En triant ses dossiers Raymond Loewenthal a découvert toute une série de photos prises dans les années 70 prés de Villeréal dans le Lot (prouvant que sa passion des lieux insolites est lointaine !).
Elles appartiennent à un lieu disparu au " JARDIN DES SUPPLICES DE MARTIAL BESSE" et les voici pour les Grigris aujourd'hui accompagnées d'un texte de Jean-François Maurice , de liens vers
" Art insolite" et vers un entretien publié par Jeanine Rivais en janvier 2000.
**** Martial Besse
Les promenades de Gazogène (1)
L’ÉDEN NOIR de MARTIAL BESSE, un texte de Jean-François Maurice paru dans Zon’Art et dans Les Insoumis de l’art du Quercy.
" Entre Villeréale (Lot-et-Garonne) et Monpazier (Dordogne), la route est parfaitement rectiligne ; la seule chose qui rompt un peu la monotonie ce sont de longues montées suivies de descentes aussi longues ; comme les automobiles vont assez vite, à chaque sommet on peut avoir l’impression de s’envoler comme au Luna Park.
Soudain, en pleine vitesse, un mirage, une vision surréaliste : votre rétine enregistre, un peu cachée derrière une haie vive, une femme nue sur une carriole ! Non, vous ne rêvez pas ; vous n’êtes pas victime de vos désirs inassouvis ; vous venez simplement de passer devant le jardin de « Frank » Besse, alias « Martial » Besse au lieu dit « La Castagnal ».
Il ne vous reste plus qu’à faire tant bien que mal demi-tour et d’aller vous garer sur le bas côté de la route dans un petit espace réservé à cet effet.
L’auteur de ce site n’a pas toujours été agriculteur ; loin s’en faut ; il a exercé divers métiers, de barman à coiffeur ! Ajoutons que pendant longtemps un panonceau signalait la présence d’un taxidermiste… Tout aurait commencé selon ses dires en 1952, après son divorce, par la construction le long de la route d’une maison chaussure miniature en ciment peint.
Mais bien vite Martial Besse va laisser libre court à son imaginaire si particulier pour créer un site unique. Étrange, merveilleux, envoûtant… il n’est pas de qualificatifs qui conviennent à ce lieu car aucun jardin populaire n’est aussi subversif que celui-là.
On y rencontre en effet des sculptures en ciment, grandeur « nature » si je puis dire, représentant des sphinx bicéphales, des chiens qui semblent sortis de l’Enfer, des serpents, des femmes ailées enfonçant leurs ergots dans des corps d’hommes, un coq picorant un chien, un sauvage bariolé nous menaçant de sa lance, etc.
C’est tout un théâtre de violence, de cruauté, de mort qui s’étale devant le visiteur. Mais quoi, n’est-ce pas un jeu ? Entre le sadomasochisme des thèmes et la rusticité naïve de la réalisation nous ne savons quelle contenance prendre surtout lorsque nous nous trouvons confrontés brusquement à un personnage présentant un sexe énorme en érection !
Le site, en pleine campagne, devient alors une sorte de fête sauvage, un carnaval débridé, un pied de nez à toutes les conventions. C’est une incroyable transgression par rapport au milieu, une subversion des valeurs et des codes traditionnels. Nous sommes là plus proches des fantasmes de Pierre Bettancourt que de l’idéologie des nains de jardins !
Quoi qu’il en soit, personne ne peut échapper à l’inquiétante étrangeté, au sournois malaise qui émanent de ce lieu, véritable théâtre surréaliste rempli d’énigmes, de simulacres, d’illusions. L’humour y est corrosif et le rire jaune !
Le jardin de Martial Besse théâtralise une scène primitive mais c’est l’envers du Paradis, c’est un Éden noir qui au delà des apparences, est l’un des plus audacieux et des plus subversifs parmi toutes les autres créations populaires que je connais et qui peuvent s’y apparenter."
**** Martial Besse (1921-) et Art Insolite
Fatigué, Martial Besse a été contraint de vendre sa maison en 2004, vente assortie de la promesse de sauvegarder l'environnement.
Hélas, nouveau changement de propriétaire, ce site exceptionnel a été rasé et ne subsiste de l'oeuvre que quelques sculptures que Martial Besse avait emportées dans sa nouvelle résidence.
Que dire de plus ? Si ce n'est : "Admirons les photos et continuons de rêver ..." Texte de Joba
**** Le texte de JEANINIE RIVAIS ( à lire dans sa totalité bien sûr ...)
" La route est droite à perte de vue. L’automobiliste s’y lance donc à fond dans une longue descente ! Quel choc, au moment d’amorcer la côte suivante, d’apercevoir assise au-dessus d’un buisson, une femme blanche à la chevelure très noire ! Le temps de réaliser qu’il s’agit d’une sculpture, la voiture est déjà loin ! Le réflexe de ralentir brutalement dans la montée vaut au conducteur une volée de klaxons rageurs ! Faire demi-tour entre les deux fossés est méritoire ! D’autant qu’il y a l’impatience d’aller “voir” ! Mais la récompense est là, lorsque, après s’être donné tout ce mal, les voyageurs entrent dans l’univers de Martial –alias Franck-- Besse ! ...."
**** Le site de Raymond Loewenthal
( cliquer sur les liens)
Elles appartiennent à un lieu disparu au " JARDIN DES SUPPLICES DE MARTIAL BESSE" et les voici pour les Grigris aujourd'hui accompagnées d'un texte de Jean-François Maurice , de liens vers
" Art insolite" et vers un entretien publié par Jeanine Rivais en janvier 2000.
**** Martial Besse
Les promenades de Gazogène (1)
L’ÉDEN NOIR de MARTIAL BESSE, un texte de Jean-François Maurice paru dans Zon’Art et dans Les Insoumis de l’art du Quercy.
" Entre Villeréale (Lot-et-Garonne) et Monpazier (Dordogne), la route est parfaitement rectiligne ; la seule chose qui rompt un peu la monotonie ce sont de longues montées suivies de descentes aussi longues ; comme les automobiles vont assez vite, à chaque sommet on peut avoir l’impression de s’envoler comme au Luna Park.
Soudain, en pleine vitesse, un mirage, une vision surréaliste : votre rétine enregistre, un peu cachée derrière une haie vive, une femme nue sur une carriole ! Non, vous ne rêvez pas ; vous n’êtes pas victime de vos désirs inassouvis ; vous venez simplement de passer devant le jardin de « Frank » Besse, alias « Martial » Besse au lieu dit « La Castagnal ».
Il ne vous reste plus qu’à faire tant bien que mal demi-tour et d’aller vous garer sur le bas côté de la route dans un petit espace réservé à cet effet.
L’auteur de ce site n’a pas toujours été agriculteur ; loin s’en faut ; il a exercé divers métiers, de barman à coiffeur ! Ajoutons que pendant longtemps un panonceau signalait la présence d’un taxidermiste… Tout aurait commencé selon ses dires en 1952, après son divorce, par la construction le long de la route d’une maison chaussure miniature en ciment peint.
Mais bien vite Martial Besse va laisser libre court à son imaginaire si particulier pour créer un site unique. Étrange, merveilleux, envoûtant… il n’est pas de qualificatifs qui conviennent à ce lieu car aucun jardin populaire n’est aussi subversif que celui-là.
On y rencontre en effet des sculptures en ciment, grandeur « nature » si je puis dire, représentant des sphinx bicéphales, des chiens qui semblent sortis de l’Enfer, des serpents, des femmes ailées enfonçant leurs ergots dans des corps d’hommes, un coq picorant un chien, un sauvage bariolé nous menaçant de sa lance, etc.
C’est tout un théâtre de violence, de cruauté, de mort qui s’étale devant le visiteur. Mais quoi, n’est-ce pas un jeu ? Entre le sadomasochisme des thèmes et la rusticité naïve de la réalisation nous ne savons quelle contenance prendre surtout lorsque nous nous trouvons confrontés brusquement à un personnage présentant un sexe énorme en érection !
Le site, en pleine campagne, devient alors une sorte de fête sauvage, un carnaval débridé, un pied de nez à toutes les conventions. C’est une incroyable transgression par rapport au milieu, une subversion des valeurs et des codes traditionnels. Nous sommes là plus proches des fantasmes de Pierre Bettancourt que de l’idéologie des nains de jardins !
Quoi qu’il en soit, personne ne peut échapper à l’inquiétante étrangeté, au sournois malaise qui émanent de ce lieu, véritable théâtre surréaliste rempli d’énigmes, de simulacres, d’illusions. L’humour y est corrosif et le rire jaune !
Le jardin de Martial Besse théâtralise une scène primitive mais c’est l’envers du Paradis, c’est un Éden noir qui au delà des apparences, est l’un des plus audacieux et des plus subversifs parmi toutes les autres créations populaires que je connais et qui peuvent s’y apparenter."
**** Martial Besse (1921-) et Art Insolite
Fatigué, Martial Besse a été contraint de vendre sa maison en 2004, vente assortie de la promesse de sauvegarder l'environnement.
Hélas, nouveau changement de propriétaire, ce site exceptionnel a été rasé et ne subsiste de l'oeuvre que quelques sculptures que Martial Besse avait emportées dans sa nouvelle résidence.
Que dire de plus ? Si ce n'est : "Admirons les photos et continuons de rêver ..." Texte de Joba
**** Le texte de JEANINIE RIVAIS ( à lire dans sa totalité bien sûr ...)
" La route est droite à perte de vue. L’automobiliste s’y lance donc à fond dans une longue descente ! Quel choc, au moment d’amorcer la côte suivante, d’apercevoir assise au-dessus d’un buisson, une femme blanche à la chevelure très noire ! Le temps de réaliser qu’il s’agit d’une sculpture, la voiture est déjà loin ! Le réflexe de ralentir brutalement dans la montée vaut au conducteur une volée de klaxons rageurs ! Faire demi-tour entre les deux fossés est méritoire ! D’autant qu’il y a l’impatience d’aller “voir” ! Mais la récompense est là, lorsque, après s’être donné tout ce mal, les voyageurs entrent dans l’univers de Martial –alias Franck-- Besse ! ...."
**** Le site de Raymond Loewenthal
( cliquer sur les liens)
2 commentaires:
j'aime aussi ton commentaire!
Bonsoir Sophie,
merci de remettre mon texte en circulation!
Les photos sont passionnantes car elles montrent un état des lieux proche de l'origine du site; à titre d'exemple la ceinture rouge d'une sculpture avec son petit noeud a été remplacé plus tard (voir mes photos de 1989) par... un slip de nylon rouge! Les sites d'Art Brut ne sont jamais figés dans le temps mais évoluent en fonction de leurs créateurs(avis à d'éventuels restaurateur - ce qui malheureusement ne sera jamais le cas pour ce jardin aujourd'hui détruit)!
jfm
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