En avril 2019 j'avais évoqué une visite qui me faisait tellement envie ICI
(photos Patrick Cady)
Mariette a été mes yeux, en ce mois d'aout 2025, elle qui a eu la chance de rencontrer Patrick Cady et de découvrir les merveilles de son musée, voici ses photos aujourd'hui sur les Grigris ...
L’événement de l’année au MASC !
Ouverture
de l’exposition Mary Lou Freel du 1 mai au 31 octobre Une rétrospective
sur près d’un demi- siècle de tapisseries brodées à la main !
"Le M.A.S.C, « Musée d’Art Singulier Contemporain », est installé dans une ancienne église de Mansonville, village collé à la frontière américaine, dans les Cantons de l’est du Québec. Cette position géographique a une valeur symbolique, car pour moi, l’art contemporain est singulier quand il fait de la frontière un pays. Cela signifie que l’artiste singulier n’habite aucun territoire délimité par le marché de l’art et l’Histoire de l’art, mais qu’il porte en lui de quoi transformer ce qui sépare en ce qui unit et créer ainsi son propre espace métissé . L’artiste singulier est aussi celui qui explore ses propres frontières, il est un migrant dans son monde intérieur.
Le courant singulier de l’art contemporain a déjà ses figures tutélaires comme Rebeyrolle, Dado et Rustin. Il n’est pas à confondre avec l’art brut car, même si presque tous les artistes exposés dans le musée sont autodidactes et qu’ils connaissent la marginalité et la souffrance, leurs œuvres n’expriment pas une création spontanée; ils ont tous mené une réflexion sur leur travail et l’ont fait évoluer. N’ayant comme école ou université que les musées et les galeries, ces artistes ne cessent de se former, sans jamais se contenter de ce qu’ils ont déjà créé.
Ma passion pour cet art, j’ai voulu la faire partager et quoi de mieux qu’un musée pour ce partage."
Patrick Cady
(Photos Patrick Cady)
Biographie de Mary Lou Freel rédigée par Patrick Cady
"Elle est née à Niagara Falls en 1943. Elle a fini par se retrouver à Montréal où elle habite avec ses tapisseries couchées les unes sur les autres sur la planche sommier d’un grand lit à baldaquin. Depuis quarante ans, elle fait aller son aiguille avec du fil de laine, de coton et de soie. C’est sa mère et sa grand-mère qui lui ont appris la manière ; pour l’art, elle ne sait pas d’où ça lui est venu, peut-être de l’imagination et de la fantaisie de sa famille irlandaise émigrée dans le sud des États-Unis. Mary Lou ne dit rien de Mary-Lou Freel, mais certaines de ses tapisseries la font parler. Chacune de ses tapisseries raconte une histoire où les temps se mêlent comme dans les rêves, où les mémoires de la famille et de l’Irlande, de son paganisme et de son Christianisme, de l’Antiquité et de l’espèce humaine se nouent et forment d’étranges patchwork.
Mary Lou Freel a retracé toute l’Histoire de la tapisserie à travers son œuvre (considérable, je n’ai rien montré de son œuvre abstraite, expressionniste ou minimaliste). Elle s’inscrit comme autodidacte, dans la transmission de la broderie populaire et non du tissage qui demande d’autres moyens. Sa dernière tapisserie est faite de morceaux de tissu brûlé et de morceaux de patrons de couturière, qui sont comme les restes de l’incendie qui en 1911 à New-York, a ravagé une tour où travaillaient 150 femmes juives d’Europe de l’est considérées comme les meilleures couturières à l’époque dans cette ville. Le feu a pris dans les étages inférieurs et comme les patrons avaient bloqué toutes les issues de secours pour éviter le vol, elles ont toutes brûlé vives ou se sont tuées en sautant par les fenêtres. Je crois qu’elles étaient comme ses sœurs. Peut-être serait-il plus juste de dire que Mary Lou Freel coud et non qu’elle brode, elle coud pour refermer des plaies, des plaies personnelles peut-être mais plus sûrement les plaies collectives causées par les injustices et les persécutions.
L’œuvre de Mary Lou Freel est aussi importante dans la broderie que celle d’un Jean Lurçat dans le tissage, même si elle n’a jamais eu jusqu’à présent d’exposition consacrée à son œuvre et qu’elle est autodidacte. Tard dans sa vie, elle a voulu aller à l’université, elle voulait découvrir ce qu’on enseignait de cet art qu’elle avait appris de sa grand-mère et qu’elle avait pratiqué si longtemps en solitaire, loin des galeries et des critiques. Sur ce qui l’intéressait, elle dit qu’elle n’a rien appris.
Son père était pianiste de jazz, elle-même se destinait à être pianiste, jusqu’à son premier concert qui sera le dernier. Elle est incapable de jouer en public. Mary Lou Freel ne m’a jamais dit quelle musique elle écoute quand elle coud, elle qui a arraché ses doigts à son piano pour les mettre au service du travail répétitif de la broderie, mais quand je regarde l’ensemble de son œuvre, j’entends le mélange de musique et de chant baroques et contemporains créé par Simon Pierre Bestion avec son ensemble instrumental et vocal « La tempête » et tous ces âges de l’humain entrent en moi tandis que j’entre dans l’histoire de cette pianiste recroquevillant ses doigts sur des aiguilles dans le silence laineux, cotonneux et soyeux de son art."
Musée d’Art Singulier Contemporain
307 Rue Principale,
Mansonville, QC J0E 1X0
tel 1-514-344-4560
patrick.cady48@gmail.com
Visite sur rendez-vous.
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