Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
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lundi 11 mai 2020

HASAN HAZER MOSHAR VU PAR MARC RIBAGNAC

Hasan Hazer Moshar est devenu artiste à… 80 ans parce qu’il ne pouvait plus travailler dans sa boutique d’ébénisterie. 
L’art l’a fait vivre.






Les origines de Hasan Hazer Moshar

Hasan Hazer Moshar comme son nom l’indique était un iranien.
Vous le savez, les iraniens sont des perses et à une époque l’empire perse allait de l’est de l’actuelle Turquie jusqu’aux confins de l’Inde. La langue Ourdou est d’ailleurs une variante du persan compréhensible par les iraniens.
Hasan Hazer Moshar venait de Masouleh, un village de moins de 1.000 habitants, dans les montagnes mais proche de la mer Caspienne (celle des esturgeons et du caviar !)
Né en 1923 il a perdu un oeil durant la seconde guerre mondiale.
A 16 ans est venu le moment d’apprendre un métier, ce fut auprès d’un ébéniste dans la ville de Rasht à 1h de route de son village.
Cet ébéniste était un monsieur venu d’Arménie pour s’installer au Nord de l’Iran. L’histoire ne dit si c’était pour fuir le génocide perpétré par l’empire Ottoman. Toujours est-il qu’il avait la réputation d’être habile. Hasan Hazer Moshar est resté menuisier jusqu’à l’âge de 80 ans mais j’y reviendrai un peu plus loin, ce détail a son importance.
Hasan Hazer Moshar s’est installé ensuite dans la capitale Téhéran, toujours au Nord de l’Iran, ville construite au pied des montagnes.

Les iraniens et la poésie

Pour ceux qui ne connaissent pas l’Iran, il faut savoir que ce peuple est fou de poésie. C’est un mode normal d’expression et même les personnes qui prétendent ne pas aimer la littérature savent des poèmes. La langue elle-même porte ces expressions lyriques, par exemple un francophone dira « j’ai envie » alors que l’expression quotidienne en persan est « mon coeur désire (دلم می خواهم) » Quelques grands noms que vous connaissez peut-être : Omar Khayyam, Hafez, Rûmî (aussi appelé molana = notre maître), Attar, Ferdowzi.
Beaucoup d’iraniens sont capables de vous citer des pages entières de ces textes.
Hasan Hazer Moshar  ne faisait pas exception et se passionnait pour le texte épique « Le livre des rois » de Ferdowsi, appelé en persan Shah nameh (la lettre royale).
C’est un texte épique écrit vers l’an 1000 qui retrace l’histoire de l’Iran de la création du monde jusqu’aux invasions arabes. Avec force dragons, princesses et vaillants princes forcément.
Hasan Hazer Moshar connaissait ce livre immense par coeur.
Comme tout iranien il était intime de Hafez « Le divan » qui a une valeur sacrée proche du Coran pour les natifs de Perse.

Hasan Hazer Moshar

Pris par ses lectures Hasan Hazer Moshar écrivait lui aussi des histoires mais pour son propre plaisir. Sans autre objectif.
A 80 ans  il tenait toujours boutique et s’y rendait tous les matins pour rentrer à la maison le soir. Mais un jour une moto l’a renversé et il s’est cogné la tête sur le trottoir. S’en est suivi plusieurs mois de coma. Ensuite il a passé sa convalescence chez sa fille qui peignait de temps à autre. Sa fille avait vendu d’office la boutique et lui a interdit de reprendre son activité d’ébéniste. Assigné à un repos obligatoire, l’homme a commencé lui aussi à peindre pour s’occuper de ses mains. Rester à la maison l’étouffait.
Il en a été ainsi jusqu’à la fin de sa vie à 92 ans. Il n’avait pas d’atelier et se mettait sous le pont Karim Khan en plein Téhéran pour travailler et vendre son travail. Il était très productif. C’est le dessinateur Kambiz Derambakhsh (un important artiste de l’avant-garde iranienne) qui l’a découvert.
Hasan Hazer Moshar disait que « l’ébénisterie est aussi un art, mais avec l’accident j’ai dû abandonner mon métier. Je me suis emparé du matériel de peinture de ma fille, ma vie a continué au travers de cet art ».
Aujourd’hui Hasan Hazer Moshar  est considéré comme le père de l’art brut en Iran.
Ses peintures et ses sculptures sont très fortement inspirées des personnages et des aventures du Shah Nameh de Ferdowsi. Il aimait aussi raconter ces histoires à son entourage.
Les animaux, la nature, la littérature, les thèmes épiques étaient ses principaux thèmes. Ayant travaillé toute sa vie avec le bois, il connaissait la nature de chaque essence. Ce matériau lui paraissant naturel et facile à travailler. Il s’activait jour et nuit, loin du repos qu’a tenté de lui imposer sa fille !… Ses œuvres ont été largement exposées à Téhéran dans différentes galeries.
Pour ma part c’est Morteza Zahedi (مرتضی زاهدی) qui m’a parlé de Hasan Hazer Moshar et qui vous offre les photos. Morteza a collectionné ses oeuvres et les a présentées en Iran et à Dubaï.
Hasan Hazer Moshar , le père Gepetto, a quitté le monde des vivants à l’automne 2014 mais travaillait encore dur un mois avant son décès.


LE LIEN VERS LE NAABA
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