"Savants
ou bruts, naïfs ou sophistiqués, autodidactes ou passés par les écoles,
les vingt-cinq créateurs présentés dans cette exposition ont tous en
commun d’avoir suivi un chemin hautement personnel, souvent proche de
l’obsession, et d’avoir développé, en dehors des modes et des idéologies
du moment, un univers singulier tirant sa source des zones, souvent
obscures, de leur nature profonde. Se prenant ou non pour des artistes,
ayant dû souvent exercer un métier alimentaire sans relation directe
avec leur univers mental particulier, ils recourent aussi bien aux
matériaux les plus ordinaires et aux techniques traditionnelles qu’à la
sophistication des nouvelles technologies, et témoignent, à travers
leurs dessins, peintures, collages, photographies, broderies, sculptures
ou assemblages, du caractère essentiellement sauvage, indépendant,
presque organique de la création, en même temps que de la variété
infinie des familles de sensibilité au sein desquelles elle prend
naissance"....
( Découvrez le texte dans sa totalité sur le site de Laurent Danchin)
*** FRANCK LUNDANGI
*** GHYSLAINE ET SYLVAIN STAELENS
*** YOUEN DURAND
*** PAUL AMAR
*** JEAN-PAUL VIDAL
(Joseph Kurhajec et son jumeau bien sûr !)
*** JIM SANDERS
*** SERGE VOLLIN
*** DAVOR VANKIC
(Textes lus dans le Dossier de Presse)
Abbaye d'Auberive
Centre d'art contemporain
1, Place de l'Abbaye
52160 Auberive
Tél. : +33 (0)3 25 84 20 20
Horaires d'ouverture :
jusqu'au 28 septembre 2014
Mardi de 14h à 18h30
Mercredi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30
LES GRIGRIS DE SOPHIE ET MYCELIUM
Et quelques artistes déjà évoqués sur les Grigris :
Laurent Danchin
( Découvrez le texte dans sa totalité sur le site de Laurent Danchin)
*** FRANCK LUNDANGI
A l’origine,
Franck Kakussuamesso Lundangi (né en 1958
en Angola) était footballeur professionnel. Elevé au Zaïre (aujourd’hui
R.D.C.), venu tenter sa chance en France en 1990, pour éviter la guerre
civile, c’est par la rencontre de sa future épouse, dans une communauté
d’artistes des environs de Paris, qu’il a découvert sa nature profonde. Depuis,
il a quitté le sport pour la peinture, qui, dit-il, lui permet d’aller beaucoup
plus loin, et il a remporté presque aussitôt des succès éclatants :
rétrospective à l’UNESCO en 2004, participation à Africa Remix, à
Düsseldorf, Paris, Londres, Tokyo, Stockholm et Johannesburg (de 2004 à 2008),
exposition en Finlande et accueil dans une galerie de New York plus récemment.
Ses travaux font également partie des collections de la Fondation Blachère, centre
d’art contemporain africain, dans le Lubéron. Lundangi, que ses
camarades d’enfance appelaient par dérision « le pasteur », tant il
était philosophe, peignait et dessinait en fait depuis toujours, et il a été
très tôt conscient de posséder un don. Baptisé catholique, c’est du bouddhisme
qu’il se sentirait aujourd’hui plus proche, et il ne peut travailler que dans
un état de grande concentration. Après, dit-il, tout vient
« naturellement » : un monde aux couleurs éclatantes, exprimant
des symboles simples au gré d’une permanente improvisation, et offrant une
vision animiste et fraternelle des hommes et de la nature. Kakussuamesso, le prénom
africain de Franck, signifie « protégé du mauvais sort » en bakongo, et Lundangi veut dire
« racines ».
*** GHYSLAINE ET SYLVAIN STAELENS
Ghyslaine et
Sylvain Staëlens (nés
respectivement en 1960 à Montfermeil et en 1968 à Paris) sont un cas presque
unique dans le monde des arts de couple fusionnel travaillant à quatre
mains : en totale symbiose, avec une complicité digne de musiciens de jazz. Car « nous n’avons jamais
cherché la sculpture », disent-ils aujourd’hui, « c’est la sculpture qui nous a trouvés. Notre rêve, était de devenir
musiciens. » Epris l’un de l’autre depuis leur
première rencontre, vivant ensemble depuis plus de trente ans, ils ont traversé
d’abord une période difficile où ils avaient un emploi régulier, Ghyslaine dans
l’informatique, Sylvain à la télévision. Mais la vie à Paris ne leur convenait
pas et c’est pour échapper au piège de l’héroïne, puis des amphétamines,
qu’après divers voyages au Mexique et une période d’errance dans le Sud de la
France, ils ont trouvé enfin leur planche de salut dans la création. Avec
frénésie, ils commencent alors à collecter toutes sortes de matériaux naturels
– lichens, pierres, bois – qu’ils assemblent pour en faire sortir les formes et
les personnages visionnés dans leur texture. Leurs premières sculptures datent
de 1995. Peu après ils s’installent à la campagne, dans un hameau isolé du
Cantal, au pied des volcans. Une région dont la rudesse empreinte de
christianisme et de magie primitive les inspire profondément. Tout un bestiaire
et tout un peuple de guerriers, de druides et de chasseurs, ou de cavaliers
barbares, chevauchant d’étranges créatures, va naître de cet environnement,
avec de grands bas-reliefs, sablés de pigments rouges, figurant « le magma
d’émotions » qui nous anime et qui, dans leur période antérieure, avait
failli les emporter.
*** YOUEN DURAND
Né handicapé
de la jambe gauche, à Lesconil, dans le
Finistère, en pays bigouden, ‘Youen’ Durand (1922-2005) ne put
jamais devenir marin, comme son père et tous les
garçons de sa génération. Forcé de rester à terre, c’est lui qui, durant trente
ans, dirigea donc la criée de la
commune. Mais parallèlement il pratiquait la peinture, donnant des
interprétations naïves de chefs d’œuvre des musées ou se mesurant à la nature
morte ou au portrait. Avec les coquillages de la région – en tout 56 espèces
qu’il avait méticuleusement répertoriées – il concevait aussi des maquettes –
un drakkar, une caravelle, un carrosse, une façade de château –, puis se mit à
confectionner des tableaux de grande dimension, illustrant des scènes typiques
de la vie locale, des images exotiques ou divers thèmes symboliques qui
l’enchantaient. Mis en invalidité à l’âge de soixante ans, à la suite d’une
opération, il put se consacrer enfin à sa vie parallèle et jusqu’à l’an 2000,
où il tomba malade, il réalisa une trentaine de petits chefs d’œuvre, tous
« en coquillages de couleurs naturelles », protégés par un vernis
ultra mince pour les faire briller comme au sortir de l’eau. C’est ce petit
trésor qu’au profit exclusif du Centre Communal d’Action Sociale il présentait,
tous les étés, à la Maison locale des Associations. A la mort de l’auteur,
resté célibataire, l’œuvre fut partagée entre les héritiers, et ce qui en
restait échut à la commune, laquelle devrait
prochainement lui
*** PAUL AMAR
Né à Alger en 1919, rapatrié en France où
il vit depuis, Paul Amar est incontestablement le roi du coquillage. Ancien
coiffeur et chauffeur de taxi, passant ses vacances sur les plages de Vendée,
c’est en 1974, à l’âge de 55 ans, qu’il
a découvert par hasard ce qui allait devenir son matériau unique de
création jusqu’à aujourd’hui. Présenté en
tableaux éclairés, de la profondeur d’un poste de télévision, ou sous forme de
masques ou de personnages, son art ultra
kitsch, poussant la surcharge décorative et l’outrance des couleurs jusqu’aux
portes du merveilleux, figure dans tous les musées ouverts à la création
populaire contemporaine : Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, aux
Sables-d’Olonne, Collection de l’Art Brut à Lausanne, LaM à
Villeneuve d’Ascq, sans oublier, dans l’Yonne, La Fabuloserie. C’est un
reportage de Philippe Lespinasse pour Thalassa qui l’a fait connaître, puis une
exposition à la Halle Saint-Pierre, à Paris, en 1998. L’œuvre de Paul Amar est
actuellement présentée en permanence au Musée des Arts Buissonniers de
Saint-Sever-du-Moustier, en Sud-Aveyron.
*** JEAN-PAUL VIDAL
Une caméra, pour
Jean-Paul Vidal (né à Grenoble en 1940), est un instrument ludique qui lui
permet en permanence de s’amuser avec son entourage et de transformer le réel
en terrain de jeu. Reporter hors-normes, ayant longtemps sillonné le monde à
vélo, Vidal a exercé tous les métiers avant de devenir photographe sur les
champs de courses en 1970. Sa plus spectaculaire performance reste la traversée
de l’Amazonie – 7000 km de piste dans la forêt tropicale – en 1981.
Lauréat de divers concours internationaux, il a exposé ses travaux en France,
en Allemagne et au Vénézuela. De tous
ses voyages, il rapporte des images d’un humour amical, proche des petites
gens. Mais c’est aussi un bricoleur insatiable qui, dans ses périodes
sédentaires, expérimente tous les trucages et déformations volontaires de
l’image : jumeaux, reflets, nus humoristiques, panoramiques insolites, sans
compter ses fameux Mouvements,
détournement de la technique du photo-finish. Il s’intéresse également à l’insolite
sous toutes ses formes, à l’art populaire et à l’art brut, et a photographié un
grand nombre d’environnements singuliers dans le monde. Très généreux, Jean-Paul Vidal se soucie peu d’exposer ou publier
ses photos : le plus souvent il les donne. Sa série des Jumeaux d’artistes, commencée il y a plus de vingt ans, bien
avant Photoshop, est dédiée à tous les créateurs ‘singuliers’ qu’il a pu
rencontrer et qui sont devenus, ne serait-ce que pour la durée d’un temps de
pose, ses nouveaux amis.
(Joseph Kurhajec et son jumeau bien sûr !)
*** JIM SANDERS
Proche de
l’art primitif, des arts non occidentaux et de l’art brut, mais inspiré
également par toutes les traditions religieuses auxquelles ses origines
catholiques l’ont rendu sensible, Jim Sanders (né en 1975 à Solihull, dans les
West Midlands, au Royaume Uni) donne souvent une connotation rituelle à son
travail qui prend la forme d’autels, de reliquaires et d’ex-voto, réalisés le
plus souvent en matériaux de récupération. Ses dessins et ses collages,
utilisant parfois le pochoir sur vieux documents recyclés, sont d’une grande
force graphique qui n’est pas sans évoquer une forme de street art, plutôt
tribal, revu par Jean Dubuffet. Il est vrai que ce jeune artiste, au talent
très prometteur, a suivi au départ un cursus, non de beaux-arts mais de
Communication graphique et d’illustration. En 2003, il a fait partie des
membres fondateurs d’un collectif d’artistes, Performance, qui s’est produit à Londres, dans le Sud de l’Angleterre et en Espagne.
Plus récemment, ses dessins, ses grands totems, ses masques et ses
installations ont été montrés aussi en France, au Lieu Unique à Nantes, et à la
Halle Saint-Pierre à Paris.
*** SERGE VOLLIN
Peintre naïf
visionnaire, excellent coloriste, et doué d’un charisme hors du
commun, Serge Vollin (né Chérif
Ben Amor en Algérie,
dans le massif des Aurès, en 1946) ne sait pas dessiner au sens académique,
mais les images qui le hantent sont si fortes qu’il trouve toujours un moyen
schématique de les exprimer. Durement éprouvé par la guerre de Libération qui
l’a privé de scolarité et a vu son père et son beau-père tous deux assassinés,
il a longtemps
contenu en lui le flot des souvenirs dont il a failli être submergé à la mort
de sa mère, en février 1998.
En résulta un livre
racontant son enfance algérienne, un témoignage émouvant où, pour une fois, ce
sont les textes, venus en second lieu, qui servent aux images d’accompagnement.
A Munich, en Allemagne, où il vit depuis longtemps, marié et père d’un enfant,
Serge Vollin a choisi
depuis quelques années de travailler en milieu psychiatrique, prenant une part
active à un atelier d’expression. Après une série de « Nus », il
prépare actuellement un second ouvrage qui sera consacré à sa vie en Europe et
à l’univers de la psychiatrie, et il a écrit, phonétiquement, plusieurs romans.
Exposée à de nombreuses reprises en France, en Suisse, en Allemagne, en
Finlande et aux Etats-Unis, l’œuvre de Serge Vollin a trouvé sa
place dans le circuit de l’art outsider et de
fidèles amateurs la collectionnent. « Je peins mes rêves, mais je ne suis
pas un artiste », déclare pourtant l’auteur, qui donne de son
art cette étonnante définition : « Je suis naïf quand je suis
positif ! C’est quand je suis déprimé que je suis brut. ».
*** DAVOR VANKIC
Davor Vrankic (né à
Osijek, en Croatie, en 1965) est un dessinateur virtuose à l’univers mental
très particulier. Utilisant, sur de très grands formats, divers effets
photographiques – mise au point sur une partie de l’image, usage du flou,
effets de profondeur de champ ou de grand angle – il donne vie, à l’échelle de
la fresque ou de la peinture monumentale, et par l’usage d’un simple crayon, à
tout un univers aussi virtuel et imaginaire que l’image 3D. Des images
impossibles d’intérieurs ou d’extérieurs où, malgré leur caractère
explicitement artificiel, les objets de l’environnement quotidien, les
artefacts industriels et les simulacres de la nature – arbres, fleurs, paysages
– semblent animés d’une forme organique d’existence. D’où une présence
inquiétante, jamais vue, exprimant en partie l’angoisse permanente d’un auteur
hypersensible, hanté par la présence absurde des choses mais aussi par les
possibilités illimitées de la technique graphique qu’il maîtrise à la
perfection. Under Realism, bio-réalisme virtuel ou pseudo réalisme,
aucune étiquette ne correspond à cet art qui échappe à toutes les écoles et
tous les mouvements de sa génération. Dans une période antérieure, tout
imprégné encore du répertoire de la peinture occidentale, de références
chrétiennes et de l’iconographie profane des nouveaux médias, Vrankic, formé en
gravure aux beaux-arts de Sarajevo et de Zagreb, mettait en scène, dans
d’impressionnants triptyques grouillant de personnages, l’enfer sado-masochiste d’une
humanité en phase terminale, récapitulant tous les styles et tous les siècles
depuis la Renaissance. Son Arrivée du Magicien a été
acquise par le MoMA de New York
en 2001.
(Textes lus dans le Dossier de Presse)
Abbaye d'Auberive
Centre d'art contemporain
1, Place de l'Abbaye
52160 Auberive
Tél. : +33 (0)3 25 84 20 20
Horaires d'ouverture :
jusqu'au 28 septembre 2014
Mardi de 14h à 18h30
Mercredi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30
LES GRIGRIS DE SOPHIE ET MYCELIUM
Et quelques artistes déjà évoqués sur les Grigris :
JEAN-LUC GIRAUD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
JEANNE GIRAUD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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