Voici une belle découverte que je dois à Henk Van Es. Une belle visite et la joie de rencontrer le créateur Fernand Bielle-Bidalot, créateur de 90 ans qui aimerait vivre encore au moins deux ans pour mener à bien tous ses projets !
« Il vaut mieux rire dans une chaumière que pleurer dans un château »
Et pour accompagner mes photos aujourd'hui un texte écrit par Véronique Escolano en juillet 2019 :
Il était une fois un compagnon du Tour du France, qui avait construit de ses mains une drôle de maison avec un jardin extraordinaire, lui-même peuplé de maisons miniatures et d’animaux empaillés.
Il l’appela la maison de Blanche-Neige, parce qu’il trouvait qu’elle ressemblait à la chaumière joufflue du film de Walt Disney.
Les gens venaient de plus en plus nombreux voir cette maison gaie aux beaux jours, mais un peu effrayante l’hiver. Les promoteurs aussi, qui, voyant l’homme et sa femme vieillir, convoitaient cette maison surplombant une magnifique rivière.Alors, quand sa femme décéda, le compagnon décida de léguer sa maison à la bourgade, pour la laisser aux curieux et à la trentaine d’espèces d’oiseaux de son jardin.
Un conte véridique
Ainsi pourrait être résumée l’histoire de Fernand, 88 ans, qui donne des biscottes à ses oiseaux. Un conte, mais un conte véridique qui a débuté en 1994, année de dépôt du permis de construire, et se trame encore à Sucé-sur-Erdre, près de Nantes. Un conte tout récent aussi, car Josiane, la femme de Fernand, s’est éteinte à la mi-mai.
Tenancière du café le Santeuil, à Nantes, où se côtoyaient étudiants et journalistes dans les années 1990, elle aussi était un personnage.
Le cadre de son café y était pour beaucoup. Sans fenêtres mais avec un puits, on y prenait place sur des sièges en peaux, sous le regard de bêtes empaillées. Et le décor était de… Fernand...
« Je suis un amoureux du rustique. On reconnaît ma griffe dans la maison, n’est-ce pas ? » interroge, un peu cabotin et avec l’accent de ses Pyrénées natales, Fernand, qui, pendant que Josiane était au café, bâtissait son rêve avec des compagnons du Tour de France.
De pierre et de bois et coiffée d’une incroyable charpente, l’intérieur de la maisonnée ressemble à l’extérieur, organisé autour d’une cheminée toute ronde avec deux niches spéciales : une pour la tasse de café au lait du matin de Fernand. L’autre, pour la bouteille de digestif Donjon.
Et surtout, « il n’y a pas une pointe chez moi. Tout est chevillé ! De l’acacia, les plus solides."
On ne rigole pas avec les chevilles chez les Bielle, compagnon de père en fils et Fernand, troisième génération, qui, pour premier ouvrage, aida son père à couvrir le donjon du château de Lourdes.
« Ça marque oui. Comme m’ont marqué les monastères et les gentilhommières de chez moi. Chancel, celui du grand échiquier, vous voyez, il avait une gentilhommière. Je lui ai pris l’idée de son portail pour le mien. »
Le clou de la maison sans clou
Le clou de cette maison sans clou, c’est ce village miniature plus puisé dans ses Pyrénées natales que dans Walt Disney que Fernand a imaginé et bâti devant sa maison : une vingtaine de fermes aux toits d’alose, taillée sur mesure, auxquels ne manquent ni faîtières, frontons, chien-assis et chatières, avec des ponts aux arches minutieuses ou cours de mini-pavés… animés par quelques scènes de vie et des petits personnages.
Mais il y a encore ce que l’on ne voit pas, ou alors seulement les audacieux ou les sympathiques visiteurs : c'est la partie cachée de la maison de « l’amoureux de la nature ».
Près de 3 000 m2 de jardin en pente douce vers l’Erdre et des points de vue uniques qui valent de l’or.
Ces fameux hectares qui intéressent tant les promoteurs. « C’est là qu’ils veulent faire des immeubles. Mais pour ça, il faut tout casser. » Comprendre son petit village miniature aussi pour le passage.
« Moi, je leur laisse pas », clame Fernand. Facteur Cheval qui a les moyens de se ficher de la belle enveloppe, le presque nonagénaire vient annoncer qu’à sa mort, sa maison irait à la commune.
Le trésor d’une vie, que chaque jour et jusqu’au dernier, il continuera à chérir et enrichir de nouvelles pièces.
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Photo Franck Dubray pour Ouest France
Mars 2021
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