Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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mardi 12 avril 2022

AURÉLIEN LEPAGE ... J'AIME TELLEMENT

 

Il y a des découvertes évidentes, des rencontres artistiques coup de poing et coup de cœur, des émerveillements, des certitudes. 

J'ai écrit à Aurélien Lepage que pénétrer dans une de ses toiles ou de ses broderies était pour moi comme entrer dans une église... Le même sentiment de paix immédiat, de mystère, de recueillement, d'apaisement, d'harmonie, d'ailleurs bienfaisant ....

J'ai choisi de vous présenter aujourd'hui des œuvres très variées, des détails de ses toiles ou de ses broderies, en mêlant volontairement les deux, des photos d'expositions aussi. J'ai voulu vous entrainer avec moi dans ce travail fascinant et émouvant .

 "Je passe des heures à broder une grande tige végétale, point par point, ou des heures à peindre des petites traces qui formeront une planète ou une voie lactée : je me fonds alors dans le rythme des plantes qui poussent, des étoiles qui naissent, dans le flux vivant et fragile de la nature" a écrit Aurélien.

Cette lenteur, cette "connexion", je la ressens dans chacune de ses œuvres. Ce qui me frappe avec cet artiste c'est son grand savoir, sa capacité à écrire et à parler de façon très savante de son travail et sa simplicité totale, sa vérité. Cette dualité est omniprésente dans ses créations, dissimulation et révélation, visible et invisible, voix audibles et secrètes, voies difficiles à trouver, limpides et labyrinthiques à la fois ...

Aurélien Lepage est LA où il doit être, en parfaite adéquation avec le monde qu'il a choisi de nous présenter, de créer pour lui, pour nous...

 


























 

Prenez la peine de lire ce long texte d'Aurélien écrit pour une exposition :

 

« La nature aime à se cacher.»


De prime abord, cette phrase énigmatique d’Héraclite semble bien peu s’appliquer à ma peinture, tant le végétal y est présent, vivace. Mais à y regarder de plus près, ces feuillages et ces ramures de peinture bruissent de murmures secrets, d’images dissimulées. D’autres feuillages apparaissent sous  feuillages, d’autres peintures sous la peinture. Dans la langue originale du fragment d’Héraclite, le mot « nature » est désigné par le terme phusis : c’est la nature dans ce qu’elle a de jaillissant, de contradictoire, de mystérieux, apparaissant et s’enfouissant tour à tour.

J’aime l’idée qu’un tableau ne livre pas son sens dès les premiers instants où il est vu, ou plus précisément qu’il puisse offrir différents niveaux de profondeur. Comme dans un jardin, comme dans un tapis, les formes végétales dissimulent autant qu’elles révèlent, invitant à se perdre parmi les entrelacs et les ombres, afin, peut-être, de laisser peu à peu affleurer les voix inaudibles, celles de la nature, des saisons, du cosmos – autant de voix que nous ne prenons plus assez le temps d’écouter.

Dans ma peinture, le végétal prend volontiers un aspect ornemental, voire décoratif, à la manière d’un papier peint ou d’une nappe brodée. Je sais que la plupart des artistes ont en horreur ce terme, « décoratif », car il désigne ce qui n’a d’autre intérêt que sa propre joliesse, d’autre visée que l’habillage superficiel d’une surface. Cela peut surprendre, mais j’aime que ma peinture puisse donner cette impression, parfois, aux yeux de regardeurs peu attentifs.


J’y vois une forme ambivalente de discrétion, une manière espiègle de dire des choses profondes sans en avoir l’air, sans forcer le regard. Il ne s’agit pas de faire du bruit, de s’avancer dans le monde de manière tapageuse, mais, dans le silence de l’écoute et de l’observation, d’en épouser au mieux les contours, les rythmes, les mystères. Regarder encore et encore pour voir, sous le masque inoffensif des choses, les trésors cachés et les abîmes infinis.


Pour reprendre l’exemple du tapis persan, il serait très facile de n’y voir qu’un fouillis de lignes et de motifs purement formels et répétitifs. Décoratif, en somme. Mais si l’on se plonge davantage dans les jeux de symétrie et d’entrelacements des formes, alors c’est la magnificence d’un jardin d’Eden qui apparaîtra, une version réduite et concentrée du paradis et du cosmos. L’infiniment petit contient l’infiniment grand, le dévoile et le déploie.


Tout tourne et se retourne sur lui-même, comme les astres et les atomes, et l’homme est part intégrante de cette danse cosmique.

Une similaire ambiguïté habite ma peinture, chaque élément y étant tout à la fois polymorphe et polysémique. Ce qui apparaît comme une fleur se métamorphose soudain en étoile, un fruit devient une planète, une constellation se mue en toile d’araignée. Tout est dans tout, s’enversant sans cesse dans un mouvement où le terrestre et le céleste ne font qu’un.

De même, je choisis volontairement de ménager un certain flou au niveau de la symbolique des éléments que je mets en scène, afin qu’ils conservent toute leur vivacité, toute leur puissance d’évocation : un buisson pourra être simple buisson ou buisson ardent, un arbre pourra être arbre de vie, arbre de la connaissance ou arbre votif. Ou tout à la fois.  

Le végétal a ceci d’intéressant qu’il est universel, et permet de croiser les pistes, les cultures, les histoires, de les multiplier comme d’infinis reflets de miroir sur le chemin de la connaissance, suscitant d’infinis et organiques questionnements.


Les matières et les rythmes dont j’use pour élaborer ma peinture empruntent de la même façon le chemin bigarré et énigmatique de la phrase d’Héraclite. Mes tableaux s’apparentent tantôt à des tapis, des nappes, des mouchoirs, des tapisseries, des miniatures ou des céramiques. Je peins très lentement, chaque peinture nécessitant des semaines, des mois de réalisation. Je passe des heures à broder une grande tige végétale, point par point, ou des heures à peindre des petites traces qui formeront une planète ou une voie lactée : je me fonds alors dans le rythme des plantes qui poussent, des étoiles qui naissent, dans le flux vivant et fragile de la nature.

Lorsque je peins, et lorsque je peins du végétal en particulier, c’est toujours ce poème de Rûmî qui me revient :

« Tout est un, la vague et la perle, la mer et la pierre
Rien de ce qui existe en ce monde n’est en dehors de toi
Cherche bien en toi-même ce que tu veux être puisque tu es tout
L’histoire entière du monde sommeille en chacun de nous. »

                  

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UN TEXTE D'AURELIEN SUR LES ARTS  FOREZTIER  

UN PREMIER TEXTE SUR LES ARTS FOREZTIER 

(cliquer)

 

 


 

 Né en 1982, Aurélien Lepage vit et travaille à Meistratzheim, dans le Bas-Rhin. Il est titulaire d’une Maîtrise en arts plastiques intitulée « Broder, tresser, labyrinther : pratique de la lenteur » et d’un Master recherche en arts plastiques intitulé « Éphémérides : bruissements de geste, bruissements de peinture ».

 


 

Des oeuvres d'Aurélien Lepage seront exposées du 03 juin au 05 juillet à la galerie librairie l'Oiseau Rare 
L'expostion s'intitule "L'infinité du temps infini" 
La galerie se trouve au 23 quai des bateliers à Strasbourg. 
 
Le vernissage aura lieu le 03 juin à 18heures !
Aurélien Lepage sera là ... 
Qu'on se le dise !

  

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