Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
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dimanche 2 mars 2014

ROLAND DUTEL : GROS PLANS SUR DES OEUVRES

Gros plans sur le travail de ROLAND DUTEL en extérieur et en intérieur ....
J'aime tout particulièrement ses Christ en céramique, surprise aussi de découvrir son étonnant  travail sur lino découpé et sculpté ...
Du beau travail !







Voici un texte de Jeanine Rivais  sur ROLAND DUTEL
( CE TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N° 67 DE JANVIER 2000 DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA, A LA SUITE DU 4E FESTIVAL HORS-LES-NORMES DE PRAZ-SUR-ARLY.)


"Autodidacte, Roland Dutel a un jour senti la beauté instinctive de certains objets, usés par des mains insouciantes, ballottés par les vagues, patinés par les siècles... Et réalisé qu’avec ces choses disparates, il pouvait créer des assemblages esthétiques : il faisait désormais partie de la famille protéiforme des créateurs d’Art-Récup. Démarche à laquelle s’est ajoutée une vocation de peintre créant entre ces assemblages, des scènes narratives. Depuis, il a évolué en une œuvre très colorée, imprégnée à la fois de mysticisme et d’érotisme :
Mysticisme de la lumière, cernée de plombs et de remplages souvent peints, entre lesquels elle paraît jouer comme à travers les vitraux des églises, les jours de grand soleil. Mysticisme généré ici par un arbre qui, tel de celui de Jessé, semble jaillir d’un ventre, et lance jusque dans les nuages son feuillage compact et cruciforme, au sommet duquel se trouve une minuscule statuette ; là par des personnages aux silhouettes très primitives, aux têtes inclinées comme ceux des chapiteaux romans ; ailleurs, par la présence répétitive de petites niches qui, à l’instar des reliquaires, renferment des objets ou des têtes microscopiques. Mysticisme encore né de la récurrence des relations trinitaires de ses personnages, Roland Dutel semblant toujours camper face à ses couples, une troisième figure qui les regarde ; ce qui le ramène une fois encore inconsciemment vers les tableaux religieux du Moyen-âge, et l’entraîne vers un autre aspect de son œuvre : les tableaux conçus comme des pages d’enluminures longuement décorées ; où la lettrine serait un personnage au visage triangulaire, nez tordu, bouche de travers très maquillée, cheveux hirsutes et gros yeux globuleux, corps/châsse protégeant lui aussi de précieuses reliques composées de masques ou de petits êtres surlignés d’infimes bandes perlées ; tandis que les encadrements seraient constitués de têtes démesurément allongées, s’intercalant entre des individus qui exhibent pour toute couleur une étroite tache noire à la place du sexe... 

Car, contrepoint peut-être du caractère sacré que Roland Dutel n’accepte pas trop volontiers mais qui revient, obsessionnel et inconscient, la connotation érotique est évidente dans nombre de ses œuvres : Installés géographiquement comme les précédents, les protagonistes y sont alors tantôt réduits à de grosses têtes aux yeux gourmands dardant leur langue rouge en direction de l’entrejambe d’une femme en posture tellement gymnique qu’elle se retrouve avec un excédent de ses membres exagérément longs ; tantôt étalant sur leurs bas-côtés des jeunes filles nues, seins et sexes en bataille, derrière lesquelles se profilent des silhouettes masculines très stylisées...

 Ces thèmes graves, qui se croisent, se heurtent parfois ou se complètent dans de nombreuses créations hors-les-normes, et dans celles de l’artiste avec une belle fréquence, n’excluent pas l’humour chez Roland Dutel, comme dans cette composition qui pourrait s’intituler “La nef des drôles de nautoniers” : marins aux visages mangés de barbes, chiens léchant ces visages hispides, sirènes et poissons... s’y côtoient sous des mâts incrustés de microscopiques hippocampes et de croix potencées. Comme sur chacun de ces retables tellement personnalisés, l’ambivalence du “dire” du sculpteur est patente, à la fois voyage plaisant au pays de ses fantasmes et passage vers la désespérance de ses limbes privés présagés par de lourds aplats sombres.

 Enfin, émane de ces œuvres toutes bâties sur des symétries verticales, la poésie innée des gens qui ont le ciel pour ultime but, et l’oiseau omniprésent comme véhicule pour y parvenir ! L’oiseau, autre symbole cher à Roland Dutel, lien entre la terre et le ciel -encore !-générateur des rythmes et du mouvement qui animent ces cadres stricts ; et qui donne à son travail une liberté, une spontanéité et une grande fraîcheur...

Toutes qualités qui se retrouvent sur les murs de sa maison, à l’assaut desquels il est parti voici dix ans, un jour où l’impossibilité pour l’habitant d’y effectuer des travaux a libéré le peintre-sculpteur qui s’est peu à peu pris au jeu et a transformé des murs anonymes en fresques vivantes et colorées : céramiques et poteries récupérées, bétons intégrés... sont devenus cariatides tête-bêche, monstres-gargouilles, masques grimaçants ou hilares, gentils pierrots blottis sous le manteau d’une cheminée, amoureux tendrement enlacés, ou chat qui se mord la queue... 

 Ainsi, tour à tour bâtisseur de l’imaginaire réalisant des sculptures souvent monumentales ; et sculpteur de fantasmagories intimes, Roland Dutel est-il apparemment en perpétuelle mutation ! Pourtant, aucun hiatus entre ces deux créations : au contraire, chaque trouvaille de l’une l’emmène loin, encore plus loin sur le chemin de l’autre !"















Et ce texte de Marie-Claude Jariaste :

"D’abord catalogué parmi les artistes de l’« art brut », Roland Dutel ne renie pas ses débuts, mais aujourd’hui il s’en est éloigné par sa pratique et sa culture appropriée de cet art. « Je viens de là, les choses me sont tombées dessus comme ça ». Certes, en route, il a voulu changer de direction, mais ça revient. « Mon travail est moins brut qu’il y a 20 ans, mais -il le répète- il y a des choses qui reviennent de la même manière : représentation humaine, femme, couple, bestiaire... bien à moi, ce qui n’empêche pas que de nouveaux éléments voient le jour ».
 C’est un exercice à la fois ludique et anecdotique, que de vouloir rechercher les éléments disparates de récupération incrustées dans les œuvres de Roland Dutel, mais c’est aussi un critère d’estimation de l’œuvre, dans le sens où vils débris et vulgaires rebuts du départ (tessons, bois flottés, fers rouillés) sont comme anoblis, transcendés par le travail de l’artiste, tel le travail de l’alchimiste.

  Qu’est-ce que c’est ? Quand on lui demande, Roland Dutel esquive l'explication pour éviter ces sortes de réponses trop rationnelles qui ne laissent plus guère de place à l’appropriation des œuvres par chacun. Pour Dutel, l’œuvre faite prend une vie qui lui est propre, l’œuvre d’art n’est pas une vérité, chacun peut voir quelques chose de différent. Tandis qu'en même temps, l'artiste déclare, un « Je ne fais pas n’importe quoi ! » qui vient pallier à tous reproche éventuel.

 Avec ses sculptures modelées Dutel réussi un travail original, dans un milieu où toucher à la terre crue, la cuire et l’émailler reste une prérogative de savoir-faire qui s’apparente à la tradition, un métier, voir une petite industrie... On est à Dieulefit. Ceci dit on peut épiloguer sur la taille modeste et la présence presque marginale dans l’exposition de ces sculptures presque reléguées à l’office de bibelots derrière des vitrines. Modelés en terre, cuite et émaillée, les petits ou grands personnages de Dutel, informe, difforme, malléables évitent curieusement toute tentative de répétitions, chaque sculpture est intrinsèquement inédite, renouvelée à la fois poussée végétale de terre, affleurement et fleurissement de couleur.

 Né en 41, Roland Dutel a commencé à créer, il y a 35 ans, mais le véritable départ c’est fait en 1988, un tournant négocié à Dieulefit. Ironie du sort, alors qu'il veut tout arrêter, le déclic à lieu, soudain plus de pression, le regard des gens… Une porte s’était ouverte : le destin. « J’étais dans ce que je devais faire dans mon passage dans ce monde . Il n’y a jamais un jour où je me demande ce que je vais faire. Je vais à l’atelier et je fais ! Quitte, à amener les pièces, là, où il y a des difficultés, pour voir ce que seront les solutions »."





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ROLAND DUTEL ET LES GRIGRIS DE SOPHIE 

Et bientôt sur les GRIGRIS les cerfs et les sirènes de ROLAND DUTEL !


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