Blanche-Marie et Alain Arnéodo m'ont fait un grand plaisir en me consacrant le N° 428 de leur édition de L'AMATEUR ....
Photo d'Apolline (une des photos que je préfère) faite au Jardin de Gabriel Albert (Charente-Maritime)
Cela faisait plusieurs années que Blanche-Marie et
Alain Arnéodo me proposaient une visite chez eux à Angers. En mai 2019 j’ai
connu un grand bonheur en découvrant une très impressionnante collection (coup
de cœur pour les triptyques créés spécialement pour le couple et tout
particulièrement pour celui d’Yvonne Robert) dans un tout aussi impressionnant appartement.
Moi qui pensais être au maximum de ce qui est possible avec mon accrochage à touche-touche, j’ai découvert plus fou que moi puisque chez les Arnéodo même les baies vitrées ont été occultées et disparaissent sous des Stani Nitkowski remarquablement puissants. Nous avons longuement regardé, beaucoup discuté, mangé un délicieux couscous et mes hôtes m’ont fait une belle proposition : évoquer mon parcours, mes Périples d’Art Brut pour un l’Amateur à venir. Un honneur inattendu ! J’ai cependant botté en touche prétextant l’exposition à venir dans la Collégiale de Loudun. Maintenant que le décrochage a eu lieu me voici dans l’obligation d’honorer ma promesse…
J’ai la chance d’avoir baigné dans les expositions, les visites de châteaux, les livres d’art dès l’enfance. Gratitude pour ces joies culturelles. Ma passion pour l’Art Brut trouve ses racines dans les Modigliani, les Rouault et autres Van Gogh de mon enfance. Bretagne oblige, j’ai arpenté les Rochers de Rothéneuf et visité le Palais fameux de la Drôme. Ma première acquisition, un petit Greuze sur toile acheté à un bouquiniste des bords de Seine avec une pièce de 5 francs donnée par ma marraine. J’ai longtemps dormi sous son regard bienveillant. A 20 ans la découverte de la petite chapelle aux coquillages de Guernesey a enchanté mon séjour sur l’ile.
« Dans le partage de l’art ce sont les heures de l’enfance qui construisent la mémoire de l’homme aux couleurs de l’arc-en-ciel » a écrit Michel Bénard, j’en ai vu de toutes les couleurs et c’est un atout magnifique.
Cet amour de l’art et ma fascination pour la création je l’ai transmis à mes trois enfants, qui, à aucun moment de leur vie, n’ont rejeté ma boulimie de sorties. Ma fille Apolline est photographe. Mon fils Victor crée de petits personnages en cousant des sachets de thé et en leur attribuant des accessoires. Quant à mon fils Antoine il travaille dans le cinéma.
Apolline au Musée des Meubles modestes à Bassan ( Hérault) -Créateur Alain Fornells
Mon intérêt quasi monomaniaque pour les environnements d’Art Brut est plus tardif. Il est lié sans aucun doute à un triste constat et cette phrase prononcée devant ma famille hilare (ma famille est très moqueuse !) : l’éphémère n’est que souffrance… L’envie donc de faire œuvre de mémoire, de travailler à garder trace, à saisir par des rencontres, des photographies des lieux en perdition.
Ainsi est né un rite annuel : un Périple de 3 semaines avec ma fille nous entraînant d’est en ouest, du nord au sud avec des parcours rigoureusement préparés, des visites programmées, des rendez-vous pris, des rencontres émouvantes et inoubliables (Horace Diaz faisant un malaise dans mes bras). Ce qui n’est pas simple avec ces Périples c’est le besoin tous les étés de lieux nouveaux mais l’envie aussi de retrouver les créateurs chers à notre cœur (Danielle Jacqui, Joseph Donadello et tant d’autres visités plusieurs fois).
Il y a aussi les visites dues au hasard des petites routes de campagne et m’obligeant à piler et à faire demi-tour. Cette expérience est unique car elle est partagée avec ma fille mais aussi avec mes amis d’Art Brut. Ainsi les environnements de Mayenne découverts avec Michel Leroux, une journée mémorable passée en la compagnie de Jo Farb Hernandez en Espagne.
Voir dans les yeux et sur les visages de mes amis le même émerveillement que le mien est une très grande joie. Voilà pour les environnements.
Reste le blog auquel je consacre un nombre incalculable
d’heures et qui a fêté ses 12 ans en novembre 2019. Mon autre joie est la
découverte des artistes, dans la vraie vie bien sûr avec des visites d’ateliers
mais aussi des rencontres virtuelles grâce à Facebook (rencontres qui parfois
se concrétisent, ce fut le cas pour l’artiste iranienne Samaneh Atef). Je suis
très fidèle en amitié et j’aime « suivre » le travail de ceux que
j’aime et découvrir toutes les facettes d’un artiste (Claudine Goux, Sylvain
Corentin, Margot, Daredo ont tant de cordes à leur arc …)
Je crois que je peux dire que ce qui m’habite c’est la
notion de partage. Je dois beaucoup à mon maître d’Art Brut Laurent Danchin qui
était toujours dans la générosité des adresses partagées, dans le désir de
créer des liens et une vaste toile où les amis de mes amis deviennent bien
souvent mes amis (n’est-ce pas Bernard Briantais et Jean-Luc Giraud ?).
Laurent avait tout compris qui savait que de tout cela on sortait forcément
plus riche… et heureux.
Je pense que j’ai été artiste dans une vie antérieure. Ce sera le seul regret de celle-ci. Mais faire découvrir de nouveaux talents est indispensable à ma vie. C’est ma respiration quotidienne avec l’espoir que tous les artistes de mon blog vivent de leur art et de leur passion.
Mars 2020
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