Que vous habitiez Lille ou Marseille, Brest ou Strasbourg cette exposition mérite les kilomètres que vous ferez pour elle !
A DÉCOUVRIR SANS HÉSITATION !
Et bientôt d'autres photos sur les Grigris !
Les origines
campagnardes de Catherine Ursin (née à La
Flèche en 1963) ont déterminé son parcours artistique. Elevée au cœur de
rituels, entre rebouteux et sorcières, elle a toujours été impressionnée par
les croyances magiques et la statuaire animiste des cultures primitives, et
c’est ce fond d’inspiration irrationnelle qui devait, plus tard, ressortir dans
son travail. Après des études artistiques standard – bac littéraire, option
arts plastiques, puis Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique, option
Audio-visuel, aux Beaux-arts d’Angers –, un cursus qui l’amène à pratiquer la
vidéo et surtout l’infographie en qualité d’illustratrice pour la presse,
l’édition, la télévision et les musées, elle guérit brutalement de sa trop
longue fréquentation de la culture numérique et de l’image virtuelle au contact
du métal, en participant à l’exposition « Les bidons, ça conserve » à
Avignon, en 2000. Dès lors c’est Georges Liautaud, le
fondateur du bosmétal haïtien, qui
devient son maître, et les créateurs naïfs ou bruts qui, comme Bill Traylor aux
Etats-Unis ou Petit-Pierre en France,
ont poussé très loin l’art de la silhouette. Son travail devient un combat
physique avec la résistance des matériaux dont elle tire de
dramatiques et puissantes créatures, couturées, suturées, recousues comme tous les blessés de la vie. Le corbeau, le serpent, le diable ou
la mort, évoquant l’ankou des enclos
paroissiaux bretons ou les bois gravés du Moyen-Âge, sont omniprésents
dans ces images d’une grande force graphique, qu’elle met en scène également
sur des bannières monumentales, des séries de petits formats, ou sous forme
d’installations. Les derniers travaux de Catherine Ursin sont des
« photographies de femmes ‘abîmées’ », exprimant sa révolte face aux
droits de l’être humain bafoués quotidiennement.
*** L’ABBÉ BERNARD COUTANT
Ami et correspondant de Gaston Chaissac dont il organisa une des premières expositions en 1948, l’abbé Bernard Coutant (1920-2008) était une figure bien connue à La Rochelle, où il exerça longtemps la fonction de guide bénévole et était un érudit local très apprécié. C’est au cours de ses années de séminaire qu’atteint de tuberculose, il découvrit la peinture, passion qu’il partageait avec son ami Pierre Callewaert, prêtre comme lui. Tour à tour vicaire de Jonzac puis membre de l’Institut du Prado à Lyon, curé de différentes paroisses et prêtre d’Emmaüs, l’abbé Coutant termina sa carrière comme aumônier des Clarisses à La Rochelle. C’est seulement après avoir quitté son ministère qu’il put se consacrer à la création : plus d’un millier de toiles et dessins d’une grande liberté de facture, exprimant de manière primitive la germination universelle et le bouillonnement de la vie. Selon Eric Benetto, son exégète, on peut distinguer trois ensembles dans l’œuvre picturale de Bernard Coutant : les Courants ou « tourbillons fluidiques », inspirés par les cartes de pression atmosphérique publiées dans la presse ; les Fleurs, qui évoquent parfois l’art de Séraphine de Senlis, et les Primitifs, masques et motifs décoratifs issus de lectures passionnées sur l’art africain ou océanien. Ce sont surtout les Courants qui sont montrés dans cette exposition (collection Alexandre Donnat).
*** JOSE FRANCISCO ABELLO VIVES
José Francisco Abello Vives (1959-2013) est un peintre trisomique colombien, diplômé des beaux-arts de Carthagène, qui animait un programme d’éducation artistique pour les enfants handicapés jusqu’en octobre 2006. Il laisse un ensemble d’aquarelles, de gouaches et de céramiques dont la fraîcheur enfantine a fait l’admiration de son compatriote, le peintre Enrique Grau, ainsi que d’un certain nombre de personnalités des arts et des lettres de son pays. Gabriel García Márquez, affectueusement connu sous le nom de « Gabo » qui a remporté le Prix Nobel de Littérature en 1982, fait partie de son entourage. Ses meilleurs travaux sont des portraits aux couleurs vives exprimant, entre autres, un désarmant naturel dans la représentation du nu.
*** JOAQUIM BAPTISTA ANTUNES
Dans une
première existence, Joaquim Baptista Antunes (né
en 1953) était garçon de table dans un grand hôtel de Lisbonne, après avoir
gardé les troupeaux une partie de sa jeunesse à Sertâ, dans le
district de Castelo Branco, une
des provinces les plus pauvres du Portugal. C’est au dos des menus du
restaurant où il travaillait qu’il s’est mis une nuit à dessiner des monstres,
pour évacuer le stress d’un métier qu’il n’aimait pas. Aussitôt remarqué par le
poète et peintre surréaliste Mario Cesariny, qui
l’encourage, il se lance dans la peinture. Boursier de la Fondation Gulbenkian,
il vient alors s'installer à Paris, en 1986, et vit depuis en France où ses œuvres – de grandes
peintures assemblant les monstres en puzzles colorés et des
sculptures de personnages hauts en couleur faits
d’assemblages de bois flottés et de racines – ont un grand succès dans le
circuit de l’art ‘singulier’ Une œuvre de Joaquim Antunes, La Deuxième Position du Temps, a été
choisie par concours et reproduite à échelle monumentale, pour être inaugurée
devant un groupe d’immeubles à Nîmes en octobre 2012.
*** MAITHE D.
De
tempérament rebelle mais romantique et rêveuse, Maïthé D. (née en
1944 à Kenitra – Port-Lyautey – au Maroc) est une excellente coloriste dont le
travail, plein de fraîcheur et de naïveté, s’inspire de ses rêves, des
souvenirs de son enfance, des voyages qui l’ont marquée et des nombreux films qu’elle regarde
inlassablement à la télévision. Elle peint surtout des natures mortes et des paysages
marins inspirés par la Bretagne de ses origines paternelles ou la Méditerranée
de son enfance. Elle a réalisé également un grand nombre de fresques et de
trompe-l’œil chez des particuliers, ou dans des boutiques et des restaurants,
des salons de thé, des agences ou des marques commerciales. Pour une enseigne
de mobilier, elle a créé aussi, sans doute, pendant longtemps, les plus belles
mosaïques de Paris, d’un très grand raffinement et d’une belle élégance.
Aujourd’hui Maïthé D. s’est
lancée dans une série de copies – interprétées à sa manière – de natures mortes
anciennes ou de tableaux de Modigliani. « Les natures mortes, ça
n’intéresse personne », dit-elle pourtant, « c’est pas moderne. Les
jeunes, il leur faut du design. Moi, de toutes façons, je ne sais pas dessiner,
mais je suis bonne en composition et je n’étais pas mauvaise en peinture… ».
Comme beaucoup de créateurs en France, cette femme modeste mais à l’œil rare
vit aujourd’hui dans une grande précarité, ayant depuis longtemps perdu ses
droits d’admission à la Maison des Artistes.
*** RAYMOND REYNAUD
Ancien peintre en bâtiment, natif de Salon-de-Provence, et membre d’un orchestre de jazz dans sa jeunesse, Raymond Reynaud (1920-2007) s’est toujours voulu peintre et a longtemps cherché le style inimitable qui est devenu le sien à la fin des années 1960. Grand admirateur de Chaissac et de l’art brut, s’il est vrai qu’il se définissait lui-même comme un artiste « singulier », il se réclamait aussi de « l’Ecole de Paris » et était fier d’avoir, pendant trente ans, suivi ou animé des stages des Académies Populaires et de la Fédération Léo Lagrange.
Pour transmettre
sa « méthode », il devait d’ailleurs fonder successivement deux
ateliers de création, le Quinconce Vert en 1978 et le Mouvement d’Art Singulier
Raymond Reynaud en 1990, faisant peu à peu école dans la région de Sénas, où il
habitait. Travaillant avec une technique de miniaturiste – à la gouache, sur du
papier marouflé ensuite sur de grands panneaux de bois –, de préférence sur des
thèmes populaires traditionnels (le Cirque, la Fanfare, les Quatre Saisons, les
Sept Péchés Capitaux), et dans un curieux graphisme électrique qui n’est pas
sans rapport avec les problèmes nerveux dont il se plaignait, il a réalisé
aussi des séries de totems faits d’assemblage de matériaux trouvés dans les
« bordilles », ainsi qu’un grand nombre de mandalas d’une symétrie à
main levée approximative. Ses deux chefs
d’œuvre sont d’immenses polyptyques inspirés du Don Quichotte de Cervantès et du Jean de Florette de Marcel Pagnol. Une rétrospective de
cette œuvre inclassable a été organisée par la ville de Salon-de-Provence, au
cours de l’été 2013. Il lui manque à présent un lieu permanent d’exposition.
*** GHISLAINE
Ghislaine (née
à Marseille en 1958) dessine depuis l’enfance
et, dans sa jeunesse, elle aurait aimé être
restauratrice au Louvre. Aide soignante pendant presque trente ans, affectée plusieurs
années au service des soins palliatifs, elle a
longtemps travaillé de nuit dans un hôpital, dessinant en autodidacte pendant
la journée. De 1985 à 1990, à la suite d’une période de grave dépression
précédant la mort de son père, elle fréquente l’Académie Marguerite Allar, à
Marseille, où elle apprend à peindre, et ne se remettra au dessin qu’en 2006,
peu avant de quitter son emploi pour invalidité. Depuis, boulimique de peinture
– elle aime Van Gogh, Soutine, Séraphine, Dado, Rustin ou Nitkowski, et ne rate
aucune exposition –, elle fréquente les ateliers thérapeutiques de l’Assistance
Publique et a exposé au Festival d’Art Singulier de Danielle Jacqui à Aubagne,
en 2008. De nature très généreuse, entourée de nombreux amis, dont certains
collectionnent ses œuvres, Ghislaine se
dit dessinatrice « par survie mentale ». Sa correspondance avec
Laurent Danchin, au moment
où elle commençait ses « Charniers », vient de paraître aux éditions
de L’œuf sauvage sous le titre La tortue et le lièvre, avec un
avant-propos de Claude Roffat.
*** JOSEPH EMMANUEL BOUDEAU
De
Joseph-Emmanuel Boudeau, matelot de
la marine nationale et vétéran de la Grande Guerre, né aux Brouzils, en Vendée,
le 2 janvier 1884, on ne sait pas grand chose, sinon ce qu’on peut lire au dos
de deux grands dessins retrouvés par hasard chez un antiquaire, ainsi que dans
les longs commentaires qui accompagnent chacune de ces images : une
représentation joyeusement coloriée du cuirassé Le Dunkerque et une vue naïve
du Mont Saint-Michel, datées respectivement de 1937 et 1938. Deux illustrations
d’une exécution parfaite, mises en couleur à la façon des planches des premiers
illustrés ou des vignettes des vieux livres d’enfants, et dont le lettrage
chantourné, cachant les faiblesses d’une orthographe approximative, évoque
plutôt les travaux d’aiguille et le raffinement des abécédaires brodés.
Réalisés sur papier au crayon et à l’encre de Chine, avec un sens aigu de la
stylisation et un vrai talent décoratif, ces petits chefs d’œuvre d’art
populaire, ayant demandé « plus de
100 heures de dessin », sont présentés
comme des « Imitations », et semblent donc être une libre
interprétation, à portée moralisatrice, d’un document qui plaisait à l’auteur.
Lequel se montre à la
fois ardent patriote, royaliste et croyant fidèle, en bon Vendéen, tout en
vouant un culte généreux à l’humanité. « Le genre humain a commis plus
d’erreurs par la défiance que par la confiance », proclame dans un cartel cet
homme de foi, encore fier, vingt ans après, d’avoir servi sur le croiseur
d’Entrecasteaux au cours de la « Guerre des Nations ».
(Textes lus dans le Dossier de Presse)
Abbaye d'Auberive
Centre d'art contemporain
1, Place de l'Abbaye
52160 Auberive
Tél. : +33 (0)3 25 84 20 20
Horaires d'ouverture :
8 juin au 28 septembre 2014
Mardi de 14h à 18h30
Mercredi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30
LES GRIGRIS DE SOPHIE ET MYCELIUM
Et quelques artistes déjà évoqués sur les Grigris :
JEAN-LUC GIRAUD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
JEANNE GIRAUD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(Cliquer sur les liens)
JEANNE GIRAUD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(Cliquer sur les liens)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire