De nouveau lors de ce PÉRIPLE 2017 la joie de revisiter CLAUDINE GOUX, de partir à la découverte d’œuvres nouvelles, de découvrir sa nouvelle presse, son travail sur emballages et ses figurines chères à mon cœur, le plaisir de la voir au travail ...
Pour accompagner mes photos et celles d'Apolline, c'est à Martine Lamy, son amie artiste, que je donne la parole aujourd'hui ...
(Photos Sophie et Apolline Lepetit)
Claudine
Goux ou l’invitation au voyage
Voilà
quelque temps déjà, tu t’es installée à l’extrême pointe de
l’estuaire. Humer les embruns, parler aux bateaux, écouter les
phares, percer le mystère des vagues scintillantes, caresser la peau
de l’océan et recueillir les enfants qu’il rejette après les
avoir longuement bercés, ausculter le littoral et prendre le pouls
des sirènes… toi, la doctoresse qui a troqué le caducée
d’Esculape pour le volumen de Calliope. La médecine est un art, la
création, c’est entrer en paradis, loin des bonnes intentions dont
on dit que l’enfer est pavé. L’esprit inventif, lui, sait
« Donner du style à son caractère – c’est là un art
considérable qui se rencontre rarement ! » (*).
Bienvenue chez toi !
S’il
était deux mots pour évoquer ton œuvre, je choisirais voyage et
musicalité. Puis immédiatement après : profondeur et
légèreté. Tu t’es longuement nourrie des cultures et des
mythologies ancestrales, et tu savoures la musique, est-il besoin de
le préciser ? Tu aimes aussi marcher sur les sentiers de
traverse où l’herbe est « si verte qu’on dirait qu’elle
est peinte à la gouache tous les matins ! » (**), des
côtes royannaises à celles, beaucoup plus austères, des landes
irlandaises, te laissant porter par le chant des quatre vents
contraires chers à Dubuffet. Le voyage peut alors commencer. Il
se déroule dans l’immanence des poètes. Tu es devenue leur muse,
illustre. Et ils en redemandent. Voyant la clepsydre se vider, tu
songes parfois arrêter d’illustrer des recueils. Mais il y a
anguille sous roche. Je sais que tu ne resteras pas très longtemps
loin de la fontaine de Jouvence.
Avec
tes amies, Odile Caradec et Yvonne Robert, poètes chacune en son
genre, vous êtes les reines de ce monde. Et les reines ne font pas
grand tapage ni ne montent sur n’importe quel rafiot. Pour vous,
descendantes du roi Arthur – qui écrivit en sa Saison : « La
morale est la faiblesse de la cervelle » – c’est à la
caravelle céleste que vous abordez pour nous conduire en terra
incognita. Dans ton Arche, tu emportes tes créatures favorites :
l’Ourse musicienne, l’Eventail à mouches, le Colosse de
Rhodes, le Berger des oiseaux, les Fils de plume, l’Ombre du
Minotaure, la Viole gambette, une Assemblée de fous, Le vieux
pirate, l’Oiseau-bus, les Barbaresques en partance sur la mer des
Sargasses... Et dans ta malle, tu ranges de somptueuses boîtes à
rien et boîtattoos, des os peints et des statuettes aux probables
vertus prophylactiques. Suivent un équipage de catamarans
ébouriffés, des triptyques finement pyrogravés, sans oublier le
Totem youyou, juste au cas où... pour passer le cap des
quarantièmes rugissants.
Et
en avant la grande symphonie… sauvage. Dentelière graveuse,
joueuse de couleurs, aventurière, tu accostes bientôt aux rivages
de l’Eau-forte. Et là, c’est une autre musique…Tu te lances,
tu rates, tu râles. Tu recommences. Roulements de tambour, tintement
de cuivres, morsure de l’acide. Jongleuse, acrobate,
fil-de-fériste, en un tour de manivelle tu gagnes enfin ce numéro
de haute voltige, avec l’élégance de la lutheuse libérée de la
pesanteur. Musiciens, arlequins, danseuses et chanteuses, un instant
figés, reprennent la fugue au milieu de cette éclaircie où l’Arbre
joyeux abrite les joueurs de pipeau et de cornemuse. Tout est à
nouveau à sa place, dans le grand désordre ordonnateur, et la
caravelle va… pour suivre son Odyssée.
Un
instant nous sommes entrés dans l’Or du temps. Avec
légèreté et profondeur de… vole humaine !
Martine
Lamy
(*)
Friedrich Nietzsche, « Le Gai Savoir »
(**)
Claudine Goux évoquant l’Irlande
écrit
en octobre 2012
CLAUDINE GOUX ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
SUR LE HANG ART DE SAFFRE
SUR ARTPULSION
SUR L'ART TOUT SIMPLEMENT
CHEZ JEANINE RIVAIS
(cliquer sur les liens )
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