Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
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lundi 16 janvier 2017

LAURENT DANCHIN VU PAR SABINE GIGNOUX DANS LE JOURNAL LA CROIX

La disparition de Laurent Danchin, ardent défenseur de l’art des marges

L’écrivain et critique d’art Laurent Danchin, généreux connaisseur de l’art brut, s’est éteint le 10 janvier à l’âge de 70 ans.

 
Photo  Hany Tamba

 Malade depuis plusieurs mois, Laurent Danchin avait consacré sa dernière énergie à sauver les constructions fabuleuses de son ami Chomo, en forêt de Fontainebleau. Celles-ci ont pu être en partie restaurées cet été, ouvertes cet automne au public, après une exposition de ses sculptures début 2016 au château de Tours.
Une dernière victoire pour Laurent Danchin, défenseur aussi ardent que généreux de l’art brut, qui s’est éteint le 10 janvier, à l’âge de 70 ans.

 Il était né en 1946 à Besançon, « dans une famille marquée par l’engagement social et chrétien dans la résistance », rappelle son ami Aymeric Rouillac, commissaire-priseur à Tours. Laurent Danchin entame un parcours brillant, intégrant l’École normale supérieure de la rue d’Ulm dont il sort avec une agrégation de Lettres Modernes, complétée par un diplôme en histoire de l’art à Paris X et un DEA d’esthétique à la Sorbonne.
Pourtant, ses convictions humanistes le poussent à choisir d’enseigner dans des lycées réputés difficiles, à Nanterre et Boulogne-Billancourt jusqu’en 2006, et à Lyon.

L’empathie et le goût d’agir

En 1975, il noue sa première amitié avec, selon ses mots, un « très grand marginal de l’art savant, Chomo, le sculpteur ermite de la forêt de Fontainebleau ». Dès lors, sa passion pour l’art des marges ne s’arrête plus.
Laurent Danchin multiplie les contacts avec ceux qui, dans la lignée de Jean Dubuffet, célèbrent ces créations des « autodidactes, des enfants et des fous ». Il rencontre le docteur Ferdière qui soigna Antonin Artaud à Rodez, Alain Bourbonnais, fondateur dans l’Yonne du musée de la Fabuloserie, et de fervents défenseurs de l’art brut aux États-Unis comme Seymour Rosen ou John Maizels, fondateur de la revue Raw Vision, dont Laurent Danchin devient le correspondant français.
Avec une réelle empathie et son goût d’agir, il défend les environnements insolites créés par les génies singuliers, comme le Manège de Petit Pierre (à la Fabuloserie) ou le jardin humoristique de Fernand Chatelain. Plutôt qu’à l’étude de cas historiques, la préférence du critique va, avoue-t-il, aux « vivants, à l’œuvre en train de se faire et en particulier tous les cas limites, les travaux non encore répertoriés, tous les inclassables de la création » (1).

Commissaire d’expositions

Il donne des dizaines de conférences sur le sujet, publie de très nombreux articles ainsi qu’une quinzaine de livres, participe aux Chemins de la connaissance sur France Culture en 1986 et à plusieurs documentaires, notamment pour la télévision.
Il est aussi le commissaire de nombreuses expositions à la Halle Saint-Pierre à Paris, au Musée des arts modestes à Sète, ou pour révéler en 2011 au pavillon Carré de Baudoin à Paris les cathédrales imaginaires de Marcel Storr, un cantonnier au bois de Boulogne. Il est enfin membre du Conseil consultatif de la Collection de l’art brut à Lausanne, héritée de Jean Dubuffet.

Le goût du partage

Marié et père de trois filles, Laurent Danchin qui n’a jamais été ni marchand, ni collectionneur, frappait tous ceux qui le rencontraient par son caractère désintéressé, sa modestie, son goût du partage et des réseaux d’amitié. Son association de défense de l’art brut ne portait-elle pas le beau nom de « Mycelium », comme ces ramifications souterraines des champignons, promesse de belles récoltes ?
En 2012, nous l’avions rencontré pour une série d’été de La Croix sur les lieux d’art brut menacés et il nous avait ainsi très généreusement ouvert son inépuisable carnet d’adresses. Il avait aussi tenu à nous embarquer à Fontainebleau à la découverte des œuvres de son cher Chomo.
Une aventure partagée avec la fille de l’artiste qui avait amené ce jour là un poulet rôti pour nourrir un renard tout en oubliant la clé des lieux, ce qui valut à notre trio l’escalade rocambolesque d’un haut grillage avant d’accéder au « village préludien »…

« Réhabiliter la culture populaire »

À cette époque, Laurent Danchin observait d’un œil circonspect l’intérêt nouveau du marché et la mode montante de l’art brut, après des décennies d’ostracisme. « Pour le meilleur et pour le pire, cet enfant sauvage, mal élevé, qui n’aurait jamais été admis à la table des bourgeois, fait désormais l’objet, tous azimuts, d’une intense campagne de nettoyage et de récupération, au risque d’y perdre un peu la tête et de se voir surtout submergé au passage par la foule des opportunistes, des arrivistes ou des imposteurs », écrivait-il, en préface du recueil de ses articles publié en 2014 (1).
Et il concluait par ces mots : « Si tous ces textes pouvaient transmettre un peu de l’empathie que j’ai toujours éprouvée à l’égard de tous ces créateurs humbles, extrêmement inventifs, auxquels ils sont consacrés, s’ils pouvaient du même coup réhabiliter la culture populaire dont ils sont les merveilleux représentants, et apporter également au sein d’une scène artistique particulièrement perturbée et indéchiffrable, un peu de leur fraîcheur et de leur innocence, tout en rappelant, contre l’abus et l’imposture, ce qu’est la vraie création, je n’aurais pas joué en vain mon rôle de médiateur et de témoin direct d’un aspect négligé de l’histoire contemporaine des arts. »

 (1) Aux frontières de l’art brut, un parcours dans l’art des marges, de Laurent Danchin, Collection mycelium, Éd. lelivredart 640 p., 28 €.

Le lien vers La Croix 

 (cliquer)

  Et une photo de Laurent prise en 2012 au Petit Paris 

Les obsèques seront célébrées le mardi 17 janvier en l'église Saint-Étienne du Monts à Paris (5e) à 10 heures.

 

2 commentaires:

FRANKIE PAIN a dit…

merci sophie de rendre hommage à cet homme je ne connais pas c'est important de croiser de ces êtres là , merci Je t'embrasse très chére Sophie

Anonyme a dit…

Laurent était un homme exceptionnel, mon ami et mon maître d'Art Brut. Il va me manquer ....
Sophie (des Grigris)