Mon amie Simone a été mes yeux à Dakar et m'a fait découvrir un artiste sénégalais que je ne connaissais pas ....
Voici aujourd'hui sur les Grigris NDOYE DOUTS
"Depuis vingt ans, Ndoye Douts peint la vie bouillonnante de la capitale sénégalaise et de ses faubourgs, Médina, Gueule tapée, Pikine, Colobane…
Né en 1973 au Sénégal, Ndoye Douts explore à travers ses tableaux le rythme, le désordre, la vie turbulente et chaotique de Dakar.
Il est décèdé en 2023. "
Et d'autres visuels trouvés sur Google ....
Toute l’œuvre de Ndoye Douts est ancrée à Dakar, la ville aux constants embouteillages, aux voitures aussi nombreuses que les hommes. Dans ses toiles, les immeubles se superposent. Le rythme et le chant sont là, tels un morceau de Miles Davis, de Youssou N’Dour, ou du reggae de Meta Dia et de Puppa Lëk Sèn. Les bateaux partent à la pêche, ou beaucoup plus loin, vers un avenir rêvé, en Europe. On suffoque, on klaxonne, on crie. L’urbain est son terrain de prédilection. Au commencement était aussi l’exil. Revenu d’un long séjour en France, il reprend sa place au cœur de Dakar et de son rythme, de ses rites, ses amitiés, sa vie."
Olivier Sultan, galeriste Art-Z
L’artiste "est travaillé par la question de l’habitat comme du désordre architectural. Son archéologie de la ville africaine implique la trace de la ruralité à travers les signes d’une mémoire culturelle. L’artiste donne à voir les protubérances de la ville en les réfractant à partir de nombreux matériaux. Il y a de l’apprivoisement de la jungle urbaine dans son écriture plastique touffue et déconstruite. Il y a de la cohérence dans cette grammaire de l’empilement et de l’agglutination des choses sous lesquelles on devine des êtres bruyants et chaleureux. Douts a une connaissance intime de ce monde. Sa peinture est une manière de le vivre en dégageant son potentiel esthétique et même festif, loin de tout misérabilisme et de tout apitoiement victimaire."
Franck Hermann Ekra, critique d’art
"Dans sa peinture, il a suivi toutes les lignes de la ville, les lignes de circulation, de séparation, la ligne de flottaison qui la maintient à flot dans ses turbulences et son étalement anarchique. Il en abstrait LA ligne, le long de laquelle la ville se tend, la corde sensible qui en propage les vibrations. Dans ce monde en transfiguration, la ligne a une présence extraordinaire. Horizontales ou verticales, droites ou courbes (…) elles surprennent par leur errance et leur exubérance, leur capacité à s’inventer, l’audace de leur tracé. Souvent, cette ligne échappe aux concaténations chaotiques des constructions de fortune, elle crée le circuit, la circulation. Douts a trouvé en elles, le sésame de l’énergie qui circule dans toute son œuvre."
Georges Quidet, galeriste HCE
Chez Ndoye Douts, "les couleurs y sont crues, dominées par la lueur de l’instant, gris bleuté d’un matin froid et sec, jaune des harmattans poussiéreux, rougeoiements des derniers feux du soir, ou grisaille des nuits sans lune. Chacune de ses toiles a sa couleur, selon le moment saisi et l’atmosphère qui y règne. Ces grands aplats de couleur, et les formes dégingandées qui s’en détachent, dégagent une indéfinissable poésie que l’on qualifierait même de douceur, si l’on n’imaginait la somme de douleurs et d’interrogations accumulées qu’elles résument."
Sylvain Sankalé, critique d'art
"Douts invente des routes entre ciel et terre et pose sur l’asphalte multicolore des jouets d’enfants, petits véhicules qui emportent notre imaginaire et nous font voyager dans sa cosmogonie si personnelle. Les voitures/jouets tombent en neige, accompagnés d’une pluie d’étoile, voie lactée appelée un jour prochain à envahir les pierres dressées par l’homme. Les villes de Douts, colorées et ludiques, sont aussi au-delà du jeu passionnant des compositions, la vision futuriste d’un monde où les murs seront vitraux, les voies de communication ascenseurs célestes et les véhicules des jouets pour grands et petits habitants d’une terre arc-en-ciel."
Christian Lajoumard, producteur, réalisateur, Films-Documentaires
"La peinture de Douts est palpable et palpitante. A l'aide de papiers froissés, de cartons déchirés, de couleurs fraîches ou vives, de crayons noirs, de pastels, elle transcende ce que l'on peut voir aujourd'hui dans les rues Dakar. Mais les tableaux de Douts montrent aussi ce que l'on ne voit pas, que l'on devine souvent : toute la douceur enfouie dans les maisons, la douceur humaine, maternelle ; toute la violence aussi, contenue, urbaine et puis toute la gaieté, toute la dureté d'exister, toute la tendresse, toute la fragilité de la vie. (…) Partout dans le monde, des êtres travaillent à la beauté, à la vérité souvent dissimulée, à la conscience, à l'espérance. Douts est de ceux-là."
René-Claude Girault, directeur artistique
"Figure de la scène artistique
sénégalaise, le peintre Ndoye Douts invite à une plongée singulière dans
les quartiers populaires de Dakar. C’est là, de Yoff à Gueule-Tapée,
qu’il puise son inspiration depuis sa sortie des Beaux-Arts en 1999. «
Entre terre et mer », sa nouvelle exposition à la galerie Art-Z, à
Paris, jusqu’au 27 mars, témoigne d’une œuvre foisonnante, colorée,
ludique.
Les Dakarois se plaignent constamment des embouteillages. Et ils sont
bien là, dans les tableaux de Ndoye Douts, ces flots de véhicules qui
paralysent les grandes artères comme les ruelles en terre battue. En
quelques traits, comme un dessin d’enfant. Des voitures, il y en a des
noires, des bleues, des roses… Et aussi des « cars rapides », ces
minibus antédiluviens dont les peintures bariolées masquent les taches
de rouille. Au milieu de tout cela, des vélos. Et puis une pirogue, des
poissons. Enfin, sans notion de profondeur ou de hiérarchie, emplissant
la toile, des immeubles, toujours plus nombreux.
« J’invite à un voyage dans ces quartiers populaires, affirme Ndoye
Douts, joint dans son atelier de Médina - Gueule-Tapée. C’est important
pour moi de mettre sur le même plan ces gens dans les pirogues qui vont
pécher… ou qui partent pour l’immigration clandestine. Dans mes
tableaux, il y a aussi des mosquées… et des églises. Les habitants
vivent dans une même communauté et ils s’entendent bien », souligne le
peintre de 47 ans.
Les personnages qu’il représente ont les bras grands ouverts, preuve que
la « teranga », la tradition d’accueil des Sénégalais, n’est pas qu’un
argument marketing des agences de voyages. Bien au contraire, note
Olivier Sultan, le fondateur de la galerie Art-Z, « les bras démesurés
de ses personnages moulinent à tous les vents, ouverts aux autres comme
au changement, en quête de fraternité ».
La simplicité apparente du trait et la vivacité des couleurs ressortent
particulièrement dans les peintures à l’acrylique sur fond noir. Mais
Ndoye Douts a aussi recours à un autre support qui donne du relief à ses
œuvres… au sens propre du terme.
« J’utilise du papier kraft marron que je froisse pour faire des plis,
détaille le plasticien qui aime travailler accroupi à même le sol de
l’atelier. Cela donne un relief que la toile ne peut pas offrir. Et cela
donne aussi cette couleur ocre, qui me relie à la terre ».
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Ndoye Douts a toujours manifesté cet
attachement à la terre et à ceux qui l’habitent. Major de la promotion
1999 de l’École nationale des Beaux-Arts du Sénégal, son mémoire de fin
d’études portait déjà sur les quartiers populaires et leur « désordre
architectural ».
L’intitulé de ses tableaux, dont les prix de mise en vente varient de
800 à 5 800 euros, témoigne de cette géographie intime : Yoff,
Diamalaye, Fann, Thiaroye… Mais c’est la Médina qu’il représente le plus
souvent.
« C’est un quartier qui change très rapidement, assure le peintre aux
fines tresses nouées en chignon. Les immeubles poussent comme des
champignons ! La demande sociale est très forte ! Mon atelier est au
quatrième étage et je vois tous les jours de nouvelles constructions.
Comme si ces immeubles allaient toucher le ciel… »
(cliquer)
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