Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs …

Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
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Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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lundi 9 juillet 2018

MÉMÉ DE PHILIPPE TORRETON

 "Mémé, c’est ma mémé, même si ça ne se dit plus. Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples au Scrabble, sa maison enfouie sous les pommiers et son buffet d’avant-guerre. Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n’est pas une enquête, ce n’est pas une biographie, c’est ce que j’ai vu, compris ou pas, ce que j’ai perdu et voulu retenir, une dernière fois.
Mémé, c’est mon regard de gamin qui ne veut pas passer à autre chose."




 " ... Chez mémé fallait que ça pousse que ça fleurisse que ça fasse des petits, des boutures, des œufs, des bourgeons, des rejets, que ça marcotte, que ça se greffe, que ça se sépare et se ressème, que ça hiverne et reprenne, que ça se conserve et se congèle , que ça s'échange et s'assèche en motte et en bouquet pour toujours et à jamais ".

 " Quelque temps avant, j'avais pris mon courage à deux larmes pour lui dire à moitié couché sur son lit à l'oreille que maintenant elle pouvait y aller, que tout le monde avait grandi, avait femme et mari ou presque, que les maisons étaient bâties, que les emprunts au Crédit agricole couraient, que les petits enfants avaient compris dans quel sens il fallait pousser. Sa mission était accomplie, simplement, normalement ."

" Je ne voulais pas qu’elle meure avant mes vingt ans, car à vingt ans on est grand, on est un homme et un homme c’est dur à la peine, mémé il faut tenir! A vingt ans, j’ai repoussé la « date de mort acceptable » à trente. Quand elle a arrêté de respirer pour de bon, j’en avais quarante et je n’étais toujours pas devenu un homme ".

" Des sous. C’était encore ta monnaie, les anciens et nouveaux francs te faisaient aligner mentalement des calculs sans fin et sans résultats tangibles, des calculs qui nous rendaient riches car souvent tu en arrivais à parler en millions…Parfois je me demande si ce n’est pas le passage à l’euro qui a précipité ta fin ".

"Avec ton frigo vide, on mangeait bien, même un simple steak saisi à la poêle se retrouvait avec un bon morceau de beurre sur le dos, un haché d’échalote et de persil, un jet de gros sel et un tour de moulin à poivre, on se battait pour saucer la poêle avec notre bout de pain mou. "

"Du temps de mémé les chiens étaient maigres. Je suis sûr que la grande cuisine étoilée qui étincelle dans les assiettes a pour base une mémé, une mémé qui fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a …"

"Les plastiques de ma grand-mère avaient peu de chance d’aller étouffer une tortue luth dans les mers chaudes, ils étaient retenus à vie chez elle, elle leur trouvait toujours du boulot à faire, certains craquaient et se tranchaient le nylon pour en finir mais, même là, elle leur trouvait une utilité, comme de reboucher un trou dans le grenier, tenir un portail en attendant un gond, étanchéifier une fenêtre." …


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