 18 avril 1903


Ce texte était programmé depuis longtemps et aujourd'hui 15 juin je reçois un nouveau mail de Françoise Tilley-Gentil et une nouvelle traduction d'un article  de 1909 cette fois ....








THE WIDE WORLD MAGAZINE -1909

“L’ERMITE DE ROTHÉNEUF”

Par Frederic Lees

L’article suivant relate le peu qui est connu de la vie et de l’œuvre de l’un des plus étranges personnages que l’on puisse trouver de long en large de la France entière. L’Abbé Fouré, plus connu sous le nom de « l’Ermite de Rothéneuf », son aura et une atmosphère de mystère, et ce fait, s’accorde bien à sa célébrité comme sculpteur des falaises de granit, non loin de St Malo, a fait de lui un personnage curieux tant que proéminent dans son département natal. L’écrivain était accompagné, lors de sa visite à « l’Ermite », par Monsieur Paul Géniaux, le très connu photographe parisien, qui obtint avec succès, de faire un portrait unique, de l’abbé d’habitude non approchable.

Le patron du café du village de Rothéneuf, qui se trouve à quelques 5 miles de St Malo, sur une côte sauvage et rocheuse, nous assura, pendant que nous dégustions notre café noir à la fin d’un repas excellent, qu’il se pourrait que nous ayons quelques difficulté à voir « de Rothéneuf ». Nombreux de ces Messieurs les Journalistes étaient venus pour la même chose et étaient retournés chez eux déçus.

« On m’a fait savoir que cela dépend beaucoup du temps » continua notre hôte, lança un coup d’œil au travers la vitre, « et je dois confesser qu’il est en votre faveur aujourd’hui. Mais ne comptez pas sur ça. Le bon Abbé ne réagit pas toujours à l’apparition d’un rayon de soleil pour sortir de sa retraite .»

« Qui est l’Abbé Fouré ? » demandais-je. « Depuis combien de temps a-t’il été là et de où venait-il ? »

« Ah, Monsieur, là vous me posez la même question qui m’a souvent été posée. Tout ce que je sais, c’est qu’il est arrivé ici il y a, à peu près dix ans, qu’il a commencé à ciseler la falaise, et qu’il ne s’est jamais arrêté de tailler depuis. Vous n’en apprendrez pas plus au travers le village, même si vous posez vos questions à tous les habitants ».

Le patron avait raison en ce qui est des informations à ressortir des bonnes gens de Rothéneuf. Tout ce que chacun pouvait dire était que : " L’Ermite ", était apparu alors très mystérieusement il y avait de cela « dix bonnes années », et que depuis, il avait vécu quasiment comme un reclus, ces quelques besoins étant pris en charge par une servante de confiance, qui, après de nombreuses années à son service, était devenue bien aussi taciturne que son maître. Nous décidâmes donc de tenter notre chance comme bon nombre de journalistes qui sans succès nous précédèrent.

Sans trop d’espoir de succès, nous nous dirigeâmes d’office vers la pointe Ouest de la baie de Rothéneuf. Sur la route principale menant à la région sauvage, nous arrivâmes à la maison de « l’Ermite », ou plutôt, ce que certains appelleraient plutôt forteresse ; dans le sens que l’unique accès est par le jardin, par la porte d’entrée d’une haute muraille de granit. Mais, dans le sens où la porte était à moitié ouverte et que la muraille était surmontée par une rangée des plus comiques têtes qui soient avec tous les yeux fixés sur nous, nous aurions peut-être dû, à ce moment là ou un autre, renoncer à toute idée d’atteindre à l’espace privé de « l’Ermite de Rothéneuf ». Avec ces visages nous confrontant de cette façon, comment aurions nous pu prendre au sérieux cette fortification ? Nous approchâmes un peu plus et découvrîmes que ces personnages grotesques et amusants avaient tous un nom écrit nettement, comme pour des objets dans un musée. L’une de ces images centrales nous souriait au dessus de la porte d’entrée, du nom charmant de « Perrino des Falaises ». Son compagnon à sa droite, un gentilhomme avec une expression qui faisait comprendre qu’il avait la dyspepsie chronique, était « Adolphe de la Haye », pendant que le bonhomme féroce-regardant à la gauche était « Cyr de Hindlé ». « Marc de Langlais » était un moine jovial-qui faisait face à un impérial, « Karl de la Ville-aux-Roux » qui était sans aucun doute, un guerrier médiéval, et les deux dames, « Yvonne de Mimke » et « Jeanne de Lavarde », étaient probablement la représentation de la beauté féminine pendant le Moyen Age.

Cette galerie remarquable de portraits, que nous avons correctement supposé être le travail de l'Abbé Fouré, était  une introduction,  une fois qu’on eut passé par l'embrasure dans le jardin, de nombreux autres exemples même plus extraordinaires de son Art. Personne ne vint à notre rencontre lorsque nous entrâmes, ceci nous donna donc plus ample opportunité d’étudier les nombreuses têtes sculptées dans le bois, qui étaient ici et là, sur des piédestaux ou des poteaux. L’impression qu’elles produisaient était assez macabre. Quelques-unes fronçaient les sourcils, d'autres souriaient, et d'autres affichaient encore un manque d'expression, toujours si pénible à contempler, que nous trouvons souvent dans les visages de quelqu’un mentalement dérangé. Qui que ce soit aurait senti qu'il y avait quelque chose d’anormal dans les figures taillées de ce jardin étrange et silencieux.

Pour dissiper la sensation d'oppression qui nous envahissait rapidement, nous nous sommes déplacés vers la porte de l'abbé et avons frappé. Celle-ci nous fut ouverte par une femme vieillie de paysan, qui, comme réponse à notre enquête de rencontrer son maître, nous informa que « Monsieur l'Abbé » ne recevait pas de visiteurs en ce moment. J'ai commencé à craindre que le propriétaire de l'auberge de Rotheneuf était un vrai prophète. Suivant toutefois la théorie que l'espoir tient toujours aussi longtemps que la porte ne vous est pas fermée au nez, j’ai maintenu la conversation avec la vieille gouvernante, exprimant notre regret que nous ne pourrions rien apprendre des lèvres de l'Abbé Fouré , au sujet des pièces de sculpture remarquables qu'il avait exécutées sur les falaises de granit avoisinantes, et que nous étions venus de beaucoup de centaines de miles pour le voir. Serait-il vraiment impossible, demandais-je, de le voir pour juste quelques minutes ? La femme hésita, et, vous connaissez le proverbe de la femme qui hésite…N’était-ce pas mille fois malheureux, j'ai continué, éloquemment, que l’un de nous ait dû venir d'aussi loin que de l’Angleterre pour voir le sculpteur célèbre de Rothéneuf, seulement pour trouver qu'il n'était pas à la maison ? Cet argument final a eu évidemment un poids considérable, pour que la dame vieillie, avec un peu d’hésitation dise : « je verrai », et s’en retourne dans la maison pour consulter son seigneur et maître.

Avant qu'elle ait eu le temps de faire beaucoup de pas, qui venait vers elle à sa rencontre mais c’était l'Abbé Fouré! Il était de toute évidence presque totalement sourd, car la servante dut crier, du haut et fort de sa voix, notre message dans son oreille.

L' « Angleterre »… ce mot a semblé produire un effet immédiat sur « l'Ermite ». Il a hoché la tête et a souri, et alors, à notre grande satisfaction, il est venu vers nous. « L'Ermite de Rothéneuf » a l'apparence et les manières du vieux prêtre français typique. Des lignes profondes marquent ses joues et celles de son front, indiquent clairement un grand nombre d'années, pendant lesquelles, ses travaux n’ont certainement pas été insignifiants. Ses mouvements sont extrêmement lents, ceci dû, comme nous l’avons appris ensuite de sa gouvernante, à la paralysie partielle ; son audition, comme j'ai déjà mentionné, a presque disparu: et sa mémoire laisse à désirer. Pensez aux difficultés d'un entretien en de telles circonstances que celles-ci !. Malgré cela, nous arrivâmes à apprendre plusieurs choses intéressantes de la vie de cet étrange personnage ; c’est ce que je vais maintenant vous relater.

L’Abbé Fouré, a auparavant été curé d’un village dont personne n’a encore été capable de trouver le nom, Il nous a déclaré être âgé de soixante dix huit ans. Il est même probable qu’il soit beaucoup plus âgé, et que son erreur vienne du fait de sa mémoire défaillante. Il est natif de Rothéneuf, mais personne ne peut se rappeler de lui enfant ; nous avons raisons de supposer qu'il est parti du village dans sa jeunesse, et de n’y être jamais revenu avant ces temps assez récents. Son objectif pour revenir, était de passer ses dernières années dans un lieu dont il avait gardé de beaux souvenirs en sa mémoire. Quant à sa vie pendant l'intervalle entre le départ et le retour, il est entouré de mystère, le seul fait qu'il a semblé vouloir éclaircir, ou être capable de donner est qu'il avait passé une partie de son temps en Angleterre comme professeur de Français. Sans aucun doute ceci était l'explication de la faveur à nous recevoir qu'il nous a accordée.

Au sujet de son travail de sculpteur, « l’Émite de Rothéneuf » était beaucoup plus communicatif. Nous avons compris, malgré ses phrases un peu décousues que lorsqu’il commença  à tailler le bois, puis la pierre, cela avait été juste avec l’idée de passer quelques heures de loisir agréablement. Mais après un certain temps, quand il se rendit compte que le public s’intéressait à ce qu’il faisait, il se dit qu’il aurait peut-être pu profiter un peu de son artisanat. Chaque ouvrier était digne de son embauche ; ses économies étaient petites et à peine suffisantes pour rencontrer ses besoins; donc, où était la disgrâce s'il a tourné une idée heureuse en quelque idée de financement? Ses premiers efforts étaient du côté du bois-taillé. Remarquant  que les troncs épineux et tordus d'arbres ressemblaient étrangement quelquefois aux formes humaines et animales, il a commencé à les faire toujours plus ressemblants par une coupure habile, çà et là avec son couteau de poche. Toute sa menuiserie a été exécutée avec un couteau ordinaire. Quand cela lui a été possible, il a utilisé les formes que la Nature a données à ses blocs de bois, bien que, comme les spécimens dans son jardin l’ont montré clairement, il était tout à fait capable de se passer d'eux.

Grotesque autant de de « l'Ermite de Rothéneuf » les sculptures sont sans aucun doute, il n'y a pas nier que ce sculpteur autodidacte est possédé d'une bonne affaire de vrai talent. En haut de la falaise qui néglige la Baie de Rothéneuf, il a érigé une croix qui porte un Christ qui indique la compétence considérable ; et avant de partir sa maison pour visiter les falaises il nous a montré quelques buffets en chêne, quelques tables et quelques chaises, donc a taillé admirablement que j'ai eu une difficulté dans croire le travail avait été simplement exécuté avec un couteau et un maillet. Je suis incliné pour penser que ceux-ci sont le meilleur de toutes les productions de l'Abbé Fouré .

Les sculptures sur les falaises de granit, au dessous de sa maison, sont certainement moins originales que ces meubles admirables. Mais, bien que moins artistiques, elles sont beaucoup plus curieuses du point de vue du voyageur moyen. Il pourrait être dit, en effet, sans n'importe quelle exagération, qu'elles ont fait la réputation de Rothéneuf et de son « Ermite ». Avant son arrivée, le village était inconnu, presque sans visiteur, et certainement sans aucune autre attraction que la côte rocheuse et la mer ouverte. Maintenant, c'est un lieu reconnu de pèlerinage, une petite ligne de tramway joint le bourg à Paramé, et pendant les mois d’été, des milliers de touristes affluent là, pour voir les merveilleux « Rochers de Rothéneuf ».

L’idée de convertir quelques centaines de mètres carrés de falaise de garnit en une énorme galerie extérieure de sculpture était, si je peux me permettre d’utiliser une expression Américaine, ‘extrêmement mignon’. Est-ce arrivé spontanément à l'Abbé Fouré ou l'a-t-il fait, présumant qu'il eut été un voyageur, et qu’il aurait pu emprunter l’idée des rochers taillés de Libechov, en Bohème ? Pour l'Ermite de Rothéneuf , savait t’il qu’il avait eu un prédécesseur, il y a environ quatre-vingt ans, en la personne du sculpteur célèbre Vaclav Löwy, qui pendant ses vacances à Libechov, où il avait été naguère employé par le Comte Veith comme un garçon de cuisine, il a taillé des rochers dans les forêts avoisinantes. La crainte de blesser « l'Ermite » en laissant apparaître un doute quant à sa capacité d’originalité, m'a empêché de lui demander s'il jamais avait été à Libechov, ou avait entendu parler de ces sculptures célèbres.

Le chemin d’accès aux rochers de Rothéneuf passe par le sommet de la falaise. Vous passez par une entrée rustique, érigée par « L'Ermite », qui a aussi, placé bien en vue pour les visiteurs, une boîte pour les offrandes, que naïvement, il nous a dit être pour :« l'entretien de rochers ». Sur la boîte sont écrits les mots suivants : « Il n’est pas aimable, même juste, de visiter ce rocher sans une vraie compensation». Et personne n’a jamais été incliné à discuter que si quelque chose reste, il est normal que ce soit pour le pauvre « Ermite ». Tous donnent librement après qu'ils aient vu le résultat de ses dix ans de peine patiente. Comme vous descendez les marches qui ont été taillées dans le dur rocher, vous arrivez subitement devant la vue la plus extraordinaire des vues en France. De tous côtés se tiennent ou reposent des personnages, certains d'entre eux sont isolés, d'autres en groupes. La surface entière de la falaise semble vivante avec les saints, les diables et les animaux fantastiques. Bien que vous ne pouvez pas remarquer tout au premier coup d'œil, vous découvrez rapidement qu'il y a à peine un mètre carré de rocher qui n'a pas été taillé pour ressembler à quelque humain ou à quelque forme animale. L'irrégularité naturelle de la surface des rochers a été utilisée par le sculpteur de la façon la plus intelligente.

Ici il a vu une suggestion pour une tête ; là un long galet de granit qui pourrait être transformé en un saint couché, avec une barbe longue et une coiffure curieuse ; et là, encore, une collection de rochers irrégulièrement formés qui ont eu besoin de peu de changement pour les transformer en un groupe de famille, qui d'un pêcheur de Rotheneuf, sa femme et leurs cinq enfants, avec l’un d’eux qui reste sur ses genoux de la mère. Vous remarquerez, aussi, qu'un poisson, portant une certaine ressemblance à un requin, apparaît en dessous du rocher sur lequel le pêcheur s'assied, et cela par la position de son museau qu'il semblerait être sur le point de dévorer la famille. L'élément religieux dans les compositions de l'Abbé Fouré est fort naturellement, comme certains pourraient le prévoir. Il y a des saints et des anges innombrables, deux ou trois autels, et, au moins une représentation du Tout-puissant. Mais il ne s’est limité nullement à Église et aux sujets Bibliques. Quelquefois il a pris son inspiration de l'histoire locale. Une de ses plus ambitieuses compositions représente des scènes dans les vies des Seigneurs de Rothéneuf. Aussi, en fait, cela lui a souvent donné une idée pour un groupe ou une figure seule. Par exemple, lors de la Guerre de Boer et la mort de Colonel de Villebois-Mareuil, il a prévu de travailler à composer une statue sépulcrale très ressemblante à ce héros dévoyé.

Le réalisme des œuvres sculptées de « l'Ermite de Rothéneuf » est quelquefois relevé par l'addition de couches de peinture. Dans ce respect, il suit l'exemple de certains des sculpteurs du Moyen Âge. Son art entier, en effet, semble être inspiré par le travail de ces autres artistes primitifs. Dans les premières années l'entreprise gigantesque, de l'Abbé Fouré et même jusqu'à tout à fait récemment, il pouvait être vu tous les jours, hiver aussi bien que l'été, travailler dur avec le ciseau et le maillet. Maintenant, dû à son déclin physique, il prend les choses un peu plus facilement. Mais quand il peut sortir de sa maison pour continuer sa tâche interminable, il le fait. Les gens ont d'abord ri de lui et ont fait des remarques peu charitables, mais maintenant qu'ils connaissent mieux le vieil homme, ils l'admirent pour sa simplicité, sa bonté de cœur et sa patience inépuisable.

« Puisse-t-il continuer à tailler les rochers de Rothéneuf » est un souhait que pas un des habitants du village ne réfuterait.





Et enfin pour ceux qui aiment l'Abbé Fourré une dernière traduction de Françoise

Bibliothèque Américaine-2- Ici et Là - texte trouvé & traduit le 9-juin 2012 par Françoise Tilley-Genty


Mais ceci un conte lamentable dites-vous ? Vrai — pourtant c'est une histoire de tous les jours de l'humanité triste et contrariée dans la vie d'une grande ville.

« L'ERMITE SCULPTANT LES ROCHES »

« Il fait de sa vie une solitude et l'appelle — « la paix ».

L'ermite de Rotheneuf !

Les ermites ont d'ordinaire une certaine fascination pour la course de gens ; ils vont et les chassent quand ils sont dans leur voisinage, leur parlent, apprennent leur histoire, les regardent comme particulièrement excentriques et anormalement normaux, et enfin contribuer vers l'entretien de ces curieux « notariés, » partant bien contents de l'expérience qu'ils ont gagné par leur appel simple.

Dans beaucoup de cas  les ermites vivent loin d'une vie érémitique, et peut se soutenir dans quelque degré de confort et d'aise par le choix particulier de leur appel auto-imposé. Vous comptez trouver un vieil homme mal tenu, avec des guiches, et une longue barbe d'archal, se penchant sur un personnel, habitant dans une cabine désordonnée, mais être le propriétaire présumé de richesse immense ; court, grand, maniéré, supportant mal toute intrusion, et renoncer à la vie d'un individu ordinaire, exécutant cet exploit mental d'endurance dans sa réclusion solitaire.

Mais les ermites diffèrent.

POTINS ET SOUVENIRS

Celui là, sur la côte de Bretagne, est loin d'être un homme débraillé, pas rasé avec une attitude belligérante, bien que vivant seul dans sa façon particulière. Son visage fort, et son apparence virile, dans le costume du prêtre, qu’il possédait déjà, et il est plus que d'ordinaire intéressant par ses manières aimables et la vie curieuse qu'il a mené — taillant les rochers avec persistance pendant des années avec des figures les plus uniques et les plus grotesques qu’on puisse concevoir.

Il y a trente longues années cet homme— un homme instruit — les conceptions particulières des designs sur les rochers qui s’inclinent peu à peu vers le bord de la mer, et qui donc a ciselé ces figures imaginaires dans les conceptions marquées, les conceptions de designs des plus…puis-je être assez impoli pour dire : inesthétiques, laides et bizarres que l'esprit pourrait inventer probablement.

Mais c’est là où l'intérêt et l'originalité entrent en jeu !

Trente curieuses années de continuelle et réelle peine quotidienne, et la peine dure à cela ! — Et le résultat ? Curieux, très curieux peut-être, comme un jugement juste sur ses travaux, surtout en réfléchissant au temps pris à l’ornementation d’un si vaste  secteur des beaux rochers robustes placés là par la nature, et le plus… si nous restons sur le fait que cela vient d'un esprit cultivé au commencement pour l'Eglise : sur ce dernier point cependant, je parle sous la correction. La raison pour laquelle il a dédié sa vie à cette occupation extraordinaire que je n'ai pas réussi à rassembler, mais là le fait reste, et l'ermite de Rothéneuf aime énormément son travail et y trouve le confort. Naturellement, tous les genres d'idées traversent l’esprit ;

ICI ET LA

Était-ce une affaire d'amour, une première vie matrimoniale infructueuse, un échec dans quelque entreprise particulière qui a pour résultat la renonciation des biens de ce monde, de ses amis et de tout ? Ceci est la conjecture, et la cause de sa vie et ses habitudes étranges ne semblent être connues que de lui seul.

On peut le voir aller de long en large, de sa maison dans le petit village calme de Rothéneuf, maillet ou ciseau à la main, dur à ses travaux, martelant l'escarpement rugueux et robuste s'inclinant non loin de sa maison.

En approchant le bord de la mer, vous pouvez entendre le tintement de ses outils sur la roche, des sons qui vous guident et vous font deviner où il est. Si vus, comme il est normal, surtout dans le jour, sauf par les nomades qui sont là à tout instant, la collection de sculptures, les visages torturés de même que les figures de son imagination, peuvent être étudiés de près et ne sont pas aussi bizarres qu’ils peuvent l’être vus la nuit. Quelques-unes posées sur un mur artificiel, debout à la taille comme un buste sur un piédestal ; d'autres, étendues inertes comme dans la mort ; quelques autres en haut-relief; toujours d'autres, grandes ou très petites. Mais il y a une expression prédominante caractéristique partout aux alentours, comme de couper et de peindre une noix de coco en gardant la coquille et les fibres intactes, comme elles sont souvent observées dans les magasins de fruits.

Il y a le géant louche rencontré dans les contes de fées, et d'autres avec des gestes de pantomime ; un grand chef Indien-Américain spirituel enfoncé dans la méditation, ou un Japonais même, avec le regard de celui qui veut se faire ‘hara-kiri’ sur le visage ! Quelques autres, portant tout le poids du rocher au-dessus d'elles sur leurs épaules, ou d'autres projetant ‘Uke’ une gargouille humaine du toit d'un édifice noble.

POTINS ET SOUVENIRS

Les chemins et les petits murs sont organisés entre les groupes variés.

Mais l'étrangeté de la vue est rendue plus aiguë de nuit, dans un silence profond cassé seulement par l'ondulation des vagues et des rochers blanchis par la lueur de la lune et le bord de la mer au dessous ; la lumière, filtrant des coins et des petites fentes sur la surface rugueuse, frappant et éclaboussant les robustes caractéristiques de ces figures grotesques les rendant blêmes, s'évanouissant, et comme mortes, et les petits gnomes et les diables ressemblent, plus que Jamais, à des êtres d'un monde central.



La scène est blême, sévère et sans âme dans ce domaine barbaresque, païen ; le silence ajoute à l'effet, mais le sculpteur ermite poursuit souvent ses études paisiblement ; à la lumière de la lune, seul dans sa gloire solitaire.



Suivre les chemins qui contournent son étrange cour d’église de lutins sévères,

‹* citation trouvée et notée en fin de traduction-venant de ‘The Rime of the Ancient Mariner’ › Comme celui que l’on rencontrerait lors d’une promenade sur la route solitaire de la mort, dans la crainte et la frayeur ».

Les petites divinités espiègles à la ronde vous scrutent de partout, mais ne regardez pas trop longtemps ; ou cela vous hantera si vous êtes timide, car c'est « une vision pour en rêver, non pas pour en parler ! ». Et cela continue. ..

De l'entrée du jardin à la maison de l'ermite dans le village est close par un haut mur, qui est l'assez petit parapet renforcé, formé avec des embrasures, et six grandes têtes qui parent ce mur comme un Rempart, et cinq plus petites perchée en haut dans les ouvertures — l'insigne de l'occupant.

Ermite des rochers solitaires nous vous aimons !

ICI ET LA

« Salut collègue bien rencontré » comme vous l’êtes avec tous, et bientôt encore, l'été arrivera, plus de touriste arriveront, qui vous fixeront et vous regarderont, vous et vos travaux, et mettront des petites pièces d’argent français dans la petite boîte pour vous aider à passer les mois d'hiver mornes à venir.

Quels êtres étranges et curieux on rencontre dans la vie !



*citation : de Frankenstein dans :
"The Rime of the Ancient Mariner" de Samuel Taylor Coleridge qui décrit la terreur surnaturelle.
“Like one who, on a lonely road,
Doth walk in fear and dread,
And, having once turned round, walks on,
And turns no more his head;
Because he knows a frightful fiend
Doth close behind him tread.”


** Vous trouverez le texte en anglais dans les commentaires


*** ET L'ETE 2012 A LA CHAPELLE SAINT VINCENT ...
 une affiche envoyée par Joëlle Jouneau




LE TOUT NOUVEAU SITE DES ROCHERS DE ROTHENEUF :
http://rochersrotheneuf.wordpress.com/

3 commentaires:

Sophie a dit…

Voici le texte de 1912 en anglais (publiè en 2 parties) ...

HITHER AND THITHER

CORNELL UNIVERSITY LIBRARY
THE WASON CHINESE COLLECTION

The original of this book is in the Cornell University Library.

There are no known copyright restrictions in the United States on the use of the text.

http://www.archive.org/details/cu31924023257029


HITHER & THITHER

BY

R. BROOKS POPHAM

AUTHOR OF "FINGER-POSTS TO ANIMAL LIFE" "REMINISCENCES OF MANY LANDS"
"ZIGZAG RAMBLINGS"

LONDON
W. J. HAM-SMITH

1912

Copyright All rights reserved


But this a pitiful tale you say ? True — yet it is
an everyday story of sad, wearied humanity in the
life of a big city.

" L'ERMITE SCULPTANT LES ROCHES "
" He makes a solitude and calls it — ^peace."

The hermit of Rotheneuf !

Hermits usually have a certain fascination for the
run of people ; they go and hunt them up when in
their vicinity, talk to them, learn their history,
look upon them as peculiarly eccentric and ab-
normal beings, and, finally, contribute towards the
maintenance of these curious " sohtaries," going
away well pleased with the experience they have
gained by their informal call.

In many cases the hermits live far from an
eremitic life, and can sustain themselves in some
degree of comfort and ease by the peculiar choice of
their self-imposed calling. You expect to find an un-
kempt old man with flowing locks, and long patri-
archal beard, leaning on a staff, and living in a
disorderly cabin, but being the supposed possessor
of untold wealth ; curt, top, in manner, resenting
all intrusion, and foregoing the life of an ordinary
individual, performing this mental feat of endur-
ance in his solitary seclusion.

But hermits differ.



GOSSIP AND RECOLLECTIONS 285

This one, on the Brittany shores, is far from an
unkempt, unshaven man with a belligerent attitude,
although living alone in his own peculiar way.
His face strong, and his appearance manly, in
priest's garb, is prepossessing, and he is more than
usually interesting by his genial manners and the
curious life he has led — carving the rocks persistently
for years with the most unique and grotesque figures
conceivable.

Sophie a dit…

Thirty odd years of continual and well-nigh daily
toil, and hard toil at that ! — and the result ? Curious,
very curious perhaps, is a just judgment on his
works, especially when reflecting on the lapse of time
spent on ornamenting over so vast an area of the
beautiful rugged rocks placed there by Nature, and
the more so when we dwell upon the fact that it
comes from a cultured mind originally intended for
the Church : upon this last point, however, I speak
under correction. The reason he dedicated his
life to this extraordinary occupation I failed to
gather, but there the fact remains, and the hermit
of Rotheneuf dearly loves his work and finds com-
fort in it. Naturally, all sorts of ideas cross the



286 HITHER AND THITHER

mind ; was it a love affair, an early unsuccessful
matrimonial life, a failure in some particular venture
resulting in the renunciation of his worldly goods
and friends and all ? This is but conjecture, and
the cause of his strange life and habits seem known
to himself alone.

He can be seen going to and fro from his home
in the quiet little village of Rotheneuf, or mallet
and chisel in hand, hard at his labours hammering
the steep and rugged inclines not very far distant
from his home.

Sophie a dit…

When approaching the seashore you can hear the
ring of his tools, which guides you to his where-
abouts. If seen, as is mostly usual, in the day-
time, except by nomads who are about at all times,
the collection of carvings, the tortured faces and
figures of his imagination, can be studied closely
and are not so weird perhaps as if seen at night.
Some are posing on an artificial wall, upright to
waist like a bust on a pedestal ; others, supine as
in death ; some, alto-relievo ; still others, large or
pygmean. But there is a predominant expression
of feature all round, likened to a cut and painted
cocoanut with the shell and fibre intact, so often
observed in fruiterer's shops.

There is the squint-eyed giant of fairyland tales,
and others of pantomimic gesture ; a soul-sick
Datto chief in frowning meditation, or a Japanese,
even, with the look of hara-kiri on his face ! Some
Atlantes-like, bearing the weight of the rock above
them on their shoulders, or others projecting Uke a
human gargoyle from the roof of a noble edifice.



GOSSIP AND RECOLLECTIONS 287

Pathways and little walls are made between the
varied groups.

But the weirdness of the sight is rendered more
acute at night time, in a profound silence broken
only by the rippling of the waves on the moon-
whitened rocks and the seashore below ; the light,
filtering through nooks and crannies on the rugged
surface, streaking and splashing the features of those
grotesque figures making them pallid, faint, and
deathlike, and the little gnomes and devils re-
semble, more than ever, beings of a central world.

The scene is haggard with the grim and soul-
less sights of this heathendom ; the quiet adds to
the effect, but the hermit sculptor often pursues
his studies undisturbed — by the light of the moon —
alone in his solitary glory.

Follow round the pathways of his eerie church-
yard of grim goblins,

'.' Like one that on a lonesome road
Doth walk in fear and dread."

Mischievous little deities are peering round at you
from many a corner, but don't look too long ; it
will haunt you if you are timid, for 'tis "a sight
to dream of — not to tell ! " And so it goes on.

The garden entrance to the hermit's house in the
village is shut off by a high wall, which is quite a
little battlement parapet in shape with embrasures,
and six large heads adorn this rampartlike wall,
and five smaller ones are perched up in the open-
ings — the insignia of the occupant.

Hermit ! of the solitary rocks— we like you,



288 HITHER AND THITHER

" hail fellow well met " as you are with all, and
soon again as the summer falls more gazing tourist
folk will stare at you and your works, and place
French coin in the little box to help you through
the dreary winter months to follow.

What strange and curious beings one meets in
life!